chapitre 5

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Après notre copieux petit déjeuner préparé par Shirin, enchantée de nous voir tous deux attablés dans la grande salle des cuisines du palais, nous prenons la route menant à l’antre d’oncle Sirius.

Il fait déjà chaud dehors. Le véhicule soulève des tonnes de poussière. Les vibrations réveillent une douleur sourde dans ma cheville, mais je ne dis rien à Askyn, je veux arriver le plus rapidement possible chez Sirius.

Mon oncle Sirius est vraiment un être à part. Il a refusé tout le luxe que lui procurait son statut pour aller habiter, ou plutôt s’enterrer, dans cette zone désertique montagneuse, à l’écart de toute civilisation, si tant est qu’on puisse parler de civilisation pour nos postes avant frontière. S’il ne les voyait que très peu depuis son départ du Collège, Sirius a coupé tout contact avec ses parents depuis la mort de ma mère. Il vit depuis reclus en ermite dans une maison troglodyte. A vrai dire, je n’ai pas le souvenir récent d’avoir été chez lui. C’est Sirius qui se déplace pour venir nous voir au Palais. Il était très présent lorsque j’étais enfant. Il a appris, à moi et Askyn, tout ce qu’on peut savoir sur la nature, comment se repérer dans la forêt, comment survivre sans nourriture et sans eau. Sirius fait clairement office de figure paternelle auprès d’Askyn. J’ai toujours connu mon oncle célibataire. Pourtant, c’est un bel homme. Grand, blond comme ma mère, les mêmes yeux bleus qu’elle virant sur le parme, le teint hâlé, résultante de sa vie au grand air. Il se dégage de lui un magnétisme certain. Shirin nous a laissé entendre qu’il ne laissait pas la gente féminine indifférente lorsqu’il vivait encore avec ma mère au Manoir. D’ailleurs, lors des soirées données par mes grands-parents, lui et ma mère étaient le centre de toutes les attentions et représentaient le parti rêvé pour plus d’une jeune-femme ou jeune homme en quête d’une alliance prestigieuse, au regard de la position de mon grand-père dans la hiérarchie du Commandement. Hélas, ni lui ni ma mère n’ont apparemment porté les ambitions que nourrissaient pour eux mes grands-parents.

S’il est proche de nous, Sirius est également très apprécié de la population de notre province, surtout du petit peuple. Quand il nous emmenait en ville, ou plutôt dans les gros villages, on ressentait toujours une bienveillance de la part des habitants. Sirius s’enquérait toujours des uns et des autres. Nous repartions souvent avec de petits cadeaux, un panier de légumes, un pâté, un gâteau.

Nous approchons de la maison. Sirius vit peut être en ermite dans sa maison troglodyte, mais il a installé tout autour des caméras de surveillance. Elles sont discrètes, mais je réussis à les repérer. Mon oncle est peut être retranché du monde des vivants, mais, sans doute une survivance du Collège, il est en pointe sur les dernières

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technologies. Mais qui pourrait bien bienvenir ici, au fin fond de notre province, à la frontière des territoires irradiés ?

Sheïtan hennit en nous voyant arriver. Sirius a conservé un côté traditionnel, il aime les grandes randonnées dans la nature à cheval, et nous a transmis le virus à moi et Askyn.
A peine Askyn arrête-t-il le moteur qu’il jaillit de l’entrée de sa maison, ou plutôt de sa montagne, et se dirige vers nous.

- Tiens, dit-il, notre randonneuse et son chevalier servant. Quel bon vent vous amène ?

Sirius étreint Askyn dans ses bras en disant : « Ça faisait longtemps, fiston ».
Askyn s’excuse :

-  Je suis désolé, Sirius, mais le travail à la garde me mange
pratiquement tout mon temps. Après l’entrainement, je travaille ensuite avec Jack au Palais sur les systèmes de sécurité de la Province. C’est passionnant, mais quand j’ai fini, je t’avoue que je suis vidé et je m’écroule sur mon lit.

-  Quelle petite nature, dis-je en poussant Askyn avec une béquille

-  Comment va ta cheville ? me demande mon oncle

-  Pas trop mal. Je vais me transformer en vache d’ici peu. Shirin me
gave de lait et de fromage pour soi disant accélérer ma guérison. L’avantage, c’est que peut-être alors, le Collège ne voudra plus de moi.
Sirius me regarde et me répond sur un ton grave :

-  Aura, je sais que c’est difficile d’être séparé de nous. Mais, quoi que
tu penses, tu as la chance de suivre la meilleure formation de cette planète, et elle te sauvera peut-être un jour la vie ou t’aidera à en sauver.

-  Mais oncle Sirius, comment peux-tu dire cela ? dis-je en protestant de toutes mes forces. Tu as quitté le Collège !

