24.

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Il est 8 heures.

Nous sommes en passe de quitter ce continent promis à la pire marée jamais enregistrée.

Je pense à ceux dans le monde qui, contrairement à nous, savent qu’ils vont mourir et qui doivent manquer d’oxygène tant le stress les étouffe.

Je pense aux siècles et millénaires d’évolution de notre espèce. Aux villes bientôt détruites. Au patrimoine mondial qui n’existera plus que sur des photos. Aux sites naturels qui ne ressembleront plus à rien.

Je pense aussi à l’héritage que nous laisserons aux survivants. Aux radiations des centrales nucléaires détruites qui vont se répandre sur tous les continents. Aux produits chimiques qui pollueront la terre encore pendant des décennies. Aux paquebots échoués en plein cœur de l’Autriche. À ces milliards de tonnes de déchets qui seront éparpillés sur des centaines et des centaines de kilomètres carrés. Si une civilisation venait à nous rendre visite dans cent mille ans, qu’en penseront-ils ?

À peine repérés, Kamel est venu à notre rencontre pour savoir ce que je comptais faire de Tino, car personne ici ne voudrait de lui dans le même compartiment, m’a-t-il confié. Je lui ai demandé si il y avait un endroit à l’écart des passagers, et il m’a parlé d’une sorte de local à l’avant, une petite pièce que seul un lilliputien nommerait cuisine.

À défaut d’autre part, nous nous y rendons tous les trois.

Tino subit la situation et ne semble pas enclin à perturber le voyage. Je crois même que je pourrais me permettre de ne pas l’attacher tant il semble doux et affectueux. C’est assez curieux cette propension à la mettre en veilleuse lorsqu’on est en position de faiblesse. À moins que ce ne soit parce qu’il est plein de bonne volonté. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je cherche seulement quelque chose sur quoi accrocher une des deux menottes.

— Vous laissez ici l’homme ?

J’ai bien reconnu la voix et l’accent de Bernie, mais en me retournant, je découvre un vieillard recouvert de sueur ; anxieux comme pris de panique avant de grimper dans un manège à sensation.

— Oui. Il va voyager ici. Nous discuterons de son sort à notre arrivée.

Pas sûr qu’il ait tout compris, mais il acquiesce avant de disparaître vers le cockpit de pilotage. Dans un premier temps, je me dis qu’il a peut-être des indications à donner à Dechard. Puis je comprends que ce doit être lui le co-pilote. Toute cette affaire n’est qu’une vaste loterie à laquelle j’ai choisi le bon jour de jouer. Probablement que l’ancien a un brevet de pilotage. Pas de quoi nous transporter de l’autre côté de l’Atlantique façon Indiana Jones, mais suffisamment pour assister Dechard.

Kamel repère un tube métallique qu’il m’indique du doigt.

— Là.

Je me tourne vers Tino et lui lance un regard menaçant – enfin ce que je pense être menaçant.

— C’est bon, tu feras pas de connerie ?

Hochement de tête négatif. Ma question était un peu sotte il faut dire, car bien con serait celui qui annoncerait le contraire.

Je lui détache une main et approche celle qui demeure emprisonnée vers le tuyau dont Kamel est en train de sonder la résistance. Je fais passer l’anneau et la chaîne derrière le tube et vise Kamel droit dans les yeux.

— Quoi ?

Et là, tout s’accélère en une fraction de seconde. Comme si l’évidence se révélait enfin à moi. D’un mouvement parfait, je claque la menotte sur le poignet de Kamel, stupéfait.

— Qu’est-ce que tu fais ?

Je recule d’un pas. Tino est tout aussi circonspect.

— Désolé, je ne peux pas.

— Tu peux pas quoi ? Arrête. Détache-moi.

— Je ne peux pas te détacher. Je ne veux pas que tu me suives. Les gens comme toi doivent vivre.

Son regard s’éclaire. Il vient de comprendre ce que j’avais l’intention de faire.

— Rémy, non. Détache-moi, bordel de merde !

