Chapitre 10

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Le renard ouvrit les yeux se secouant la tête pour remettre ses idées en place. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il s'était évanoui au cour de la descente sans même avoir reçu le moindre coup à la tête.
A présent, il se tenait dans une immense salle, ses yeux s'habituant rapidement aux ténèbres, il put voir deux leviers de bois devant lui.
Curieux, il se releva, et à peine se retrouva t'il sur ses pieds, que le bruit tonitruant de mécanismes résonnèrent. Cela accompagna l'ouverture de larges trappes sur le sol, dans lesquelles s'agitaient des métaux en fusion.
La chaleur qui s'en dégagea, provoqua un vent violent qui ébouriffa la fourrure du renard. La lumière provoquée par la lave permit d'éclairer une immense salle dont les murs s'élevaient jusque vers les ténèbres qui faisaient office de plafond. Quand au sol, il était fait en pierres polies couvertes de suies et qui, formant des nuages à chacun de ses pas, se déposait sur ses pattes. Il déambula ainsi, entre les marteaux, les épées et prototypes d'armes que l'on avait commencé et laissés sur leurs enclumes sans jamais prendre le temps de les terminer.
Toutefois, Alaric s'en fichait, ce qui l'intéressait était de retrouver le plus rapidement possible Marla, avant qu'il ne lui arrive quoi que ce soit.

-Ça a été facile de descendre, ça le sera moins pour monter. Grogna le renard en contemplant les ténèbres au dessus de sa tête. Sa lance tenue fermement dans ses mains, il se concentra sur son entourage, prêt à bondir au moindre signe de danger.
C'est alors que résonna la voix de l'étrange animalis, depuis tous les coins de la forge et au même moment, forçant Alaric à regarder de tous les côtés pour déterminer d'où cela venait, ses oreilles bougeant selon les sons.

-C'est à ton tour de jouer à présent, très cher. Vois tu, j'ai été fort impressionné de ta petite pirouette de précédemment. Tu as eux un sacré cran, je l'avoue. Alors voilà, j'ai décidé de tester un peut plus ta détermination. Alors, faisons entrer nos chères invitées!

Des bruits de chaînes résonnèrent alors, depuis le plafond au dessus du renard. Après un bref instant, une silhouette sortit des ténèbres. D'abord des pattes de loup à fourrure blanche. La lumière montait rapidement sur le corps, à mesure qu'il descendait au dessus des cuves de lave. Le liquide bouillonnant et lumineux, révéla rapidement l'armure de cuir qui couvrait normalement Marla, ainsi que sa cape en fourrure de chat géant.
Cela ne faisait que confirmer les doutes du renard qui se mit à grogner, ses babines retroussées et ses oreilles plaquées sur son crâne. Finalement, le visage de la louve entra dans la lumière. Sa tête était paresseusement penchée vers l'avant, les yeux clos. Elle était suspendue grâce à des chaînes attachées à ses poignets, ses bras maintenus en croix par une barre de fer.

-Marla ! Marla, tu m'entends ? T'en fais pas, je vais vite te tirer de là. S’époumona t'il, en cherchant autour de lui quelque chose pouvant servir d'échelle pour l'atteindre.

-Ne t'en fais pas, elle ne craint rien temps que nous discuterons. Se moqua l'animalis.

-Qu'est-ce que tu veux de nous à la fin ?

-Vous demandez, après que vous soyez entrés dans ma cité ? M'enfin, il est vrai que j'ai kidnappé votre princesse... bon, dans ce cas je consent à te répondre. Vois tu, j'ai maudis cette cité il y a de cela plusieurs siècles, pour m'amuser. J'en ais fais mon repère, créé mille et une merveilles... et maintenant je m'ennuie.

-Vous nous voulez comme unique distraction ? Conclut Alaric sombrement.

-Tu es très perspicace, en tout cas plus que ta fiancée. Alaric fronça alors les sourcils, son regard se posant sur Marla.

-Ma fiancée ? Je comprends qu'elle soit un peut idiote mais c'est parce que c'est une louve. Toi, tu es pire en pensant qu'on l'est. Lui renvoya-t'il en mettant sa main sur sa poche.

-Ho, vous ne l'êtes pas encore ? C'est tellement triste. Mais, tu sais, elle t'aime beaucoup. Ça lui a fait un véritable choc quand elle t'a vu mourir, elle a même faillit devenir bestiale. A ces mots, le sang du renard se mit à bouillonner. Jamais il n'avait autant perdu son sang froid. Sa fourrure s'épaissit alors et il dévoila ses crocs, pour la première fois ses yeux devenant pourpres.

-Je vais te tuer.

-Ben bon courage. Certains ont essayés, ils ont eux quelques problèmes. Mais, si je réalise les rêves de ceux ce qui entrent en ces lieux, malheureusement, je n'ai pas encore pu réaliser le mien.

