Strange journey "Samedi 2 Avril"

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— Alors, je vous ai réunis, car nous avons un très gros souci sur les bras.

Personne ne bouge, c'est la première fois qu'il voit un gars spécialisé dans les disparitions, faut dire qu'il en impose et ça lui plait. Sabrina est assise au troisième rang, elle n'est pas concentrée sur ce qu'il dit, mais sur son corps.

— Vous là, la jeune brune qui n'écoutez pas.

Elle sort de sa transe.

— Qui ça ? Moi ?

Elle rougit, non pas parce qu'il lui plaît, mais parce que les autres rigolent, elle se sent comme une mauvaise élève.

— Oui vous. Comment vous appelez vous ?

— Caloin, Sabrina caloin, Monsieur.

— Appelez-moi Thomas. Vous prenez tous les hommes et femmes disponibles et vous me faites un rapport détaillé sur toutes les personnes enlevées.

— Pardons ? Il en a plus d'une dizaine et dans toutes la France. C'est quasiment impossible.

— On a les prénoms et noms des victimes, vous faites des recherches, appelez les proches, je vous tous savoir, jusqu'à savoir ce qu'elles mettent en sous-vêtements.

— Mais ça va nous prendre une plombe.

— C'est pour ça que vous réquisitionnez le plus de monde possible. L'affaire est top priorité.

— Bien, chef.

Elle se lève, oubliant qu'elle porte une mini-jupe, Thomas ne rate rien des bas et du petit triangle noir, en dentelle, qui vient de lui passer sous les yeux. Il n'avait pas non plus raté la jolie poitrine qui se dessinait sous le pull. Elle rentre dans son bureau, regard ses mails, apparemment il avait pris de l'avance, tous les mails qu'elle a, recensé une dizaine de personnes. Toutes du sexe féminin, âgé entre vingt-cinq et cinquante ans et toutes disparu le même jour. Coïncidence...

Impossible. Même si c'est un groupe, c'est trop bien organisé et en plus il n'y a aucun indice. Fais chier, je vais devoir travailler toute la nuit, allez, j'appelle toutes les ressources disponibles. Vacances ou pas. Mais putain, qu'il est beau gosse.

Elle sursaute, quelqu'un vient de toquer à la porte.

— Entré.

— Mademoiselle Caloin...

— Appelez-moi Sabrina.

— Sabrina, ça, vous direz une petite descente dans le sud ?

— Et le dossier ?

— Vous remettrez ça à plus tard, j'ai un cas intéressant et j'aimerais que tu m'accompagnes.

Il vient de passer de vous à tu. Qu'est-ce que je fais ?

— C'est un rencard ?

— Un homme, qui se jette sous un camion sans aucune raison, sans laisser de cadavre, tu appelles ça un rencard, c'est que je me suis trompé de personne.

— Non, attends. Aucun cadavre ? Je t'accompagne, ça devient intéressant.

— Merci, rendez-vous dans une heure sur le parking.

*

Le camion percute violemment Léo, qui décolle et atterrit quelques mètres plus loin. Mais ce n'est pas ce qui l'intéresse, elle remonte le souvenir d'Andréa et s'arrête sur la petite fille. Il y a quelque chose qui lui échappe, un détail, mais elle ne le trouve pas.

Je laisse tomber, voilà deux jours que je cherche dans ses souvenirs et rien.

Elle entend la sonnette, enfile un peignoir au-dessus de sa nuisette noire transparente et va ouvrir.

— Bonjour.

— Bonjour, officier Caloin, je cherche la compagne d'un homme qui s'est jeté sous un camion.

Talina comprend de suite que les ennuis commencent.

— Entrer, il s'agissait de mon compagnon.

— Ouf, je ne sais combien de portes j'ai faites avant de vous trouver.

Persévérante, il va falloir la joué fine.

— Asseyez-vous, vous voulez un café ?

— Merci, volontiers.

Talina apporte deux tasses et s'assoit à son tour.

— Expliquez-moi ce qui vous fait croire que mon compagnon se soit jeté délibérément sous le camion ? Et en quoi ça intéresse la police locale ?

— Je viens de Paris, madame, et pour répondre à votre question, un témoin dit qu'il ne comprend pas son geste. Vous étiez avec lui, vous pouvez m'éclairer et me dire où est passé son corps.

— Ce n'est pas moi qui étais avec lui à ce moment-là.

— Qui alors ?

C'est à ce moment-là qu'Andréa apparaît, vêtue d'une nuisette rose transparente et du string assorti.

— Moi !

Elle est folle, elle pourrait au moins s'habiller.

Talina jette un plaid sur les épaules d'Andréa, qui la replis sur l'avant.