Il tire sur son bras, embarquant par la même occasion celui de Tino, mais il est piégé. Impossible de passer entre la cloison et le tuyau. Impossible de tambouriner sur quoique ce soit et d’être entendu.

— Ne fais pas ça.

— Ne t’inquiète pas. Je vais donner la clé à Marjorie. Elle te délivrera. Merci pour ce que tu as fait pour nous. Merci pour ce que tu vas faire pour eux. Encore une fois, pardon, mais c’est toi qui dois rester. C’est toi qui dois les guider.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je sors et ferme la porte. Une de ces petites portes de chiotte d’avion.

À ma droite, l’accès à la cabine de pilotage est clos. Les moteurs ronronnent et j’entends le bruit de la rampe qui remonte lentement.

On attend plus que l’annonce du décollage. Et cette dernière intervient alors que je fonds vers l’arrière de l’appareil et ses sièges en rang d’oignon. Je reconnais la voix de Dechard.

Mesdames et messieurs, nous décollons dans moins de trois minutes. Veuillez vous assurer que votre ceinture est bien bouclée. Sauf incident majeur, nous devrions atterrir à Denver dans une dizaine d’heures. Bonne chance à tous.

C’est le genre de discours qu’on n’aurait pas du tout apprécié dans un vol commercial il y a un mois. On devra s’en contenter. Une trentaine de pauvres gens seraient prêts à voyager accrochés aux ailes de ce tas de ferraille s’ils le pouvaient.

Si tout se passe comme je l’espère, certains pourront faire mieux que ça.

L’ambiance est très calme lorsque j’intègre la zone où sont regroupés les passagers. Seul un bébé se manifeste de ses petits couinements et gazouillis.

En plus des rares hublots, on ne compte pas plus de quatre ampoules à basse intensité. Mais malgré la pénombre, je remarque Julia sur ma gauche. La pression qu’exerce le temps renforce l’acuité il faut croire.

Nos regards se fondent l’un dans l’autre, et je me retrouve à un fil de revenir sur ma décision. Il y a toujours une femme pour faire changer l’avis d’un homme. Ou plutôt, il y a toujours l’intérêt d’un homme pour une femme pour briser ses certitudes, car je ne suis plus certain de moi le temps de cet échange visuel. Un instant j’espère qu’elle ne se doute de rien. Un instant qui ne dure pas, puisque Julia a ce sixième sens qui nous échappe lorsque nous jouissons pleinement des cinq autres. Elle sait. Elle sait si bien que ses yeux se remplissent d’un mélange d’appréhension et de colère dont je préfère me détourner avec lâcheté – chassez le naturel, il revient dans un avion à réaction chez moi !

C'est ainsi que nous devrons abréger notre ni vraie ni fausse relation, me dis-je. L'abandonner à l’éternel stade de l'inabouti, du non-entamé. C'est dommage. Il y avait une belle histoire d'amour à gratter par-là.

J’aperçois Marjorie sur ma droite. Elle me lance un sourire qui ressemble à du soulagement. À cet instant, je pense qu’elle est heureuse. Heureuse de vivre, et c’est tout ce à quoi elle doit aspirer à son âge. Elle parvient encore à se détacher des circonstances désastreuses de notre départ. Ce dont je suis incapable. Et pour cause, c’est une enfant. Les enfants doivent vivre et n’ont pas à s’en justifier. Marjorie, Cody, les deux bébés et tous les gamins du secteur doivent vivre.

À côté d’elle se trouve un siège vide qui ne peut être que dédié à ma personne. Si je restais planté là quelques secondes de plus, je suis presque sûr qu’elle tapoterait dessus pour me signifier qu’il m’appartient.

Je m’approche et m’assois.

­— Ça va Rémy ? Tu es pâle.

— Oui. Tout va très bien.

Je laisse un temps mort. Je sais qu’il ne faudra pas en abuser si je veux que mon projet aboutisse.

— Marjorie ?

Elle a choisi un emplacement proche d’un hublot. Et ce dernier, pile entre nous deux, éclaire son visage d’une façon me ramenant instantanément à un épisode de mon enfance. Et plus précisément à une de nos aventures dans la 309 des parents.

