Le Saviez-vous : Arcana, c'est l'endroit où vous ne voulez jamais passer vos vacances

6 minutes de lecture

Maritxu, enfin seule, se rua sur ses vêtements comme si sa vie en dépendait. Elle lança un regard méfiant vers l'immense baie vitrée qui offrait une vue panoramique sur la jungle environnante. Sérieusement, quel génie avait eu l’idée lumineuse d’installer un mur de verre dans un endroit où on pourrait être amené à se changer ? Elle scrutait l'extérieur, à moitié convaincue qu'un groupe de paparazzis se cachait entre les arbres, prêts à immortaliser sa mésaventure. Oui, un peu paranoïaque peut-être, surtout compte tenu de ses préoccupations actuelles, mais on n'est jamais trop prudent !

Son sac, soigneusement posé au pied du lit était aussi sec que le reste de ses affaires, ils devaient avoir un sacré sèche-linge les arcanien ! Elle vérifia immédiatement l’état de son contenu. La poche principale en matière isotherme avait protégé le pain, le fromage et le jambon, ouf ! Par contre, la situation était moins réjouissante pour le contenu des poches latérales : ses clés de voiture – heureusement non-électroniques – et surtout pour son téléphone, qui affichait un écran aussi noir que l'humour d'un comédien en fin de carrière.

Avec l’espoir que le petit appareil daigne ressusciter, elle le glissa prudemment dans la poche isotherme, enveloppé dans le pull – incroyablement doux, par ailleurs – offert par... comment s'appelait-elle déjà ? Zari... Ziriri... bref, l'araignée.

Elle prit une grande inspiration pour se donner du courage en quittant la pièce. Jusqu'à présent, la pire chose qui lui soit arrivée en randonnée, c'était de se retrouver du mauvais côté des Pyrénées et de devoir faire du stop pour retourner en France. Apparemment, elle avait décidé de passer à un tout autre niveau.

Le reste de la maison avait l’air tout droit sortie d'une revue de design de luxe. Ashaorem y pillait le frigo, remplissant sa besace comme s'il allait devoir nourrir une armée sur plusieurs mois.

Curieuse, Maritxu décida d'explorer les environs. La porte d'entrée, grande ouverte, l'invitait à découvrir le monde extérieur. Et quel spectacle ! Un paysage d'une beauté époustouflante s'étendait devant elle. De la neige scintillait sous un soleil éclatant, mais la végétation qui émergeait était d'une exubérance saisissante. Des arbres aux feuillages allant du bleu saphir au bleu glacé s'élevaient majestueusement, entrelacés de lianes étincelantes et de fleurs aux couleurs vives et improbables. Des créatures volantes, semblables à des oiseaux, mais avec des écailles irisées, dansaient dans l'air glacial.

Mais le clou du spectacle était la structure même d'où elle émergeait. De l'intérieur, un palace. De l'extérieur, une simple tente camouflage, posée là, au milieu de cette féerie hivernale.

— Mais bien sûr, murmura-t-elle avec un brin d'ironie.

Dès qu'Ashaorem fut sorti à son tour, et alors que Maritxu tentait, encore en train de s'adapter à la logique – ou à son absence –d'Arcana, Zirighriix s'activa autour de la tente. Avec une rapidité et une habileté qui défiaient l'entendement, l'araignée géante démonta la structure, pliant la toile avec la précision d'un origamiste chevronné. Maritxu se demanda un instant s'il existait un championnat de pliage de tentes dans le coin.

Le matériel, soigneusement replié et attaché par une corde, fut confié à Ashaorem. Le troll enfourna le paquet dans sa besace qui, étrangement, ne semblait pas affectée par le volume ou le poids de son contenu. Maritxu jeta un coup d'œil à la besace, se demandant comment le casse-croûte gargantuesque qu’il avait préparé n'avait pas déjà fait exploser les coutures du sac.

— C’est comme la valise de Mary Poppins ! s'exclama Maritxu, ne pouvant retenir un commentaire.

Ashaorem lui lança un regard perplexe, ne comprenant visiblement pas la référence.

— Grâce bracelet magique, expliqua-t-il, d'une voix qui laissait entendre que c'était la chose la plus naturelle du monde. Très pratique

— Pratique ? C'est un miracle de la logistique ! rétorqua Maritxu, ne pouvant s'empêcher d'admirer la besace avec un mélange de fascination et d'incrédulité. Dans mon monde, des gens paieraient une fortune pour une valise comme ça…

Elle fronça les sourcils, réalisant ce qu’avait dit le troll.

— C’est quoi cette histoire de bracelet ?

Il dévoila son poignet qui arborait un bracelet en argent incrusté de pierres précieuses, mais ne donna pas plus d’explications. Elle ne voyait pourtant pas le lien entre un bracelet et un sac à l'appétit d'un trou noir.

