Chapitre 4

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Alaric, après un long moment de recherche, en priant la déesse mère de bien vouloir sauver Marla, se baladant d'arbres en arbres, le renard finit par trouver des araignées semblables à celles qui les avaient attaqués. Avec agilité, il se débarrassa d'une poignée d'entre elles et les éviscéra pour en récupérer leur glande de poisons, tout en gardant sa lance à portée de main. Une fois sa besogne faite, il fit rapidement demi-tour en descendant de l'arbre. Une fois à près d'un mètre de haut, il sauta et se prépara à se réceptionne au sol pour finalement remarquer qu'il restait suspendu en l'air, des fils quasi invisibles le retenant.

-Forcément fallait que je tombe dans une toile. Rala Alaric, plus ennuyé par le contre temps qu'autre chose.

Il fallait qu'il rentre vite à la cabane avec le lièvre, qu'il avait capturé plus tôt et qui s'agitait dans son sac, et les glandes. Il s'attendait clairement à un tel cas de figure et il ne lui restait plus qu'à voir la réaction des araignées.

-Je vais te dévorer ! Hurla soudain une voix caverneuse, juste au dessus de sa tête.

Relevant cette dernière, Alaric vit la gigantesque araignée descendre lentement grâce à un fil qu'elle tissait. Le renard eut ses oreilles et sa queue qui se baissèrent de peur. A présent dans une situation des plus délicates, il se devait de réussir à survivre. Trop de monde comptaient sur lui et sa fuite reposaient sur les "bras" d'un autre qu'il espérait fiable. L'araignée se rapprochait lentement de sa proie, profitant de la peur de la créature piégée, qu'elle ressentait à l'aide des infimes tremblements parcourant ses fils. Même si le fait qu'elle ne se débatte pas la gênait, la sentir terrifiée la ravissait car bientôt elle servirait de dîner à sa progéniture.

La voyant approcher, en faisant claquer ses griffes et mandibules, Alaric ressentit un frisson de dégoût, et encore plus quand celle-ci laissa pendre un filet de bave qui vint s'écraser sur son crâne. Il eut du mal à retenir un haut le cœur, mais il parvint à faire bonne figure.

-Tu sais que ce n'est qu'un malencontreux malentendu et je m'excuse. Malheureusement j'ai une amie qui est sur le point de mourir et je refuse de la laisser seule trop longtemps pour papoter avec vous, vous me retardez et un peut de ménage à faire en prime. Fit Alaric sans se départir d'un léger rictus sur le museau.

-Ne t'en fais pas, nous la mangerons juste après. Répondit-elle, entrecoupant ses paroles des claquements de ses mandibules. La créature n'était plus qu'à quelques branches du renard quand Ignis apparut de nulle part, surprenant l'araignée un instant.

-Vous avez ramenez un dessert, comme c'est aimable à vous. Nous nous en délecterons avec joie, tout en nous repaissant de notre vengeance.

-Ha, ben va falloir faire un choix. Soit me grignoter et prendre le risque de brûler, soit fuir et me laisser en vie. Lacha le renard satisfait et surtout heureux que le petit esprit ait convenablement répondu à ses directives.

Cette déclaration surpris l'araignée, jusqu'à ce qu'elle remarque ses enfants s'agitant autour d'elle et qu'un épais nuage de fumée apparaissait. Elle remarqua alors que des flammes descendaient certains fils de soie en même temps que ses enfants. Écarquillant ses nombreux yeux, l'araignée se mit à hurler de rage. Profitant de la panique, Ignis venait de brûler les liens entravant le renard, le brûlant au passage, et ils en profitèrent pour filer en toute discrétion. Voyant ses bébés brûler les uns après les autres, fuyant et paniquant, l'araignée resta un long moment pentoise. Cette vision d'apocalypse et la décimation de sa famille, finirent par faire bouillir de rage la gigantesque araignée qui se laissa tomber lourdement au sol avant de galoper à la poursuite du renard et de l'être de feu. Entendant les pattes martelant le sol derrière lui, Alaric se mit à accélérer le pas. Pestant contre l'échec de son plan, il jeta un rapide coup d’œil vers le monstre qui se rapprochait beaucoup trop vite à son goût. Il regarda ensuite Ignis avec une idée en tête.

