6. La demande de Marine.

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La semaine suivante, le résultat tomba, il était bien infecté, Adèle avait raison. Plutôt ennuyé, il reprit contact avec Marine pour lui indiquer qu’elle devait, elle aussi, se soigner.

— Marine, j’ai la chlamydia, il n’y a que toi qui as pu me la refiler. Le traitement n’est pas compliqué, je l’ai commencé.

— T’es sûr ? T’as pas eu d’autres nanas avant moi lorsque tu cherchais un ventre, non ? Si ça se fait, c’est toi qui m’auras refilé une bébête !

— Non, j’étais fidèle à Adèle !

En ricanant, elle le railla,

— Oui, c’est ça, quand tu couchais avec moi, aussi, tu étais fidèle à Adèle…

Elle leva les yeux au ciel et rajouta,

— Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Bon, allez, je vais aussi faire ce test, comme ça, tu seras rassuré !

Un soir, en pleine semaine, Olivier fut saisi par la sonnette de la porte d’entrée. N’attendant pas de visite, il rechigna à ouvrir. A la deuxième salve de coups de sonnette, il ouvrit et réceptionna une Marine en pleurs. Saisi, il l’invita à entrer chez lui et s’installa à côté d’elle dans le petit divan installé dans un coin de son studio. Il lui demanda, doucement,

— Que se passe-t-il Marine ?

— T’avais raison, c’est foutu !

— Quoi ? J’avais raison pour quoi, Marine ? Je ne comprends pas.

Elle sécha ses larmes puis finit par lui expliquer ce qui l’amenait chez lui, si tard et dans cet état.

— Je l’ai aussi Olivier !

Il fronça les sourcils, il ne comprenait pas.

— Tu as quoi, Marine ?

Elle hurla tout d’un coup,

— La chlamydia, Olivier !

— Ah… Dit simplement Olivier.

Après avoir pris sa tête entre ses mains, Marine reprit et expliqua,

— Je suis infectée, apparemment depuis un moment déjà… C’est un truc qui ne se voit pas, cette saloperie ! Et ça a laissé des traces, le médecin pense que j’ai peut-être les trompes bouchées.

— Les quoi ?

Enervée elle lui lança vertement,

— Les trompes, là par où passe l’ovule avant d’arriver à l’utérus, Olivier ! T’as jamais eu de cours d’anatomie ou quoi ?!

— Je… Oui, enfin… Oui, je sais ce que c’est Marine.

— Merde ! Ça risque de me rendre stérile Olivier ! Il faut absolument que tu me fasses un bébé dès que je serais guérie !

Pris au dépourvu par sa demande, il articula, en butant quelque peu sur les mots,

— Mais, enfin, Marine… Nous ne sommes plus ensemble…

— Et quoi ? Tu voulais bien m’engrosser alors que t’étais encore avec la vieille, qu’est-ce que ça changerait maintenant que c’est moi qui te demande de me faire un enfant ? T’es libre et dès que je serais guérie, on pourra s’y remettre.

Visiblement contrarié par la remarque de Marine, il lui répondit vivement,

— Mais… Non, Marine, je ne veux pas vivre avec toi… Je voulais juste que tu me donnes un enfant.

La bouche pincée, et après avoir expiré tout l’air de ses poumons, elle lui lança,

— T’es vraiment qu’un gros con Olivier, en fait, tu ne sais pas ce que tu veux. Tu voulais garder ta vieille, m’avoir comme poule pondeuse et que tout le monde soit content, c’est ça ?

— Euh… Oui, c’est ça que je voulais.

— T’es vraiment trop con toi… Et tu y croyais, en plus !

— Mais…

Elle explosa,

— Mais Olivier, quelle femme accepterait que son homme engrosse une autre sans qu’elle le sache et accueillerait l’affaire en souriant ?! Mais dans quel monde tu vis mon pauvre imbécile !

— …

— Ouais, c’est ça, t’es vraiment à côté de la plaque, tout ça pour avoir un gosse « de ton sang » ! Et là, tu refuserais que je te donne ce que tu veux…

Olivier ne savait pas quoi répondre. Depuis la rupture avec Adèle, il avait l’impression d’être constamment dans le brouillard. Plus rien ne semblait avoir de sens pour lui. Il n’avait plus de rythme, plus de projets, il ne savait pas quoi faire.

Avec Adèle, cela semblait tellement clair, ils allaient finir par avoir un bébé, ils deviendraient une famille, elle gérerait le quotidien de leur nouvelle maison, comme elle le faisait déjà dans l’appartement, lui, n’aurait pas à se tracasser, tout serait réglé comme du papier à musique.

Il fut ramené au présent par Marine qui se leva brusquement après lui avoir lâché,

— T’es vraiment qu’un pauvre con en fait, je ne sais pas ce que je t’ai trouvé d’intéressant pendant si longtemps… Et la vieille non plus, je ne sais pas ce qu’elle te trouvait ! T’es vraiment qu’une loque ! Regarde toi, t’as dû prendre au moins cinq kilos en deux mois, tu ne te rases plus et je pense que tu n’as jamais fait le ménage depuis que t’habites ici, j’me trompe ?

Il regarda autour de lui, observant, un peu déboussolé, le bordel qui régnait dans le studio…

— Je… Euh… Oui, je devrais faire attention…

Marine leva les yeux au ciel puis lui lâcha,

— Moi qui m’attendais à un minimum de soutien de ta part, je crois que je peux me brosser ! Mais qu’est-ce que j’ai foutu pendant six mois avec toi…

Elle sortit en claquant la porte. Olivier resta assit sur le divan et se gratta le ventre dont il évalua ensuite l’embonpoint. En massant sa bouée, il se dit,

— Je crois que j’ai stocké les pizzas et la bière… Sans oublier les brownies du matin et du soir.

Il eut un demi-sourire, souffla puis décida de rester là, dans le divan, pour ressasser une nouvelle fois la situation dans laquelle il s’était fourré, tout seul, comme un grand.

***

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