— Merci mon cœur.

L'inspectrice ne se laisse pas distraire.

— Vous êtes ?

— Andréa Biller, et elle s'est Talina Tigrant.

— Vous êtes la sœur du...

— Non, sa concubine.

Sabrina n'en revient pas, deux filles qui se partagent un homme, et elle ne le cache pas.

— Pardon ? Mais je croyais que c'était madame...

— On l'est toutes les deux.

— Monsieur était polygame.

— En toute légalité, car on est colocataire.

— Ça reste punissable par la loi.

— Une loi, dépassée, si vous voulez mon avis et vous êtes ?

Andréa commence à monter le ton.

— Officier Caloin, j'enquête sur le suicide de votre homme.

— Pardon ? Mais non, il s'est sacrifié pour sauver une petite fille.

— Intéressant... vous avez un pc, j'ai quelques choses à vous montrer.

— Bien sûr, suivez-nous.

*

— Attendez, vous êtes sérieux ?

— Oui, c'est ainsi que l'on la retrouver.

— Vous l'avez interrogé ?

— Oui, et je n'ai rien pu en tiré, sauf des phrases sans queue ni tête. Je vous donnerais l'enregistrement, mais vous devriez voir le camion.

— Non merci, le camion ne m'intéresse pas.

— Pourtant tu devrais Thomas.

Son ami rentre dans la salle.

— Xavier, qu'est-ce qu'il a de particulier, ce camion ?

— Si je te le disais, tu me prendrais pour un fou, vient avec moi, tu comprendras.

Thomas se lève et accompagne Xavier en direction du garage.

— Merci, Thomas, d'être venu, je patauge complètement, cette histoire est vraiment bizarre.

— Un homme qui crame dans sa cellule, et un camion mystère, tu ne me dis pas tout Xav.

— Crois-moi, quand tu auras vu le camion et écouté l'interrogatoire, tu seras aussi perdu que moi.

— Et vous êtes sûr que personne à toucher l'homme qui l'a percuté ?

— Sur, les pompiers étaient sur place rapidement et la jeune femme, en état de choc, crié son nom.

— Est qu'est-ce qu'elle a dit ?

— Que son homme avait été renversé, mais que son corps à disparu.

— Impossible...

— Tu diras la même chose dans quelques secondes.

— Tu me fais marcher. Comment s'appelle le disparu ?

— Il se nomme... nous y voilà tu es prêt ?

Xavier ouvre le grand rideau de fer du garage et Thomas ouvre de grands yeux ronds.

— Alors ? Je ne t'avais pas menti.

Il fait le tour de la semi-remorque, sous le choc, et finit par dire.

— Impossible, c'est...

*

— Vous me faites une blague.

— Maman, tu crois vraiment que je plaisanterais sur la vie de l'homme que j'aime ?

— Géraldine, la mère d'Andréa, repose la tasse de café, encore fumante.

— Ho mon cœur, qu'est-ce que je peux faire pour vous aider ?

— Vous pourriez...

— Talina, tu sais que tu peux me tutoyer.

— Je sais, ce qu'on voudrait avec Andréa, c'est que vous... tu...

— T'occupes des papiers pour son enterrement.

— Quelle morgue je dois appeler pour récupérer le corps ?

Les deux filles se regardent, elles n'avaient pas dit que le corps de Léo avait disparu et la visite de l'agent de police, ce matin, avait soulevé une autre bizarrerie. Elles devaient regarder une vidéo, car elle n'était pas d'accord avec elles, sur celle-ci, Léo se jette sous les roues du camion, alors qu'il n'y a rien devant. En regardant attentivement, Talina avait vu une forme translucide, mais ne prévenus qu'Andréa de sa découverte.

— C'est que...

— On s'occupe de ça, Géraldine.

— OK, pourquoi ne pas demander ça aux parents de Léo ?

— On aimerait garder la main sur cette opération.

— Talina a raison, d'ailleurs on devrait y aller mon c...

— C'est bon ma puce, je sais depuis longtemps ce que vous faites toutes les deux.

Les deux filles se regardent.

— Vous pensiez vraiment que votre trio passerait inaperçu ? Allez filer, les parents de Léo doivent être au courant.

— Merci maman.

— Au revoir.

Un dernier câlin entre la mère et la fille et les deux filles montent en voiture, Talina au volant. Andréa jette un dernier coup d'œil dans le rétro. Le visage de Léo se distingue à côté de sa maman. D'un battement de cils et l'impression disparais, ce qui la rassure.

— Qu'est-ce qu'on fait ?

— On prévient les parents de Léo, on leur dit la même chose qu'à ma mère et on file voir Noeline.