-Hey, tu peux pas faire un mur de feu ? Lui demanda-t'il essoufflé.

Malheureusement, la créature de feu lui fit signe que non et qu'il n'avait plus d'énergie car il se posa tranquillement sur l'épaule d'Alaric, se laissant paisiblement porter, malgré le sentiment de malaise du renard qui ne protesta pas, étrangement.

Entendant les bruits de pattes qui se rapprochaient de plus en plus, il se retourna, lance en avant et jambes fléchies, prêt à faire face à l'attaque. Le renard, le regard dur et déterminé, resserra sa poigne sur son arme. L'araignée, tout aussi certaine que lui, arrivait aussi vite qu'un cheval au galop, rien ne semblant pouvoir l'arrêter. Une fois que la créature était à deux mètres, il planta sa lance dans le sol, puis bondit sur le côté. Voyant qu'il lui tendait un piège, l'araignée tenta de s'arrêter, mais portée par son élan, elle se rendit compte de son erreur et hurla, avant de s'empaler sur la lance. Elle s'écrasa lourdement au sol, arrachant des mottes de terre avec elle. Se redressant, Alaric se tint au dessus de la créature agonisante.

-Tu vois, j't'avais bien dis que je ferrais le ménage et puis ça t'apprendra à me faire peur. Lui lança-t'il avec arrogance, avant de se diriger vers la cabane.

Alaric pressa ainsi le pas pour arriver le plus tôt possible. Il espérait de tout cœur que la jeune louve soit parvenue à tenir jusque là et qu'elle n'était pas devenue un simple cadavre. Il ressentait un petit pincement au cœur à l'idée qu'elle ne soit morte durant son absence. Au delà de sa dette, il l'appréciait bien et commençait à tenir à elle. "Son élève récalcitrante et bonne à rien concernant la chasse". Ne pouvait-il s'empêcher de penser.
Sur son épaule, Ignis lui caressait affectueusement la fourrure, essayant de le rassurer. En réponse, le rouquin d'abord contre cette idée, finit par l'imiter pour le remercier, reconnaissant qu'il a été fort utile à son entreprise.

Une fois arrivés à la petite cabane, Alaric ouvrit en trombe la porte et se précipita au chevet de Marla qui restait atrocement immobile. Craignant qu'elle ne les ais quittés, il vérifia que son cœur battait encore. Pendant un instant qui lui sembla une éternité, durant lequel un silence pesant s'installa, il parvint à l'entendre battre. Poussant un profond soupir de soulagement, il tira de sa besace le lièvre qu'il avait capturé, ainsi que les glandes de venin. Il lui fit une entaille et, voyant le sang couler, fit tomber quelques gouttes de venin. Obligé d'attendre, il s'installa près de la louve, tandis qu'Ignis s'allongeait sur elle comme pour lui donner un peut de sa chaleur, alors qu'il prenait sa couleur bleutée représentant sa peur. Impatient que le « traitement » qu'il créait, à l'aide du lièvre paniqué, soit terminé et s'ennuyant, il se mit à taquiner Marla distraitement, sans que cela ne soit vraiment volontaire. Ainsi, sa queue se mit à bouger, sa pointe arrivant jusqu'au museau de la louve qui éternua. Alerté, Alaric se redressa alors qu'elle ouvrait difficilement les yeux.

-Tu vois, je t'avais dis que je reviendrais vite. Lui dit-il avec arrogance pour ne pas lui montrer son trouble.

Elle tenta alors de dire quelque chose mais fut arrêtée par son garrot improvisé. La louve leva alors une main vers la chose qui la gênait, mais fut vite stoppé par Alaric. Il lui prit délicatement la main, la gardant dans les siennes, s'assurant qu'elle n'y toucherait pas tout en la calmant, ce qui l'aida aussi à appaiser son stress dans le même temps.