À ce jour où Sara et moi avions eu cette conversation prémonitoire.

Cette fois-ci, c’était elle qui tenait le volant. Nous avions passé une bonne partie de la matinée au CHU de Nancy et elle était toujours triste durant les heures qui suivaient notre retour. Si bien que je prenais soin de ne pas la contrarier. Pas longtemps. Juste de quoi lui laisser le temps d’oublier son placebo de traitement et l’odeur de désinfectant et de médicament qui règne dans les hôpitaux. Et ça commençait par ce que qu’elle conduise notre voiture de location pour partir en vacances au bord de la mer.

« Alors, monsieur Bemaire, quelle destination cette année ? » Je maitrisais déjà la carte de France et aurait pu lui inventer de tête un itinéraire nous menant jusqu’au fin fond du Finistère ; une feuille de route comprenant des arrêts dans le quartier latin de Paris, la place du Champ-Jacquet de Rennes, puis quelques escales entre Saint-Malo et Le Conquet. Mais j’avais répondu d’un air détaché : « Le plus loin possible, tant que nous y allons ensemble. » Son sourire s’était effacé avant de réapparaître. « Oh ! Vous viendriez avec moi le plus loin possible alors ? Je veux dire, vraiment très loin ? » Malgré le rôle qu’on se donnait, celui du jeu, j’avais très bien compris le sens du message. « Je viendrai aussi loin qu’il le faut. »

Il ne fallait pas la contrarier.

Il ne fallait pas lui faire de peine.

Mais c’est à moi que j’ai fait de la peine ce jour là. Elle s’est inclinée de mon côté, son visage scintillant dans ce même halo que pour Marjorie aujourd’hui, ses yeux brillant de cette même touche d’espoir, et elle m’a dit : « Parfait ! Parce que j’ai vraiment très peur de voyager seule, vous savez. »

Ce jour-là comme le dernier, je me suis pourtant contenté de rester à côté d’elle. Sans l’accompagner nulle part.

Je sors la photo de ma poche arrière, elle a déjà un peu souffert des heures passées à cet endroit. Je l’observe une seconde et la dépose dans la main de Marjorie. Celle-ci la considère furtivement avant de me lancer un regard interrogateur.

— Je ne vais pas venir avec vous, Marjorie.

— Qu… quoi !

— Je ne te demande pas de comprendre. Pas maintenant. Il n’y a plus assez de temps. Je n’attends pas non plus de toi que tu penses chaque jour à moi ou même une fois par an. Je veux juste que tu gardes cette photo. Je veux que lorsque tu arrives à Denver, tu la mettes dans un endroit en sécurité, une boite, un coffre, n’importe quoi qui lui permette de continuer à exister. Est-ce que tu peux faire ça pour moi ?

Elle est tétanisée de surprise. Ses grands yeux bleus sont déjà gorgés de larmes.

— Je… hésite-t-elle.

— Je peux compter sur toi, Marjorie ?

Elle hoche la tête positivement, mais elle est en pleurs. Par reflexe, je cherche un mouchoir dans ma poche lorsque revient ce pauvre Kamel à mon esprit après avoir effleuré la petite clé.

— D’ici quelques secondes, d’autres gens vont peut-être quitter cet appareil. Mais il est hors de question que Kamel en fasse partie. Toi encore moins. Il y a une pièce à l’avant de l’avion. Lui et Tino y sont attachés par des menottes. Je te confie la clé. À toi de les délivrer. Je soupire. Marjorie, Tino n’est pas quelqu’un de bien. Il y a quelque chose qui déconne chez lui. Mais je veux que tu saches que c’est moi qui aie empêché son exécution. Je n’avais qu’un mot à dire et c’en était fini. Là-bas, en Amérique, tu feras ce que tu as envie de lui. Rien ne t’empêchera de te procurer une arme et de le faire payer. Quand tu feras ça, je voudrais que tu repenses à ton père. Ça devrait suffire à te faire réfléchir. Tout est encore en ébullition dans ta tête, et c’est normal, mais viendra un temps ou tu sauras ce qu’il faut faire. Et tu le feras bien.