— Tu es sûre que Noeline pourrait nous aider ?

— Oui.

— Mais je ne vois pas pourquoi tu veux la mêler à cette histoire ?

— Elle a tenté de chauffer Léo.

— Pardon ? Tu le sais depuis combien de temps ? Explique-moi comment ça s'est passé ?

— Calme-toi, je savais que tu le prendrais mal.

— Je ne le prends pas mal, mais depuis quand tu me fais des secrets ?

— Elle me l'a dit, il y a trois mois de cela.

— Elle t'a tout raconté ?

— Dans les moindres détails.

— Raconte.

— Là maintenant ?

— Oui, on a tout le temps devant nous.

— Tu es sur ?

— Accouche.

— Ça s'est passé l'été dernier.

— Je ne vois pas comment elle aurait pu le séduire, ils se connaissent depuis longtemps.

— Oui, mais ce que tu ne sais pas, c'est qu'elle partait une longue jupe noire et Léo avait une superbe vue ...

— Sur sa culotte. C'est un appel à la débauche.

— Exact, et tu connais Léo. Elle m'a dit que la première fois, il lui semblait qu'il ne l'avait pas vue.

— Ou alors il l'a vue, mais il a fait comme si rien ne se voyait.

— Il est retourné sur son pc, avant de se retourner une seconde fois...

— Pour vérifier s'il n'avait pas rêvé.

— Il plante à nouveau son regard dans les yeux turquoise de Noeline, qui lui fait signe de la tête de regarder plus bas.

— Et lorsqu'il regarde entre ses jambes, elle sait qu'il a mordu à l'hameçon. Mais Léo n'a pas bougé pour autant, à sa grande déception.

Donc, il ne s'est rien passé.

Il n'en reste pas moins qu'elle avait des vues sur lui.

Je comprends.

*

Elle est devant la porte d'entrée et regarde la voiture orange en train de traverser le portail. Elle vit dans une grande demeure, sur deux étages, avec un grand terrain et lorsqu'elle rentre, le couloir lui semble plus sombre que d'habitude, c'est la première fois que Géraldine a peur en le traversant. Une fois à la cuisine, elle se sert un nouveau café.

— Nous voilà enfin seuls.

La femme fait volte-face et se retrouve devant...

— Toujours aussi ravissante.

— Tu es ...

— Chut.

Elle voit dans le regard de l'individu, quelque chose d'inhabituel.

Il me fait peur.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je suis venu te chercher.

— Me chercher ? Pourquoi moi et pas...

— Ne t'inquiet pas, elle nous rejoindra plus tard.

Elle se jette sur son portable, d'un revers de la main, l'air l'envoie contre le mur et réduit ses vêtements en lambeaux.

— Oups, désolé je crois que j'y suis allé un peu fort.

Dit-il en voyant le soutient gorge rouge et une culotte rose pâle avec des rayures blanches. Elle compose le numéro de téléphone, mais son bras tombe au sol, le sang gicle. Un hurlement sort de sa gorge, la douleur est fulgurante, puis c'est le second bras, qui fut tranché. Alors les murs et le sol prennent une couleur rouge vif, il claque des doigts et la douleur disparait, et le sang arrête de couler.

— Qu'espérais-tu ?

— Appeler Andréa, pour lui dire que ...

— Elle n'a pas besoin de savoir, elle le sera tôt ou tard.

— Mais tu n'es pas censé être...

— Silence. La seule chose que tu dois savoir, c'est que je suis là pour te sauver.

— Me sauver ? En me coupant les deux bras ?

— Excuse-moi, mais ... Tu ne m'as pas laissé le choix.

Elle tremble, ne comprenant pas où il veut en venir.

— Et me mettre à poil, c'était aussi prévu ?

— Non, c'est un accident, et de toute façon là où on va, ils ne te suivront pas.

— J'en conclus que tu vas me vio...

— Non, pour qui me prends-tu ? J'ai besoin de toi pour toute autre chose.

Son regard se fait plus sévère, il coupe la bretelle du soutien-gorge, le bonnet tombe plus que de raison, les doigts de l'agresseur traversent le sein droit, la main s'enfonce rapidement derrière, puis elle se referme sur le cœur.

— Hum, il est tout chaud et le sentir battre dans ma main, c'est vraiment spécial comme sensation.

— Attends, qu'est-ce que je t'ai fait ?

— Je suis désolé Geraldine, je n'ai rien contre toi, mais tu dois mourir.

— Attend, il y a forcément...

Il arrache l'organe, avec compassion et laisse le corps sans vie, s'effondrer.

— J'espère que ça sera suffisant pour... Bon, il faut que j'efface les traces. Sinon...

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