Chapitre 1

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La lune brillait haut dans le ciel, les rayons qu'elle réfléchissait éclairaient la petite auberge dont la cheminée fumait abondamment, indiquant que l'on essayait de faire chauffer le bâtiment dans cette nuit de printemps particulièrement froide.
Quelques soûlards se battaient juste devant la porte, se poussant dans la boue et l'herbe humide qui commençait à geler.
Cela ne semblait nullement déranger le petit village, qui en avait l'habitude que de telles festivités aient lieux la veille d'un jour saint comme la Saint Yvain et où tout travail était interdit. Ils auraient ainsi l'occasion de dessaouler lors de la messe et se reposer le restant de la journée. Quoiqu'il en soit, les hurlements des combattants, résonnant dans la petite bourgade, couvraient difficilement la clameurs des travailleurs festoyant dans la baraque.
Ainsi, une fois passer la porte de l'auberge servant de taverne, nous pouvions être accueillis par un véritable mur de sons. A la musique d'un barde, grattant les cordes de son luth, se mêlaient les cris de joie ou d'amusement, d'indignation, de colère et les sifflements appelant la serveuse.

Le patron essuyait une chope de métal, avec un torchon crasseux, qu'un de ses clients et concitoyens avait laissé sur le comptoir.
Il observait les jeux des clients, veillant à ce qu'aucune conversation ou même partie de grelotine ne devienne trop agitée. Ainsi il s'assurait que son mobilier survive une nuit de plus jusqu'aux prochaines festivités du genre.

Soudain, la porte s'ouvrit sur un voyageur encapuchonné dans un épais manteau de fourrure noire, d'un chat géant, avec un épais sac de voyage dans le dos. Le manteau étant accroché à un plastron de cuir noir, cachant les formes de l’individu. Il était suffisamment ouvert pour dévoiler ses jambes, en parties protégées par des pièces d'armure du même cuir que le plastron.
Mais sans même avoir à s'attarder dessus, il était clairement visible que ses jambes étaient déformées. De la fourrure, d'un blanc éclatant, s'échappait des zones non protégées par les pièces de métal finement ouvragées, révélant un travail de maître. Les guibolles de l'arrivant, semblaient posséder une articulation de plus. A cela s'ajoutait le fait que ses pied étaient remplacés par des pattes de loup couvertes de bandages et de crasse. Sans doutes que les bandelettes devaient les protéger de longs trajets à pieds... ou à pattes.


Quoi qu'il en soit, une fois la porte refermée derrière elle, les regards commencèrent petit à petit à se tourner dans sa direction, une fois que l'information des pattes de monstre avait commencé à circuler dans la petite auberge. Les conversations se turent et une tension électrique remplaça la joie et l'amusement qui enivrait le lieu. Finalement le barde, voyant qu'il ne captait plus l'attention de l'assemblée, cessa sa musique, laissant un silence pesant s'installer et uniquement perturbé par les messes basses et toussotements.

L'intrus, se dirigea calmement, tête basse, vers le comptoir et le maître des lieux qui, comme tous les autres, le détaillait du regard.
Aucun humain ne savait comment réagir et nul ne voulait prendre le risque de s'en prendre à lui une fois que le pommeau d'une épée ainsi que celui d'une dague sont apparus de sous son manteau, à sa ceinture. Tous savaient que l'Eglise ne dirait rien si ils tuaient un animalis, même si ils le faisaient un jour saint sous l'égide d'une trêve des Dieux. Mais nul ne souhaitait être le premier à faire payer à cet animal son outrecuidance, au risque de tâter de son épée qui était un objet très peut rependue chez les créatures de son espèce, de même que son accoutrement. Une fois arrivé devant le maître des lieux, l'étranger, releva légèrement la tête, laissant dépasser un museau fin couvert de fourrure blanche. Une truffe noire et humide reniflait légèrement l'air comme si les effluves lui apportaient nombres d'informations sur l'ambiance.

- C'est combien pour une chambre ? Demanda l'intrus sombrement, dont la voix féminine révélait le sexe.

-J'n'ai pas de chambre pour les bêtes. Lui répondit le patron d'un air dédaigneux. Ton maître a droit à une chambre, mais toi ce sera l'écurie.

-Je ne suis point une bête. Gronda-t'elle en relevant légèrement la tête, dévoilant ainsi ses yeux dorés de fauve, pour défier le regard moqueur, tout en gardant du ieux possible son calme.

La plèbe humaine éclata alors de rire, comme si elle leurs avait raconté une bonne blague.
Les moqueries et autres quolibets se mirent ensuite à lui tomber dessus, suggérant qu'elle avait volé ses vêtements à quelque pauvre malheureux qu'elle aurait finit par dévorer. D'autres, encore, lorgnaient sur sa magnifique fourrure qui pourrait faire une superbe couverture pour le prochain hiver.
Mais tout cela elle l'ignorait.
Tout ce qui l'intéressait pour l'instant était une chambre pour dormir et mourir de honte.

-Je veux une chambre. Répéta-t'elle, la voix tremblante de rage alors que ses babines se retroussaient sur ses crocs et qu'une chose faisait lentement apparaître une bosse à sa cape.

-J'veux voir ton maître avant et après t'iras dans les écuries.

La jeune femme semblait sur le point de craquer. Elle mit alors un main dans un gantelet de fer sur la garde de son épée.

-Je n'ai pas de maître. Répéta-t'elle, la voix grondante à mi-chemin entre l'animal et l'humain.

A cette annonce, le patron arqua un sourcil interrogateur en scrutant, avec intérêt, un peut plus son interlocutrice. Il imaginait déjà quel prix il pourrait en soutirer auprès de la guilde de marchands d'esclaves de la ville la plus proche. Mais pour ça il faudrait qu'un de ces lourdauds dédaignent l'attraper.