-Calme toi, ce n'est rien, c'est pour ralentir la progression du poison. Et je peux aussi t'assurer qu'il n'y a plus une seule araignée dans cette foutue forêt. Annonça-t'il avec arrogance.

Surprise, Marla leva un sourcil interrogateur et surtout suspicieux, connaissant le filou. Celui-ci prit alors un air grandiloquent.

-J'ai terrassé l'énorme araignée tel le preux chevalier que je suis, ainsi que son odieuse progéniture dans un combat épique et sanglant, pour te ramener un antidote, princesse.

La jeune femme pouffa en l'imaginant se battre en armure de plate pour ensuite le voir en pagne avec de la fourrure brûlée par endroits, ainsi que l'étrange odeur qui venait du liquide qui maculait les poils de son visage. Elle se sentait toutefois reconnaissante qu'il ne l'ai pas abandonnée à son sort. Un petit sourire se dessina alors sur son museau, quand le jeune homme lui caressa délicatement le dos de la main, avec son pouce. Encore affaiblie, elle ferma les yeux, savourant ce moment de bien être ainsi que la première personne à qui elle pouvait réellement faire confiance depuis des mois. Elle en oublia même momentanément le sort qui venait de la condamner à une vie d'errance et, dans le pire des cas, d'esclavage. Légèrement rassuré qu'elle aille « bien », Alaric poussa un profond soupir de soulagement et se détendit légèrement en s'affalant près de la louve blanche. Il attendit un moment avant de lâcher la main de Marla, lui faisant ouvrir un œil. Elle se redressa ensuite en prenant Ignis dans sa main, le petit esprit prenant une couleur jaune de joie.

-Ne t'en fais pas je ne vais pas très loin. La prévint Alaric dont la truffe se trémoussait.

Il se dirigea d'abord vers la porte et l'ouvrit pour voir que la forêt brûlait de plus belle et qu'il semblait que l'incendie avançait vers eux. Il vit ainsi détaler quelques chevreuils, lièvres, et sangliers passant près de la cabane. Commençant à se dire qu'il venait peut être de faire une grosse connerie, il se tourna vers le lièvre capturé, qui tremblait de peur. Il le prit par les oreilles d'une main, le poignard de Marla dans l'autre et lui trancha la gorge pour abréger ses souffrances. Alaric ignorait tout, si le lièvre avait réussi à combattre le poison et comment lui administrer son sang. Il fit alors couler le sang de la bestiole sur la morsure de Marla, maculant son beau pelage blanc, de sang.

-A présent laissons la magie opérer. Lança-t'il en priant intérieurement la déesse pour que cela marche. Il défit le bandage serrant le museau de Marla et lui sourit en tremblotant légèrement.

-Mon héro. Blagua t'elle en souriant, rassurée qu'il ait prit les choses en mains.

-Tu vois que tu étais mauvaise langue en me traitant de renard félon qui te vole tes affaires. Lui dit-il, aux aguets, craignant de la voir s'effondrer à tout moment, en lui rendant son arme.

-Pardonnez ma méprise noble héro. Il est vrai que la différence entre un voleur et un héro est des plus ténus.

-Je suis enfin reconnu à ma juste valeur ! Mais est-ce que ça va aller ? Tu te sens prête à bouger ? La louve prit un instant pour se jauger. Ses oreilles se couchèrent alors sur son crâne dans un air désolé. -Je me sens encore faible, désolée. Mais pourquoi ?

-Ho trois fois rien, il y a juste un feu de forêt qui se dirige vers nous. D'abord surprise, ses oreilles se redressant, ainsi que sa queue, elle prit rapidement un air à la fois interrogateur et moqueur.

-Tu n'y es tout de même pas pour quelque chose ? Tu n'as tout de même pas foutu le feu à toute une forêt pour moi ? Il répondit par un sourire et lui prit le museau entre deux doigts avec un sourire charmeur.

