Chapitre 11

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De là où elle se trouvait, Marla restait pantoise. A plusieurs mètres sous ses pieds, se dessinait une scène des plus surréalistes. Une animalis louve, identique à elle même, se trouvait accrochée par de solides chaînes au dessus d'une cuve de métaux en fusion.
Ignis s'appuyait contre la vitre, de la fumée s’échappant de ses pseudos bras et dont le contact faisait noircir le verre. Elle avait essayée d'alerter Alaric, de lui signaler sa présence et révéler la supercherie, malgré les épaisses vitres la séparant de la scène. Si il ne l'entendait pas,ce n'était pas le cas du contraire et elle parvint à capter sa déclaration d'amour.
Des larmes coulaient sur son museau. Elle était beaucoup trop fatiguée à cause du stresse et du petit tour qu'on lui avait joué pour pouvoir se contrôler. -Je veux fonder cette famille avec toi, Alaric. Le petit esprit se tourna vers la louve, indigné qu'on l'oublie, ce qui eut pour effet de la faire sourire un instant.

-Avec toi aussi, Ignis, ne t'en fais pas. Mais, au moment où elle le vit s'approcher un peut plus de la cuve de métal en fusion, un frisson la parcouru.

Il lui semblait que ses yeux émeraudes brillaient d'une étrange lassitude mêlés à de la détermination. C'était comme si il regrettait le geste qu'il allait commettre mais était prêt à aller jusqu'au bout. Cette vision lui rappela le vieux Alaric, la faisant paniquer. Elle se mit alors à marteler le verre avec crainte et désespoir, d'abord avec ses poings, puis son arme.
Ignis, quand à lui, comprenant la gravité de la situation, intensifia sa magie et parvint à légèrement faire fondre la matière. La petite boule de feu virait petit à petit au blanc, à force d'user de ses pouvoirs.

-Alaric ! Je suis là ! Ne fais pas de bêtises, choisis moi ! Alors que le verre commençait à se fêler, sous leurs assauts répétés, une ombre se dessina derrière eux.

-Vous ne pensiez tout de même pas interrompre mon test ? Ça commençait justement à devenir fort intéressant ! S'indigna l'animalis inconnu.

