Chapitre 6 : L'informateur ou le serveur ?

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Après quelques recherches, Joker avait enfin trouvé l’homme roux – caché derrière les sacs de jute au grenier – et ils étaient redescendus ensemble rejoindre les filles et Hans.

- Je vous présente Martin, dit Joker avant de s’appuyer sur l’épaule du dénommé Martin.

- Salut ! ajouta Alffapa, ayant l’air de connaitre l’homme depuis plusieurs années.

- Bonjour, Lynmia, enchanté, se présenta l’apprentie en tendant sa main en guise de salut, salut que Martin accepte.

Quant à Cassandra, elle, n’avait rien dit depuis l’arrivée du jeune homme. On aurait dit qu’elle était subjuguée, coup de foudre instantané, inévitable, invraisemblable. C’était vrai que le jeune adulte pouvait être qualifié de beau garçon : ses cheveux roux flammes encadrant parfaitement son visage ovale, légèrement bronzé. Un nez fin, droit venait s’accordait parfaitement avec l’ensemble. De taille moyenne, on devinait une musculature d’acrobate sous ses vêtements de travail – se composant uniquement d’une tunique et d’un pantalon brun – lui donnait un air de prince sorti tout droit d’un conte de fée ! Cassandra était littéralement sous le charme du – presque – inconnu. Mais ce qui avait le plus frappé la princesse était ses yeux onyx, deux orbes dont elle ne pouvait se détacher, comme si elle y était absorbée. Deux perles d’un noir profond qui l’emmenait dans un gouffre sans fond dans laquelle elle ne parvenait à y lire les sentiments habituels qui devrait s’y trouver. Comme s’ils y avaient été effacé ou caché…

- …sandra, Cassandra !

- Hein, euh…oui ?

- Ça va ? Tu es toute rouge, tu n’as pas attrapé froid j’espère ?

- Non, non. Ce n’est rien, je réfléchissais.

- Hum… on va dire que je te crois.

La princesse s’apprêta à répliquer mais se retint, peut-être car il n’y a rien de plus gênant que d’être le centre de l’attention ?

« Mince ! A cause de lui tout le monde me fixe ! Et puis quelle idée d’être aussi beau… »

- Sinon – continua Joker – et si on mangeait ? C’est que j’ai faim moi !

- Espèce de ventre sur patte !

- Je ne te permets pas Alffa !

- Ah ! Bah, moi si ! répliqua la blonde, c’étair qu’elle en a du caractère sous ses airs de petite fille… enfin en taille pas en âge ! Si elle vous demande je n’ai rien dit !

- Bon c’est pas tout mais faut que je retourne bosser ! Vous prenez quoi ? reprit Martin

- Oh ! Tu nous fais à manger ? Tu sais que j’ai toujours rêver de goûter à ta cuisine… dit Joker d’un ton moqueur.

- Et moi de te mettre mon poing en pleine face, tu vois on a tous des rêves.

- Oui, à la différence que le tient est nul. Et irréalisable, jamais tu ne réussiras à me frapper.

- Mais va te faire voir ! – Martin fut à deux doigts t’étriper Joker, du point de vue de Lynmia en tout cas, car pour Alffapa, ça avait plutôt l’air de la faire rire – Ah oui ! J’ai ce que tu m’as demandé ! rajouta Martin à l’attention du blond avant de partir dans les cuisines.

- De quoi est-ce qu’il parle ? demanda Lynmia à Joker, curieuse.

Alffapa lui répondit par un air perdu, elle non plus ne connaissait pas tous les plans de son copain. Et depuis quelques temps, elle avait la désagréable impression qu’il lui cachait des choses. La complicité qu’ils avaient eu autrefois ressemblait de plus en plus à un lointain et beau souvenir.

Une dizaine de minutes plus tard, le roux revint avec un plateau recouvert d’assiettes fumantes, qu’il déposa sur une table, invitant les voyageurs à venir s’y asseoir. Tous y allèrent, Lynmia trainant la princesse qui n’avait pas détaché du regard le serveur et semblait perdue, les yeux dans la vague, comme si pendant quelques instants elle avait changé d’univers. D’ailleurs, c’est peut-être la seule qui aurait pu remarquer cet échange entre les deux « amis », car les deux autres filles ne prêtaient aucune attention aux autres. La princesse a-t-elle vu ce papier qu’a donné le roux au blond ? Ou était-elle ailleurs ? En tout cas, si elle l’a vue, elle n’en montra rien, et passa le reste du repas à contempler ses pommes de terre, en les grignoter aussi parfois.

Le repas se passa dans une bonne ambiance, nos protagonistes discutant de plusieurs sujets divers, tel que la déco de la pièce en passant par leurs œuvres littéraires préférés. Ce fut ainsi que Lynmia découvrit qu’elle et le blond avaient ces goûts-là en commun, et qu’Alffapa ne s’y connaissait pas : « trop long », selon ses dires.

- Personnellement, le troisième est le moins réussi d’après moi, beaucoup trop clichés sur certaines choses. Trop prévisible pour moi ! commenta l’apprentie.

- D’accord avec toi, mais la fin est belle et fini bien la saga, répondit Joker

- La magicienne meurt, tu appelles ÇA une BELLE fin ?!

- Elle était gravement malade et perdait toute son énergie vitale ! Elle ne pouvait pas survivre !

- Mais c’est Kyr qui l’a tué ! Il a tué celle qu’il aimait ! C’est horrible !

- Pour lui éviter de souffrir, c’est logique !

- Moi je n’y comprends rien, kir ce n’est pas un alcool ? demanda Alffa, ne comprenant rien à leurs dires et ces prénoms bizarres… peut-être qu’elle aurait dû se taire, ça lui aurait éviter le regard noir des deux littéraires.

