Le Saviez-vous : Du Troll à la Fée du logis, il n'y a qu'un pas (1)

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NdA : J'ai completement réécris ce chapitre pour réduire l'effet "c'est dangereux, on a compris, suscité par l'ancienne version. Comme d'habitude, j'aime pas ce que j'ai écrit, donc je compte sur vous pour me dire à quel point c'est mauvais ? x') Surtout, est ce que les transitions sont fluides ou est ce que ça fait vraiment 3 parties mal accordées ? Et comme d'hab, à quel point je me repète ?

***

Après plusieurs heures de marche à arpenter un sentier digne d'une ascension de l'Everest pour une promenade de santé, Maritxu sentait chacun de ses muscles crier au scandale. Marcher au rythme d'un troll de trois mètres qui semblait croire qu'il participait aux Jeux Olympiques, et d'une araignée hyperactive était une expérience qu'elle ne recommanderait même pas à son pire ennemi. Pour ne rien arranger, ses nerfs étaient à fleur de peau, chaque bruissement de feuille lui faisait imaginer le pire. Elle scrutait les alentours, ses yeux balayant constamment la végétation environnante avec une paranoïa grandissante, craignant qu'à tout moment, une plante ne se transforme en prédateur affamé. Elle ne serait pas étonnée de découvrir que même les papillons ici crachaient des flammes !

Ylr'anore, qui fermait la marche, accéléra pour se mettre à sa hauteur, ses pas silencieux dans la mousse épaisse.

— Ça va ? Tu tiens le coup ?

— Autant qu'un poisson en plein désert, haleta Maritxu, s'arrêtant pour reprendre son souffle. Je n'ai jamais autant marché de ma vie. Et je suis presque sûre que chaque plante ici me veut du mal.

Un gloussement étouffé lui fit relever la tête. Ylr'anore, visiblement très amusée, observait la végétation abondante qui les entourait. Maritxu la fusilla du regard, indignée. Après avoir vu une licorne transformer un lion en tartare et se faire attaquer par une plante, sa méfiance lui semblait tout à fait justifiée !

Elle se sentait sur le point de rendre son déjeuner, si elle avait eu l'estomac de manger quoi que ce soit. Car, malgré toutes les pauses qu'ils avaient faites en cours de journée pour grignoter un peu, elle avait été trop stressée pour avaler quoi que ce soit. Elle, qui se voyait comme une véritable amoureuse de la nature, commençait à réévaluer son attachement pour les grands espaces. Les parcs urbains clôturés lui semblaient soudainement beaucoup plus attrayants.

— Ne t'inquiète pas, je te défendrai contre les redoutables fougères assassines et les féroces buissons mangeurs d’hommes, assura la démone, une pointe de taquinerie dans la voix.

Oui, dit comme ça, c'était certain que son anxiété paraissait de suite un tantinet exagérée. Maritxu, qui s'apprêtait à répliquer, croisa le regard flamboyant. Malgré la couleur étrange (et fichtrement terrifiante) des iris, il y avait une humanité surprenante qui la désarma complètement. Elle détourna rapidement le regard, le rire léger d’Ylr'anore accentuant son embarras. Fixant ses chaussures, elle ne put s'empêcher de sourire.

— Dès que nous atteindrons le plateau, nous ferons une pause pour la nuit. Tu pourras te reposer.

— Je... Merci, balbutia-t-elle, sentant ses joues s'empourprer sous le regard intense.

— Tu sais, pour une humaine, tu t'en sors plutôt bien. La plupart auraient déjà abandonné...

Elle laissa échapper un rire timide, appréciant l'encouragement.

— Je suppose que je devrais prendre ça comme un compliment.

— Ç'en est un, répliqua Ylr'anore, ses yeux se fixant un instant sur Maritxu d'une manière qui fit battre le cœur de cette dernière un peu plus fort.

Arrivées sur le plateau, elles découvrirent qu’Ashaorem et Zirighriix avaient déjà installé le camp. Le troll, avec sa carrure d’armoire à glace, se tenait devant l'entrée de la tente, arborant un air bougon qui aurait pu faire fuir un ours.