-Ta lettre d'affranchis. Ordonna-t'il à la louve avec un signe dédaigneux de la tête, indiquant qu'il n'avait aucune confiance.

Celle-ci mit la main dans la poche intérieure de son manteau et en tira une lettre qu'elle déplia.

-Dois-je vous faire la lecture ou ce sceau vous suffit il ? De la lettre pendait une sorte de petite pièce de cire avec un dessin d'inscrit dessus. Il s'agissait d'un homme armé et à cheval. D'autres inscriptions y étaient imprimées mais elle se tenait trop loin pour que l'aubergiste puisse bien voir. De même que le nom qui y était inscrit, « Marla ». Toutefois il reconnu l'emblème du cerf dessus qui n'était nul autre que celui du duc de Nordmont, l'un des plus puissants du pays et qui parvenait à rivaliser avec la puissance du roi lui-même.
Écarquillant les yeux de surprise, il tendit alors la main pour la prendre, mais la jeune animalis recula d'un pas, avec un geste protecteur envers son fragile bien. Elle craignait qu'il ne la lui prenne et décide de la déchirer pour, plus tard, la vendre sur un marché aux esclaves, sans aucune preuve de sa liberté. La voyant qui ne lui faisait pas confiance, le tavernier fronça encore plus ses sourcils, cette fois la suspicion se mêlant au dégoût.

-Qui m'dit que c'qui a dans ton papier c'est pas autre chose ?

Clairement excédée, par le comportement du tavernier, la jeune louve tourna les talons et commença à se diriger vers la sortie avant d'être interrompue par une jambe qui traînait dans le passage.


L'animalis s'écroula alors lourdement au sol, sous les rires, gras et tonitruants, des soûlards l'entourant.

Sous ses habits, les poils de la jeune femme se dressèrent de rage et de fureur. Nul ne le vit, mais, pendant un bref instant, ses pupilles virèrent au rouge sang avant de revenir au doré.
Elle se releva ensuite et, sans plus d'histoire, sortie de l'auberge.
Une fois dehors et la porte refermée, laissant derrière elle les moqueries et autres insultes proférées par ces vilains, la jeune louve se mit à grogner ostensiblement de rage comme un animal.
Elle se dirigea ensuite en direction des bois en passant devant le temple de la ville, sous le regard inquisiteur du prêtre à qui elle avait demandé plus tôt l'asile. Malgré le sceau et la lecture de la lettre qui attestaient de qui elle était, il avait poliment refusé de peur de se faire attaquer par les villageois. Elle l'ignorait mais c'était aussi dû à la crainte de se faire dépouiller et même dévoré par un animalis qui l'avaient incitées à refuser.
Elle ne pouvait lui en vouloir, son apparence n'inspirant que craintes n'était rien de plus qu'un fardeau.

Une fois loin dans les bois, la jeune louve passa de longues minutes à se préparer un camps sommaire en allumant un feu. Elle tira ensuite une couverture de son sac pour se protéger du froid, même si elle avait déjà sa fourrure, et se mit à déguster un peut de viande séchée, composant le reste de ses maigres rations.
Malheureusement, ce repas ne l'aidait pas à oublier les insultes et les moqueries de ces pécores.
Elle serrait les poings dont elle avait retirée les gants, lui permettant d'enfoncer ses griffes dans ses coussinets et sa peau. La douleur la calma un peut et elle se remit à ronger son morceau de viande.

-Comment osent-ils ?! Se demanda-t'elle en fustigeant et en levant la tête comme si elle s'adressait au monde entier. Je suis la duchesse Marla de Normont, je suis une humaine, pardi !

Elle prit ensuite un air dépité et des larmes se mirent à couler sur sa fourrure. Je ne suis pas une vulgaire bête... La forêt ne répondit à sa complainte que par le bruissement des feuilles et les cris de quelques animaux qui traînaient dans le coins et que les oreilles animales de la jeune femme captaient.
Elle se mit à sangloter face à la manière dont le monde l'ignorait.
Epuisée par la longue journée de marche et la douleur de se faire rabaisser au niveau d'un esclave ou d'un animal, elle sombra finalement dans un profond sommeil tellement elle était assommée par la fatigue.

Le lendemain matin, la jeune Marla fut réveillée par la clameur provenant du village.
Elle s'étira donc longuement en se tenant à quatre pattes, sa queue blanche dressée vers le ciel et ouvrant largement la gueule pour bailler. Pour comparer, elle faisait exactement ce que ferait un chien au moment de se réveiller.

Après un instant, la jeune animalis se releva, prit le temps de rassembler ses affaires avant de se diriger une nouvelle fois dans le village.
A l'orée du bois, elle pouvait voir que la petite bourgade était vide et que des chants provenaient de la petite église dont la porte était largement ouverte invitant quiconque qui devait arriver à se joindre à eux.

Ainsi, prenant son courage à deux mains, Marla se dirigea vers le temple d'un pas rapide en se couvrant la tête avec sa cape de fourrure pour ne pas attirer l'attention.

Arrivée devant la porte, elle resta un instant immobile, tenaillée entre l'envie d'être au plus proche de la maison des Dieux et le refus de vouloir retirer sa capuche qui risquerait de provoquer la panique ainsi que les foudres des divinités.

Elle se mit alors sur le côté de la porte, presque cachée par les battants, pour ne pas être vu même par le prêtre qui prêchait son serment depuis l'autel. Elle tacha tout de même de respecter la séparation entre les femmes et les hommes, en se plaçant du côté correspondant à son sexe. Dans le fond du temple, était exposée la statue d'un homme barbu les yeux rivés sur une ravissante femme aux yeux clos arborant un sourire paisible. De leurs mains jointes se trouvait la représentation dorée d'une lumière censé les illuminer ainsi que toute personne les regardant.

