Chapitre 3

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Un jour, alors qu'Alaric enseignait, encore une fois, laborieusement la chasse à, selon lui, la pire de ses élèves, une araignée se glissa sur le museau de Marla.

La pauvre d'abord surprise, se mit à hurler à pleins poumons, véritablement effrayée.
Affolée, la louve fit tomber la bestiole mais se mit à courir le plus loin possible de la bestiole. Cela fit aussi tomber le pauvre feu follet qui, par chance, se mit à voler jusqu'à Alaric, sur l'épaule duquel il se posa.

Alaric, lui aussi surpris, éclata de rire face au spectacle ridicule de la louve effrayée, entraînant avec lui le feu follet qui se plia en deux, sur son épaule poilue.
Le renard jeta alors un regard complice vers la créature de feu, en écrasant l'araignée qui essayait de s'échapper.

-Ha les femmes... toutes les mêmes. Il se dirigea vers Marla, avec un large sourire moqueur sur le museau et en ayant beaucoup de mal à retenir son fou rire.

-Je savais pas que tu étais aussi chochotte, lui lança-t'il, une fois qu'elle s'était calmée, encore tremblotante de terreur.

-Mais elle était énorme, se défendit elle, encore tremblotante, t'as vus sa taille ! Elle était affreusement grande !

-Autant que peut l'être une petite araignée. Tes parents ne t'ont jamais appris que la petite bête ne mangeait jamais la grosse ?

-Mes parents n'avaient pas nécessairement le temps. Rala-t'elle en lui tirant la langue de manière enfantine. Mais en effet, je l'ai appris. Ainsi que la manière de tuer des monstres bien plus gros... comme un odieux renard insultant. Toutefois, je considère que cette règle ne s'applique pas avec ces saletés d'araignées ! Termina-t'elle en frissonnant à leur évocation.

Alaric, toujours avec son sourire moqueur, s'apprêtait à lui rétorquer quelque chose, lorsqu'un filet de bave tomba juste à côté d'eux. D'abord surpris, ils furent décontenancés lorsqu'une voix profonde et caverneuse retentit, juste au dessus d'eux, au moment ou une ombre les recouvrait.

-Vous... avez... tuez... mon bébé ! Vous allez me le payer !

Les deux animalis relevèrent alors brusquement la tête, pour voir une gigantesque araignée les surplombants, ses énormes crocs s'agitant pour lui permettre de parler, tout en produisant des cliquetis horribles. Elle était entourée de ses petits de tailles différentes, qui descendaient de leurs fils de soie.
Ils hurlèrent alors, tous les deux, à l'unissons avant de détaller à toute vitesse, terrorisés par les monstres.

Fuyant comme des dératés, ils filèrent à toute vitesse, esquivant, du mieux qu'ils pouvaient, les arbres. Ignis, quand à lui, volait à côté d'eux en souriant, amusé par la situation, ne comprenant pas le danger.

Après plusieurs minutes de course effrénée, ils finirent par s'arrêter dans une petite clairière, dans laquelle se trouvait une petite cabane. Même si ce n'était pas très discret, elle aurait au moins le mérite de ne pas les laisser à découvert.
Par chance, la cabane n'était pas fermée et ils s'y engouffrèrent rapidement avant de se barricader. Essoufflés, leurs langues pendouillant de leurs gueules, ils s'installèrent contre un mur de la cabane, puis se jetèrent un rapide regard l'un vers l'autre, amusés. Ils éclatèrent finalement de rire à cause du ridicule de la situation et de l'expression de l'autre.

-Toi aussi t'as peur des araignées, maintenant ? Se moqua la louve.

-A raison, t'as vu sa taille ? Répéta Alaric.

-Tu vois, j'avais raison de craindre les araignées ! Pourquoi tu te sentais obligé d'écraser cette... bestiole ? Grogna faussement Marla en frissonnant à cause du souvenir de l'araignée sur son museau.

-Mais c'était pour te rendre service ! S'indigna Alaric. J'ai voulu être chevaleresque avec toi et voilà comment tu me remercie ?

-Mais je ne suis pas une femme sans défense ! S'offusqua-t'elle faussement.

-Ha bon ? Pourtant tu ressemblais plus à une poule, à piailler partout, qu'une impressionnante louve.