— Vous avoir traîné, ronchonna-t-il, croisant ses bras massifs. Dangereux, diviser le groupe.

Ylr'anore, manifestement pas impressionnée par le Troll, se planta devant lui, imitant sa posture d’un air agacé.

— Peut-être parce que tu as cavalé comme si un essaim de guêpes te poursuivait, répliqua-t-elle, sèchement. C'est toi qui devrais veiller à ce que tout le monde suive, surtout avec une humaine parmi nous.

Maritxu lui fut reconnaissante de ne pas mettre tout leur retard sur son dos, vu que de toute évidence, Ylr’anore n’aurait eu aucun mal à suivre seule. Ashaorem prit une moue contrite et balança son poids d'un pied sur l'autre.

— Ashaorem désolé. Pas penser. Toi bien ? demanda-t-il, sa voix s’adoucissant.

— Oui, je vais survivre, grâce à l'incroyable patience d'Ylr'anore, répondit Maritxu en lui lançant un clin d'œil complice.

La démone esquissa un sourire, ses yeux carmin brillant d'une lueur amusée alors qu’elle contournait le Troll pour entrer dans la tente. Comme le matin même, l'extérieur trompeusement modeste dissimulait un intérieur luxueux, un véritable palace. Ashaorem se tourna vers Ylr'anore.

— Voir Nyumlia et visiter, ordonna-t-il.

La concernée haussa les épaules avec nonchalance.

— C'était prévu, répliqua-t-elle. Viens, je vais te montrer quelque chose.

Ylr'anore l’invita à la suivre à travers le salon douillet et un couloir dont les murs étaient animés de paysages vivants. Maritxu, émerveillée, suivait, ses yeux balayant les panoramas changeants. l’angiris ralentit, lui laissant le temps d’admirer les forets luxuriantes, les hautes falaises de calcaire, les déserts interminables et autres montagnes.

— C'est incroyable, on dirait qu'on se promène à travers le monde ! C'est Arcana ?

La démone acquiesça.

— La grande majorité, mais il y a aussi des paysages de ton monde, ça dépend de son humeur.

Maritxu fronça les sourcils, perplexe. Son humeur ? À qui ? Au couloir ?

Après avoir passé quelques portes, elles entrèrent dans une petite pièce qui servait visiblement d’entrepôt de gadgets futuristes. Ylr'anore se posta devant une console aux multiples lumières clignotantes. Mais ce qui captiva Maritxu, c'était l'énorme pierre scintillante encastrée au-dessus, qui devait valoir plus que le budget annuel de certains pays.

— C'est quoi ça ? Une sorte de superordinateur intergalactique ?

Ylr'anore sourit, amusée.

— Nyumlia ?

— Oui, Ylr'anore ? Comment puis-je t'aider ? Répondit une voix enjouée et cristalline.

Maritxu sursauta, surprise.

— C'est... c'était quoi, ça ?

— Nyumlia est un esprit minéral, expliqua Ylr'anore, comme si c'était tout à fait normal. Elle est issue d'une pierre magique taillée par un joaillier de talent. Elle permet à cette maison de fonctionner, et c'est elle qui crée les paysages que tu as vus dans le couloir.

Maritxu cligna des yeux alors qu’elle tentait de digérer l’information. Un esprit minéral ? Donc un caillou parlant ? Pourquoi ce monde trouvait il toujours une nouvelle façon de la surprendre ?

— Incroyable, souffla-t-elle. Alors... c'est une sorte d'assistant domestique ?

— C'est un peu plus que ça. Nyumlia est unique, même ici à Arcana. C'est grâce aux recherches que nous menons, que nous avons eu le privilège de l'avoir avec nous.

— Et vous faites des recherches sur quoi, exactement ? demanda Maritxu. Les mille et une manières de survivre dans un Narnia un peu trop réaliste ?

Le regard perçant d'Ylr'anore fit monter la température de Maritxu d'au moins quelques degrés et lui fit presque regretter sa plaisanterie. Elle se demanda s'il était sage de taquiner une démone avait le don de lui faire perdre ses moyens avec un simple regard.

