12. Une Princesse

6 minutes de lecture
  • Messire Éric, vos parents vous réclament à la salle du déjeuner ! lança Lord Edmure à travers la porte de la chambre du prince, le réveillant par la même occasion.

Le jeune homme n'avait réussi à s'endormir qu'à l'aube, tourmenté par cette étrange inconnue. Elle agissait vraiment bizarrement. D'où venait-elle ? Pourquoi ses moeurs s'avéraient-elles si anormales? Il ne savait plus très bien ce qu'il éprouvait à son égard, déçu de sa fuite inopinée après le léger incident au lagon.

Agirait-elle ainsi encore longtemps ? Dans ces conditions, il ne pouvait certainement pas la sortir au grand jour, encore moins la présenter à ses parents. Tout en s'habillant, il se demanda ce que ces derniers lui cherchaient, cette fois. Sacrebleu ! Ils avaient dû percer son secret. Il risquait de passer un sale quart d'heure. Abriter une étrangère dans les appartements privés du château - sans l'accord du roi - relevait d'une faute grave...

L'estomac noué, il se rendit dans le hall menant à la salle du déjeuner. Le jour perçait à travers les vitres imposantes du couloir royal, faisant miroiter des lumières dorées sur les portraits de ses ancêtres, fièrement installés le long de l'allée. Avant d'entrer, il distingua les rires du roi et de la reine, Bartold et Cléa d'Adriae. Ils conversaient avec une femme à la voix douce et chaleureuse. Ce ne pouvait donc être l'inconnue. Il fut rassuré.

Éric pénétra dans la pièce, se donnant une contenance. Le trio se retourna. Son père grand et chauve, affichait une mine enchantée, tandis que sa mère, une élégante brune de petite taille, lui souriait de toutes ses dents blanches. Une troisième personne lui tournait le dos. Lorsque celle-ci leva son regard vers lui, son souffle se coupa.

Les yeux de la jeune femme étaient d'une couleur qu'il n'avait jamais vue auparavant. Son visage affichait de belles pommettes saillantes. Son cou délicat arborait un simple bijou - un coquillage ? - et son corps, dont il devinait les courbes magnifiques, était habillé d'une robe parme resplendissante. Ses longs cheveux ébène et bouclés lui tombaient jusqu'aux reins, faisant ressortir l'éclat de son teint de porcelaine. Il devinait dans son regard une certaine fougue, qui lui plut immédiatement.

  • Père, Mère, je vous souhaite le bonjour. Et, enchanté de vous connaitre, mademoiselle ? questionna le prince, curieux d'en savoir plus sur la magnifique créature qui lui faisait face.
  • Vanessa, fille de Jansen le Grand, souverain du royaume de Muraena. Enchantée de faire votre connaissance également, même si ce n'est pas la première fois que nos chemins se croisent, lui répondit-elle, avec un accent étranger, empreint d'élégance et d'exotisme.
  • Pardonnez-moi mademoiselle, mais je ne me souviens pas vous avoir déjà croisée, je m'en serais certainement rappelé ! répondit Éric du tac au tac, avec peut-être un peu trop d'entrain.
  • Dame de Muraena nous a confié qu'elle vous avait sauvé de la noyade, votre radeau ayant dérivé près de sa propre embarcation, non loin de son royaume, intervint la reine, ne cachant pas son excitation.
  • C'est donc vous ? Ma sauveuse ? Vous êtes donc bien réelle, je ne rêvais pas ! s'exclama le jeune homme dont le coeur ne fit qu'un bond dans la poitrine.
  • Excusez-moi de ne pas m'être présentée à vous plus tôt. Je me devais de retourner à mon royaume avant que ma famille ne s'inquiète. Par ailleurs, votre jetée étant très peu profonde, j'ai tenu à vous déposer à la nage. Mes vêtements étaient trempés, je ne souhaitais pas que vous me voyiez dans une telle tenue... ajouta-t-elle d'un rire cristallin, qui arriva aux oreilles du prince en lui provoquant des frissons.
  • Les muraéniens seraient célèbres pour leurs incroyables capacités en sports aquatiques, ainsi que leur passion pour la navigation ! Vous devriez bien vous entendre à ce sujet ! s'extasia Cléa d'Adriae, dissimulant à peine le clin d'oeil qu'elle adressa à son fils.
  • Vanessa... Enfin Mademoiselle de Muraena, excusez les familiarités, ajouta le roi vraisemblablement charmé, nous fait honneur de sa visite car elle souhaitait s'enquérir de votre santé. Nous lui avions dit que vous vous portiez très bien. Quelle force de la nature mon cher fils, il s'est remis du naufrage en à peine un jour ! N'est-il pas beau et vigoureux mon héritier ! avança celui-ci en poussant Éric vers la jeune femme d'un geste qui n'avait rien d'anodin.

