13. Aveu.

5 minutes de lecture

Olivier revenait d’une balade au bord de la mer, une balade revigorante. L’air marin lui avait toujours fait un bon effet. Sa mère avait eu raison de lui proposer ce séjour.

Et puis, maintenant, ses parents savaient, pour la rupture, pour la fausse-couche, pour Marine. Il s’était senti honteux de leur déballer ça, mais à présent, il se sentait soulagé, libéré d’un poids qu’il portait sur ses épaules depuis la rupture.

Ses parents étaient visiblement sous le choc ; il leur avait trouvé un air soucieux, à tous les deux… Ils devaient surement digérer ce qu’ils venaient d’apprendre… Ils avaient failli être grands-parents, s’il n’avait pas fait le con et qu’il n’avait pas tué son propre bébé dans le corps de sa mère… Ils seraient tous heureux, à l’heure actuelle.

Arrivé devant la maison familiale, il entra et senti immédiatement l’odeur des petits gâteaux au chocolat de sa mère. Il sourit, il allait se régaler.

Il retrouva ses parents dans la grande cuisine, les gâteaux refroidissaient doucement sur une grille. Ses parents étaient assis de part et d’autre de la petite table où ils avaient l’habitude de prendre leur petit-déjeuner.

D’un geste, son père l’invita à s’asseoir, puis lui dit,

— Nous avons à parler, mon fils.

Il s’assit puis leur demanda, un peu boudeur,

— Quoi, c’est à cause du bébé qu’Adèle a perdu, c’est ça ? Vous m’en voulez ?

Son père lui répondit, sur un ton très doux,

— Non, Olivier, ta mère et moi, nous avons des choses à te dire, sur toi.

— Sur moi ?

Olivier se sentit mal tout d’un coup et demanda,

— Quoi, vous allez m’annoncer que j’ai été adopté, c’est ça ? Je ne suis pas votre fils, c’est ça ? Et vous pensez que c’est pour ça que je déconne ?

Marie respira profondément, Charles caressa la main qu’elle avait posée sur la table. Elle serra la main de son époux et répondit à son fils,

— Non, Olivier, je t’ai bien mis au monde, tu es notre enfant.

Charles enchaîna en serrant la main de sa femme.

— Nous t’avons toujours dit que nous avions mis du temps à te concevoir, tu te souviens ?

— Oui, vous m’avez toujours expliqué que vous avez mis cinq ans à m’avoir… Pourquoi ?

Charles jeta un coup d’œil à sa femme, caressa la paume de Marie avec son pouce et avoua,

— Si nous avons mis si longtemps, c’est parce que je suis stérile, Olivier.

Olivier écarquilla les yeux et balbutia,

— Que… ? Quoi ? Mais… Et moi alors ?

Il les regarda, tous les deux, l’un après l’autre. Sa mère regardait son père avec beaucoup de douceur, ce dernier prit à deux mains la main de sa mère et lui sourit en hochant doucement la tête.

Olivier ne comprenait pas, tout son monde s’écroulait, il n’était pas le fils de son père, mais de qui alors ? Et sa mère, comment l’avait-elle conçu ?

Il fut ramené au présent par son père qui lui fournit les réponses aux questions qu’il se posait.

— En fait, Olivier, lorsque nous avons appris ma stérilité, après quatre ans d’essais infructueux, nous avons décidé de trouver une autre solution pour avoir un enfant.

Olivier était à la fois attentif et anxieux… Son cœur battait, il ne savait pas à quoi s’attendre… Sa mère avait-elle trompé son père pour tomber enceinte ? Charles lui avoua,

— Nous t’avons conçu avec l’aide de ton parrain.

Olivier avala de travers, son parrain, un ami de longue date de ses parents, tout le temps fourré à la maison, décédé dans un accident de voiture lorsqu’il avait seize ans…

— Ce… C'est-à-dire ?

— Nous lui avons expliqué notre situation et il a été d’accord pour nous aider à faire un enfant.

Olivier réagit vivement,

— Et quoi, il vous a fourni des résultats de branlettes, c’est ça ?

Marie réagit,

— Calme-toi Olivier, ça ne sert à rien de t’énerver et d’être vulgaire, laisse ton père terminer ce qu’il a à te dire.

Charles continua,

— Olivier, tu as été conçu avec tout notre amour.

— Et un donneur de sperme au milieu !

Olivier avait réagi agressivement, son monde s’écroulait, il se rendait compte qu’il avait grandi au milieu de mensonges et de secrets.

Il comprenait mieux pourquoi son parrain l’appelait régulièrement « fiston » et qu’il était toujours fourré chez ses parents… Et quoi ? Ils faisaient « ménage à trois » ?

Marie toucha la main de son fils et lui expliqua,

— Olivier, oui, j’ai eu des relations sexuelles avec ton parrain, en présence de ton père. Dès que j’ai su que j’étais enceinte, nous avons arrêté ces relations, tout cela était bien clair, pour nous trois.

Olivier secouait négativement la tête. Il finit par leur dire,

— Non, c’est pas vrai, je suis le résultat d’un plan à trois, c’est dégueulasse ! Vous me dégoûtez !

Il entendit son père respirer profondément puis l’interpeller avec autorité,

— Parce que toi, ce que tu as fait subir à Adèle et à Marine, c’était correct ?!

Olivier se tut, sidéré d’entendre son père hausser le ton, ce qu’il ne faisait quasi jamais. Charles continua sur le même ton,

— J’ai aussi proposé à ta mère de « prendre » l’enfant d’une autre ; à l’époque, j’avais proposé que mon cousin trouve une fille qui accepterait de donner son enfant, ta mère a refusé. Mais je lui en avais parlé, moi, de cette solution, je ne l’ai pas mise devant le fait accompli ! Comme dans ton cas !

Il prit le temps de respirer pour se calmer un peu puis continua,

— C’est moi qui ai proposé à ta mère de tenter une insémination « artisanale », c’est moi qui lui ai parlé de tenter cette aventure avec Francis.

Marie intervint,

— Nous en avons parlé longuement, à trois, Olivier, nous voulions que toutes les choses soient claires dans la tête de chacun.

— C’est vrai, nous avons pris le temps de poser toutes les limites et conditions. Nous n’entrerons pas dans les détails, parce qu’il s’agit de notre intimité, mais sache que Francis avait demandé d’être ton parrain et que nous avons accepté, tous les deux.

— Tu as été conçu très rapidement, Olivier, précisa Marie.

Charles conclu,

— Voilà, tu sais maintenant l’essentiel. Nous ne savons pas si c’est ça qui a fait que tu as eu des idées aussi particulières par rapport à cette nécessité que tu ressens d’avoir un enfant « de ton sang », mais sache que tu as toujours été mon fils, Olivier.

Olivier était abasourdi. Oui, peut-être, qu’inconsciemment, cela avait eu un impact sur la façon dont il avait géré sa relation à sa future progéniture… « de son sang ».

Mais avant toute chose, il devait digérer ces révélations…

***

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Dolhel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0