Chapitre 19. Les vraies raisons du confinement.

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(Dans le métro).

Sans réfléchir, Monsieur K avait pris place dans la rame du 7 bis.

Enfant, Philippe était très fier de cette particularité : sa station (Louis-Blanc) avait sa ligne, une ligne circulaire, qui plus est !

Pour le moment, cette ligne permettait surtout à Monsieur K , de réfléchir à la situation, sans devoir sortir de la rame...

Monsieur K regarda sa montre : il était 9 heures. Il y a à peine une heure et demie, il sortait du train !

Ce voyage dans le passé lui avait semblé long, si long. Monsieur K songea aux analyses de Bergson sur le temps des horloges et le temps vécu.

Mais il sortit rapidement de sa rêverie et relut le message envoyé par l’application :

"Bonjour Philippe, je suis ta voix, tu ne me connais pas, mais moi, oui, et je connais surtout toutes tes faiblesses, même les plus intimes. Le monde tel que tu le connais touche à sa fin, et cela à cause de toi mon frère. Je sais que tu ne me crois pas ! Va dans le métro, et tu y trouveras peut-être une réponse, mon frère !"

Tout cela était si étrange. Qui se cachait derrière TOWNSURVIVAL ?

Il sentait confusément que le message disait la vérité, mais quelle vérité ?

Depuis qu’il était dans le métro, l’application était muette.

Monsieur K ne comptait plus le nombre de boucles de la ligne 7 bis.

Il commença à regarder autour de lui, l’heure de pointe était passée. La rame était pratiquement vide.

En face, un homme, entre deux âges somnolait. Un jeune homme, debout, fixait le vide, l’air absent.

Sur sa droite une dame âgée regardait la couverture du livre lu par sa voisine d’en face.

Le regard de Monsieur K s’attarda sur la lectrice. C’était une jeune femme d’une trentaine d’années, vêtue avec élégance. Elle était fort jolie, mince, brune avec de superbes yeux bleus.

Elle ignorait tous les regards, car elle était plongée dans son livre. Une bande rouge entourait le petit livre « Le livre dont tout le monde parle ».

Il lut le titre « Trois mains et deux destins ».

Sans savoir pourquoi Philippe se sentit très mal et se concentra sur l’ado qui venait de monter dans la rame.

Elle ne pouvait guère passer inaperçue : habillée en Cosplay, les cheveux de toutes les couleurs de l’arc en ciel, elle semblait découvrir Paris.

Monsieur K sourit ZAZIE ! L’héroïne de Queneau se retrouvait transportée dans ce Paris des années vingt (du nouveau millénaire).

Monsieur K récita, intérieurement son poème :

A Paris il y a le métro

Cela pue vraiment trop

Il y a du monde dans le métro

Plein de monde qui va au boulot

Sauf

Évidemment sauf

Pour les chômeurs

Les dormeurs

Les flâneurs

Les voleurs

Du métro

Dans le métro

On est pressé

Bousculé

Coincé

Voire caressé

Avec plaisir

Ou déplaisir

C’est selon

La saison

Et le visage du polisson

Qui passe à l’action

Dans le métro

Dans le métro

On est beaucoup

A se tenir debout

Et hop on démarre

Et là on se marre

On part en avant

On se cogne les dents

Et le métro freine

Et sans peine

On part en arrière

Vlan sur le derrière

Et on tombe aussi

Sur ceux qui sont assis

Tant pis

Ils n avaient qu’à être debout

On l’est bien nous

Le vibreur le sortit de cette poétique rêverie :

« - Philippe,

- Anne-Sophie ?

- J’espère que tu n’es pas dans le métro ?

- Mais pourquoi donc, demanda Philippe interloqué ?

- Tu es en danger, ils en ont après toi.

- Qui : ils ?

- Pearl, la nouvelle petite amie de Vincent a couché avec un type de la NSA, il lui a tout raconté, chuchota Anne- Sophie.

- C’est quoi ce délire ?

- Ils vont confiner toute l’humanité, en raison d’un virus mortel, mais cela ne sera qu’un prétexte.

- Un prétexte ? répéta Philippe, interloqué.

- Tu es dans la Matrice !

- Je suis dans la matrice ?

- Oui, tu as vu Néo ?

- J’ai cru le voir, rectifia Philippe.

- Ce type d’erreurs ne cesse d’augmenter. Il faut changer des milliards de milliards de données. En confinant tout le monde, modifier en profondeur la matrice sera plus simple : ce sont les vraies raisons du confinement.

- Mais qui est derrière tout cela, demanda Monsieur K ?

- Tu le sais c’est… »

La communication s’interrompit brutalement.

Monsieur K releva les yeux et son visage se glaça d’horreur...

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