Ylr'anore, voyant sa mâchoire se décrocher, sourit d’un air amusé.

— À Arcana, la magie fait partie du quotidien. Ne t'inquiète pas, humaine, tu vas t’y faire.

Maritxu, légèrement agacée d'être sans cesse désignée sous le terme générique d'humaine, réalisa soudain qu'elle ne s'était tout simplement pas présentée.

— En fait, je ne suis pas juste « l'humaine », dit elle en mimant les guillemets, je m'appelle Maritxu.

— Maritxu... C'est un si joli nom ! Beaucoup mieux que « humaine » ! S'exclama Zirighriix, trépignant de joie comme une enfant à la vue d'un nouveau jouet.

L’angiris aux yeux rouges, se tourna alors vers Maritxu avec un air sérieux.

— Avant de partir, il faut que tu saches au moins une chose, ici. Arcana est un monde merveilleux, mais il est aussi rempli de dangers. Tu dois être très prudente et ne t'éloignes jamais du groupe.

— Dangers ? répéta Maritxu, une note d'inquiétude dans la voix.

Ylr'anore confirma d’un hochement de tête.

— Presque tout ce qui vit ici, que ce soit animal ou végétal peut être dangereux. Il faut toujours être sur ses gardes.

— Donc, en gros, si ça respire ou photosynthétise, ça peut me tuer ? demanda-t-elle en se mordant la lèvre pour ne pas rire.

L'idée de buissons aux desseins meurtriers lui semblait sortir tout droit d'un film de série B.

— Précisément, répondit Ylr'anore, sans une once d'humour. Et certains peuvent le faire avec une efficacité redoutable.

Malgré son scepticisme, Maritxu ne contesta pas. À ses yeux, le plus grand danger en randonnée était de se faire une entorse.

— Je m’éloignerais pas, promit-elle.

Ashaorem hocha la tête, approuvant sa prudence.

— Bonne décision. Ensemble, plus sûr. Plus amusant aussi.

Leur périple ne tarda pas à confirmer les paroles d'Ylr'anore. Alors qu'ils progressaient à travers la forêt luxuriante d'Arcana, une scène tout droit sortie d'un conte de fées se dévoila devant eux. Au milieu d'une clairière, se tenait une licorne si belle qu'elle aurait pu faire de l'ombre aux étoiles. Sa robe blanche étincelait sous les rayons du soleil, sa crinière comme tissée de fils d’or. Chaque mouvement était une ode à la grâce. Maritxu, subjuguée, en oublia instantanément les mises en garde d'Ylr'anore, son cœur s'emballant devant ce spectacle.

— Oh, regardez ! Une licorne ! Elle est... magnifique ! S'exclama-t-elle avec enthousiasme.

Mais l’enchantement fut de courte durée. Soudain, un fauve gigantesque bondit hors des buissons. Un monstre au pelage gris avec une épaisse crinière blanche et des muscles puissants, qui rugit férocement. Maritxu retint son souffle, espérant que la superbe créature réussisse à fuir son agresseur. Aussi, elle avala de travers, quand ce fut la licorne qui chargea, embrochant le fauve avec une brutalité à glacer le sang. Puis, dans un retournement de film d’horreur, se mit à dévorer sa proie avec une férocité qui contrastait radicalement avec son apparence délicate.

Avant que Maritxu n'ait eu le temps de digérer ses illusions de licornes paisibles, une nouvelle surprise fit son apparition. Des lianes épaisses et voraces émergèrent du sol, happant la carcasse du lion arcanien. Elles tentèrent même d'attraper la licorne, qui esquiva l'attaque et s’enfuit au galop à travers les arbres. La jeune femme resta bouche bée, son classement mental des bizarreries d'Arcana nécessitant une mise à jour immédiate.

— D'accord…. donc ici, les plantes dominent, et les carnivores... eh bien, ils ne sont pas vraiment au sommet, marmonna Maritxu. Fantastique. La biologie ici n’a visiblement pas lu les mêmes bouquins que moi.

Ylr'anore acquiesça.

— Il vaut mieux ne pas se fier aux apparences. Les lois de la nature que tu connais ne s'appliquent pas ici.

Maritxu hocha la tête, encore sonnée par le spectacle qu'elle venait de voir. Elle balaya du regard la végétation autour d'elle, réalisant soudain que comme l’avait dit Ylr’anore, chaque brin d'herbe, chaque fleur ou buisson pouvait abriter une surprise. Elle espérait juste que ce ne serait pas une surprise du genre « plante carnivore format XXL ».

— Eh bien, à côté de ça, les ampoules aux pieds et les petites entorses de mon monde sont franchement sympathiques, lança-t-elle avec un rire nerveux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Lucie Fer ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0