Elle se mit à chantonner, d'une toute petite voix, en chœur avec l'ensemble de la paroisse. Le prêtre prononça ensuite quelques sermons, parlant du devoir qu'a tout fidèle de vénérer les dieux et d'agir avec bonté et dévotion.

-... Car si la mère est bonne et pardonne, le père se montre toujours juste et punit le pêcheur ! Prévint le prêtre en embrassant du regard l'assemblé, suspendue à ses lèvres comme hypnotisée.

-A présent mes enfants, prions. Prions pour que le père nous guide et que la mère veille sur nous. Tous les fidèles entonnèrent une prière qui résonna dans toute la battisse puis, une fois finie, le silence s'installa et tous baissèrent la tête, comme en communion avec les dieux.

Marla les imita en joignant les mains, ou pattes, sur sa poitrine. Elle garda les yeux fermés mais en plissant très fort les paupières et grimaçant, en priant avec conviction en espérant sans doute que cela attirerait l'attention des dieux sur son sort.

"-Je vous en supplie, ho Dieux, aidez moi !"

Elle n'eut malheureusement pas le temps de terminer sa prière car un homme à cheval arriva depuis l'entrée principale du village. Les bruits de sabots brisèrent le silence de la place et arriva même jusqu'à l'église, forçant les fidèles à se retourner.

Marla se cacha alors sur le côté, loin du regard des croyants et baissa la tête pour que le jeune homme sur sa monture ne remarque pas ce qu'elle était.

Une fois devant l'église, le cavalier descendit de sa monture et se précipita vers le centre du temple en courant comme si il avait quelque démon aux trousses, sous les regards interloqués des paroissiens et en ignorant royalement la jeune louve.

-Ecoutez tous ! Lança-t'il en levant bien haut les bras pour attirer l'attention. Je reviens de la ville, notre princesse a été enlevée et le Roi a ordonné de ramener la tête de celui qui a commis ce crime ! Quiconque réussira cet exploit se verra récompensé par le Roi, au delà de ses espérances !

Il y eut d'abord un instant de choc jusqu'à ce que les messes basses ne fusent, résonnant alors dans toute l'église, formant un brouhaha dont le volume ne cessait de croître avec l'écho.
Ils discutaient aussi bien sur l'enlève, quel malheur c'était pour eux, que de la récompense qu'ils pourraient obtenir. Une somme d'argent leur évitant la misère pour des décennies voir une armée d'esclaves pour les travaux des champs.

-Mais sait-on qui c'est ? Demanda soudain un homme qui s'était levé de son banc pour apostropher le jeune homme.

-Non, mais on raconte qu'il avait une tête de félin et que c'est sans doute un animalis qui l'a enlevée.

Cette fois, l'assemblée s'agita bien plus violemment. Des remarques appelant à tuer les animalis ainsi que d'autres à écorcher le criminel, parvinrent aux oreille de Marla.
Cela l'accabla d'autant plus qu'elle pourrait très bien être accusée par les villageois d'en être la complice.

-Sait-on où il s'est enfui ? Demanda le clerc intrigué.

-Ils ont trouvés une lettre dans la chambre de la princesse. Il se trouverait dans la cité d'Ys.

Cette fois l'assemblée s'offusqua. Nombre de villageois se mirent à hurler d'indignation.

-Mais comment est-ce possible ? Intervint un autre. Nul n'en ais jamais revenu ! Comment peuvent-ils croire que quiconque puisse s'y cacher ou même que quiconque s'y rende vers une mort certaine !

-Justement, rétorqua le jeune messager, le roi accorde la liberté et ce qu'il souhaite à quiconque s'y rendra et qui ramènera sa fille ! Même si il est un animalis !

De nouveau des cris de rages contre les animalis et de nouveau des insultes contre eux.
Mais Marla n'écoutait plus car submergée par ses pensées.

"N'importe qui, même un animalis pourra obtenir ce qu'il souhaite." Se disait-elle, les yeux rivés sur le sol, comme éberlué par l'annonce. Si elle y arrivait à temps, avant qu'il ne soit trop tard, elle pourrait demander au roi de l'aider à retourner auprès de ses parents, de la rendre humaine et serait couverte d'honneur, redorant le nom de sa famille!

Les Dieux lui avaient fait un signe, ça ne pouvait être que ça. Se disait-elle, le cœur gonflé de joie et d'allégresse.
Elle se joignit une nouvelle fois ses mains sur sa poitrine, adressa une prière de remerciement, puis fonça vers l'Ouest, en direction de la cité maudite d'Ys.


Après toute une journée de route, alors que le Soleil commençait à se cacher sous l'horizon et que les ombres des arbres s'allongeaient de plus en plus. Elle remarqua qu'elle avait commis l'erreur d'oublier de s'acheter un peut de viande au village, même si, elle se doutait, que cela aurait été impossible que les humains n'accèdent à sa demande.
Elle du se résoudre à s'écarter de la route qu'elle avait emprunté depuis le début et à s'enfoncer dans les bois, bien qu'ignorant comment elle pourrait espérer attraper une proie sans arc ou flèches.


Elle tira son épée de son fourreau et retira sa capuche de sa tête, tout en priant que personne ne la voit braconner, et se mit à déambuler entre les arbres, ses sens en alerte au moindre signe d'une proie qui rencontrerait par malheur son chemin.
Tout le long de sa traque, Marla pouvait entendre le bruissement des feuilles soufflées par les vents ainsi que la cime des arbres s'agitant au-dessus d'elle, comme propageant l'annonce qu'elle venait de pénétrer dans le territoire de la forêt à tous ses habitants.
Soudain, la jeune animalis sentit que des regards se posaient sur elle, mais elle ne pouvait voir rien ni personne.

