42. Le jour J.

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Le jour du mariage arriva, la cérémonie civile fut sobre.

Camille s’autoproclama « photographe du jour » et mitrailla le couple et les invités, composés de la famille proche et de quelques amis.

C’est juste avant le dessert que Bertrand se leva pour dévoiler leur secret.

Alors qu’il tentait d’attirer l’attention de tous les convives, Blaise, un ami proche, lui lança :

— Hé, Bertrand, tu vas nous faire un discours avant le gâteau ?

Bertrand sourit et tendit son verre vers lui, puis vers tous. Il prit une grande respiration, regarda Adèle à qui il tendit la main pour qu’elle se lève et l’accompagne dans l’annonce.

Elle prit sa main puis le prit par la taille en se collant à lui. Il posa sa main sur sa hanche puis s’adressa à nouveau à l’assemblée qui s’étonnait de son hésitation.

— Bon… Eh bien, Adèle et moi avons une annonce à vous faire…

Sa voix mourut, il regarda sa femme et respira profondément. Elle cligna des yeux et articula, tout bas, pour que lui seul puisse l’entendre,

— Dis-leur, mon amour. Je t’aime.

Un rien agacée, trouvant que son père « tirait en longueur », Camille lança,

— Qu’est-ce que t’as papa ? Vous allez partir direct en voyage de noces, c’est ça ? C’est mamy et moi qui devrons tout ranger pendant que vous serez dans l’avion ou le train ?

Bertrand ne put s’empêcher de rire, Adèle le rejoignit. Vanessa toisa sa fille du regard, cette dernière leva les yeux au ciel. Sa grand-mère, elle, se frottait les mains et attendait patiemment qu’il fasse son annonce.

Elle savait ; elle avait cuisiné son fils lors de la préparation des festivités. Il lui avait lâché le morceau par inadvertance, suite au fait qu’il ait découvert que l’un des employés, qui, tous, devaient porter des badges nominatifs lors des réceptions, se prénommait « Junior ». Il avait demandé à ce que ce serveur s’occupe plus particulièrement de la table principale, lançant à sa mère que ce serait un joli clin d’œil à Adèle… Après avoir capté qu’il en avait trop dit, il fit promettre à sa mère de ne rien dévoiler à qui que ce soit d’autre, pour garder l’effet de surprise.

Debout, épaulé par Adèle, il finit par annoncer la chose.

— Chers amis, chère famille, Adèle et moi avons le plaisir de vous annoncer que nous attendons un heureux évènement.

Passé un moment de sidération durant lequel Camille compris qu’elle allait être « grande sœur », elle fonça vers le couple, embrassa son père en lui glissant un :

— Merci papa !

Puis, en prenant Adèle dans ses bras et en la serrant très fort, elle lui dit,

— Maminette chérie, tu es super, c’est super ! J’vais être grande sœur !

Adèle sourit et lui répondit,

— Oui, tu seras grande sœur en automne ma petite chérie.

Elle lui demanda, au creux de l’oreille,

— Tu seras vraiment une « grande » sœur pour ce petit, ça ne te dérange pas trop ?

Camille réagit vivement,

— Mais non ! Que du contraire, je pourrais m’en occuper ! Je serais sa baby-sitter attitrée, non ? J’ai hâte qu’il soit là ! Vous savez si c’est une fille ou un garçon ?

— C’est un garçon, Camille.

Les yeux de sa belle-fille pétillaient,

— Vous avez un prénom ?

Adèle pouffa de rire en hochant négativement la tête, puis précisa à Camille,

— Non, nous ne sommes pas encore tombés d’accord, mais ton père l’appelle Junior !

— Quoi ?

Camille semblait outrée.

— Mais, je ne suis pas d’accord, Maminette, il faut trouver autre chose !

— Je suis de ton avis Camille. Nous avons encore le temps. Il changera d’avis, j’en suis sure !