Les deux voyageurs se regardèrent, puis la blonde, puis se regardèrent à nouveau avant de décider de laisser tomber. A quoi cela servait d’expliquer une si grande œuvre à quelqu’un qui confond le nom d’un personnage avec de l’alcool ?!

- Je vous laisse, annonça Joker avant de partir rejoindre le roux, qui était remonté à l’étage entretemps.

- Je viens avec toi.

- Non.

- Mais pourquoi ?

- Ça ne te regarde pas Alffa.

- Oh…

La réponse de Joker était catégorique et sans appel. Une fois de plus, il ne lui disait pas tout. Encore, encore et encore des cachoteries, des non-dits ! Alffapa n’en pouvait plus, et avait la désagréable impression que rien n’allait plus depuis quelques temps. Bien sûr, elle aussi ne disait pas tout à son petit ami, ce n’était que mérité par rapport à tout ce que LUI ne lui a PAS dit. Mais ça ne faisait pour autant pas disparaitre la boule qui la prenait dans ces moments au fond des entrailles.

Joker quant à lui, rejoint vite le roux, plongé dans le compte de ces patates.

- Salut.

- Yo.

- Depuis quand tu parles comme ça ?

- Depuis le petit voyage en Carreau. Habitude, j’y suis resté quasiment sept mois !

- T’as trouvé ce que tu voulais ?

- Ouais ! Par contre y a pas mal d’endroits louches. Heureusement que le roux est une couleur assez présente là-bas ! Plus facile pour être inaperçu. Et pas besoin de faire une couleur ! Je déteste ça, après tu galères à l’enlever correctement !

- Je veux bien le croire… par contre je n’aime pas vraiment Martin, je peux t’appeler Sean ? Le patron est en bas.

- Si tu veux… Habitude ?

- Je t’appelle Sean depuis mes neuf ans !

- Oui… depuis qu’il t’a recueilli. Et dire que tu as déjà dix-sept ans !

- Alffa aussi, et toi vingt-et-un. T’es vieux.

- Ho ! s’écria Sean/Martin tout en lui lançant au visage le premier objet qui lui passa sous la main, c’est-à-dire une pomme de terre. Parle un peu mieux à tes aînés !

- Oui, oui, répondit Joker d’une voix moqueuse, si tu veux. Sinon, par rapport à ce que je t’ai demandé, tu as juste ça ?

- Oui, les infos sont rares. Mis à part des légendes, on n’a rien sur ce que tu cherches. Par contre, je ne comprends pas très bien le rapport entre notre mission confié par le groupe et ce que tu m’as demandé. Enfin tu n’es pas obligé de me le dire, je me pose juste des questions.

Joker sembla élucider les propos du roux, donnant l’impression de discuter avec sa conscience avant de répondre assez vaguement :

- Désolé, je ne peux rien te dire pour l’instant. Tu es intelligent, tu comprendras en temps et en heure. Saches juste que je suis content de t’avoir rencontré, tu es un véritable ami. Un des rares sur qui l’on peut compter.

Le regard vert du blond disparut dans la vague, d’une lueur que le roux ne sut interpréter. Et cela ne l’inquiéta que d’avantage, renforcé par ses paroles étranges. Joker n’était pas quelqu’un qui parlait si ouvertement de ses sentiments. Sean avait un mauvais pressentiment, celui qui vous dit que quelque chose de grave va arriver, vous tomber dessus d’un coup. Il n’aimait pas cela.

- En ce qui concerne le démon, on fait quoi ? Je sais qu’Izu nous a dit de chercher sa cachette, mais ça me taraude quand même… Tu penses qu’il fera quoi une fois qu’il sera où il se terre ?

- Izu est un démon puissant et compétent, sûrement la seule personne capable de pouvoir vaincre celui qui menace l’humanité. On continu la mission comme prévue. Pas de changement.

- Et pour la princesse et l’autre en bas, on fait quoi ? Ce n’est pas réellement dans le plan à la base ?

- Déjà, leur faire comprendre qu’on sait qui elles sont, question de simplicité et qu’on soit sûr qu’elles ne nous cachent rien qu’elles auraient omis question de rester discrète sur leur identité. Deuxièmement, on leur dit pour les démons.

- Pourquoi ? Elles ne seront que des fardeaux !

- La brune c’est très bien se battre, elle pourra nous être utile. Bémol, c’est le toutou de la princesse.

- Donc si la princesse veut rester avec nous, elle sera « obliger » elle-aussi. Je vois…

- On peut même rajouter un peu de dramatique et ce sera nikel chrome.

Tout semblait logique. Avoir une combattante aguerrie était un bonus considérable, et pour que Joker dise qu’elle se débrouille bien, c’est qu’elle doit être vraiment très forte ! Le blond pouvait être avare sur les compliments, notamment sur certains points tel que les techniques de combat… d’ailleurs le roux ne se souvenait pas que Joker eut déjà féliciter quelqu’un… Ce n’était probablement jamais encore arrivé.

Joker eut un léger sourire, avant de chuchoter faiblement à l’oreille percé du roux des mots qu’il ne comprit pas. Prononcé si vite qu’il lui avait semblé être un simple souffle. Des sons que son cerveau n’avait su reconnaitre, qu’il n’avait jamais entendu, et qui pourtant lui paraissait si important. Cela l’enrageait de ne pas savoir, de ne pas comprendre : que cela diable pouvait-il dire ?!

Le blond laissa le roux sur le palier, redescendant pour rejoindre les autres.

« Le plan était lancé. »

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