Ses oreilles bougeaient dans tous les sens sur son crâne, essayant de capter le moindre bruit. Mais elles ne parvenaient qu'à attraper les sons de ses propres pas, lui donnant le sentiment oppressif d'être isolée au milieu de fauves. Malgré tout, elle poursuivit sa route, prête à combattre au moindre signe de danger ou à la moindre proie passant sous ses yeux.
Mais rien.

La louve finit par passer de longues minutes à chercher, fouiller, scruter et finalement s'énerver. Elle ne savait pas du tout chasser. Elle faisait beaucoup de bruit, malgré sa tentative d'être discrète et cela faisait fuir les proies. Plus le temps passait et plus la frustration augmentait, plus elle faisait de bruit, grognait ou pestait. Elle ne faisait plus attention aux branches sur lesquelles elle marchait, les racines qui la faisaient tomber et ainsi grogner de rage comme un animal. Elle n'avançait même plus d'un pas feutré mais lourd et pressé.
Tout cela se déroulait sous des yeux invisibles à la pauvre animalis. Pour ajouter à son désarroi, le vent soufflait continuellement, agitant les arbres et leurs feuillages. Le bruissement sonnait comme un rire moqueur aux oreilles de la louve, participant à son énervement. Le temps s'écoula rapidement et la nuit finit par tomber. Les animaux nocturnes finirent par sortir de leurs cachettes et à un peut plus animer les bois de leurs cris.

Cela n'aida absolument pas l'humeur de Marla qui finit par renoncer à sa chasse.
Penaude, la lame de l'épée traînant sur le sol et la mine dépitée alors que son ventre gargouillait, elle tenta de retrouver la route qui l'avait menée jusqu'ici, se résignant à mourir de faim.
Alors qu'elle semblait perdue dans ses pensées, vadrouillant entre les arbres, nullement dérangée par la nuit noire grâce à sa vision nocturne, apparut une lumière ténue.
Une flamme transperçait la nuit et semblait comme un phare, annonçant un possible repas si il s'agissait d'une maison ou même d'un simple camps.

Peut-être qu'ils accepteraient de partager leur nourriture avec elle ? Se demandait elle avec espoir. Alors, le cœur gonflé d'espoir, Marla se précipita en direction de la lueur en rangeant son épée dans son fourreau. En se rapprochant, la jeune femme pouvait commencer à distinguer un camp avec un chariot dont un cube couvert d'un drap, trônait dessus. De plus, des voix rauques, riant grassement résonnèrent aux oreilles de Marla. Le soucis c'est que dans sa précipitation et surtout son excitation, elle ne remarqua pas les légers cliquetis portés par le vent. Courant comme une dératée, la jeune animalis se mit même à haleter, sa langue tombant instinctivement de son museau, alors qu'une odeur de viande grillée lui parvenait, la faisant saliver.

Les rires gras se stoppèrent soudain et un homme semblant musclé se tint devant le feu. Cela rendait l'individu effrayant, car son ombre s'allongeait sur le sol, formant un géant semblant pouvoir la saisir d'une seule main et l'entraîner dans les ténèbres. Légèrement inquiète, et ne voulant pas effrayer l'homme à cause de son apparence, elle remit sa cape, bien que cela serait inutile à cacher bien longtemps.

Normalement elle aurait pris le temps de bien se présenter et, si elle avait put, elle n'aurait carrément pas cherché à entrer en contacte avec lui sans autorité dans les parages pour assurer plus ou moins la loi, même si elle aurait risquée de subir un pouvoir arbitraire au vu de son état. Finalement l'homme vit les yeux de Marla, qui brillaient dans la pénombre et hurla de surprise : -Une animalis ! Il prit une lance qui était cachée par le chariot et qu'il brandit dans la direction de la louve qui s'arrêta alors, les mains devant elle, pour montrer à l'humain qu'elle était dénuée de mauvaises intentions.

-Je ne vous veux aucun mal ! Je vous en supplie, calmez vous ! Soudain un autre homme apparu de l'autre côté avec une massue. Il avait le même air patibulaire que son camarade et tous deux semblaient prêts à en découdre.

La jeune femme entendit tout à coup des bruits de chaînes provenant de la cage, des grognements retentirent alors, n'attirant que faiblement l'attention de la jeune femme dessus.

-Je... Je ne vous veux aucun mal ! S'il-vous-plaît... Je veux juste manger un peut. Les deux hommes se lancèrent un regard amusé, et semblèrent se détendre un peut, tout en gardant un œil vers la pénombre au cas ou il s'agirait d'une entourloupe.

-Ouais, on a de quoi becter s'tu veux. Fit le premier homme en agitant sa lance et en s'avançant doucement vers Marla.

-Fuis ! Hurla soudain une voix depuis la cage, faisant sursauter la jeune louve dont les oreilles se tinrent bien droites, la queue relevée et les yeux écarquillés.

-Tu peux pas la fermer ?! Pesta l'homme à la masse qui frappa avec cette dernière la cage, l'ébranlant elle, ainsi que son contenant.

Étrangement, la lumière du feu de leur camp, qui était caché par leur charrette, devint bleutée juste après le coup et que le bruit du métal ne résonne dans l'air. Cela surpris tout le monde, faisant même se retourner le type à la lance pour voir ce qu'il se passait.
Ne voulant pas perdre un instant au cas où il décidait de se servir de son arme, la jeune louve tira de son fourreau son épée et la brandit devant elle. Une jambe devant l'autre, les mains sur la poignée et l'épée pointant vers les pieds de son adversaire.