La princesse, gênée, esquissa un sourire timide, les joues rosies par leur soudaine proximité. Il pouvait sentir son parfum, un mélange de lilas, de violette, avec une pointe de fragrance indéfinissable qui lui rappelait la brise marine, et l'odeur iodée des océans.

  • En effet... Je ne pourrais assez vous remercier pour votre courage et votre aide. Vous m'avez littéralement sauvé la vie, Damoiselle de Muraena... déclara le prince, cherchant le contact des yeux de la jeune femme.

Lorsqu'elle leva ses améthystes vers lui, il se noya dans les profondeurs de ce champ de lilas parsemé de violettes, ne pouvant s'en détacher.

  • La reine et moi avons une idée de la manière dont vous pourriez la remercier ! interrompit le roi, après quelques secondes de silence. Faites donc visiter le château à cette charmante princesse ! Faites lui découvrir notre beau royaume d'Adriae, ainsi que notre célèbre convivialité ! Nous serions ravis de vous accueillir pendant toute la durée qu'il vous plaira altesse de Muraena, qu'en pensez-vous ? ajouta Bartold dans une révérence exagérée, sa couronne menaçant de tomber au sol.
  • À moins que quelque chose... ou quelqu'un, enfin quelque fiancé, époux, ne vous oblige à nous quitter précipitamment ? osa questionner la reine.

Éric ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Ses parents se révélaient si gênants ! Surtout dès qu'ils flairaient une bru potentielle ! Il se demandait d'ailleurs si ce n'était pas ce comportement qui, au contraire, avait nui à ses anciennes relations.

  • N...non Dame d'Adriae... je suis libre de rester, et je serai enchantée d'être votre invitée, répondit la jeune femme, le visage empourpré par tant de questions.
  • Merveilleux ! répondit la reine. Vous avez dû faire un long voyage ! Éric, conduisez donc Damoiselle de Muraena aux appartements de nos invités. Ensuite prenez l'après-midi et la soirée pour faire connaissance. Le roi et moi sommes déjà pris jusqu'à demain, mais j'espère que nous nous reverrons au déjeuner ! gloussa-t-elle.

Le prince conduisit ainsi la jeune femme à ses appartements. Il n'en revenait pas. Il avait enfin retrouvé sa sauveuse; et elle s'avérait être une princesse époustouflante. Il avait imaginé ce jour depuis si longtemps, et pourtant, ne savait pas quoi lui dire.

  • J'espère que mes parents ne vous ont pas fait trop peur, excusez leur ingérence, tenta-t-il pour briser la glace.
  • Ce n'est pas grave, ils sont si gentils !
  • Oui, gentils... Enfin, ils veulent tellement me marier qu'ils en oublient mon propre bien être...Euh pardon je ne voulais pas dire cela...

Pourquoi se mettait-il à parler de ses problèmes avec ses parents ? Il avait l'impression soudaine qu'il pouvait tout confier à cette jeune femme, qu'elle le comprendrait.

  • Ne vous inquiétez pas, je comprends tout à fait. J'ai les mêmes à Muraena. C'est la raison pour laquelle je me plais à naviguer, loin des protocoles, loin de tout... Enfin... vous trouverez ça peut-être étrange pour une femme... ajouta-t-elle, glissant une mèche de cheveux d'un noir de jais derrière son oreille.
  • Oh non au contraire, je trouve cela fabuleux! Dites moi tout de vos découvertes, cela fait longtemps que vous naviguez ?

Ils discutèrent passionnément tout le long du chemin menant aux appartements de l'invitée. Lorsqu'ils arrivèrent, Éric eut la sensation que ce fut trop court. Il n'avait qu'une hâte, l'emmener sur le littoral et la faire monter dans son navire. Il se sentait tout excité de pouvoir enfin partager ses passions à une femme, de lui faire découvrir son monde. Non seulement elle avait de la conversation, de la répartie, de l'humour, de l'esprit, mais aussi une beauté à se damner. Elle représentait tout ce dont il avait toujours rêvé chez une compagne, et -cerise sur le gâteau- elle plaisait à ses parents. Peut-être que cette fois, il avait enfin trouvé la bonne...

Bon alors, dites-moi tout, que pensez vous de cette mystérieuse Vanessa de Muraena ;D ? Et de Bartold et de Cléa ? Ils sont drôles quand même xD... Pensez-vous qu'Eric se laissera prendre au piège ? Et Ariel, pauvre petite, où est-elle dans tout ça ?

Annotations

Vous aimez lire Misa Miliko ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0