Chapitre 5 : Le village coloré

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Nos quatre voyageurs avaient enfin quitté la forêt de Sherster et se trouvaient actuellement dans le petit village portant le même nom. Un joyeux regroupement de couleur, chaque maison étant différente de ses voisines. Pas une ne se ressemblait, toute unique à leur façon, et cela pouvait être par leur forme – tiens une maison champignon ! – ou même leurs couleurs vives ou pastels selon les goûts – quelle drôle de maison ! Ce n’est pas courant les rayures arc-en-ciel ! – enfin tout ça pour dire que ce n’était pas un village comme les autres ! En tout cas pour Lynmia et Cassandra qui n’avait jamais visité le royaume de Cœur, car ce style d’habitat y est très répandu.

Se regroupèrent dans ce village un grand nombre de voyageurs, échangeant ou vendant des informations sur les nouvelles d’un ou tel royaume. C’était aussi un lieu très prisé par les informateurs, qui raffolait se glisser discrètement derrière eux, et noter précieusement tout ce qu’il entendait. Même si ça ne leur était pas utile, ça le saura peut-être un jour, qui sait ! Et puis quoi de plus amusant que de plonger tête basse dans les ragots sur tel ou tel As, roi, ou marché noir qui aurait mystérieusement disparu ou au contraire, apparu !

Et oui ! Des trafics et transactions étranges sont courantes dans ces marchés aux allures sordides, que cela soit d’humains ou d’organes tout en passant par la drogue, une grosse partie des richesses de certains se reposaient exclusivement sur cette argent – l’autre partie venant des vols et des paris accompagnés par les dettes des particuliers –, d’ailleurs ce marché si péjoratif dans la bouche et la mémoire des gens connaissait une popularité assez étonnante au royaume de Carreau, connu pour être un lieu dirigé par les escrocs. Après tout le roi n’en est-il pas un ? A moins que ce ne soit la reine, Gricht, reconnue pour être une des plus grandes voleuses du continent ? … Un vrai ramassis de dégénérés si vous voulez mon avis ! Mais aussi un des royaumes qui possédant la plus grande puissance militaire ! Et l’As actuel, malgré ses 23 ans, était déjà l’un des meilleurs combattants !

Mais revenons à nos personnages, marchant dans les rues d’un des petits villages du royaume de Cœur - sûrement le royaume le plus riche de tous ! Enfin petit… c’est une façon de voir les choses. Un étranger pourrait facilement se perdre dans ce dédale de chemins, de ruelles, de maisons biscornues… Remercions Joker qui avait un excellent sens de l’orientation !

Marchant dans les ruelles tortueuses, évitant les foules – quasiment inexistante –, prenant les petits chemins peu sûrs à la nuit tombé, il se dirigeait habillement vers une auberge biscornue, ne se reconnaissant que par le vert fluorescent de ses murs et le rouge foncé de son toit aux vieilles tuiles, manquant presque de s’écrouler, s’inquiéta sérieusement la princesse à la vue de l’édifice – peu accueillant en plus !

Une fois devant la bâtisse, Joker y entra, faisant retentir une clochette au son strident, provocant la venue des mains caramel de la princesse pour assurer la protection de ses « royales » oreilles. Voyant qu’Alffapa y était déjà entrée, elle la suivit, non sans jeter un œil au panneau qui se balançait : « Au cochon qui se marre ».

« Etrange comme nom, j’espère que Joker sait où l’on s’arrête, je n’ai aucune envie de rester dans un endroit qui donne l’impression qu’il va de s’effondrer d’un instant à l’autre. »

Lynmia entra à la suite de Cassandra, peu rassuré par l’allure de l’auberge.

A la grande surprise de celle-ci, le lieu était désert. Les tables de bois éparpillées partout dans la pièce, la lumière qui parvenait à traverser les pauvres fenêtres éclairait si peu que s’il y avait des rideaux cela n’aurait rien changé. Un immense lustre dominait la salle, projetant des ombres sur les murs, donnant un aspect effrayant au lieu. Derrière le bar – situé presque à l’entré – se trouvait un homme corpulent, une barbe rousse lui donnant un air de dur à cuire. Ses muscles imposant – comme sa taille – enlevait à quiconque l’envi de le chercher.

« C’est bizarre de voir un homme de sa trempe essuyé quelque chose aussi fragile qu’un verre… » fut la première pensée qu’eu l’apprentie en le voyant.

- Hey ! Joker ! Ça fait un moment qu’on t’a pas vu dans l’coin ! Comment ça va ?

- Bien, et toi Hans ? Ça se passe bien les affaires ? répondit Joker qui en profita pour se rapprocher du comptoir.