-  Oui, juste avant d’être diplômé et d’être affecté à un poste que je ne voulais pas. Mais qui te dit que je n’ai pas retiré tout le savoir possible de mes enseignants et qu’aujourd’hui cela m’est utile ?
Jamais je n’avais envisagé les choses sous cet angle là. Oncle Sirius ne serait-il donc pas au final l’ermite comme il aime à se présenter ? Et sur quoi travaillerait-il, seul dans sa montagne ?
Askyn me tire de mes pensées en me poussant vers l’entrée. L’endroit est trompeur. Plus rien à voir avec l’aspect extérieur de la maison, sous la poussière et dans la montagne.
Et là je m’arrête. Comment cela a-t-il pu m’échapper ? C’est la salle de mon rêve. Askyn se rend tout de suite compte que quelque chose cloche. Il s’approche de moi, me prend la main et me murmure à l’oreille : « Tout va bien ? ». Sirius est décidément au centre de mes interrogations.
Il nous attire vers le fond de la pièce, creusée dans la roche, où trônent deux énormes canapés. Mon oncle est toujours habillé avec des vêtements semblant usés par les années, mais son intérieur ne reflète

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aucunement ses gouts vestimentaires. Je m’assois en laissant choir mes béquilles sur le sol. Askyn se place à ma droite, et Sirius en face de nous. - Alors mes enfants, que me vaut l’honneur de cette visite ? Vous

venez distraire votre oncle ?
Ce gros filou essaye déjà de nous mener en bateau. Ne pas le laisser esquiver.
- Oncle Sirius, depuis combien de temps es-tu en contact avec les

irradiés ?
Je sens peser sur moi le regard surpris d’Askyn. Moi d’habitude si câline avec mon oncle, mon ton est très direct. Sirius aussi l’a senti. Il se raidit. Ne lui laisser aucun répit.
- Pourquoi le chef du groupe, celui que les autres nommaient Adam

t’a-t-il appelé, toi ? Comment savait-il qui j’étais ? Quelqu’un a bien

du les prévenir.
Et je termine en appuyant tous les mots de ma phrase :
- Et je pense que cette personne, c’est toi.
Sirius se renfonce dans le canapé, et essaie de me faire culpabiliser.
- Tu viens voir ton oncle adoré pour lui faire subir un interrogatoire ? Au regard noir que je lui lance, il devine que je ne le lâcherais pas.

-  Très bien, soupire-t-il. Que veux-tu savoir ?

-  Tout. Tout ce que tu sais. Bon sang, je suis assez grande maintenant.
Je vais bientôt quitter le Collège, Askyn va prendre prochainement
la tête de la garde du Palais. Nous ne sommes plus des enfants. Sirius semble réfléchir. Puis il regarde Askyn.

- Ma chère nièce parle pour elle, comme à son habitude. Un trait de

famille commun chez les Carthag. Mais toi ?
Askyn me regarde en souriant, met la main sur son cœur, croise les doigts de l’autre main et répond « Tout pareil ».
Sirius soupire, et parle, mais j’ai l’impression que ses propos sont destinés à lui-même.
- De toutes les façons, tu lui ressembles tellement que je suis étonnée

que tu ne sois pas venue plus tôt.
Pas besoin de demander à qui il fait allusion. Il évoque ma mère. Au final, je ne sais pas grand-chose d’elle. Mes grands-parents en parlent rarement, mon père, jamais. Je me suis toujours interdit de discuter d’elle avec lui, car je perçois une part de culpabilité immense dans sa disparition. Seule Shirin en parle ouvertement, mais elle ne fait allusion qu’à ses traits de caractère, pas à sa vie. Comment a-t-elle rencontré mon père, que faisait-elle de ses journées, quels étaient ses hobbies préférés ? Je n’en sais absolument rien.

Sirius se lève, fait quelques pas, et se retrouve face à ses écrans de contrôle. Mon cœur s’accélère. Il est exactement là où était Adam dans mon rêve.
- Avant de commencer, il faut savoir que mes paroles risquent d’avoir

des conséquences importantes sur vos vies jusque là tranquilles. Ça implique également que vous allez être en opposition avec notre système politique actuel, c’est-à-dire celui que représente ton père,

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Aura, et celui que tu t’apprêtes à servir Askyn. Etes-vous prêt à

assumer cela ? Askyn sourit.

- Bon, on ne doute pas de la réponse d’Aura. Moi, avant, j’ai une question. Ce que tu vas nous dire, Sirius, cela va-t-il influencer le sens de notre vie, mais dans un sens que tu estimes juste ? Si tu me dis oui, alors ça me suffit.

Sirius nous regarde alors intensément tous les deux.
- Mes enfants, vous pensez réellement que je vous entrainerais dans

une cause sans valeur ? En revanche, celle-ci aura des conséquences

sur votre vie, et parfois même des risques. Askyn écarte les bras.

-  Enfin de l’action ! Cela me convient parfaitement. Raconte Sirius,
nous sommes tout ouïs.