-Bordel, redeviens normal saloperie ! Hurla le type à la masse, ce qui eut pour effet que la lumière, projetée par leur feu, redevienne jaune. Quand à l'autre, il se concentra sur Marla, ce qui le fit éclater de rire, avant d'ajouter :

-Regarde moi ça, Franck, Elle se prend pour un chevalier ! C'est bien la première fois que je vois un animalis se balader ainsi.

-Je me demande à qui elle l'a piqué. Au pire, on pourra toujours revendre ça à un bon prix. L'homme à la lance eut alors un sourire carnassier vers la louve. En réponse, celle-ci découvrit les crocs en voyant la lumière vaciller dans ses yeux, lui hérissant par la même occasion le poil.

-Allez ma belle. Montre moi ce que tu sais faire. Peut être que tu sera vendu à un cirque au lieu d'un bordel.

-Je ne suis pas une animalis ! Prévint Marla, tout en se doutant que cela ne servirait à rien et donc en se préparant à subir l'attaque. J'ai une lettre du duc de Normont qui l'atteste !

Les deux hommes éclatèrent une nouvelle fois de rire, faisant que celui qui tenait sa lance s'arrêta.

-Mais oui, et moi j'suis une putain de licorne. Il fit de nouveau quelques pas et donna un rapide coup de lance dirigé vers Marla pour l'impressionner. Le second, avait quand à lui quitté sa place pour se rapprocher de son comparse et lui fournir un soutient en cas de pépin.

-Allez rends toi ma belle. Ordonna-t'il avec un air triomphant. J'te déflorerais qu'un tout p'tit peu. Tu prendras du bon temps avec moi.

-Fuis ! Tire toi ! Hurla une nouvelle fois la voix. De la cage.

La louve prit une profonde inspiration et ferma un bref instant pour se concentrer et se recueillir avec elle même. Elle les rouvrit ensuite. Ses pupilles étaient devenues rouge sang, ses babines dessinaient à la fois un sourire et une grimace de rage sur son museau.

Un instant, les deux hommes s'arrêtèrent, surpris, puis ils reprirent leur lente progression, telles deux mains se resserrant sur la gorge de leur victime.

-Je ne le peux pas. Lança-t'elle à l'inconnu de la cage alors qu'un sourire se dessinait sur son visage. Il en va de mon honneur et de mon devoir. Nul chevalier ne peut abandonner de pauvres gens dans le besoin, et je refuse de déroger à cette règle.

En réponse, les deux bandits éclatèrent une nouvelle fois de rire. -J'ai jamais entendu un tel ramassis de conneries ! Depuis quand des bêtes sauvages parlent d'honneur ? Je vais t'apprendre qu'elle est ta place ma mignonne. C'est à quatre pattes à me lécher le gland ! Termina-t'il en hurlant et en attaquant clairement pour blesser la louve.

Celle-ci l'esquiva sans peines en faisant un pas de côté et la déviant avec sa lame. Elle en profita pour saisir la lance de l'homme. Elle brandit alors son épée, mais n'eut pas le temps de l'abattre sur le morceau de bois, car le second homme l'attaqua dans le dos.
Par chance, Marla l'entendit et, utilisant la lance de son ennemi, se jeta de côté en entraînant avec elle la lance qui alla se ficher dans le flanc de l'homme à la masse.

Celui-ci lâcha son arme, les yeux exorbités par la surprise et la douleur, puis plaça ses main sur la lance pour l'extraire de sa plaie.

Marla en profita pour placer sa lame sous la gorge du premier homme qui n'en revenait pas d'avoir blesser son comparse, ainsi que la chance de la créature, refusant d'admettre sa maîtrise.

-Donnez moi les clefs de la cage et partez. Et avant que j'oublie, ne vous avisez plus jamais de vous attaquer aux faibles et innocents. Car la prochaine fois, je vous tue. Lui souffla-t'elle au visage. L'homme, sous la menace, lâcha la hampe de sa lance et s'approcha lentement de son comparse pour le tirer hors de la portée de l'animalis. Il tira ensuite de sa ceinture des clés qu'il laissa tomber dans l'herbe.

-Allez vous en. Leur ordonna-t'elle alors que ses yeux rouges glaçaient d'effroi les deux bandits qui détalèrent.

-Hey qu'est-ce qui se passe ? Hurla soudain la voix de la cage, faisant oublier à Marla les deux hommes s'enfonçant à l'aveugle dans les bois.

-Tout va bien, c'est fini. Souffla-t'elle, son cœur ralentissant ses battements alors que ses yeux reprenaient une couleur dorée.

-Attends... Tu les as fais fuir ? Mais c'est super ! Allez, viens me libérer ! L'invita le prisonnier.

-Oui, sois un peut patient. Lui conseilla-telle en reprenant son souffle.

La jeune femme ramassa le trousseau et se dirigea vers l'arrière de la charrette en rengainant son épée. Mais au moment où elle s'apprêtait à monter dessus, la lumière provenant du feu de camp devint rosâtre. Cela attira forcément son attention, et elle fut surprise de voir au milieu des flammes, une petite silhouette enfantine et minuscule faite à partir de ces mêmes flammes.
La petite créature semblait terrorisée car des traits noirs étaient dessinés sur la boule de feu lui servant de tête, comme si il avait les yeux fermés. La petite chose se tenait dans le brasier en boule, cherchant à se faire le plus petit possible.

Marla, intriguée, s'en approcha.

-Salut toi, qu'est-ce que tu es ? Lui dit-elle d'une douce voix, ne voulant pas plus l'effrayer.

