Guillaume

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- Merci pour tout !

Je prends congé du vendeur avec ma promesse d’achat en main. J'imagine déjà le nom de ma future agence sur la devanture du local et j'en soupire de soulagement. Le plus gros est fait. Maintenant la suite ne sera qu'une partie de plaisir puisque Mélanie Solis, mon amie architecte, prendra les choses en main. Mon téléphone sonne et je réponds sans précipitation en voyant le numéro de Dorian s'afficher.

- Salut Guigui ! Toujours ok pour ce soir ?

Je lâche un grognement avant de lui répondre.

- Appelle-moi encore Guigui et tu peux être sûr de sortir tout seul.

- Ben... Pas sûr non, puisque tu sors au Mango tous les vendredis.

- Si tu sais que je viens alors pourquoi me poses-tu la question ? Je soupire.

- Oh comme ça, histoire de meubler la conversation ! On se rejoint là-bas ?

Son sourire s’entend à travers le combiné. C’est du grand Dorian ça.

- Oui, vers vingt heures, comme prévu, juste le temps de rentrer et me préparer. A toute !

Je raccroche, secoue la tête et reprends la route. J’arrive chez moi et repars aussi sec une fois prêt. Poignée de porte en main, je prends malgré tout le temps d’observer la pièce. Une autre pensée pour celle qui partageait ce petit cocon avec moi se met à flotter dans les airs. Je cligne des yeux pour me reprendre, claque la porte et me dirige vers l’extérieur.

Je m'élance avec une vitesse endiablée dans le centre ville, assombri par un très joli coucher de soleil. Je ne me lasserai jamais de cette sensation de liberté que me procure la conduite en moto. J’ai découvert cette passion en même temps que Laura qui adorait rouler pendant des heures elle aussi, et depuis, ce désir d’adrénaline ne m’a plus jamais quitté. Je me gare sur l'emplacement destiné aux deux roues près du bar et m'avance vers ce dernier.

Accolé à d'autres bâtiments tout autant citadins, le Mango se trouve être plutôt select. D’ailleurs ce nom me paraît être terne et en parfait contraste avec son intérieur magnifiquement décoré. Un style des années 60 domine l'ensemble des deux pièces qu'il contient. C'est moi, qui, en temps qu'agent immobilier, ai dégoté cette perle rare pour ce jeune patron trentenaire, un détail que nous avons en commun. J'ai donc en échange un droit illimité d’entrées. Je m'approche de Stan le vigile, un grand gaillard barbu avec deux têtes de plus que moi. Il pourrait en intimider plus d'un avec son allure de viking qu’il aime exploiter avec succès, mais il semble beaucoup m'apprécier et c’est réciproque.

- Monsieur Durand, me dit-il en ouvrant la porte noire entourée d'un mur rougeâtre.

- Merci, Phil. Il y a du monde ce soir ?

- On est booké ! répond-il avec un large sourire.

Ici, tout le monde l’appelle Phil. En hommage à son paquet de Philip morris neuf, toujours à l’arrière de sa poche. Après la mort tragique de son ami, d’un cancer des poumons, il s’est juré de ne plus jamais fumer. Ce paquet, à deux doigts d’être ouvert, était le dernier qu’il avait en main lorsqu’ il prit cette décision. C’est devenu une sorte de relique. Je ne sais pas combien de temps son paquet tiendra mais une chose est sûre, il résiste à la tentation grâce à ça.

Je tente de passer le seuil de la porte mais tout à coup, une jeune fille que je ne vois pas arriver me percute violemment. Son corps accolé au mien avec vitesse me fait reculer. Je me rattrape afin de ne pas tomber et par réflexe, je l'entoure de mes bras mais les retire presque aussitôt. Je ne vois qu'une longue chevelure châtain et ondulée face à moi. Une vague agréable d'air frais mêlée à un parfum très subtil et sucré vient fouetter mon visage. Elle garde son téléphone collé à l’oreille et se confond malgré tout en excuses.

- Pardon ! Je ne vous avais pas vu, me dit-elle distraite.

Son regard auréolé de plusieurs teintes entre en collision avec le mien. Une seule fraction de seconde s'écoule mais j'ai l'impression que le temps s'arrête brutalement. Elle interrompt ce moment d'égarement et se dirige vers la sortie sans aucune autre considération envers moi. Elle traverse le bitume pour être plus au calme sur le trottoir d'en face. Je l'observe avec insistance car son visage me semble familier mais je n'arrive pas à mettre un nom dessus. Je décide finalement de rentrer à l'intérieur tout en y réfléchissant.

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