En se retournant, Marla et Ignis découvrirent ce qui ressemblait d'abord à un immense taureau dressé sur ses pattes arrières. Il était entièrement noir, ses yeux rouges comme des rubis et injectés de sang. Ses immenses naseaux reniflant bruyamment l'air et enfin son corps dégageant une incommensurable force.
Au vu de sa masse et des quelques pas qu'il venait de faire avec ses sabots, il lui était impossible d'être discret. Cela effraya un instant la jeune femme, se demandant comment un tel exploit pouvait être réalisable pour qu'il puisse se glisser dans leur dos aussi discrètement. La créature brandissait un immense gourdin en bois de chêne, de rares feuilles, s'agrippant avec hargne à leur branche. -Ignis, continue de faire fondre la vitre, je le retiens. Presse toi ! Marla jeta un dernier regard en direction d'Alaric. Il s'adressait à la fausse Marla avec une voix si douce qu'elle ne parvenait plus à l'entendre. Elle espéra un bref instant pouvoir lui demander de quoi il s'agissait, dans un proche avenir. Le minotaure leva son immense arme haut au dessus de lui, prêt à l'abattre. De l'autre, Marla se mit en garde. Ses yeux dorés virèrent une nouvelle fois au rouge sanglant. Elle avait retroussée ses babines, dévoilant ses crocs acérés et se mit à grogner comme un animal. Prenant la garde du fou, son épée pointant vers le bas, elle se tint sur ses gardes. Naturellement, sa queue devint rigide derrière elle et son poil hérissé pour sembler plus intimidante. Les deux adversaires se firent face un bref instant, alors qu'il commençait à abattre son arme. Mais pour la bête, cette frêle femme qui était si petite qu'elle devait lever la tête pour le défier du regard, n'était qu'un simple moucheron bon à être écrasé. La louve se jeta sur le coté, évitant sans trop de peine le coup mortel.
Quand l'arme toucha le sol, celui-ci explosa, projetant des débris un peut partout. Certains la frappèrent ainsi que la vitre et, plus grave, Ignis fut emporté par une lourde pierre qui l'écrasa sur le sol. Par chance, nullement sonné, il commença à se dégager du caillou qui le bloquait. Malheureusement Marla ne remarqua pas ce qui était arrivé et se remit à faire face au monstre.
Il était tellement pataud qu'il prit un moment pour relever son arme. Elle en profita pour l'entailler au niveau de l'estomac, avant de planter son épée en direction de son cœur. Malheureusement, elle fut stoppé par les os solides de la créature. Cela eut tout de même pour effet de l'énerver et il envoya un puissant coup de patte qui fit voler Marla à quelques mètres de là.
Sonnée, elle lutta contre l'évanouissement en papillonnant des yeux pour garder le monstre dans son champs de vision et éviter de perdre connaissance. Le minotaure se redressa, poussant un grondement guttural et énervé. Il se tourna vers la louve, ignorant l'épée encore enfoncée dans sa chaire. Il se dirigea ensuite vers elle d'un pas énervé, faisant claquer ses sabots sur le sol.
Malheureusement, Marla se trouvait toujours à terre, sonnée.
Le monstre tendit le bras pour la saisir par la tête, sa main immense recouvrant la tête de la jeune louve. Alors qu'il s'apprêtait à fermer sa poigne, un petit esprit de feu, d'un rouge pétillant de rage, apparut juste devant le museau du monstre. Il se posa dessus et une immense gerbe de feu explosa. Surpris et hurlant de rage, car le feu se diffusait rapidement sur son pelage. Il retira sa main de Marla. L'esprit, se tenant devant la vitre qu'ils avaient attaqués, subit de plein fouet le coup de poing du monstre qui fêla le verre. Profitant du répit qui lui était donné, Marla recouvra ses esprits et se redressa. Encore chancelante, elle vit le minotaure s'acharner sur Ignis, alors que le monstre brûlait encore.
Bouillonnante de rage, alors que le monstre assénait un nouveau coup de poing à l'esprit, endommageant un peut plus la vitre, Marla s'élança de toute ses force contre le minotaure. Elle le percuta violemment, faisant tomber le monstre qui atterrit sur la vitre, finissant de la briser. Ils furent tous entraînés dans la chute du monstre qui hurlait de rage. Le sol s'approchait rapidement d'eux, Marla, s'agrippant à la croupe du minotaure, vit qu'Alaric les avaient remarqués, ce qui lui arracha un petit sourire. Ils finirent par s'écraser violemment contre le sol.
L'épée, qui était encore enfoncé dans le torse du monstre, fut écrasée et le transperça de part en part et finit par se planter dans la poitrine de la jeune femme. Une vive douleur la saisie alors et une gerbe de sang se déversa, se mélangeant à celui du minotaure sous elle. Encore à moitié consciente, Marla aperçut Alaric, un bref instant figé et hésitant, avant de se précipiter vers elle. Le voir, malgré la panique sur son visage et la crasse couvrant sa fourrure, lui réchauffa le cœur et la fit sourire. Il s'agenouilla précipitamment auprès de la louve et la regarda indécis, ne sachant quoi faire au vu de la lame de l'épée ressortant de son dos et du sang se répandant sur sa fourrure. De l'autre côté, la princesse hurlait de toutes ses forces pour qu'on la libère. Et, à cela, s'ajoutait le fait qu'Alaric jetait de temps en temps des regards perdus vers l'autre Marla encore suspendue, qui le regardait honteusement, accentuant son trouble, son stress, et l'empêchait de réfléchir correctement.

-Je t'en supplie, chuchota d'une voix chevrotante la louve au pelage maculé de sang, ne... ne soit pas une nouvelle illusion. Un petit sourire triste se dessina sur son museau au moment ou la louve se tourna vers lui, braquant ses yeux dorés dans les siens. Le sentiment rassuré, qu'ils révélaient, tordirent l'estomac du jeune homme.

-Marla, c'est vraiment moi. La rassura-t’il en lui caressant affectueusement la tête.

-J'avais peur de m'être trompée. Soupira-t'elle, un sourire timide se dessinant sur ses babines, tandis qu'un filet de sang coulait hors de sa bouche.