-Libère la ! Ordonna le renard, résigné, ses yeux revenants à la normale, puisque n'ayant pas put trouver quoique ce soit qui l'aiderait à atteindre la louve tout en ignorant ce que lui disait l'autre individu.

-Ho ! Mais laisse moi au moins finir ! Je disais donc que moi aussi j'avais une rêve, un objectif. Je cherche un descendant qui pourrait faire quelque chose d’intéressante de ma cité, ainsi que ses merveilles et ses sombres côtés.

-Tu t'attends tout de même pas à ce que l'on fasse ce que tu veux ?

-Je ne me souviens pas vous avoir dit que vous auriez le choix. Se moqua-t'il.

-Commence ton test, puisque tu tiens absolument à nous évaluer. Grogna le renard souhaitant rapidement libérer Marla.

-Ho, ne soit pas si pressé, tu pourrais ne pas en sortir indemne. Soudain, le sol se mit à trembler, des bruits de mécanismes résonnèrent alors depuis les murs dans un cliquetis infernal. Un nouveau corps descendit des ténèbres pour rejoindre la louve inconsciente.
Une jeune femme aux longs cheveux noirs, lui tombant jusqu'aux chevilles et portant une simple robe blanche éclatante. Sur son crâne trônait un simple diadème d'argent, ostensiblement scintillant. Très clairement, elle semblait avoir un côté très ostentatoire, hormis son air mignon. -Vous allez finir par me libérer oui ! Hurlait-elle comme un goret en se tortillant dans tous les sens, ses chaînes cliquetant.

-Alors, petit rouquin, quel choix vas tu faire ? Je te laisse le temps de décider, mais ne traîne pas trop. A ces mots, les chaînes retenant Marla et sûrement la princesse, qui était son tiket pour la liberté, s'ébranlèrent et commencèrent à descendre, rapprochant les deux jeunes femmes des cuves de métal en fusion.

-Au secours ! A l'aide ! Aidez moi ! Hurla la princesse, réveillant Marla par la même occasion. La louve bailla ostensiblement, ouvrant largement le museau et dévoilant par la même occasion ses crocs blancs. Une fois pleinement réveillé, elle remarqua finalement la situation dans laquelle elle se trouvait et s'agita dans tous les sens pour se défaire de ses entraves.

-Marla, calme toi ! Somma Alaric, qui serrait le point, le stresse le faisant trembloter. La louve baissa la tête, la vue du renard la calmant en quelques instants, bien que la peut restait présente dans ses yeux.

-T'en fais pas, je vais nous tirer de là. Dit-il d'une voix douce et rassurante. -Mais pour ça, il faudra sacrifier la princesse. Se moqua l'animalis invisible. Alaric garda son regard rivé sur la louve, dont les yeux dorés le fixaient. Un petit sourire, se voulant courageux, se dessina sur son museau, serrant le cœur du renard et lui arrachant un petit sourire devant son courage incensé.
Il se concentra sur sa situation. Il devait choisir entre une fille à qui il tenait et avec qui, malgré les quelques semaines semaines passées ensembles, il ne pouvait se résoudre à sacrifier. Il savait qu'il ne pourrait pas la sacrifier. Ne plus la voir rire, pleurer, s'indigner à cause de lui, ou même caresser sa douce fourrure. Il ne pouvait s'y résoudre. De l'autre, il y avait celle qui permettrait à sa sœur et son neveu d'enfin vivre libres, pouvant faire comme bon leurs sembleraient, pouvant choisir de quitter les terres auxquelles ils sont attachés. Et puis... il pourrait enfin être libre. Il pourrait enfin vivre paisiblement, et n'aurait plus à fuir les villes et villages. Il pourrait se construire sa petite maison, élever son bétail, ou retourner dans les plaines de l'Est, où vivaient ses ancêtres. Il pourrait aussi donner à sa sœur et son neveu un toit au dessus de leurs têtes et ne seraient jamais plus traités comme des objets. Pour ce faire il n'avait qu'à sacrifier une fille qu'il ne connaissait que depuis plus d'un mois.
Il ne pouvait pourtant s'y résoudre, c'était la seule chose qui lui venait à l'esprit. Il ne pouvait même pas concevoir de la sacrifier. Elle l'avait accompagné jusqu'ici alors que plus rien ne l'y contraignait. Elle aurait pu le laisser se débrouiller, mais elle était venue. Et pour ça, il lui en serait éternellement reconnaissant. Malgré le fait qu'elle soit à l'origine une humaine, et autre grossière erreur, une louve, il était incontestable qu'il l'aimait. Il adorait la taquiner, la voir sourire, se vexer et s'énerver, pas nécessairement dans ce sens là. La voir pleurer, révélant ainsi ses faiblesses, c'était avéré être à la fois attendrissant et un véritable crève cœur.
La peur qu'il voyait sur son joli museau lui était intenable. Il serait capable de se dresser face à la plus terrible des bêtes pour elle, malgré sa frêle constitution.
Le courage qu'elle affichait devant certaines situations l'impressionnait toujours.
Grâce à elle, il n'avait pas hésiter à mettre sa vie en danger, pour quelqu'un d'autre que sa famille, ce qui était au départ une étrangère et surtout une humaine. Mais peut être n'avait il pas pensé à toutes les possibilités, peut être, après tout, ne faisait elle pas déjà en quelque sorte partie de la famille et que donc il ne pouvait choisir entre sa famille... et sa famille ?

