13. La station service

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 L'homme ferma le sac d'Eva et l'enfila par dessus son épaule, il jeta un coup d’œil à sa fille qui n'avait pas bougé avant de porter son attention sur la brune.

-Venez, on ferait mieux de ne pas rester par-ici. Je n'ai pas vraiment eu la force de trop nous éloigner du camp, et maintenant qu'il fait jour ils peuvent facilement nous voir.

Eva, sans poser de question se mise debout avant de retomber sur elle-même. Elle se sentait encore affaiblit par les effets du poison qui ne devraient bientôt plus être un problème pour elle.

-Je vous aurais bien aidé à marcher mais j'ai déjà tellement donné en vous soulevant que j'ai même du mal à me tenir moi-même.

La jeune fille sourit malgré la situation pressante. Elle inspira un bon coup et se redressa, sa tête tournait. Bien qu'elle titubait, elle n'avait pas le choix, avancer.

-Vous avez une idée d'où on va ? Demanda-t-elle.

-Aucune, on est pas d'ici. Et vous ?

Pour toute réponse Eva secoua la tête.

-Bon, j'imagine qu'il va falloir improviser.

Il prit la main de sa fille et, toujours replié de douleur et boitant, avança. Vingt minutes s'écoulèrent lorsque Eva prit la parole.

-Vous n'avez pas peur qu'on se fasse surprendre par ces tarés ?

-Oh vous savez, les Fous ne sont pas très discrets à rire et hurler à tout bout de champ.

-Pas ces tarés là. Ceux du camp !

-Et bien, de ce que je sais, ils doivent être à leur base à me maudire et à chercher un plan pour me retrouver…

-Qu'est-ce que vous en savez ? s'étonna-t-elle.

-J'étais dans le camp quand ils sont tous revenus de leur chasse les mains vides. Beaucoup se sont plains de ne pas vous avoir mit la main dessus… Bref quoi qu'il en soit, en voyant le massacre et notre absence à Callie et moi on m'a de suite accusé, vous pensez bien. Alors je vous avouerai que je n'ai pas vraiment envie qu'ils me tombent dessus. Vous encore, ils ne vont pas tarder à vous croire morte.

-Oh, je vois… Et c'est quoi le plan ?

-Trouver un abri, de quoi manger et se reposer un peu et partir le plus loin possible de cet endroit.

-Un programme intéressant…

-Vous en êtes ?

-Pour ce qui est de l'abri et le repos je prends, après ça, j'n'en sais trop rien…

-Vous êtes du genre solitaire, j'me trompe ?

-Assez oui. Depuis…

Eva se tu. L'homme la regarda, perplexe mais compris rapidement qu'il ne devait pas chercher à en apprendre plus.

-Je vois… Pas facile la vie depuis que tout ça a commencé, hein ?

La brune lui redit son regard, le remerciant intérieurement de ne pas se montrer indiscret quant à son passé, après tout, lui aussi devait avoir vécu des choses qu'ils voudrait garder secrètes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le trio avait fini en l'espace d'une après-midi à gagner la lisière de la forêt. Le soleil n'allait pas tarder à se coucher, il leur fallait trouver un endroit pour la nuit. Il n'y avait pas grand-chose dans les environs si ce n'était qu'une station service perdue au beau milieu de nulle par. A la voir, elle n'avait pas bonne mine. Les vitres étaient brisées, l'endroit semblait avoir était pillé il y a des lustres.

La petite bande s'en approcha, discrètement. A vingt mètres de distance, ils entendirent rire à l'intérieur, ils se figèrent tous trois.

-On fait quoi ? chuchota Eva.

-On a pas d'autres options, faudrait passer la nuit ici, répondit-il en parlant aussi doucement qu'elle.

-On est pas vraiment en état de se battre là…

-Ah oui ? Tu t'es plutôt bien débrouillée dans la cage et sous la tente.

Il lui montra le haut de son crâne.

-On ne sait même pas combien ils sont là-dedans… c'est trop dangereux…

-Passer la nuit dehors avec les Fous et les hommes qui peuvent nous tomber dessus c'est pas dangereux ça ? Je laisserai pas ma fille dehors ce soir.

-Si vous y passez vous allez tout simplement la laisser !

-Ça n'arrivera pas. On entend qu'une personne rire, s'il y en avait d'autres avec elle on les aurait aussi entendu, non ?

Les deux n'avaient pas haussé le ton dans le conflit, hors de question de se faire repérer aussi bêtement. Eva, qui avait regardé aux alentours à la recherche d'une alternative, se résigna lorsqu'elle ne pu que constater qu'il avait raison.

-Bien, comment on procède alors ?

Suite à cette question, il réfléchit avant de répondre.

-Je vais entrer…

-Quoi ? Ça va pas ?

-Chhhh, s'était-il empressé de dire en mettant son doigt devant sa bouche lorsqu'elle avait haussé le ton. Vous avez une meilleure idée peut-être ?

-Pas vraiment, non. Mais dans votre état je vois mal comment vous pourriez vous défendre.

-J'ai bien réussi à vous porter, non ? Il me reste un peu de force.

Il semblait sûr de lui, mais ses yeux trahissait son état et son inquiétude. Eva récupéra sa machette dans les mains de la petite et s'avança.

-Vous allez où comme ça ?

-Quoi ? Votre plan ce n'était pas d'entrer.

-C'est moi qui devais y aller !

La brune regarda la petite restée silencieuse pendant tout ce temps.

-Changement de plan, c'est moi qui y vais, lança-t-elle.

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