Je me redresse et passe une main sur sa joue ; une seconde, deux peut-être, puis la retire.

— Je suis très content d’avoir fait ta connaissance. Et je suis extrêmement fier de toi. Le monde aura besoin de toi. Il t’en sera reconnaissant.

Je me redresse, et c’est alors que la plus grande décharge de courage jamais ressentie dans ma vie embrase mon corps.

— Écoutez-moi s’il vous plait.

Je répète une fois, deux fois et ne capte toute l’attention qu’à mon troisième appel.

— Je ne suis pas de votre village. Je ne suis pas de votre famille ni même l’ami d’aucun des vôtres. Je ne vous connais pas. Je sais pourtant ce que vous pensez au fond de vous. Je sais que vous entrevoyez des nuits terribles si notre plan fonctionne. Je le sais aussi bien que vous vous savez incapables de regarder par ces hublots en ce moment, car ce sont vos frères, vos amis, vos voisins que nous laissons là.

Je marque une brève pause. Déjà je sens la puissance des mots descendre le long de mon dos pour me ficher la chair de poule.

— Tout le monde doute et s’inquiète. Je sais que ces derniers jours ont été pénibles et affreux, que les prochains le seront peut-être davantage avec ce futur qui ne s’est jamais trouvé entre de si grands guillemets. Nous n’avons rien. Nous ne partons avec rien d’autre que ce que nous portons sur le dos, nos souvenirs et l’espoir de continuer à vivre. Mais je vais vous dire ce qui est le plus cruellement absent ici, ce que je n’ai pas encore vu. Ce qui devrait pourtant briller autant dans vos yeux que dans vos cœurs de pères et de mères. Ce qui est la cause même de notre existence et qui va au-delà de nos raisonnements et de nos convictions, puisque c’est inscrit dans notre ADN, nos fondements. C’est notre humanité.

Quelques-uns se mettent à cancaner. À se rebiffer. À me gronder comme si je venais de dégueuler sur leur honneur – un honneur qui est pourtant salement entamé selon moi.

Je cherche un autre ton au fond de ma gorge. Le ton implorant d’un homme loyal et en colère par exemple. Je ne me suis jamais tenu devant autant de personnes. Et encore moins lorsqu’une partie commence à se montrer vindicative à mon égard.

Je suis à deux doigts de me rassoir lorsque me revient ce discours qu’avait prononcé Robert Badinter à la commémoration 1991 du Vél d’Hiv. Cette journée-là, dédiée aux morts et à leur mémoire, avait été perturbée par des huées à l’encontre de Mitterrand. Badinter avait alors livré « avec toute sa force d’homme » une allocution de quelques secondes au terme de laquelle même la plus grande gueule de l’univers ne se serait permise de prononcer quoi que ce soit.

— Cette épreuve ne peut pas tuer notre humanité ! haussé-je fermement. Et s’il y a bien une chose qui devrait perdurer dans notre humanité, c’est notre volonté à sauver nos enfants. Sauver nos enfants pour leur donner la chance de créer un monde meilleur. Leur monde meilleur. S’il faut vivre en abandonnant ici l’avenir qu’ils représentent, ne comptez pas sur moi. Ça ne recommencera pas. Je n’abandonnerai plus jamais d’enfant.

Le silence est retombé. Je suis à bout de souffle et mes doigts tremblent.

Ma voix retombe d’une octave :

— Sachez qu’il n’est jamais trop tard. Qu’on peut toujours décider du sens que l’on veut donner à sa vie, à l’avenir. Vous pouvez descendre avec moi, laisser vos places aux enfants qui attendent dehors. Mais vous pouvez rester également. Ce choix vous appartient. Le mien est fait.