-Alaric ! L’interpella soudain la louve, la peur sur son visage rendant fou le renard.

-T'en fais pas, lui sourit il, je vais te sauver une fois de plus et pour le coup, je veux un baiser. Son air confiant et son calme apparent, firent sourire la louve malgré la peur dans ses yeux. Il attendit un infime instant, s'attendant à une répartie de sa part, mais rien ne vint, sans doute trop concentrée sur le danger pour pouvoir lui rétorquer quoi que ce soit.

-Alors comme ça tu as choisi ta douce ? Comme c'est adorable. Résonna une nouvelle fois la voix du maître de ces lieux, avant que les chaînes de la princesse ne lâchent, la précipitant tout droit vers les métaux en fusion.

-Non ! Attends ! Hurla le renard, se précipitant vers la princesse, tout en jetant un regard vers Marla de peur que cela ne soit mal interprété par la louve. Les chaînes stoppèrent, à quelques centimètres de la cuve.

-Bon sang, sauvez moi, ça brûle ! Hurla la jeune femme qui essayait de ramener ses jambes aussi loin que possible de la source de chaleur. Alaric ne savait pas quoi faire. La tentation d'abandonner la princesse était forte, mais laisser filer une telle chance de sauver sa sœur et son neveu lui était insoutenable. Il devait trouver un moyen pour sauver les deux femmes, ce n'était pas possible autrement.
Il jeta donc de rapides coups d’œils tout autour de lui, ainsi que sur les deux jeunes femmes en face de lui. A mesure qu'elles descendaient, Marla allant, à présent, plus vite que la princesse pour compenser son retard, la panique saisissait de plus en plus le goupil.

-Alaric ! Le renard se retourna vers Marla, qui venait de l'apostropher. Sur son visage, un sourire triste et résigné qui fit froid dans le dos du jeune homme.

-Sacrifies moi.

-Arrête un peut tes conneries, Marla, je vais forcément trouver un truc. Lui répondit-il en tremblotant, atterré plus par son manque de jugeote que par la « proposition » de la louve.

-Arrête. Il n'y a que toi qui peut aider ta famille, alors choisis moi. Alaric passa une main dans sa fourrure, dans un geste angoissé. Sa queue avait ses poils de dressés, trahissant la peur qui le tenaillait. Il secoua la tête, refusant malgré tout une telle solution. La jeune femme le voyait clairement refuser sa proposition et elle commença à s'énerver, des larmes lui coulant sur le museau.

-Alaric... Je... Tu... ta famille est plus importante que moi.

-C'est faux. Grogna-t'il, les yeux rivés vers les cuves. Tu n'es pas moins importante que ma famille. -Alaric... Le renard l'interrompit en relevant soudain la tête. L'étrange lueur dans son regard la faisant taire.

-Tu es tout aussi importante qu'eux, à mes yeux. Je veux, justement, que tu fasse partis de ma famille. J'aurais aimé t'en construire une nouvelle qui ne t'aurait jamais abandonnée, que tu sois n'importe quel animalis ou même humaine. Malheureusement... Je ne pourrais peut être pas en faire partie. Il leva ensuite la tête en direction du plafond, ses yeux verts embués de larmes.

-Hey, le chat, tu as bien dis qu'il te fallait un sacrifice, n'importe qui ?

-En effet, résonna une nouvelle fois la voix moqueuse, il faut simplement choisir qui sacrifier.

-Très bien. J'ai choisi.

Il relâcha son poing, du sang perlant de ses doigts, tellement il avait enfoncé ses griffes dans sa peau.
Il releva une nouvelle fois la tête, l'air apaisé, en direction de la louve qui la regardait avec des yeux incrédules.
Il poussa un profond soupir résigné et s'avança vers la cuve de métaux en fusion, aux pieds de la jeune louve. Ses yeux verts, désolés, fixaient ceux dorés de sa comparse paniquée. -Marla... je voulais te dire que je t'aimais. Il fit un nouveau pas et s'apprêta à se laisser tomber dans la cuve.

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