-Tu sais que je ferais tout pour tes beaux yeux ? Lui rétorqua-t'il. Le cœur de Marla se mit à battre à tout rompre et elle devint gênée par sa réponse.

-Merci idiot. Chuchota-t'elle avec un petit sourire aux babines, profondément touchée, tout en sachant que ce n'était sûrement qu'une blague.

-Bon, c'est pas tout ça, mais il serait peut être temps de filer, car l'incendie se rapproche. Annonça-t'il, souhaitant la presser un peut pour s'enfuir. Marla tenta de se relever, mais trop faible, elle s'écrasa au sol.

-Attends un peut, tu veux, la rabroua Alaric, je vais t'aider à bouger mais avant faut que je ramasse tout ça.

Il prit ainsi leurs sacs, pendant que Marla renfilait son armure et sa cape. Elle attendit ensuite qu'il ait terminé, mais elle se souvint alors de sa vision et sa « discussion » avec la sorcière. Un sentiment de tristesse s'abattit alors, comme une masse, lui faisant baisser la tête, les oreilles, la queue et les épaules. A présent il ne lui servait plus à rien de se diriger vers Ys. Elle pourrait très bien rester ici et mourir. Ce serait tellement facile. Ignis devint alors noirâtre, sentant les émotions habitant la louve. Il la regarda une nouvelle fois inquiet et, pour lui remonter le morale, lui fit un câlin avec ses petits bras.

-Tu pourrais très bien me laisser ici. Lui dit-elle en gardant les yeux baissés, espérant qu'il ne la regarderait pas.

-Pour te laisser mourir à cause d'une de mes conneries ? Tu plaisante j'espère et puis, je me suis fais assez de mouron pour toi. Alors tu viens avec moi pour que je puisse garder un œil sur toi puis on file à Ys.

-Mais... tu n'as plus de dette envers moi. Alaric se retourna alors vers elle en poussant un profond soupir frustré.

-Tu crois vraiment que notre relation repose sur une foutu dette à présent ? Et puis c'est pas trop le moment de discuter de ça !

-Non tu as raison. Termina t'elle en lui souriant, ce qui sembla le satisfaire.

Il termina d'emballer leurs affaires et aida Marla à se lever et à marcher. Ils quittèrent ensuite la cabane, le feu s'étant dangereusement rapproché mais il sembla, au jeune renard, qu'ils auraient suffisamment le temps de s'en aller avant d'être piégés, du moment que le vent ne tournait pas. Ils parvinrent ainsi à trouver une route qui les éloignaient de la forêt dont une immense colonne de fumée s'élevait. Après plusieurs minutes de marche, Alaric, exténué, fut contraint de s'arrêter.

-Ca va ? Demanda Marla, au renard qui haletait en face d'elle.

-Au poil... Répondit il en souriant avec un air charmeur, malgré sa langue pendant de sa gueule. Il parvint à lui arracher un petit sourire trahis par la queue qui bougeait mollement derrière elle.

-Du coup... tu vas rester avec moi ? Lui demanda t'elle incertaine.

-Bien sur ! Pourquoi arrêterais-je de te taquiner ? Et puis on a tous les deux une mission à accomplir à Ys. Vaut mieux rester ensembles comme ça on aura plus de chances de survivre. Mais pourquoi tu me demande ça ? Aurais tu peur, la grande Marla aurait donc peur ? Voudrais tu abandonner et rester une animalis ? Demanda t'il avec un air à la fois soupçonneux et moqueur.

-Je n'ai peur de rien ! S'emporta t'elle, énervée par autant de curiosité et surtout sa dernière phrase. Tu peux pas t'occuper de ce qui te regarde ? Ce changement de comportement, chez la jeune femme, confirma les doutes du renard qui se rapprocha d'elle en fronçant les sourcils de mécontentement, sous les yeux intrigués du feu follet.

-Tu mens, ça s'entend. Dit il d'une voix grave, à mille lieux de son tempérament habituel et le surprenant lui-même, en désignant une de ses oreilles. Marla baissa alors les yeux, honteuse et incapable de tenir face au regard émeraude et inquisiteur d'Alaric.

