Arrivé à quelques mètres de la future agence, je décide de faire une halte imprévue, comme appelé par la nostalgie. Être en retard m’importe peu et je me dirige vers un lieu qui, à lui tout seul, représente les meilleurs moments de ma vie. Je gare ma moto, près du trottoir situé face à la mer. Elle est vraiment magnifique en cette saison estivale. J'aime observer le soleil qui se reflète avec volupté sur les vagues légères, et le sable clair qui la redore tout autant. Certes il y a pas mal de monde aujourd'hui, mais il n'y a personne sur la jetée.

Notre jetée.

De gros cailloux grisâtres forment un chemin, comparable à un ponton irrégulier face à cette vaste étendue marine. Je les grimpe un par un et les longe prudemment. Arrivé au bout, je m'assois avec tristesse sur une de ces pierres, ici c'était ma place. Laura était à ma droite.

Je ferme les yeux en respirant l'air iodé et j'écoute le bruit relaxant des petits rouleaux qui viennent se projeter avec rythme contre la roche. Je peux même sentir à certains moments la brise écorchée se poser sur mon visage.

Cet endroit est un véritable hymne à la paix intérieure que mon esprit défaitiste vient pourtant saccager. Je sors mon portefeuille de la poche intérieure de ma veste, que je dépose avec soin sur un rocher à mes côtés puis l’ouvre. J'observe avec mélancolie sa photo et un souvenir surgit aussitôt...

- Je t'aime Guillaume, comme jamais auparavant.

Sa voix douce et rassurante me procure une sensation de bien-être. Sa chevelure de miel se mêle au vent léger qui apporte une fraîcheur agréable. Je plonge mon regard dans ses yeux bleus-gris. Je m'approche en me penchant vers elle, l'amour de ma vie, et prends avec fougue ses délicieuses lèvres.

- Épouse-moi Laura !

Ses yeux innocents s'agrandissent de surprise devant ma demande subite et pourtant si sincère. C'est avec elle que je veux vivre pour le restant de mes jours. A mon grand désespoir, elle ne me répond pas.

- Je t'aime tellement. Je veux passer le reste de ma vie à tes côtés. Marions-nous ! Je n'ai pas encore de bague à t'offrir, mais cette demande est très sérieuse.

Elle baisse la tête et son silence me procure une légère sensation de doute. Lorsqu'elle relève enfin son regard vers moi, j'aperçois plusieurs larmes couler sur ses joues arrondies, mais un magnifique sourire vient éclairer ce visage angélique.

- Alors ? je lui demande, inquiet.

- OUI ! Oui je veux t'épouser ! me répond-elle avec ferveur.