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Suan quitta son reflet et vivement, tira Analoum en arrière, la laissant bouche bée. Pourquoi s’investissait-il ? Nyim éveillait sa curiosité comme le chemin qu’il suivait depuis lors. Tout était au final que de la curiosité, l’envie de savoir ce qui se jouait derrière les murs de ce palais inconnu, de la perception d’une vie meilleure plus tard.

— Tu n’as pour moi pas plus d’explication à donner sur tes conditions dans ce pavillon, je pense devienne qu’elle était ta vie à l’intérieure. Mais, comme le cri si bien Analoum, tu en es sortie. Comment ? Tu as vu quelque chose de l’intérieur du palais.

— Oui, j’ai vu les sœurs Gridyennes me permettre de les servir pour la chance qu’elles m’ont offert. Mais dis-moi, pourquoi tant d’intérêt pour ce qui s’y trouve ? Tu viens d’en bas. Enfin… peut-être es-tu d’ici aussi…

Nyim admira les rayures qui mordaient ses joues. Elle reprit.

— Que sais-tu d’ici ? T’aurait-on bercé de fables ?

— Simple envie de savoir à qui appartienne la chevelure.

Il ne mentit pas, mais ne raconta pas toute la vérité sur la fiole et le deal passé des jours auparavant avec ses compagnes.

— Je ne suis restée qu’un an dans l’aile nord du palais. J’y servais la nouvelle reine Maenie et la princesse Jim.

— Pourquoi une année, seulement ? demanda-t-il avant d’être interrompu par Analoum.

— La nouvelle reine ? De quoi tu parles ?

— De tout ce que cache les murs. La reine Zelao est morte en couche. L’enfant qu’on dit un démon n’a pas survécu. Le roi a pris pour épouse sa belle-fille qui était encore plus belle que sa mère. Il en a fait sa poupée pendant des mois. Je ne sais que trop bien ce qu’il réserve à ses favorites. Dans le pavillon, on nous racontait l’histoire de la princesse Grydienne sorite des sous-terrains où le peuple des montagnes vie. Quelle malchance d’être tombé sur le roi avant qu’elle n’ait pu voir le royaume des lianes. Ils auraient mieux fallu pour elle et pour ses filles de rester sous terre.

Nyim se tourna de nouveau. Suan captura son dédain pour ce qu’on lui avait fait vivre. Analoum réfléchissait. Xin-Shen écoutait les yeux luisants de larmes. Pourquoi ? Qu’entendait-elle de la profondeur aigre que ressentait la blonde ?

— Un an après mon sauvetage, la chevelure a commencé à sévir. Maenie s’est enfermée dans la salle du trône et sous ses ordres Jim m’a demandé de devenir le premier oiseau noir. Les hommes, serviteurs, gardes et cuisiniers avaient déjà tous disparu.

— Tu es la première ?

— Oui. La première. J’ai emporté des centaines d’hommes aux portes du palais sans savoir pourquoi Jim et Maenie en avaient besoin. Mes sœurs du pavillon sont devenues elles aussi des soldats sous mon commandement. Seules quelques-unes sont restés à l’intérieur du palais.

— Tu en sais plus que ce que tu veux bien nous le dire !

— Détrompe-toi. Mais je veux bien admettre que ces hommes qu’on envoie là-bas ne s’éclipsent pas naturellement. La capitale empeste le sang. Nous savons qu’ils meurent et qu’ils ont un lien avec la chevelure. Les sœurs cherchent à s’en débarrasser. Pour le reste, on ne fait suivre que les ordres. Ça peut sembler horrible, mais ce n’est pas pour faire du mal qu’on enlève ces hommes, mais pour retrouver un royaume stable.

— À d’autre ! Quel genre de farfadesses ces deux sœurs se sont liés ? Les gridyens ont des pouvoir. Je ne serai pas étonnée que la chevelure appartienne à un enfant démon. Cette Maenie a bien du donné naissance à un enfant du roi liane, non ? Tu ne fais que nourrir un monstre avec nos garçons.

Analoum agitait son arme en tous sens, faillit couper la joue de Suan qui se recula in extrémis. Elle fendit l’air jusqu’à Nyim restée statique. Son bras se leva et s’abattit sur le lit. L’épée rebondit du au choque. Analoum tourna sur elle-même avec une pure colère.

— Elles ont le pouvoir de manier la magie. Il n’y a pas de magie dans notre royaume. Nos capacités sont reliées à la structure de notre corps et à notre environnement. Tout ce que je sais, c’est qu’elles ont un pouvoir sur les mots. Enfin, selon une rumeur, Jim n’aurait aucun don que celui de la froideur qui la compose depuis que sa sœur c’est enfermé.