Son ton ainsi que la peur qui étreignait la louve, firent céder le mur intérieur qu'elle avait érigé pour oublier son malheur. C'est ainsi que des larmes se mirent à couler sur son museau et que des sanglots commencèrent à affluer.

-Répond moi. Lança t'il, mais d'une voix plus avenante, presque désolé pour montrer qu'il était uniquement là pour l'aider.

-J'ai... j'ai vu dans mon sommeil la sorcière. Elle m'a dit que un jour elle finirait par me donner un cadeau qui ferrait que je ne pourrais plus jamais être humaine... Elle me l'a donnée aujourd'hui... et je suis coincée dans ce foutu corps pour le restant de mes jours. Le pire est que je ne sais même pas ce qu'est ce cadeaux.

D'abord surpris, Alaric sentit une fêlure en lui. Il remarqua alors qu'il était profondément touché par la détresse de sa camarade, et il dû se résoudre à se coller à elle, avant de lui passer un bras autour des épaules. Sentant les bras forts et doux du jeune homme, Marla finit par fondre en larmes, sanglotant contre sa poitrine. Il posa ensuite une main derrière la tête de la louve puis la caressa tendrement, comme si il cherchait à arracher de sa tête ses idées noires, à l'image du petit esprit.

-Chut, ça va aller, répéta t'il à plusieurs reprises, tout ira bien tu verras.

-Comment tout peut aller ? Je suis piégée comme ça, je n'ai plus de famille et nulle part où aller. Je n'ai même plus de raisons d'aller à Ys ou quoique ce soit contre ce maudit sort !

-Tu vas trouver un moyens pour retomber sur tes pattes, j'en suis sur. Lui dit-il avec bienveillance, bien qu'il était chagriné qu'elle dise une telle chose.

-Mais tu comprends pas, s'emporta t'elle, je n'ai plus rien, hormis ce que je porte, alors que tu as encore ta sœur ! Je n'ai plus rien hormis le risque de devenir une esclave et je refuse ! Je ne veux pas, non plus, être une bête sauvage. En entendant ça, Alaric, vexé, la lâcha et se releva, bouillonnant de rage.

-Tu crois que j'ai foutu le feu et butté une saleté d'araignée géante pour qui, si ce n'est toi ? Je ne compte pour rien dans toute cette affaire ? Est-ce que c'est ta famille qui est arrivée avec un remède pour te sauver ? Purée, super la reconnaissance !

-Attends, je viens de perdre absolument tout ce sui faisait de moi, qui j'étais ! Ma famille, mes amis, ma maison à tout jamais, ainsi que mon apparence ! Persista-t'elle dans son aveuglement. Arrête de penser à ta propre personne alors que tu n'est qu'un type que j'ai rencontré il y a quelques jours et tu ne me suivais que pour rembourser ta foutue dette.

-Je sais que c'est dur pour toi, je suis passé par quelque chose de semblable quand tes compatriotes humains sont venus tuer ma famille ainsi que mes amis et nous réduire en esclavage ma sœur et moi ! Je trouvais que, d'une certaine manière, l'on se ressemblait et que peut être nous pourrions être proches. Des amis en somme. Mais je devais être le seul à le penser ! Je me suis inquiété pour toi, mis ma vie en danger pour la tienne, pour que tu me dises que ça ne servait à rien ? Que tu n'as plus de raison d'exister ? Moi, parmi mes raison c'est ma sœur, mon neveu et, pendant un bref moment, c'était toi aussi ! Maintenant je n'en ais plus rien à foutre ! Tu n'aurais qu'à faire pareil et trouver quelqu'un qui compte pour toi, mais puisque tu n'es rien de plus qu'une égoïste, laisse toi dépérir. Il bouillonnait tellement de rage qu'il ne parvint pas à dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Il regarda un instant les yeux dorés et surpris de Marla, face à ce torrent de véritées, terriblement déçu.

-Mais tu n'es qu'une humaine de plus après tout. Il se retourna alors, pris un sac et marcha en direction du château d'Ys.