La jeune femme vit l'un des traits horizontaux devenir vertical, puis le second.
Marla arriva alors juste devant le foyer et s’accroupit devant la créature qui dû lever la tête.
Une petite bouche se dessina sur la boule lui donnant un air ébahi à la vue de la louve.
La petite créature, sortant de sa surprise, lui fit un signe de salutation avec une des flammes lui servant de bras. Cette vision attendrit Marla qui tendit la main vers l'adorable petite chose.

-Viens, approche. L'incita-t'elle, ne pouvant s'empêcher de s'en approcher, malgré le fait qu'il soit formé de flammes.

En réponse la créature tendit la main au delà du feu, mais elle fut bloquée, au niveau des pierres formant le foyer, par une sorte de mur invisible.
Ne sachant pas trop quoi faire, Marla hésita un peut, ne sachant si elle devrait réellement l'aider ou pas.

-Hey tu me libère ? Demanda l'homme dans la cage qui s'impatientait à force d'attendre. -Attends un peut. Répondit-elle d'une voix douce pour ne pas apeurer la petite chose.

La jeune femme tira l'une des pierres brûlante avec sa dague. La petite créature n'attendit même pas pour disparaître du brasier, avant de réapparaître juste devant le museau de l'animalis et de le lui enlacer dans un câlin attendrissant.

D'abord effrayée à l'idée de se faire carboniser par la chose, Marla fit bien trop tard un mouvement de recule.
Au lieu de se faire atrocement brûler, elle ressentit une douce chaleur inonder son corps agréablement. Elle ressentit par la même occasion un sentiment de joie immense qui lui était pourtant étranger.
Voyant que la créature ne l'avait pas consumée, elle prit la petite chose dans la main et se releva. L'être de feu resta assis tranquillement dans sa main comme si il lui faisait parfaitement confiance à présent.

-Je crois voir le jour poindre, se moqua une nouvelle fois la voix dans la cage, c'est par ici que se trouve la cage, au cas où vous vous seriez perdu.

Marla s'exécuta, en poussant un profond soupir impatient et grimpa dans la charrette. Elle prit ensuite, d'une main, le drap la recouvrant, en tenant de l'autre l'être de feu.
Elle tira d'un coup sec sur le tissus qui glissa aisément et tomba comme une cascade sur le sol, révélant par la même occasion l'occupant de la cage.
Il s'agissait rien de plus qu'un animalis de la race des renards. De la fourrure blanche se trouvait sur son ventre, l'intérieur des cuisses et sous son museau, tandis que le reste était orange, et que de la fourrure noire se trouvait sur le bout de ses oreilles, de sa queue, sur ses bras jusqu'aux coudes et sur ses jambes jusqu'aux "tibia".

Il était attaché par de solides chaînes aux barreaux de sa prison.
Ses seuls vêtements consistaient en un simple pagne dégouttant et une abondante couche de crasse couvrant sa fourrure.
Marla fut contrainte de se couvrir le museau tellement il sentait mauvais.
Elle fut vite imitée par la créature de feu à ses côtés, qui mit une "main" au niveau de sa "bouche" avec un petit sourire.
Quand à l'individu, il resta un instant figé, détaillant Marla de la tête aux pieds.

-Ha ça schlingue ! S'écria-t'elle, brisant le silence, ne pouvant cacher le fond de sa pensée. L'animalis leva les yeux au ciel, avec un petit sourire moqueur en faisant s'agiter sa queue derrière lui, puis les braqua sur la jeune louve qui fut marqué par leur magnifique vert émeraude qui ressortaient par rapport à sa fourrure crasseuse et laissaient voir une lueur d'espièglerie.

-En êtes vous certaine, lança-t'il avec un rictus aux babines, je pensais que mon imagination me jouait des tours ! Me voila rassuré, je ne deviens pas fou !

Soudain, il remarqua l'être de feu dans la main de la jeune femme, ce qui provoqua, chez lui, une étrange réaction.
Il se pressa le plus possible contre les barreaux de la cage, essayant d'être le plus loin possible de la créature.

-Si j'étais toi, je ferais attention à ton petit copain, la prévint-il d'une voix sincèrement effrayée, ce feu follet peut être légèrement explosif quand il s'y met.

Surprise, la louve regarda un instant la petit créature, qui lui renvoya le même regard interloqué avant de lâcher un large sourire. Elle se concentra ensuite sur le déverrouillage de la cage, qui finit par s'ouvrir.

-Tu en es sur, lui demanda-t'elle sur un ton froid, ce ne serait pas justement ton imagination qui te jouerait un tour ?

-Il semblerait que je te dois la vie alors fais comme tu veux, beauté sauvage. Se moqua-t'il avec un rictus aux babines.

Évitant de respirer, elle lui lança les clés, qu'il saisit avec ses crocs avant de vite se débarrasser de ses entraves.
Marla descendit de la charrette, rapidement suivit par le renard qui se mit à fouiller le camps, en chantonnant, sa queue bougeant de gauche à droite, l'air guilleret.

-Mais ça va pas de voler les gens, s'indigna-t'elle, offusquée de faire face à un tel crime, ce n'est pas à toi tout ça !

-Techniquement ce n'est pas un vol, si c'est pour récupérer mes affaires, ainsi qu'une compensation pour le mal et la honte qu'ils m'ont infligés. Lui rétorqua-t'il en ramassant une bourse de pièces avec un petit sourire, je ne fais qu'appliquer le Wergeld.

-Le quoi ? Le renard se tourna vers elle, d'abord surpris, avant de se reconcentrer sur sa fouille. -Il semblerait que tu sois un animal de compagnie, souffla-t'il déçu, je suis terriblement navré pour toi.

-Je ne suis l'animal de compagnie de personne ! Explosa Marla, outrée qu'on puisse penser qu'elle ne soit qu'un animal qui appartiendrait à quelqu'un.

