9. Une bonne soirée.

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La soirée au restaurant fit le plus grand bien à Adèle, elle s’en ouvrit à Bertrand qui la reconduisit en voiture chez elle.

— Ça faisait si longtemps que je n’avais pas ri autant ! C’était génial cette soirée, Bertrand, merci de l’avoir organisée.

— Mais de rien, Adèle, tu sais que je suis toujours là pour toi.

— Oui, et je t’en remercie, tu es un ami précieux.

Un silence suivit, jusqu’au moment où Bertrand arriva à hauteur de l’appartement d’Adèle. Elle lui proposa de monter prendre un café avant de repartir, il accepta.

— Mais je ne reste pas trop longtemps, Vanessa vient m’apporter Camille tôt dans la matinée demain.

— Oh, et ça va toujours avec Camille quand elle est chez toi ?

— Bah, c’est une ado, elle a seize ans dans deux mois, elle a parfois des humeurs très changeantes, mais ça se passe bien avec elle, on discute beaucoup. J’ai été papa, tôt, vingt-trois ans, ça n’a pas été évident, mais maintenant, ça tombe bien ; je suis encore « dans le coup » comme dirait Camille.

— C’est vrai, Vanessa était plus âgée que toi… Un peu comme Olivier et moi, non ?

— De fait, elle avait vingt-huit ans quand Camille est née, elle avait déjà terminé ses études, moi, je les avais à peine entamées. À partir d’un moment, on a été trop décalé elle et moi. Et puis, elle voulait un enfant… Et pas spécialement un père pour son enfant, ni un compagnon.

Il soupira,

— Nous sommes restés ensemble cinq ans quand même, je ne voulais pas que ma fille grandisse sans moi, tu comprends ?

— Je comprends très bien, et je crois que c’est grâce à ça que Camille est si bien avec toi ; vous avez un lien fort entre vous.

— Oui, j’ai tenté de le maintenir même quand je ne l’ai plus eue qu’un weekend sur deux et la moitié des vacances…

— Oui, je me souviens, tout ça parce que, fraichement diplômé, tu n’avais pas encore de boulot, c’était ça hein ? Elle avait donné cet argument-là pour avoir la garde, à l’époque, non ?

— Exact, c’est comme ça qu’elle a obtenu la garde. Puis après, je m’y suis habitué… Cela me permettait d’apprécier encore plus sa présence.

Il se tut et prit Adèle par les épaules, elle se pelotonna contre lui et souffla,

— Tu sais, j’en viens à me dire que ce n’est pas plus mal que j’ai perdu le bébé.

— Pourquoi tu dis ça, Adèle ?

— Parce que je ne pense pas qu’Olivier aurait été un aussi bon père que toi, aussi conciliant, tu vois ?

— Tu trouves ?

— Oui, il est tellement obnubilé par cette histoire d’enfant « de son sang »… Tu sais, du style « lignée familiale »… Je ne sais finalement pas ce que cela aurait donné, dans notre couple, enfin, couple de parents, je veux dire, puisque nous ne sommes plus en couple.

— Tu ne le sentais pas ?

— Ben… Nous étions tellement dans notre bulle, lui et moi… Je ne sais pas… Ce qui me chiffonne, c’est qu’il ait pu avoir une double vie pendant plus de six mois et que je n’ai rien vu, rien senti. Je… Je me rends compte que je ne le connaissais pas autant que je ne le pensais, finalement.

— Qu’est-ce qui te chiffonne le plus Adèle ?

— Qu’il m’ait caché d’autres choses, Bertrand… Il a quand même eu une réflexion tordue, tu ne trouves pas ?

— Quoi ? De t’apporter un bébé « tout fait », pondu par son utérus sur pattes ?

— Oui !

— C’est clair que c’est particulier comme fonctionnement et comme façon de « gérer » votre affaire…

Comme Adèle gloussait de rire, il lui demanda,

— Quoi ?

— C’est ton expression, « l’utérus sur pattes »… Je l’ai appelée comme ça au début…

— Je sais, c’est toi qui m’as appris cette expression, ma belle !

Ils éclatèrent de rire puis Adèle lui dit, vivement,

— Hé ! Bertrand, il est une heure du matin ! Rentre chez toi où tu risques de ne pas être réveillé quand Vanessa sonnera tantôt chez toi !

— Ah mince, déjà ! Le temps passe toujours si vite quand nous papotons tous les deux…

Il se leva, l’entraîna avec lui et l’enlaça tendrement pour lui dire au revoir puis s’éclipsa.

Adèle se retrouva ensuite seule chez elle, la présence qu’avait montrée Bertrand l’avait rassurée. Elle sourit au fait qu’il lui ait glissé un baiser dans le cou et juste derrière l’oreille pour lui dire au revoir… Ce n’était pas habituel de sa part, mais elle l’avait laissé faire… Elle avait même apprécié, cela faisait un petit moment qu’un homme ne l’avait plus serré dans ses bras.

Elle s’endormit sereine cette nuit-là.

***

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