-  Askyn, ce n’est pas un jeu. Etes-vous bien certains tous les deux de
vouloir savoir ?
Instinctivement, Askyn et moi nous regardons l’un l’autre, puis hochons la tête.

- Très bien. Bon, par où commencer ? Vous savez qu’il y a 150 ans,

Storm a ravagé notre terre. Personne ne s’attendait à ce phénomène, prenant le monde par surprise. Seule la chance a sauvé ceux qui se trouvaient dans les bons endroits aux bons moments. La moitié du globe terrestre a été touchée, surtout les régions situées dans l’hémisphère sud. Tous les réseaux ont été coupés, et pendant une période assez longue, conséquence de la tempête. Il a fallu plusieurs années afin qu’un semblant d’organisation se mette en place, et que les pouvoirs dans les régions non touchées imaginent le blocus avec les terres irradiées. Il y eu bien sur des déplacements spontanés de population entre les deux zones, puis la chasse aux irradiés dans nos régions, bien que certains aient échappé à ces contrôles. Ces descendants sont encore parmi nous. Mais le taux de radiation depuis 150 ans a largement été dilué. Ces personnes ont donc peut- être subi une mutation génétique, parfois à leur propre insu, mais on ne peut plus les détecter. D’ailleurs, ces personnes ne sont plus contaminantes. Heureusement, comme je vous l’ai dit, le taux de radiation a quasiment disparu.

Je reformule les propos de Sirius à haute voix.

-  Oncle Sirius, tu es en train de nous dire que maintenant, nous
pouvons avoir des contacts physiques avec un irradié sans craindre
d’être contaminé ?

-  Oui, c’est exactement cela

-  Et le contact avec le sol, l’herbe, c’est pareil ?

-  Oui, parfaitement.
Askyn et moi-même digérons l’information.

-  Mais alors, tout le discours officiel ...

-  C’est de la pure propagande, de la désinformation.

-  Mais pourquoi ?

-  Pourquoi ? Parce que le système politique actuel a été fondé sur ce
mensonge il y a cent cinquante ans, et que maintenant les 34

gouvernants en place y trouvent leur compte et n’ont aucun intérêt

à modifier celui-ci.

-  Mais tout ces pauvres gens...

-  Eh bien ils se sont organisés eux aussi et n’ont pas attendu après
nous. Du moins dès qu’ils ont compris qu’on ne viendrait plus les secourir. Parmi eux se trouvaient également, comme chez nous, des ingénieurs, des médecins, des chercheurs, des architectes. Ils ont reconstruit leur propre monde. Cette vérité a été soigneusement cachée par nos gouvernants, quoique je ne connaisse pas le niveau d’information du Commandement Suprême à, les relations entre les deux mondes ayant été rompues très rapidement. Il existe de la part des irradiés d’aujourd’hui, du moins chez certains, une rancune tenace. Ils estiment, à juste raison, avoir été abandonnés à leur sort.
Sirius fait une pause et nous laisse digérer l’information. Une question

me taraude.

-  Et les soi disants « razzias » de leur part chez nous ?

-  C’était peut-être vrai au début, mais maintenant, peux-tu me donner
un exemple récent ? Il existe encore certaines pratiques de ce genre, mais elle est plus l’œuvre de voyous et de personnes malhonnêtes, et non d’irradiés. Et qui sait si le Commandement n’est pas derrière, histoire d’alimenter la peur de l’autre ?
Je regarde mon oncle, tentant de comprendre.

- Oncle Sirius, c’est pour cela que tu as quitté brutalement le Collège ?

C’est parce que tu as appris ce qu’il se passait réellement, et que tu

as refusé de cautionner ce système ?
Sirius éclate de rire.
- Ma nièce est toujours maligne comme un singe. Et oui, tu as en

partie raison. Notre monde et ce système, portés de surcroit par ma propre famille, me sont devenus insupportables. Mais, dit-il, en redevenant sérieux, j’ai commis alors la plus grosse bêtise de mon existence. Et savez-vous laquelle ?

Askyn me devance.

-  Un système est toujours plus facile à combattre de l’intérieur, et non
de l’extérieur, surtout lorsqu’on a été identifié comme ennemi
potentiel.

-  Bravo mon garçon, je vois qu’on vous ne bourre pas le crâne de
choses inutiles à la Garde. De plus, j’étais trop impulsif et irréfléchi à
cette époque, j’ai agi sans réfléchir aux conséquences possibles.

-  Mais comment as-tu appris tout cela ?
Sirius nous regarde et garde un moment le silence.

-  Ecoutez, mes enfants. Si je vais plus loin, il vous sera impossible de
faire machine arrière. Je vous laisse méditer tout cela, et nous en
reparlerons ensuite.

-  Mais oncle Sirius, tu es contact avec eux? Pourquoi as-tu des
écrans ?