-Je ne suis pas une louve. Grogna Marla, dévoilant ses crocs acérés. Je suis une humaine.

-C'est si mauvais que ça, d'être une Animalis ? Demanda alors Alaric. Je sais que c'est dur pour toi, d'être l'un d'entre nous. Mais après avoir subit, tout ce que tu as subis : les attaques, insultes, et autres. Seras tu capable de vivre encore parmi eux ?

Marla ne lui répondit pas de suite. Elle ignorait ce qu'il se passerait ensuite. Si elle pourrait pardonner à ses parents de l'avoir chassée de chez eux et de lui faire promettre de ne jamais dire qui ils étaient. De même que ses amis, dont un qui lui avait pourtant semblé si gentil et qui voulait faire d'elle une servante. Mais l'attitude d'Alaric était étrange. Voulait il faire de la pauvre louve une véritable animalis, aussi bien dans le corps que l'esprit ?

-Tous les humains ne sont pas mauvais. Dit-elle en se frottant le museau alors qu'elle ressentait une petite douleur, et que du sang traînait sur sa patte. Et puis les animalis sont sûrement comme les humains. Si ils découvrent que je suis humaine, ils me tueraient sans doute.

-Tu as raison. Les animalis seraient sûrement les premiers à vouloir te scalper. Enfin bref, fais ce que tu veux. Deviens qui tu veux, moi je m'en fiche. Lui lança-t'il de manière détachée. Alaric ferma alors les yeux et poussa un profond soupir résigné. Cela paraissait étrange à la jeune femme curieuse.

-Pourquoi tu veux tellement que je sois une animalis ? A quoi ça t'avancerait de vouloir que je conserve cette forme ?

-Parce que ça fera un humain de moins. Plaisanta-t'il. Mais plus sérieusement, même si t'es un foutu loup, tu es plus jolie comme ça et ça m'embêterait de ne plus jamais voir ta petite frimousse.

Marla le dévisagea surprise. C'est vrai qu'en se regardant elle paraissait plutôt belle, même si ça lui coûtait de l'admettre. Mais quelque chose dans la manière de dire d'Alaric la dérangeait.
Toutefois, à ce moment son esprit s'embruma alors que plus de sang coulait du museau de la louve blanche.

-Ha ouais, et jolie comment ? Demanda-t'elle en se rapprochant un peut plus de lui, alors qu'une chaleur intense lui montait au crâne.

-Jolie dans le sens que tu es attirante. Lui répondit-il simplement. J'ai déjà eux une fiancée, et tu es bien plus belle qu'elle.

-Ho, tu es marié ? Demanda-t'elle en se rapprochant un peut plus vers Alaric, pour se sentir bien plus proche de lui, le mettant mal à l'aise à cause de leur proximités.

-Non, j'étais fiancé, ça ne m'aurais pas dérangé d'avoir deux beautés à chaque bras, mais elle a préférée coucher avec un autre.

Il semblait détaché, hormis pour sa plaisanterie, aucunement dans le ressentiment, la honte ou le remord. C'était comme si c'était normal pour lui, qu'il n'était pas déçu.

-Et tu as fais quoi ?

-J'ai demandé à ce que son amant me paye. Tout simplement.

-En dédommagement ?

-Non. Il a acheté le mariage.

-Ho... du coup tu serais prêt à m'épouser ? Demanda Marla, son esprit commençant lentement à glisser vers les ténèbres.

-Tu risque de me coûter trop cher, princesse, et je ne suis qu'un esclave en fuite sans le sou.

Malgré la brume, Marla se tourna vers le renard, surprise qu'il l'appelle ainsi.

-Mais dis pas ça, je suis sure que le jour où tu te trouveras la fille parfaite, rien ne sera trop cher pour toi. Et puis les vagabondes comme moi sans le sous sont faciles à contenter. Se moqua-t'elle alors.

Alaric resta silencieux un instant, cherchant quoi dire à lui rétorquer mais abandonna. A la place, il ouvrit les yeux et les braqua sur ceux dorés de Marla et décida de se montrer un peut plus... engageant.