Le renard se tourna vers elle, les mains devant lui avec des objets ne lui appartenant clairement pas, avec un air désolé.

-Tu n'es pas une vrai animalis. Tu n'es pas née dans l'une de nos tribus, ni sur notre terre. Tu ne connais rien à nos coutumes, seulement celles des humains. En clair tu es un animal de compagnie. Tu n'es pas l'une des nôtres, peut importe les efforts que tu feras.

-Je ne suis pas une animalis, je suis humaine ! S'époumonna-t'elle. L'animalis arqua un sourcil confus vers elle, l'observa un instant indécis, puis éclata de rire.

-Qu'est-ce qui te fais rire ? Demanda Marla, décontenancée par la réaction de ce rustre.

-T'es clairement atteinte ma pauvre. Les humains t'ont si bien élevés, que tu te prends pour l'une d'entre eux. Dit-il abandonnant le semblant de classe qu'il s'était efforcé d'avoir jusque là.

Des larmes coulèrent alors des yeux de la jeune femme, touchée par les remarques de l'impudent. La petite créature de feu le remarqua et se téléporta juste devant son visage. Il posa une "main", sur les larmes qui s'évaporèrent. La chose se posa ensuite sur l'épaule de Marla, puis posa affectueusement sa tête contre son cou en regardant le renard avec un regard noir, hérissant le poil de celui-ci.

-Je ne suis pas une animalis. Je suis humaine. Répéta-t'elle entre deux sanglots. J'ai simplement été maudite par une sorcière.

Navré pour elle et de la bêtise qu'il venait de commettre, surtout envers sa bienfaitrice.

-Hé bien moi j'ai été maudit par la nature pour être un renard faible, voleur et menteur, toutefois avec un grand cœur. Ha, la voilà !

Il tira alors des affaires des esclavagistes une boucle d'oreille avec une perle bleue qu'il s'empressa de mettre. Le bijoux étrangement propre tranchait sur la fourrure crasseuse de l'animalis et lui donnant une particularité plus flagrante par rapport à ses congénères.
Après ça, il se redressa et fit face à la jeune femme en essayant de la dominer de toute sa taille et sa carrure, ce qui ne marcha pas. Malheureusement pour lui, il faisait une tête de moins qu'elle sans compter qu'elle paraissait bien plus robuste, sa carrure et ses muscles bien plus saillant que ceux du rouquin.

-Après, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être une montagne de muscles, au lieu d'un humain. Sauf d'être un idiot, ce que tu ne semble pas être, pour avoir réussi à me libérer. Je m'appelle Alaric, de la tribu des renards et j'ai une dette envers toi.

Il lui tendit alors sa main dans un signe amical, avec son large sourire, qu'elle prit malgré la crasse qui s'y trouvait.

-Heu... moi Marla. Mais... de quelle dette parle tu ?

-Tu m'as probablement sauvé la vie, alors je me dois de sauver la tienne en compensation. L'humaine.

Il avait dit ce dernier mot de manière amicale, plus comme pour souligner ce qu'elle était, comme il l'aurait dit en disant, « la louve » et accompagné d'un clin d'oeil se voulant charmeur.

-Heu... très bien... mais si tu veux pas, tu peux t'en aller. Le prévint-elle. Je n'ai fais que mon devoir de chevalier.

Soudain, le ventre de la jeune femme gargouilla, attirant enfin son attention sur sa faim.
Gênée, elle baissa la tête sous le regard amusé du renard, ainsi que son sourire carnassier.

-Permet moi au moins de commencer à te sauver en retour, en te trouvant de quoi manger.

Il fit à peine quelques pas avant de trouver quelques lapins qui venaient d'être écorchés. Il les embrochas et les plaça sur le feu qui crépitait encore, malgré le départ de l'être que Marla avait aidé.
Ils restèrent un instant silencieux, la louve gardant les yeux rivés sur le renard au cas ou il aurait envie de commettre quelconque félonie.
Alaric, quant à lui prit une posture semi-allongée, nonchalant, en jetant de temps à autres quelques coups d’œils vers elle, l'observant attentivement, soit pour la jauger, soit pour profiter simplement de la vue.

-Du coup... tu sais ce que c'est ce truc ? Demanda finalement Marla, en désignant la petite chose sur son épaule.

-C'est un feu follet. On raconte que c'est l'esprit d'un enfant mort, qui n'a pas trouvé le chemin pour se rendre de l'autre côté, dit-il sombrement, tu ferais mieux de vite t'en débarrasser. Ça ne finit jamais bien quand il y en a un qui traîne dans les parages. Après, si tu t'en occupe bien il peut te sauver des situations désastreuses... mais il porte malheurs...

Marla observa la petite créature qui lui rendit son regard avec des petits yeux adorables, avant de l'enlacer, comme si il ne voulait pas la quitter.

-Tu... es sur que c'est si mauvais de le garder ? Demanda-t'elle vraiment attendrit, réfléchissant déjà à un petit nom à lui donner.

-Tu fais ce que tu veux, moi j'ai eux un départ assez compliqué avec lui et puis je ne sais pas de quoi ça se nourrit. Dis moi, tu n'as pas chaud, avec ta fourrure sous ta cuirasse ? Un conseil tu devrais te mettre dans une tenue plus décontractée. Après des mois de combat contre elle même, la remarque du renard eu, pour Marla, l'effet d'un tsunami. Une puissante vague d'émotion s'abattit alors sur la jeune femme, faisant céder le mur qu'elle s'était construite pour réprimer la honte et la tristesse qui l'habitaient. Elle ne pouvait se résoudre à abandonner l'une des dernières choses la rattachant à l'humanité.

La queue et les oreilles de la louve s'abaissèrent en même temps que sa tête, lui donnant un air malheureux.