-Au lieu de pleurer sur un cadavre, vous feriez mieux de venir me sauver ! Hurlait la princesse en s'agitant, faisant cliqueter ses chaînes. Alors qu'Alaric s'apprêtait à lui fermer son bec, le maître des lieux intervint.

-Un peut de respect, misérable petite humaine. Dit il d'une voix si grave, qu'elle en fit trembler toute la salle. Soudain, les cuves de métal en fusion se refermèrent et la fausse Marla disparut dans un nuage de vapeur, ses yeux dorés les regardant tristement.

-La prochaine fois, vous rejoindrez ma collection de statues. La menaça-t'il. Vaincue, la princesse se tue en essayant de se faire la plus petite possible.

Le petit Ignis, lui se tira d'entre les doigts du mastodonte et se précipita dans le cou du renard pour l'enlacer affectueusement.
Voyant qu'il ne lui rendait pas son geste, il se tourna pour découvrir l’état dans lequel se trouvait Marla. Il se précipita alors auprès d'elle, se blottissant dans son cou en prenant une teinte bleutée. -Alaric, je... voulais te... dire... que... merci pour tout... et que je t'aime. Elle commençait à avoir de plus en plus de mal à parler à mesure que le sang inondait ses poumons. De plus, la douleur commençait à devenir encore plus violente, à mesure que son rythme cardiaque diminuait et avec lui le stresse. Elle luttait contre le voile sombre qui l'emportait petit à petit. Le renard posa une main sur le crâne de la louve, la caressant entre les oreilles, dans l'espoir de la calmer. Les caresses étaient agréables pour elle, qui se mit à pleurer de bonheur et de fatigue.

-Tu sais qu’offrir ton cœur n'est qu'une expression et que ça ne sert à rien de le faire pour de vrai. Tenta-t'il d'ironiser.

-Merci... d'avoir voulu... faire... de moi... une membre de ta... famille.

-Non, toi, merci. Tu m'as évité de me sacrifier comme un idiot. Des larmes coulèrent alors avec abondance de ses yeux dorés, en se remémorant la mort du vieux Alaric. Elle tandis la main pour prendre celle du renard qui la saisit, la serrant fort, tellement il était désespéré. Il savait qu'il ne pourrait pas la soigner cette fois, que ses blessures étaient bien trop graves pour qu'elle ne s'en sorte.
Il se colla à elle, essayant de la rassurer et de lui apporter un peut de réconfort.

-Je... t'ai déjà vu... mourir une fois... je ne pouvais... Je... t'aime et... je voulais mon baisé. Souffla-t'elle avec un sourire déformé par la douleur, en exerçant une légère pression sur sa main, comme si elle essayait de communiquer ses sentiments par le simple toucher.

Alaric répondit avec la même tension sur la main de la jeune femme. Une douce pression voulant lui signifier qu'il resterait là jusqu'au bout et que rien au monde ne pourrait le faire lâcher. Il arbora à son tour un petit sourire et l'embrassa tendrement. La douleur et la sensation de froid lui firent fermer les yeux tellement elle était fatiguée, faisant paniquer Alaric, qui la secoua pour la réveiller.
Ses oreilles plaquées tristement sur son crâne, ainsi que sa queue posée sur le sol, son visage déformé par la douleur et la peur. -Moi aussi je t'aime, Marla. Alors, te voir en train de mourir une seconde fois, c'est trop pour moi. Alaric se pencha et embrassa le coin du museau de la louve, une larme coulant sur sa fourrure.

-Marla, je... je vais trouver un moyen de te sauver une nouvelle fois, tu verras, tout ira bien. Tu verras, avec Ignis on va mettre le feu à toute la ville et te sauver par la même occasion. Plaisanta-t'il, un flot de larmes coulant sur son museau, son cœur s'avouant vaincu face à son impuissance à la sauver. Après un instant, il était clair que la louve ne respirait plus du tout.