-  Bien sur que je suis en contact avec eux. Je les aide comme je le peux
à ma façon. Et ces écrans, c’est juste que j’aime bien avoir ma tranquillité et surveiller ce qui se passe autour de moi, me dit-il en souriant.

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Il se lève
- Bon je vous chasse. Je dois vaquer à mes occupations. Réfléchissez

bien à ce que je vous ai dit, et pesez bien le pour et le contre.

* **

Nous restons un bon moment silencieux sur le trajet du retour. Nous sommes tous les deux absorbés par nos pensées. Moi surtout. Les irradiés ne sont plus contaminants. Et une deuxième tempête se prépare. Que vont devenir tous ces gens ? On ne peut pas les laisser ainsi, pas une nouvelle fois.

Askyn rompt le silence
- Tu sais ce que signifie pour moi ce que vient de nous apprendre

Sirius ?
Il fait une pause, puis me dit :
- Ça signifie que ma mère est peut-être toujours en vie, et que je ne

risque rien d’aller essayer de la retrouver de l’autre côté. A part d’être a minima irradié, termine-t-il sur un ton ironique, comme le dit cette fichue propagande !

Sa mère ! Ça m’était complètement sorti de la tête ! Elle aussi est un sujet tabou. Je ne réponds pas. S’il savait qu’une deuxième tempête se prépare... Je prends pleinement conscience du poids de ce secret, et me recroqueville sur mon siège. Je culpabilise de ne rien pouvoir dire à Askyn. Du moins pour l’instant.

Nous arrivons vers le bourg, quand nous voyons un attroupement de véhicules, et une personne nous faisant signe. Je suis très étonnée par son uniforme. Un militaire du commandement suprême. Que fait-il ici ? Askyn s’arrête sur le bas côté et sort de notre véhicule. Le militaire s’avance et lui aboie au visage : « contrôle des identités ». Askyn se raidit :

- Je suis membre de la garde du Palais et la jeune fille avec moi est la fille du gouverneur.

Le ton du militaire se radoucit.

-  Excusez moi, mais avec ces nouveaux nids de rebelles dans les
provinces, nous sommes un peu sur les nerfs. Nous venons juste de débarquer, et nous ne connaissons pas votre province. On ne sait pas sur quoi on va tomber, on est tous donc un peu stressés..

-  Quels repères de rebelles ? demande Askyn.

-  On a eu un signalement ici, donc nous sommes en train de vérifier si
les informations reçues sont exactes.

-  Quelles informations...
Askyn n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’on entend une explosion, puis des chiens aboyer. Des coups de feu. Ma première réaction est de sortir de la voiture, mais Askyn me bloque sur mon siège, se penche vers moi et me dit : « Tu ne bouges pas d’ici ! »

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J’enrage. Mais il a raison. De toutes les façons avec ma cheville, je ne peux pas faire grand chose à part clopiner. Ce qui est d’une rare utilité dans le feu de l’action. Askyn veut se précipiter vers le lieu des détonations, mais il se heurte de plein fouet au militaire l’empêchant de passer.

-  La zone est sous contrôle de l’autorité du commandement suprême, vous ne pouvez pas passer.

-  Je suis membre de la garde du Palais, je peux me déplacer où bon me semble dans cette province, et sans l’autorisation de qui que ce soit, et surtout pas de vous.

-  Désolé, mais vous n’êtes pas habilité dans une zone contrôlée par le commandement suprême. Je vous conseille donc de remonter dans votre véhicule et de ramener cette jeune fille chez elle, au cas où les évènements viendraient à dégénérer.

-  Askyn, arrêtes, ça ne sert à rien, lui dis-je en criant, pour essayer de couvrir le bruit des détonations. Il obéit aux ordres, il ne te laissera pas passer.

J’ai droit à un regard reconnaissant de la part du militaire.
- Monsieur, il faut écouter la demoiselle. Mes ordres sont très stricts. Pas de personnes extérieures à l’opération, même si elles sont membres de la sécurité de la province. C’est une opération du

commandement suprême, pas de la province.
Askyn est furieux. Mais il doit se rendre à l’évidence. Il ne peut rien faire, du moins pour l’instant. Il remonte dans la voiture en pestant « Saleté de commandement » et il démarre en trombe. Je m’accroche à la portière pour ne pas basculer en arrière.
- Ça ne sert à rien si en plus tu provoques un accident avec nous à

l’intérieur de cette ferraille pourrie !
Il ne répond pas et file à toute allure sur la route. Nous restons silencieux jusqu’au Palais. Des véhicules du commandement suprême stationnent devant l’entrée principale. L’endroit grouille de militaires. En haut des marches Jack, le capitaine des gardes, Altris, mon père, et une quatrième personne. Ils sont en grande conversation, et il n’est pas difficile de comprendre, à leurs éclats de voix, leur désaccord profond. Askyn m’aide à sortir de la voiture, et nous nous dirigeons vers eux. Un militaire nous empêche de passer. Askyn le prend par le col et hurle.
- Je suis ici chez moi, et tu ne vas surement pas m’empêcher de faire