Marla prit alors un instant pour réfléchir à ce qu'elle venait de dire, des paroles indignes d'un chevalier et même au delà de ça, d'une amie. la louve tenta de se redresser mais se retrouva vite face contre terre. Elle ne s'inquiéta pas de la douleur et se mit à appeler Alaric.

-Alaric ! Alaric, s'il-te-plaît revient ! Lui lança t'elle Effrayée par ce qu'elle venait de faire. S'appesantir sur son sort, ignorer les prouesses qu'avait accompli son camarade pour la sauver et penser qu'il ne comprenait pas. Elle venait sûrement de perdre la seule personne qui tenait un temps soit peut à elle, ainsi que ce qui faisait d'elle quelqu'un d'unique, son respect du code de la chevalerie. Aujourd'hui, tout venait de voler en éclats et ce n'était cette fois nullement de la faute d'un quelconque sort, seulement la sienne.

Marla se tourna vers Ignis, qui comprit son changement d'esprit car il s'envola jusqu'au renard et se mit devant son visage, l'air triste. Celui-ci l'ignora et continua son chemin, mais l'esprit se remit devant lui mais cette fois avec un regard sévère, forçant Alaric à s'arrêter. Les deux se firent face un instant mais Alaric ne put soutenir son regard face à l'air déterminé du feu follet. Il se retourna ensuite vers Marla, ne sachant trop ce qu'il ressentait en la voyant. Il était énervé mais comprenait très bien sa réaction. Peut être qu'ils avaient été tous les deux idiots à leur manière, après, venant d'une louve il aurait dû s'y attendre. Il s'avança alors, le pas traînant et l'air triste vers Marla.

-Je suis navré de ce qu'il t'arrive. Lui dit-il, fatigué, en fixant intensément ses beaux yeux d'un jaune si vif, comme si l'on y avait fait fondre de l'or.

-Je suis désolée de ne pas avoir tenu compte de ce que tu ressentais. Lui dit t'elle, honteuse, en soutenant son regard et en reniflant pour dégager ses voies nasales.

-Ne t'en fais pas. C'est compréhensible que tu ne réfléchisse pas à ce que tu dis, vu que tu es une louve, se moqua t'il, mais je pense qu'on a tous les deux finis de dire ce que l'on avait à se dire et que chacun comprend ce que l'autre ressent. Il l'aida à se rasseoir et elle s'essuya les joues, soulagée qu'il ne s'en aille plus. Pour mieux se rassurer, elle lui serra les mains presque désespérément.

-Je suis désolée, sanglota t'elle, mais c'est trop dur. Je suis perdue, ce... ce n'est pas habituel pour moi.

-Ne t'inquiète pas, je suis là, promis je ne te laisserais pas. Dit-il alors qu'une petite larme coulait sur sa joue, se revoyant quelques années plus tôt dans le même cas, perdu, désorienté, ne sachant pas en quoi consisterait le lendemain.

-Merci... mon ami. Finit elle par lui lâcher avec un léger sourire laissant deviner qu'un peut de lumière était revenu dans son esprit. Ils restèrent ainsi quelques minutes, jusqu'à ce qu'ils se soient tous les deux calmés.

-Bon t'es content ? Lança t'il à Ignis qui les regardaient avec un sourire satisfait, sur un petit rocher. Voyant qu'il avait réussi et qu'il pouvait fêter ça, l'esprit s'envola jusqu'à ses deux amis et il les enlaça affectueusement, heureux qu'ils se soient réconciliés.

-Il serait peut être temps de se trouver un endroit pour se laver tu ne trouve pas ? Là j'ai plus envie de t'appeler crasse neige que blanche neige. Plaisanta Alaric. Marla, pas encore remise de ses émotions, esquissa un sourire fatigué.

-Dixit celui qui sent le cabot brûlé et la bave d'araignée.