— Pourquoi s’est-elle enfermée ? demanda Suan en écoutant Xin-Shen le prévenir que deux personnes s’approchaient de la porte.

— On imagine que c’est pour canaliser la chevelure.

— Dis-en plus, continua-t-il en sondant autre chose.

— Toute l’aile sud a été muré. Il n’y a qu’une porte pour permettre à Jim d’accéder. C’est de là que les cheveux se suspendent. Depuis le temps, j’imagine qu’ils serpentent un peu partout dans l’enceinte du palais. Quand on voit l’état de la capital, c’n’est pas bien compliqué à comprendre. Il faut des précautions pour accéder à l’entrée du palais. Toujours garder nos masques, pousser les cheveux avec le plus grand soin pour ne pas les énerver.

Nyim s’arrêta.

— Qu’a-t-on besoin de savoir sur les mèches ?

— Quand elles dorment, elles ont un mouvement semblable au notre quand nous respirons. Elles sont attirées par le sang. Vous avez l’audace de retirer votre voile quand elles sont en mouvement, vous êtes condamné. Si elles vous repèrent sans est fini de vous.

— Pourquoi ?

— Je l’ignore. Mais une chose est certaine, c’est que personne n’est à l’abri. Ni vous, ni mes soldats, ni celles qui vivent dans le palais. Je sais qu’elles craignent le feu. Pas parce qu’elles peuvent succomber à leur flamme mais parce que le mouvement produit semble les terrifier. Elles n’iront jamais dans l’eau non plus.

— Pour le feu on le sait. Comme beaucoup on a voulu ériger une barrière de flamme pour nous en protéger. Seulement qui dit flammes, dit fumée, et vous rappliquez, grogna Analoum. En revanche, j’en avais aucune idée pour l’eau. S’est bon à savoir.

Suan regarda les deux femmes se fixer. Une férocement. L’autre, résignée. Trysol réfléchissait, le corps de biais entre la porte et la scène. Xin-Shen pressa ses doigts sur son avant bras.

- Elles arrivent.

Suan hocha la tête et céda sa place à la brune qui arme en main inscrivit le point final à la vie de Nyim. D’un coup sec, sans que la blonde de riposte, la lame s’enfonça dans sa poitrine provocant une son de sussions et le cri étouffé de Nyim.

— Tu ne seras pas une grande perte.

— Tu ne sais pas ce que tu fais.

— Je cherche à protéger les miens, et grâce à toi, on fera en sorte que la chevelure reste loin de nous. Je me demande ce qu’elle ressentira si je lui jetais de l’eau dessus. Où se terrera-t-elle ?

Analoum s’approcha tout près de la mourante, le regard apaisé de voir s’écouler le sang épais et nacré de son corps.

— Ta reine et ta princesse ne font que nourrir une bête, si non, elles auraient entouré la capitale d’eau, coupant chaque arbre pour que la chevelure reste prisonnière. Tu vois. J’ai une solution toute simple qui sauvera bien des nôtres.

— Pour être sauve, il faut détruire la créature, suffoqua Nyim.

— En la nourrissant de nos hommes ? as-tu toujours été idiote ? Quand on n’a plus rien pour nous nourrir que se passe-t-il ? termina Analoum sans écouter la réponse.

D’un geste, Trysol commanda au jeune homme de l’aider à soulever la commode. Il s’exécuta, la porta et la posa le plus silencieusement possible. Au même moment la porte s’ouvrit sur deux soldats. Elles n’eurent pas le temps de cligner des yeux que déjà l’épée d’Analoum trancha la première tête et que d’un saut aérien Trysol atterrie sur la seconde et lui asséna un coup mortel à la groge. La flèche se planta dans l’œil et s’enfonça dans la cervelle. Lorsque la rouquine la retira Suan se détourna la bile au ventre. Il n’arrivait pas à comprendre comment sa sœur pouvait assister à ça comme on regarde un cerf-volant dans le ciel.

— Demande à ta Grenouille, si le second tunnel est libre et jusqu’où il va.

Xin-Shen répondit aussitôt.

— Il n’y a personne pour le moment. Il rejoint une petite dune.

Suan répéta mot pour mot.

— La dune des sages, commenta Trysol. La capitale se trouve juste derrière.

— Il y a un campement ou quelque chose qui s’y apparente. Ma vision n’est pas claire, précisa la fillette.

Le jeune homme hocha la tête, informa et emboîta le pas à ses compagnes. Devant le croisement, Analoum arrêta le petit monde avec une idée en tête. Son expression parlait de résolution. Alors, Trysol et elle, rejoignirent le bureau pendant ce qui parut à Suan une éternité, et quand elles revinrent, torche en main. Leur visage baignait dans le sang et leurs vêtements empesté la fumée.

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