-... Si tu veux... si rien ne marche pour ton "problème", tu pourras venir vivre avec moi et ma sœur. Comme ça, tu auras toujours un endroit qui acceptera de t'accueillir. Tenta-t'il l'air peut sur de lui, tranchant avec son attitude habituelle.

Touchée par ce qu'il disait, malgré la brume obscurcissant son esprit, Marla posa doucement sa main sur celle d'Alaric. Ses yeux fixant les deux émeraudes d'Alaric, qui semblaient presque briller dans la pénombre de la cabane, elle se perdait dans son regard déterminé.

-Je t'en remercie, Alaric, grand tueur d'araignées. Lui susurra-t'elle en l'embrassant sur la joue.

Le cœur du renard se mit alors à battre à tout rompre, surpris par le geste affectueux de la jeune louve, clairement en décalage avec ce qu'ils avaient fais jusque là.

-Heu... Marla, qu'est-ce qui t'a pris de m'embrasser ? Clairement surpris par la réaction de la louve, alors que son poil s'était hérissé sous le contacte, ainsi que sa queue tendue derrière lui.

Il remarqua alors que la louve paraissait étrange. Elle avait les yeux vitreux et glissait lentement sur le côté. Autre signe inquiétant, elle commençait à respirer lourdement. Alaric avait déjà repris son souffle et pourtant il lui paraissait que la jeune louve était plus athlétique que lui.
Finalement, elle posa sa tête contre son épaule et le renard pus la sentir frissonner. Il remarqua finalement la tache rouge sur son museau blanc, qui se rependait un peut plus avec un liquide violet dedans et commença à paniquer.

-Marla, est-ce que l'araignée t'a mordue ? S'empressa-t'il de demander, alors que la panique s'imposait, petit, à petit à lui.

-Viiiiii. Lui répondit-elle en nage.

Il s'empressa alors de déchirer un morceau de la tunique de Marla et de le nouer autour de son museau, pour ne pas que le poison se repende de trop dans son organisme. Il se doutait, qu'au vue des premiers symptômes, celui-ci l'avait déjà gravement atteinte. Mais il espérait qu'avec un peut de chances ça permettrait de le ralentir.

Il la prit ensuite délicatement et l'allongea, sous le regard terrifié du feu follet qui volait autour d'eux avec une couleur bleutée. Alaric prit ensuite les sacs pour en faire des oreillers rudimentaires, ainsi que leurs couvertures pour l'installer de la manière la plus confortable possible.

-T'en fais pas ma belle, j'ai déjà eux à faire à des situations comme celle-la. Lança-t'il, sa voix chevrotante sous la tension. Quand on s'amuse à enduire son arme de poisons, il nous arrive toujours des emmerdes comme celles-là. Par chance, je sais plus ou moins fabriquer des antidotes. Dit-il d'une voix se voulant rassurante, tout en lui cachant que, ne connaissant pas le venin qui la frappait, il était affolé.

Il lui caressa tendrement l'épaule avant de saisir sa lance, ainsi que la dague de la louve et de se diriger vers la sortie. Mais il fut soudain retenu par la queue, par une main ferme, le faisant japper de terreur. En se retournant, lance en avant. Il vit alors la patte de Marla qui le tenait, ses yeux dorés à moitié ouverts et vitreux. Alaric lui prit alors délicatement la main, la frottant doucement pour la rassurer.

De son côté, la louve ne parvenait qu'à voir un spectre orange et blanc avec du noir à quelques endroits. Mais le plus important était les boules vertes émeraudes, ressortant de cette masse floue et qui la fixaient. Elle avait le sentiment qu'elles lui envoyaient de l'énergie, ou au moins de l'affection faisant gonfler son cœur de joie.

Voyant le sourire se dessiner sur les babines de la jeune femme, Alaric se permit de l'imiter un peut, avant de poser sa main sur sa poitrine.

-Ne t'en fais pas, Marla, je reviens très vite avec un antidote et après avoir fait cramer ces saletées d'araignées, compris ?

Il se dirigea ensuite vers la porte, en prenant au passage un sac, puis fut rejoint par le feu follet qui s'installa sur son épaule. L'esprit jeta un dernier regard, inquiet, vers la louve alitée avant que la porte ne se referme derrière eux.

La petite équipe s'empressa alors de foncer dans les bois à la recherche d'un prédateur de l'araignée, avant de devenir la proie de celles-ci.