Il l'aida à se lever une nouvelle fois et se remirent en route, Ignis leur ouvrant la route. L'incendie faisait rage dans la forêt, des animaux sortant des fourrés de temps en temps alors qu'ils marchaient. Ils finirent, après plusieurs heures de marche, par arriver près d'une rivière coulant loin de la forêt. Alaric aida la louve à s'installer près du cour d'eau puis l'assista pour retirer son armure. Marla se retrouva vite nue mais ne s'emporta pas contre lui et il n'osa même pas en profiter, tellement il était fatigué. Tous les deux étaient encore gênés par ce qu'ils s'étaient dis plus tôt même si la tension s'en était allée, Alaric n'osait pas taquiner véritablement la louve et par conséquence il lui communiquait ses sentiments. L'esprit remarqua l'ambiance morose et décida alors d'intervenir. Il s'envola jusqu'au visage d'Alaric et commença à lui tirer les babines pour qu'il esquisse un sourire même forcé. Ne comprenant pas ce que souhaitait la petite créature, il se laissa faire docilement. Marla, elle aussi intriguée, le vit ensuite se diriger vers elle. Il arborait un air triste tout en conservant sa couleur rouge.

-Heu... qu'est-ce qu'il t'arrive Ignis ? Lui demanda t'elle.

-Je crois qu'il veut que l'on s'amuse comme avant. L'informa Alaric. Marla prit Ignis dans ses mains et lui caressa la flamme qui lui servait de tête, reconnaissante qu'il soit aussi inquiet pour eux. Il semblait content de l'affection qui lui était donné et il s'envola pour enlacer le cou de la louve, pour la lui rendre. Il prit alors une couleur presque aussi dorée que les yeux de Marla tellement il était heureux.. Cette petite scène fit réellement sourire Alaric. Finalement il semblerait que ce mauvais moment soit enfin passé et qu'ils pouvaient repartir sur des bases plus solides.

-Bon c'est pas tout ça mais la bave d'araignée commence à sérieusement m'incommoder. Lança Alaric en reniflant de dégoût.

Marla posa Ignis près de la berge avant de se laisser glisser doucement dans l'eau, le froid la faisant frissonner. Alaric quand à lui fit un plongeon, aspergeant la pauvre louve dont l'eau dégoulinait de ses poils. Un peut énervée et puisqu'il était trop tard, elle se plongea entièrement dans l'eau et rejoignit le renard, pour lui faire un mauvais coup et aussi pour ne pas être emportée par le courant. Elle lui tira la queue pour l'inviter à refaire surfasse, ce qu'il fit.

-Ha ça fait un bien fou ! S'écria t'il avant d'être invité à replonger la tête sous l'eau par Marla qui l'y poussa.

-Ca t'apprendra à... Elle n'eut pas le temps de lui lancer ce qu'elle avait à dire car, malgré sa masse, Alaric la souleva difficilement de l'eau avant de la lancer de toutes ses forces. Marla se trouva ainsi entièrement immergée, avant d'être aidée par Alaric.

Ils continuèrent à se chamailler ainsi une bonne heure dans l'eau, riant enfin de bon cœur, sous le regard amusé et attendrit d'Ignis qui les supportait depuis la berge. Ils finirent par sortir de l'eau, épuisés et lavés de leurs angoisses, comme si elle les avaient emportées. Marla commençait même à marcher sans l'aide d'Alaric, mais elle profita de sa gentillesse passagère pour se laisser porter avec un sourire vainqueur. Voyant que la journée touchait à sa fin, les deux compagnons préparèrent leur bivouac. Après qu'Alaric soit parti chasser, en prenant garde à ne pas provoquer un nouvel incendie, Marla se retrouva seule avec Ignis qui dormait paisiblement sur son ventre, la réchaffant. Elle put ainsi prendre le temps de réfléchir à sa situation.