— Sur la biodiversité d'Arcana. Sa faune, sa flore, les interactions entre les différentes espèces... C'est un travail sans fin, mais fascinant. Pose ta main sur la pierre. Nyumlia va te scanner.

Face à l’expression angoissée de la jeune femme, Ylr’anore précisa :

— Ça lui permettra de te reconnaître à l’avenir, comme ça, tu pourras entrer et sortir des différentes pièces à ta guise sans avoir besoin d’être accompagnée.

Maritxu, un brin réticente mais intriguée, approcha sa main de la pierre ambrée.

— Ça ne va pas me transformer en statue de sel, me faire pousser une troisième oreille ou quelque chose du genre, n'est-ce pas ? demanda-t-elle à demi-sérieuse.

— Non, rien de si dramatique, je t'assure.

Maritxu, un peu hésitante, mais n’ayant pas l’intention de devoir se faire accompagner aux toilettes, posa sa main sur la pierre. Elle tremblait un peu lorsqu'elle toucha la surface lisse et chaude de la pierre. Instantanément, Nyumlia s'illumina de mille feux. La pierre pulsa sous son contact, émettant une douce lumière chaleureuse. L’esprit minéral émit un son qui ressemblait à un gazouillis satisfait.

— Oh ! Une humaine ! C'est si rare ! s'exclama Nyumlia, sa voix cristalline emplie de curiosité. Bienvenue dans notre équipe !

Maritxu retira sa main, un sourire amusé aux lèvres. Voilà une nouvelle chose qu’elle pouvait rayer de la liste des incontournables d’Arcana, se faire scanner par un caillou magique.

— Est-ce Ylr'anore qui t'a sauvée d'un donjon ou qui t'a kidnappée pour éprouver le mérite d'un valeureux prince charmant ? Demanda Nyumlia, sans aucun filtre. J'ai souvent vu ça dans les films humains.

Maritxu ne put retenir un éclat de rire, se demandant quel genre de film une telle entité pouvait bien regarder comme ça pour avoir de telles idées.

— Eh bien, si c'était le plan, je crains qu’Ylr'anore soit déçue. Les princes charmants ne courent pas les rues d'où je viens. Et puis, j'ai toujours préféré les héroïnes indépendantes.

Ylr'anore roula des yeux.

— Ne la prends pas trop au sérieux. Nyumlia adore les scénarios à l'eau de rose et les contes de fées. Disons que son sens du cinéma est un peu... fleur bleue.

Maritxu lui jeta un regard espiègle.

— Mais pour répondre à sa question, tu es plutôt le type à sauver des damoiselles en détresse ou à les kidnapper pour des épreuves héroïques ?

La démone rencontra son regard, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.

— Je suppose que ça dépend de la damoiselle en question.

Maritxu, se laissant emporter par le jeu, sentit son cœur s'accélérer sous le regard intense d’Ylr'anore. Elle se maudit intérieurement pour sa tendance à flirter avec le danger, surtout quand ce danger avait des yeux rougeoyants et un sourire intrigant. Mais avant qu'elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, une secousse soudaine interrompit leur échange. Nyumlia, la voix autrefois douce et cristalline, semblait fulminer.

— Cette maudite Zihadyana ! Elle m’a encore inondé la salle de bain !

Presque simultanément, la voix d'Ashaorem résonna dans le couloir, un grondement irrité qui semblait faire trembler les murs.

— Zirighriix ! Pas inonder maison !

Maritxu se mordit la lèvre.

— On ne s'ennuie jamais ici, hein ?

Alors qu'elle rejoignait les autres dans le couloir, Maritxu se serait collé des claques, non mais qu'est ce qu'elle avait à agir comme une adolescente ?! Elle s’était crue dans un film de Noel pour réagir comme si tout était absolument normal ? Dans un soupir, elle se promit de garder ses pieds sur terre, même si Arcana semblait déterminée à lui faire perdre la tête.

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