Quand à Marla, toujours alitée, elle commençait à délirer et à avoir des visions.

Elle se revit ainsi, portant sa robe blanche et toujours sous forme humaine, ses cheveux châtains tombant devant son visage, à cause de la précipitation. Elle faisait une nouvelle fois face à la sorcière. Une vieille femme aux cheveux grisâtres tressés en queue de cheval et qui touchaient le sol. Elle portait une robe blanche sur laquelle était agrippé du lierre, ainsi que de la mousse sur ses épaules.

-Ne leurs fais pas de mal ! Lança la jeune femme, sans même contrôler les paroles quittant sa bouche, à la vieille femme, mettant courageusement son corps entre elle et ses parents.

-Tu es bien courageuse, mon enfant. La complimenta-t'elle d'une voix chevrotante pourtant amicale. Je trouverais regrettable de devoir blesser une jeune femme telle que toi. Malheureusement je dois faire payer à ces gens ce qu'ils ont fais.

Marla ressentit alors un frisson. Elle se souvenait très clairement ce qu'elle allait dire ensuite. D'une certaine manière elle le regrettait déjà qu'ils quittent de nouveau sa bouche.

-Dans ce cas punissez moi à leur place ! Dit-elle alors que la voix ferme et résolue de son passé, se mêlait à la sienne, qui était résignée et fatiguée.

-Sache que je saurais quand tu regretteras ton choix. La prévint elle une nouvelle fois. Sache que ce jour là, le fardeau que tu auras décidé de porter, échouera à tes parents. Mais puisque tu as fais preuve de courage en me faisant face, je t'offrirais le plus beau des cadeaux. A ce moment, jamais plus tu ne pourras retirer la punissions que je t'ai infligée, à moins que j'en décide autrement.

La vieille femme marqua un temps d'arrêt. C'était à ce moment que la sorcière était censée lui poser la question, si elle acceptait la punition et qu'elle lui répondait que oui, pour protéger ses parent et qu'enfin la vieille mégère lui annonçait que bien sur on pouvait trouver un moyen de lever le sort.

-Regrette tu ton choix ? Demanda-t'elle soudain, brisant les prévision de la jeune femme.

Celle-ci, surprise la regarda avec des yeux exorbitées alors qu'elle parvenait à contrôler son corps.

-Quoi, c'est vous ? C'est vraiment vous ? Mais comment ? -Je te l'ai dis, la coupa la sorcière avec un sourire amusé, je saurais quand tu regretteras ton choix. Mais le plus intéressant ici c'est toi. J'ai décidée de t'offrir ton cadeau aujourd'hui. Je t'annonce que tu ne pourras plus jamais devenir humaine à partir de maintenant.

-Quoi, mais pourquoi ? S'écria-t'elle choquée, indignée et terrifiée par cette annonce.

-Parce que tu as été bonne, tu as agis tel les préceptes que l'on t'a enseigné. Des gens d'une telle grandeur d'âme sont bien rares en ces temps. Alors tiens.

La vieille femme leva la main puis souffla, rependant un nuage de poussières sur la jeune femme terrorisée qui se vit changer une nouvelle fois. Ses jambes prirent une forme grossière avec des angles improbables, ses pieds se réduisant alors qu'ils se changeaient en pattes, de la fourrure blanche apparaissant puis montant sur tout son corps. Tombant en poussière avant devinrent d'être remplacés par la fourrure, ses ongles prirent une couleur noir et ressemblèrent à des griffes. Des coussinets apparurent dans la paume de sa mains au moment où son visage se changeait en un museau, son nez devenant noir et changeant de forme et de texture. Ses oreilles se déplacèrent sur le sommet de son crâne avant de devenir triangulaires. Enfin ses yeux troquèrent leur couleur bleutée pour l'or.

-Voilà, ma chérie. Lui susurra-t'elle, toujours avec son ton amical, tranchant avec l'horrible sort dont elle venait de frapper Marla. Une magnifique vie t'attend, alors profites en.

La sorcière claqua alors des doigts, avant que la jeune femme ne puisse se remettre du choque qu'elle venait de subir et ainsi éviter toute contestation, faisant disparaître la vision de Marla et la plongeant dans un profond sommeil.

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