Il lui vint à l'esprit que la sorcière pouvait très bien lui mentir et qu'elle pourrait récupérer son ancienne apparence. De plus Alaric s'était engagé à l'aider, la rassurant et lui faisant même esquisser un sourire à cette pensée. Ils étaient amis, même mieux, elle savait qu'après tout ça il resterait près d'elle pour le meilleur et pour le pire. Il ne l'abandonnerait pas si elle y mettait du sien. Mais c'était là le problème. Pourrait elle en dire autant ? Cette pensée lui fit froid dans le dos, notamment parce qu'elle ne savait pas si véritablement elle serait capable de faire autant que lui, pour s'assurer qu'il aille bien.

-Je ne serais pas un bon chevalier si je l'abandonnais dans sa quête, songea t'elle, et puis qu'ais-je à perdre à l'accompagner ? Ma famille ne veut plus de moi et je n'ai plus rien hormis ces deux là.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive, tu te mets à parler toute seule, c'est encore le poison qui te fait de l'effet ? Demanda Alaric qui revenait de sa chasse avec quelques lapins sur les épaules.

-Ce n'est rien, je me rendais juste compte de la chance que j'avais d'avoir Ignis avec moi. Plaisanta-t'elle.

A l'évocation de son nom, l'esprit apparut juste devant la louve, pleinement réveillé avec un large sourire, et lui embrassa le bout du museau, comme pour lui signifier qu'il ressentait la même chose pour elle.

-Mais et moi ? Se plaignit faussement Alaric. C'est alors qu'Ignis apparut sur son museau, allongé sur le ventre et l'enlaça.

-Merci Ignis, moi aussi je t'adore. Alaric et Marla se lancèrent un regard complice, puis le renard s'installa près de la louve. Ils se préparèrent leur repas et purent ainsi manger à leur faim.

-Une fois que tu auras retrouvé ta sœur, tu compte faire quoi ? Demanda la louve innocemment, en terminant de ronger les os de son repas.

-Je ne veux plus être un nomade, alors j'aimerais me trouver un petit coin de terre loin de tout et pouvoir y vivre en paix et me trouver une femme. Peut-être que je m'en achèterais une avec la récompense.

-Tu es un vrai félon dis moi ! Tu ne t’embarrasse même pas de faire la cour à une gente dame !

-Pourquoi faire ? Je ne suis pas un chevalier, moi. Et puis les animalis ne s’embarrassent pas de choses comme ça, ils payent la dote, embarquent la femme et puis c'est tout. C'est tout à fait normal pour les femmes de vendre leurs talents au plus au franc et encore plus chez les guerrières.

-Mais tu ne peux acheter l'amour, s'écria t'elle, ne connaissez vous pas l'amour courtois, vous autres animalis ? Celui qui unit un couple par les émotions, avec des hauts et des bas, certes, mais qui les unissent jusqu'à la mort ? Tu compte vraiment l'acheter comme une vulgaire jument ?

-Oui. J'y ai crus moi aussi, à cet « amour » comme tu dis. Je te l'ais déjà dis, j'en ais aimé une et elle me l'a rendu en me trompant avec un autre. C'est pourquoi, avec un tel contrat je suis sur de ses sentiments. Elle n'en aura pas pour moi et puis c'est tout.

-C'est triste. Commenta Marla.

-Et puis je trouve que ça colle plus avec mon caractère de filou que de bêtement tomber amoureux. Il appuya son propos avec un clin d’œil charmeur.

-Et toi du coup, que compte tu faire ? Tu n'es pas obligée de me suivre jusqu'à Ys, tu es libre d'aller où tu veux.

-Je te le dois bien, tu es mon ami et tu as besoin d'aide. Mais sinon avec tout l'argent que je vais amasser je pense que je vais me construire un immense palais, avec d'immenses thermes, juste à côté de ta bicoque pour pouvoir me moquer de toi.

-Tu m'invitera quand même j'espère.

-Inviter un vulgaire fermier ? Et puis quoi encore ? Lança Marla d'un air hautain avant d'exploser dans un rire franc. Enfin bref, allons nous coucher, l'argent ne tombera pas du ciel temps que nous ne nous serons pas rendus à Ys.

Les deux se jetèrent alors un dernier regard complice avant de se coucher chacun dans sa couverture.

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