ce dont j’ai envie.
Le militaire empoigne à son tour Askyn. Avec mes béquilles, je ne peux pas intervenir. « Père ! ». Le groupe s’arrête de parler et se tourne vers nous. Jack parle à la personne que je n’ai pu identifier. Celle-ci fait un signe de la main au militaire. Il relâche Askyn en lui lançant un regard sombre, mais nous laisse passer.
Je monte tant bien que mal les escaliers avec l’aide d’Askyn
- Père, que se passe-t-il ?
Mon père m’ignore et se tourne vers Askyn.
- Askyn, s’il te plait, peux-tu aider Aura à gagner les salons, et venir

nous rejoindre ? Je suis furieuse.

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- Hors de question de bouger d’ici tant que vous ne m’expliquez pas ce qui se passe !

Mon père me lance un regard furieux. Askyn me serre le bras, et me pousse vers le Palais.
- Aura, s’il te plait.
Je clopine comme je peux avec mes béquilles. Quand nous sommes éloignés, il se penche discrètement vers moi et me murmure à l’oreille : « Ne t’inquiètes pas, pas besoin d’être à deux, je te raconterai ».

Il a raison. Mais je suis furieuse contre l’attitude de père, de surcroit en public. Askyn m’accompagne jusqu’au salon. Il me fait asseoir dans le canapé, et me demande si je n’ai besoin de rien d’autre. Je boude sans lui répondre. Il soupire et part rejoindre les autres. De rage, j’allume l’écran du salon. Devant moi, apparaissent des images d’hélicoptères. Une voix off explique qu’un repère de rebelles a été découvert chez nous, et détaille l’opération en cours pour démanteler le réseau.

Et là, s’affiche devant moi la photo de notre école et celle de notre instituteur.
- Il y a quelques instants, dit la voix, l’instituteur de la province, un

dénommé Philippe Carville, a été appréhendé par les services du Commandement Suprême. D’après nos sources, il était en lien avec un groupe d’irradiés qui prévoyait de fomenter un attentat contre le gouverneur de la province, Paul Ix, afin d’affaiblir le pouvoir central.

Monsieur Carville! Notre débonnaire instituteur, avec son léger embonpoint, un passionné de botanique, passant des heures à nous conter l’utilité de telle magnifique fleur à clochettes, ou alors des bienfaits des feuilles de telle écorce d’arbre en décoction. Lui, un rebelle ? Qui prépare un attentat contre mon père ?

- Cet homme dangereux a pendant plusieurs décennies été en charge de l’enseignement des enfants de la Province. Une enquête va débuter afin d’identifier ses éventuels complices.

Je suis abasourdie. Monsieur Carville serait incapable de faire le moindre mal à une mouche. J’entends le bruit de véhicules dans la cour. Je me lève du canapé et essaie d’atteindre rapidement la fenêtre. Mon père, Askyn, Jack et Altris sont toujours en conversation avec l’homme inconnu. Celui-ci salue mon père, descend les escaliers rapidement. Un camion s’arrête à sa hauteur. Il monte dedans, et tous les véhicules quittent à sa suite le Palais. Un grand silence règne d’un coup. Tout a été très vite. Je sors avec mes béquilles rejoindre le groupe.

-  Mais quelle est cette histoire de rebelles ?

-  Comment es-tu au courant ? me demande mon père

-  Ce n’est pas difficile, les images passent en boucle sur le canal
officiel, toute la planète est au courant.
Mon père regarde Altris. Je pense qu’il était loin de se douter de ça.

- Mais vous les avez laissés emmener monsieur Carville avec eux ? De

quel droit peuvent-ils faire ça ? Monsieur Carville dépend de notre province, c’est donc à nous de gérer cette affaire là. Ce sont nos affaires internes, le commandement suprême n’a aucun droit d’ingérence dans celles-ci.

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- C’est malheureusement plus compliqué que cela. Ce dossier a été identifié comme prioritaire, ils ont donc décidé que cela relevait directement de la juridiction du commandement

Je m’appuie contre le mur. Pauvre monsieur Carville. Comment va-t-il supporter les geôles du Commandement ? Lui si gentil, si doux. Mes yeux se remplissent de larmes.
- Bon de toutes les façons, pour l’instant, il n’y a rien à faire, sauf à

attendre, nous dit mon père.
Il me regarde et dit :
- Tu devrais aller te reposer. Nous tous d’ailleurs, nous avons eu notre

compte d’émotions pour cet après-midi.

Si je n’avais pas eu cette maudite cheville, je serais partie galoper dans les champs. Je demanderais bien à Askyn de m’accompagner dans mes appartements pour en savoir plus, mais il est avec Jack, et je ne veux pas le rendre ridicule en le transformant en fidèle serviteur. Il ne me reste donc plus qu’à leur tourner le dos et à rentrer au Palais.