- Bien sûr ! le dénommé Hans se pencha légèrement en avant, et dit de sa voix grave : Tu t’fouterais pas un peu d’moi parfois ? T’en voit du monde – il se releva si brusquement que Cassandra eut peur qu’il tombe emporté par son poids, et montra d’un geste la salle peu rempli – La faute à cette foutue rumeur ! Genre on avait pas déjà assez de problèmes comme ça !

- Oh ! Quelle rumeur ?

- Une histoire d’attaque de monstres, un truc qu’y ressemble. ‘fin c’est pas avec ça que j’aurai des clients !

- C’est vrai que je n’ai pas vu beaucoup de monde, remarqua la princesse.

- Z’avez raison ma p’tite dame ! Comment voulez-vous vous que j’vende mon commerce ?! le géant se tourna vers Joker et rajouta : T’es venu voir Martin ?

- Ouep ! Il est là ?

- En haut. Il trie les patates.

- On dit pommes de terre, chuchota Cassandra, malheureusement pour elle Hans l’entendit.

- Tu dis quoi ?

- Rien monsieur.

La princesse paraissait minuscule à côté de cet homme, et dans un geste protecteur Lynmia se plaça devant elle, comme si elle voulait la protéger – ce qui est le cas –, sa main sur le manche de sa faux, prête à dégainer au moindre problème. Mais d’un regard du blond elle se calma… bizarrement elle-même ne sut pourquoi. La lueur présente dans le regard vert du jeune homme lui semblait familière, mais elle disparut si vite qu’elle se demanda si elle ne l’avait tout simplement pas rêvé.

La scène fut interrompue par un jeune homme roux, qui descendait les escaliers pas très discrètement. Comment aurait-il pu faire avec son sac de patates – pardon pommes de terre – faisant presque son poids ? Vous ne savez pas ? Moi non plus, mais revenons à nos personnages, qui viennent de rencontrer – ou revoir pour certains – Martin, le serveur ? cuisinier ? on ne sait pas trop !

- Ho Martin ! Xe fe ? demandèrent au nouveau venu les deux blonds.

- Mer…credi ! fut le seul mot qui sorti de ses lèvres avant qu’il ne fuie en courant, lâchant le malheureux sac dans les escaliers.

Avant même que les deux voyageuses aient pu demander ce qui se passait, Joker eut disparu – lui aussi dans les escaliers – évitant habilement les patates qui se barraient littéralement du sac de jute. Mais qu’avez donc fait ces pauvres pommes de terre pour être traité aussi durement ?!

- Je peux savoir pourquoi ils viennent de partir ? osa poser Lynmia, redoutant déjà la réponse.

« Est-ce un règlement de compte ? Peut-être que cet homme a blessé Joker ? Ou même a-t-il fait du mal à Alffapa ? C’est donc pour cela que Joker lui a couru après, pour lui faire payer… »

- Ils jouent à chat.

- Pardon ?

Lynmia eut peur d’avoir mal compris, et d’avoir entendu le fait qu’il jouerait à chat, ce qui lui paraissait impossible vu leur âge… D’ailleurs quel âge à Joker ? Aux alentours de vingt ans sûrement…

- Ils jouent à chat. La dernière fois Joker a perdu, alors il ne veut pas rester sur une défaite.

- Mais… c’est un simple jeu ? Pas de règlement de compte ?

- Non ! Enfin ça dépend comment tu vois le terme « jeu », ils peuvent aller loin.

- Comment ça ?

- Une fois ils ont fait un bras de fer, au bout de la 191ème manche Joker a pété le bras de Sean. Il lui en veut toujours d’ailleurs… sinon je crois que le chat peut être assez violent. Ça dépend de s’il y a des objets dangereux sur le chemin.

- Objets dangereux ?

- Oui comme des rochers, outils… Des trucs qui deviennent un danger à partir du moment où l’on te le balance à la tronche.

- Ça veut dire quoi « tronche » ? posa doucement Cassandra, ayant peur de demander quelque chose d’idiot… après tout c’est une princesse, elle ne connait pas ce vocabulaire.

- A la tête si tu préfères.

- Oh, merci ! puis elle reparti dans la contemplation des pommes de terre qui tombaient toujours dans les marches, certaines roulant maintenant au sol.

Du côté des deux – imbéciles ? – hommes, Joker cherchait le fameux Martin – mais pourquoi Alffa a dit Sean, je m’y perds moi ! pensa la narratrice, aussi perdu que vous – dans l’humble parti du bâtiment qu’était le couloir.

« Mais où est-il allé ? Il n’y a pas trois milles cachettes ici ! »

Bonne question Joker, excellente question même ! Rassure-toi tu vas le trouver ! Enfin j’espère…

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