Le couple reçu les félicitations des autres invités, Daphnée, qui faisait partie des convives, les embrassa chaleureusement tous les deux et les invita à passer chez elle avant de commencer leur mini voyage de noces, prévu dans trois jours. C’était sur le trajet de leur virée en amoureux…

— Nos enfants seront cousins, j’aimerais qu’ils se connaissent.

Adèle sourit, mais garda une réserve,

— De fait, oui, ils seront cousins, au second degré.

Voyant la mine d’Adèle, Daphnée indiqua,

— Il ne sera pas présent Adèle. Tu ne le croiseras pas.

Après un petit soupir, cette dernière lui répondit,

— En même temps, il le faudra bien un jour. Bertrand m’a dit que tu comptais construire quelque chose avec lui, malgré tout ce qui s’est passé.

Daphnée se pinça les lèvres puis lui dit,

— Oui, j’en ai envie, je l’aime depuis que j’ai quinze ans, je sais ce qu’il vaut, ce qu’il t’a fait, ce qu’il m’a fait… Je compte poser mes conditions et construire quelque chose de stable avec lui.

Daphnée eut un sourire en coin, Adèle le capta et lui dit,

— Bertrand m’en a parlé, tu voudrais que mon époux lui fasse la leçon, si possible de façon musclée ?! C’est… C’est vrai ? Mais…

— Adèle, il a besoin d’être secoué. C’est un gamin dans sa tête ! Tu sais, depuis que son père est devenu « sévère » avec lui et ne lui passe plus rien, je vois bien que ça bouge un peu chez lui.

Elle fit une pause puis reprit,

— Je voudrais que Bertrand lui parle, d’homme à homme, pour lui indiquer qu’il n’a pas intérêt à recommencer, tu vois.

— Je vois, mais je ne sais pas si cela fonctionnera… Et puis, Bertrand n’est pas quelqu’un de violent.

— Mais il a du ressentiment par rapport à lui. Si nous continuons à nous voir, je préfère qu’il mette les choses à plat avec lui, maintenant, pas quand les bébés seront nés.

Adèle se rangea à sa proposition.

— C’est vrai, je te rejoins sur ce point. Il faut que les choses se disent, qu’on fasse la paix. Au moins pour nos enfants.

— Pas que pour eux Adèle…

— Pour nous aussi, je sais.

Elle souffla puis confia à Daphnée,

— J’ai un peu peur d’être, moi, violente avec lui.

Daphnée haussa les épaules et lui dit, très simplement,

— Ben, n’hésite pas ! Si ça peut t’aider à tourner la page, tu as ma bénédiction !

Elles se regardèrent puis éclatèrent de rire. Daphnée réitéra son invitation, proposant même de croiser les parents d’Olivier,

— Ils t’apprécient, tu sais, nous avons déjà parlé ensemble de la façon dont il t’a traitée, Marie aimerait te revoir et Charles, lui, voudrait s’excuser pour le comportement de son fils.

— Ils n’ont pas à le faire. Mais je les comprends, ce sont des gens « bien », je serais heureuse de les revoir, ils étaient sympathiques.

Adèle proposa la chose à son époux qui n’y vit pas d’inconvénient. Adèle ne passa pas à côté du clin d’œil qu’il fit à Daphnée.

— Je t’ai vu Bertrand ! Si tu veux régler ça « entre hommes », tu le fais quand je ne suis pas là, mon cher amour.

— Sans problème, ma colombe, je lui tirerais les oreilles, discrètement.

Il garda un sourire en coin et haussa malicieusement les sourcils. Le couple se comprenait, Adèle avait confiance en lui, il ne ferait rien de violent ; il le lui avait expliqué, il n’avait aucune envie de se battre avec Olivier, il voulait juste savoir s’il se rendait compte, ou non, du mal qu’il avait fait.

Le couple accepta l’invitation et la fête continua jusque tard dans la soirée.

***

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