* **

J’ai refusé de diner avec mon père. Je veux rester seule. J’ai demandé à Shirin si elle pouvait m’apporter à dîner dans ma chambre.

Elle aussi semble abasourdie par ce qui s’est passé cet après-midi. Elle répète en boucle « Ce pauvre monsieur Carville, ce pauvre monsieur Carville ». Je n’ai pas voulu entrer dans cette conversation avec elle, ça me fait trop mal.

Je suis maintenant assise dans mon fauteuil et je fais face à la grande baie vitrée donnant sur les montagnes. La nuit est tombée depuis une heure. J’essaie de réfléchir à ce que j’ai vécu aujourd’hui. Les révélations d’oncle Sirius, l’arrestation de monsieur Carville par le Commandement Suprême.

Tout à coup, Caramel, vautré sur moi, se redresse, regarde en direction de ma porte et se met à cracher. J’entends gratter.
- Aura, tu ne dors pas ?
Caramel a reconnu Askyn. L’amour fou entre mes deux mâles préférés. Askyn entre et Caramel en profite pour sortir, non sans avoir copieusement craché sur Askyn.

-  Alors ?

-  Alors, dit-il en venant se mettre à côté de moi face à la fenêtre, et en
s’installant à califourchon sur une chaise, c’est vraiment grave. D’après ce que j’ai compris, monsieur Carville a fait l’objet d’une dénonciation auprès du Commandement Suprême, sur la préparation d’un attentat contre le Palais.

-  Mais c’est complètement absurde ! Et comment se fait-il que nous n’ayons pas été prévenu ? Les affaires de la province relèvent de notre juridiction

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-  C’est là le souci. Ils ont décidé qu’à travers l’attentat contre le gouverneur, c’était l’image du Commandement Suprême que l’on visait, ils ont donc décidé d’agir seuls sans nous en référer.

-  Mais c’est incroyable de passer outre l’autorité de mon père ! C’est le décrédibiliser envers la population.

-  C’est justement ça le problème. Nous nous sommes réunis ton père, Altris et Jack. Il est clair que le Commandement Suprême a délibérément agi pour nuire en partie à son image. A priori, on estime en haut lieu que ton père est trop laxiste, et qu’il a laissé s’installer des contacts entre la province et les irradiés.

-  Et monsieur Carville, quel est son rôle dans tout cela ?

-  Il fait peut-être bien partie d’un réseau en contact avec des irradiés. Mais de là à fomenter un attentat contre le Palais... Ce motif est complètement absurde, mais parfois, plus c’est gros, plus ça prend. Pas auprès des gens de notre province, mais du reste de la population des Territoires sains. En tous les cas, ce motif a autorisé l’arrestation de notre instituteur par le commandement suprême
sans qu’on puisse nous-même l’interroger.

-  Et comme cela, le commandement suprême pourra avancer tout ce
qu’il souhaite, sans qu’on puisse avoir le moindre contrôle sur lui. Askyn acquiesce et reprend :

- Ton père ne peut agir pour l’instant. Il ne peut même pas lancer une

commission d’enquête. Altris pense que le commandement suprême va saisir ce prétexte pour mettre la province sous tutelle afin de surveiller directement nos agissements et ceux de la population.

Je suis abasourdie. J’ai l’impression qu’une partie de mon monde s’écroule. Je pensais vivre dans une province reculée, tranquille, sans histoire. Qu’en est-il au final ?

-  Le seul qui puisse nous éclairer, dit Askyn, c’est Sirius.

-  Askyn, as-tu bien réfléchi à tout cela ? A ce que ça signifie pour toi ? Tu viens de rentrer dans la garde du Palais, Jack va tout faire pour que tu prennes son poste. Tu risques de perdre tout cela.
Askyn se tourne vers moi et me regarde droit dans les yeux

- Parce que tu crois que je rêve de notre province sous contrôle du Commandement Suprême ? Plutôt mourir, ou partir dans ce cas-là, même chez les irradiés, puisqu’apparemment il n’y a plus aucun

risque !
Mon cœur se serre. Je ne peux lui dire, du moins pas encore, que bientôt les irradiés risquent d’affronter seuls une fois de plus une seconde tempête, alors que nous serons tous à l’abri dans nos vaisseaux en orbite autour de la terre.
- Tu as raison, dis-je en murmurant, il n’y a que Sirius pour nous

expliquer ce qu’il en est réellement. Mon père ne nous dira rien, et

d’ailleurs il n’en sait peut-être pas plus que nous.
Une grande lassitude me saisit d’un coup, et je ne peux retenir un bâillement. Askyn se lève, se penche sur moi, et dépose un baiser sur mon front. « C’est bon pour ce soir, tu devrais aller te coucher. Bonne nuit princesse »

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Je ne bouge pas de mon fauteuil. La porte se referme. Je fixe l’horizon. Je sursaute, Caramel vient de sauter à nouveau sur mes genoux. Il tourne sur lui-même plusieurs fois, puis finit par trouver sa position, se met en boule, et commence à ronronner en s’endormant. Je m’endors avec lui.