La jeune femme se laissait petit à petit, dissoudre dans les ténèbres et le néant, son essence s'évaporant. La petite créature, nichée dans son cou, se redressa, arborant sa couleur bleutée de tristesse, et vint s'installer sur la pointe de l'épée couverte de sang.
Le petit être voyait très clairement qu'ils ne pouvaient rien faire pour la pauvre louve, mais il ne pouvait s'avouer vaincu aussi facilement. Pas après toute la gentilles dont ils avaient fais preuves envers lui. Il tenait trop à eux pour les voir aussi tristes.
Alors, prenant son courage à deux mains, il arbora un sourire paisible et vola jusqu'à l'épaule d'Alaric, pour lui embrasser la joue affectueusement. Il repartit ensuite sur la pointe de l'arme, prenant cette fois une couleur pourpre, un trait blanc apparaissant sur son visage et formant un sourire. Cela attira le regard du renard dont les yeux avaient rougis de tristesse et fut interloqué du comportement de l'esprit.
Voyant qu'il avait enfin son intention, il lui adressa un petit clin d’œil et un signe de la « main ». Soudain, il explosa, projetant le pauvre Alaric loin de la pile de cadavres. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, le renard ne prit même pas la peine de se relever et resta bouche bée devant ce qu'il se passait sous ses yeux. Le petit être avait totalement changé A présent il ressemblait à une version plus grande, adulte et détaillée de lui même. Non seulement ça, mais à présent il ressemblait, en apparence, à un animalis, sûrement un renard au vue de la longueur et de la largeur de sa queue de flammes, mais ses oreilles, elles, semblaient trop petites pour appartenir à un renard et conviendraient plus à un loup. Il lui était toute fois possible de déterminer son sexe puisqu'il ne disposait d'aucune caractéristiques féminines.
Ignis arborait un large sourire et il posa sa main sur l'épée qui se mit à brûler comme si il ne s'agissait que d'une bûche.
La voie enfin dégagée, il prit Marla dans ses bras, blottissant sa tête dans la fourrure maculée de sang, comme un enfant cherchant du réconfort auprès de sa mère.
C'est alors que les flammes se répandirent autour de Marla et le minotaure sous elle, les absorbants en elles, sans pour autant la dissoudre comme son épée. Devant un tel spectacle, Alaric ne pouvait être que bouche bée et éberlué. Cela s'accentua au moment où, sortant d'un étrange portail formée par une fumée noire avec quelques volutes de couleur violette, apparut l'animalis étrange.

-Intéressant, absolument remarquable. Souffla-t'il, des étoiles pleins les yeux, absolument fasciné.

-Il se passe quoi ? Demanda Alaric, trop paniqué pour se méfier, espérant une réponse.

-Cet esprit est en train de sacrifier son âme, pour guérir et maintenir celle de ta compagne dans son corps. C'est un spectacle beaucoup trop rare pour ne pas le voir de face. Alaric posa une nouvelle fois les yeux sur Marla et Ignis.

L'esprit avait à présent une couleur blanche, la louve disparaissant presque à cause de sa fourrure. Un puissant halo explosa soudain, aveuglant tout le monde dans la pièce. Alaric ne vit, pendant un moment, qu'un voile blanc devant lui, qui finit par se dissiper, révélant Marla, allongée près du minotaure, les mains sur son ventre.
Le renard se précipita vers elle, s'agenouillant et la prenant dans ses bras. En la saisissant, ses mains se dégagèrent, révélant une étrange lueur venant de son bas ventre. -Incroyable, une réincarnation. C'est étrange, car ce genre d'esprit qui s'attache à une personne préfère se laisser disparaître en général. Indiqua l'étrange animalis. Le renard serrait fort et presque désespérément la jeune louve, en tremblotant, comme si il craignait qu'elle ne s'échappe. Il lui prit la main, tâtant d'abord son pouls, qui lui révéla qu'elle était toujours vivante, puis glissa sa main dans la sienne, profitant du moment.
Il découvrit une cicatrice, rougeâtre, à l'endroit où l'épée l'avait traversée et une absence de fourrure, mais rien d'inquiétant. Toutefois, ses pensées virèrent vers Ignis qui avait disparut et sur la lueur dans le ventre de Marla. Que fabriquait donc l'esprit ?

-Qu'est-il arrivé à Ignis ? Il fait partie d'elle maintenant ? Est-ce que ça aura une influence sur Marla ? S'enquit-il auprès de celui qui semblait le mieux savoir ce qu'il se passait.

-Ho oui, il fait à présent partie d'elle et cela aura sans nuls doutes une immense influence sur elle... et toi. Vous ne serez sans doute plus jamais les mêmes car vous allez devenir parents. Annonça l'animalis sur un ton moqueur.

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