-Tu crois que ça me fait plaisir d'être un animalis ? Demanda-t'elle, alors que des larmes coulaient sur sa fourrure. A cause de cette malédiction: mes parents mon reniés, je n'ai plus de chez moi et je risque de mourir ainsi, capturée par des esclavagistes ou de vieillesse, tout en subissant les injures des autres humains. Je ne veux pas ressembler encore plus à un animalis !

-C'est exactement ce que subissent chaque jours les animalis. Lui rétorqua-t'il froidement. Mais ils font face, bons gré, mal gré et avec courage. Ce n'est pas une honte d'être un animalis.

Le feu follet posa une main contre le cou de Marla et se mit à la caresser. A son contacte, la petit créature passa du rouge au rose puis au bleu. La louve avait le sentiment que la petite créature aspirait tous ses sentiments négatifs pour les consumer en lui. Elle lui tapota alors la tête affectueusement pour le remercier.
Elle renifla un bon coup pour dégager ses voix nasales et se concentra sur la cuisson de sa viande.
Toutefois, Marla ne remarqua pas le bref coup d'œil que lui avait adressé Alaric.

-Ce que je voulais dire, commença-t'il un peut gêné, c'est que ça ne sert à rien de se lamenter. Il suffit juste de trouver le bon côté de ce qu'il t'arrive et trouver un moyen de régler les trucs dérangeants.

-Et c'est quoi le bon côté d'être un animalis ?

-C'est que tu vois qui est un connard et qui ne l'est pas, déjà.

-Et toi t'es un connard, c'est ça ? Lui demanda-t'elle en cherchant à faire un peut d'humour, mais son ton n'y était pas, encore trop affectée.

Alaric sourit un instant avant de saisir son lièvre mais il ne commença pas à le dévorer. A la place, il se mit debout, surplombant Marla, et joua avec le baton, lui faisant décrire des cercles.

-Tu as devant toi le roi des connards, le seul et unique ! Moi seul peut faire face à une armée de nobles en étant bien plus odieux qu'eux.

Circonspecte par l'attitude du renard, la jeune louve resta silencieuse un instant, ne sachant que dire.
Le renard crasseux se rassit alors et se mit à déguster son lièvre avec avidité, rappelant à Marla le sien qui brûlait sur le feu, avec un petit coup de tête dans sa direction. Après tout, si elle ne le voulait pas, il pourrait très bien en profiter.

-Que t'est t'il arrivé pour que tu soit une louve aussi belle ? Demanda soudain Alaric. Faudra que tu me dise l'adresse de cette sorcière, j'aimerais changer quelques types en filles aussi belles que toi... bien sur des renardes, je ne suis pas tellement porté sur les louves.

Marla prit un instant avant de se lancer. -Une sorcière est venue dans notre château. Elle voulait s'en prendre à mes parents mais elle m'a maudite à la place.

-Ha, tu es une noble. M'enfin ce n'est tout de même pas très... sympathique. Elle ne savait pas viser, j'imagine, pour pouvoir se louper ?

La louve pouffa alors, laissant apparaître une petite lueur de joie dans cette tristesse.

-Si, elle savait viser. Je me suis simplement interposée entre eux et elle. Au début, j'étais soulagée d'avoir sauvé mes parents, d'avoir pris le courroux de la sorcière à leur place. C'était mon devoir en temps que leur fille... mais... Soudain, elle prit un air sombre.

-Mais ensuite ils t'ont abandonnés, c'est ça ? Ça ne m'étonne pas des humains. Mais elle aurait au moins pus te transformer en renarde. Intervint nonchalamment le coquin.

Cette réflexion provoqua un léger sourire sur le museau de la jeune femme.

-Pourquoi ?

-J'aime pas les loups, tout simplement. Ils sont bruyants, toujours à hurler à la lune, ils sont tellement idiots qu'ils se mettent à dix pour résoudre un problème. Un peut comme toi.

-Hey ! Mais je n'ai jamais hurlé à la lune ! Et je ne suis pas une idiote ! S'offusqua Marla, oubliant momentanément sa tristesse. Et puis c'est un peut ridicule comme justifications !

-Ca reste à voir. Mais du coup, tu as prévus de faire quoi, par rapport à ton "petit" problème ?

-Il faut que je me rende à Ys pour libérer la princesse et demander au roi, comme récompense de me libérer de cette malédiction.

Alaric grimaça alors, à l'évocation du maléfice, faussement blessé. -Je n'appelle pas, qu'être un animalis, est un maléfice personnellement. Mais bon. De plus, je dois t'annoncer que moi aussi je me dirige vers cet endroit. -Pour aider celui qui a kidnappé la princesse ?! S'écria-t'elle prête à dégainer alors que le feu follet sur son épaule devenait vert. -Fais attention, je suis en train de me dire que le côté loup te va à merveille. Mais non, je me suis échappé de la ferme où je travaillais, pour libérer la donzelle, moi aussi, et obtenir du roi mon affranchissement ainsi que celui de ma soeur et de son bébé. Et les gars que tu as fais fuir me pourchassaient pour me ramener à la propriété.

-Ho, je vois.

-Dîtes donc, mademoiselle l'humaine. Vous n'allez quand même pas me renvoyer là-bas ? Demanda-t'il avec un faux air suspicieux.

-Alors comme ça je serais suffisamment intelligente pour te piéger ? Rétorqua-t'elle en fronçant les sourcils, clairement horripilée. Et puis je suis un chevalier, pas un vulgaire félon comme toi, renard.

Alaric éclata alors de rire et il fut vite rejoint par la jeune femme aux babines plissées par le rire.

-Je sens que notre petite équipe sera complètement folle.

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