* **

Nous voilà de nouveau sur la piste pour nous rendre chez Sirius. Askyn a insisté pour s’y rendre rapidement. Il n’a pas eu besoin de me convaincre. Seul Sirius peut nous aider à y voir plus clair.

Tout est calme. Sheïtan nous accueille comme à l’accoutumée en hennissant. Je descends de la voiture, pars le caresser, bien que cela me coute de me déplacer avec mes béquilles. Je lui dépose un baiser sur ses naseaux si doux. Que va-t-il devenir avec la tempête ? Ont-ils prévu d’emmener certains animaux ? Comme dans l’ancien livre qui s’appelait la Bible ? Ce secret est de plus en plus lourd à porter.

La porte s’ouvre sur oncle Sirius. Il ne sourit plus comme la dernière fois. Je m’approche de lui et le serre dans mes bras.

-  Oncle Sirius. Monsieur Carville.

-  Oui je sais, me répond-il. Entrez, mes enfants.
Il s’écarte pour nous laisser passer et nous installer. Lui reste debout. Il marche de long en large. Askyn rompt le silence.

-  Sirius, que se passe-t-il ?

-  Avez- vous pris votre décision ?
Askyn lève les yeux au ciel.
- Tu crois vraiment que nous allons supporter le joug du
Commandement Suprême ? Après ça ? Je ne sais pas ce qu’a fait monsieur Carville, mais je sais que c’est un homme bien. Alors c’est suffisant comme argument.

- Et ta carrière dans la garde ?
Askyn le coupe de suite.
- Quelle carrière si nous sommes sous le joug du Commandement

Suprême ? Hors de question de mettre ma vie au service de ces

gens-là.
Sirius me regarde.
- Et toi ?
Je hausse les épaules.
- Comment oses-tu me poser cette question ? J’ai du me faire violence

pour aller au Collège et supporter tout cet endoctrinement parmi tous ces petits futurs chefaillons, mais les évènements prouvent que je ne m’étais pas trompée sur eux. Je vais bien être contente de mettre un terme à tout ça.

Sirius m’arrête de suite.
- Surement pas Aura. Il faut que tu retournes au Collège absolument.

Te souviens-tu de ce que je vous ai dit la dernière fois ? Ne fais pas la même erreur que moi. Si j’étais resté, j’aurais obtenu un poste élevé,

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et j’aurais été sans doute plus utile que maintenant isolé dans ma

montagne
- Mais utile à qui, oncle Sirius ? Et à quoi ? Maintenant, il faut que tu

nous expliques vraiment.

Sirius s’assoit en face de nous, pose les coudes sur ses genoux et se prend la tête dans ses mains. « Tout est allé si vite ».
Je n’ai jamais vu Sirius dans cet état là. Mais il se reprend très vite.
- Je vous ai dit lors de notre dernière rencontre qu’il y avait des

contacts entre les deux zones, entre les irradiés et nous. Il y a bien sur de nombreux échanges, lié au marché noir ou au troc. Ça, ça a toujours existé et on ne pourra jamais changer la nature humaine sur ce plan là. De même, il y a ce qu’on peut appeler des passeurs. C’est également humain, des familles cherchent à retrouver l’enfant, le frère, la sœur, dont ils ont été séparés.

Askyn se raidit à côté de moi. Il pense à sa mère. Mais nous laissons Sirius continuer.

-  Mais à côté de tout cela, s’est monté un réseau secret. Un vrai réseau
organisé, crée il y a une cinquantaine d’années. L’objectif de ce réseau est la réunion des deux territoires. Plus de zones, plus de populations séparées. Ce réseau est constitué de scientifiques, de commerçants, de politiques des deux côtés. Nos scientifiques travaillent depuis le début afin de trouver un remède contre les méfaits des radiations sur le corps humain. Il y a eu des progrès. Les scientifiques du Commandement ont mis au point il y a déjà longtemps un sérum qui permet de résister environ six heures à des irradiations sans être contaminé. Mais il est difficile de se le procurer. Ces scientifiques auraient pu chercher une solution permanente à l’irradiation. Mais comme je vous l’ai dit, ce n’est plus dans l’intérêt du Commandement Suprême.

-  Mais, dis-je, tu nous as dit que le taux d’irradiation avait quasiment disparu ?

-  Oui justement, et les scientifiques du Réseau, qui oeuvrent à la réunification, au lieu de continuer sur un remède préventif à l’irradiation, ont préféré choisir cette seconde voie, et se sont lancés dans des études démontrant que le taux de radiation est devenu quasi nul en territoire irradié. Nous récupérons ainsi des échantillons de la planète entière, zone irradiée et zone saine, afin de les comparer, pour établir une carte à l’échelle de la planète. De ce fait, nous avons mis de côté la question de l’antidote définitif contre les radiations. Il y a quelques années, nous avons été sur le point de le trouver, mais une opération a mal tourné. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur les analyses des échantillons, en espérant persuader la population des territoires sains de la fin du danger représentés par les irradiés. Et inversement.
Je suis étonnée. Quels dangers pouvons-nous présenter pour les irradiés ?
- Tous les irradiés ne souhaitent-ils pas retourner à la situation
d’avant Storm?

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Sirius secoue la tête.

-  Détrompez-vous. Cent cinquante ans se sont écoulés depuis. De
l’autre côté, la vie s’est également organisée. Avec un fort ressentiment, ce qui est compréhensible, envers nous. Une grande partie des irradiés vivent donc ainsi très bien, et comme chez nous, ceux qui sont au pouvoir ne souhaitent pas lâcher celui-ci. La situation est au final très similaire à la nôtre. Et les personnes de l’autre côté ayant rejoint le réseau ont exactement les mêmes problématiques que nous avec notre Commandement Suprême, même si le nom de leur système de gouvernance est différent. Ils doivent également avancer sous couvert d’anonymat, car ils courent les mêmes risques.

-  Et monsieur Carville, quel est son rôle dans tout cela ?

-  Le pauvre Philippe, dit Sirius sur un ton abattu. Il était juste un petit maillon de la chaîne. Il se contentait de récolter les échantillons pour les analyser. En effet, personne d’autre ne connaît mieux les plantes que lui. Il savait donc celles qui étaient sources potentielles
d’irradiations ou pas.
Les larmes me montent aux yeux. Monsieur Carville et ses plantes. Askyn me prend la main.

-  Mais comment le Commandement Suprême a-t-il su pour lui ?

-  C’est la grande interrogation. Il n’existe pas de liste officielle du
Réseau, pour éviter que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains. De même, nous ne connaissons pas tout le Réseau, afin de nous protéger mutuellement, notamment en cas d’arrestation. Nous avons tous également bien sur des pseudonymes, mais nous ne savons pas qui s’y cache derrière.

-  Mais alors, monsieur Carville sait-il que tu fais partie du Réseau ?

-  Il doit s’en douter, mais je ne l’ai jamais rencontré dans le cadre de ces activités. El il n’existe aucune preuve pouvant remonter de lui jusqu’à moi. Il était en contact direct avec les irradiés, c’est à eux
qu’il donnait les échantillons prélevés.

-  Mais que pouvons-nous faire pour l’aider ?

-  Pour l’instant, malheureusement rien, dit Sirius. Ou plutôt si. Il faut
reprendre votre vie normale. Toi au sein de la garde, en regardant Askyn, et Aura, il faut que tu te remettes vite de ta cheville pour regagner le Collège. C’est là que vous serez le plus utile, car vous allez pouvoir nous remonter des informations importantes.

-  Mais, demande Askyn, vous n’avez personne d’infiltré à ce niveau ? Sirius se renfonce dans son fauteuil.

-  Même si je le savais, je ne te dirais rien. C’est ça qui fait notre force
depuis toujours. Si un de nous tombe entre les mains du Commandement ou de la police chez les irradiés, il ne leur sera d’aucune utilité, et le Réseau perdurera.

-  Mais, demande Askyn, il y a bien un chef ?

-  Bien sur, il y en a deux. Un chez les irradiés, un chez nous. Mais
personne ne les connaît, à part sous leur pseudonyme. Hades et
Helios.

-  Les anciens dieux grecs, murmure Askyn, les ténèbres et le soleil

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- Oui, répond Sirius en souriant. Chaque dieu représente une valeur. Sirius nous regarde tous les deux.
- Voilà donc votre mission, mes enfants. Bon, il faut vraiment que

j’arrête de vous appeler ainsi.
Il se lève et nous dit :
- Maintenant, si vous voulez rejoindre nos rangs, il va falloir vous

trouver un pseudonyme.
Il marque une pause, semble réfléchir, puis dit en se retournant :
- Que pensez- vous de Castor et Pollux ? Les jumeaux inséparables? Je regarde Askyn

-  Ça me va parfaitement. Je choisis Castor, dis-je en lui tirant la
langue, c’est le dresseur de chevaux.

-  Va pour Castor princesse, me sourit-il. Moi je préfère Pollux, c’est lui
l’immortel. Sirius se lève.

-  Castor, Pollux. Nous faisons donc comme nous avons dit. Rien ne change dans votre vie. Vous serez nos yeux et nos oreilles. Je viendrais vous voir comme à l’accoutumée au Palais, mieux vaut maintenant éviter les déplacements ici.

-  Et toi, oncle Sirius, quel est ton pseudo ? Il nous regarde malicieusement

- Je porte déjà le nom d’une étoile. Inutile d’en avoir un autre.

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