Ma voix s’écroule encore plus bas :

— J’étais trop petit pour faire quoi que ce soit pour sauver ma sœur. Je n’avais pas d’autre choix que de subir. Subir et me taire. Mais je tiens mon destin entre mes mains désormais. Et celui-ci n’a pas d’avenir parmi des gens qui ont perdu leur humanité. Oui, nous sommes des êtres humains, avec nos défauts et nos imperfections, mais nous ne sommes pas des lâches. Nous ne pouvons pas être lâches à ce moment crucial de l’humanité.

Je passe devant tout le monde, évitant de croiser un seul regard. Surtout celui de Julia.

— Je vais ouvrir cette porte maintenant, et partir. Je ne vous poserai qu’une question avant cela. Si par bonheur vous surviviez des décennies à cette journée, et que, vieux et fatigués, vous vous retrouviez à réfléchir à cette sombre époque, quel bilan ferez-vous ? Quelle empreinte laisserez-vous ?

Il règne un silence abyssal à la fin de mon plaidoyer. Même les bébés se sont tus. De toute ma vie, je suis persuadé que je n’ai jamais été aussi entier dans une déclaration. Et je suis persuadé que j’ai fait ce qu’il fallait.

Un premier homme se dresse en hochant la tête comme pour dire : Oui ! Oui mon gars, c’est ça. C’est ça que je veux faire !

Un deuxième, un troisième, puis presque tous les hommes se détachent et s’approchent de moi. Je n’ai pas le temps de les compter ni même d’approuver d’un geste de la tête. Sans perdre une seconde, je presse le bouton afin que l’immense trappe retombe vers le sol. Un mince rayon de soleil illumine les visages prostrés qui m’entourent puis les avale tout entiers. C’est ouvert sur la lumière. Cette lumière qui s’éteindra bientôt. C’est curieux comme les codes se sont inversés, car c’est bien la pénombre située dans mon dos qui représente la vie et l’espoir à cette heure-ci.

À ma grande surprise, il n’y a plus personne derrière les barricades. Les bannis sont sur le tarmac, progressant à grande foulée dans notre direction comme s’ils avaient espéré stopper un monstre de presque quatre-vingt tonnes en s’y agrippant ; ils ont dû trouver une brèche dans le grillage.

Je descends le premier de l’avion et avance vers eux sans me retourner.

— Il y a de la place pour les enfants et leur mère, déclaré-je de ma plus voix la plus persuasive.

L’extrême tension qui les animait à la grille a disparue. Elle a fait place à une forme d’instinct de survie animal. Les hommes ont compris ce qui était en train de se produire et ne cherchent pas à monter à bord. Ils offrent juste une accolade à leur femme et à leurs enfants, puis les repoussent afin qu’ils montent dans ce fichu avion le plus vite possible. J’aperçois que ceux s’apprêtant à me suivre subissent le même sort, à la différence qu’ils s’extirpent des bras familiaux dans des pleurs et des hurlements à glacer le sang.

Le transfert ne dure pas plus d’une minute.

Puis la rampe se referme presque instantanément, et l’appareil commence à manœuvrer.

Mon regard se focalise sur le hublot abritant Marjorie. Elle a posé sa main contre et suffoque de chagrin. Je suis encore sous adrénaline et ne mesure pas totalement le côté irréversible de ma décision. Je suis seulement habité d’un sentiment de fierté et de devoir accompli. Je lève néanmoins une main de salut. Une main d’au revoir qui retombe comme une feuille morte.

L’A400M accélère dans un bruit infernal. Il prend de la vitesse et se retrouve presque en bout de piste lorsque ses roues réparées par Kamel cessent de toucher terre.

Il est un petit plus 8 heures. Je suis en train de regarder mon seul espoir de survie s’envoler vers un pays que j’avais toujours rêvé d’explorer.

La tension redescend au fur et à mesure que l’avion se fait petit dans le ciel, et je commence à réaliser que je ne reverrai plus aucune des personnes que le commandant Dechard emmène au bout du monde. Un courant de fraîcheur se met à danser sur ma peau.

Il y a quelques gémissements mêlés à des murmures. Tous ceux que j’ai extirpés de notre Arche sont là, livides et sans but. Je les observe un à un, reconnaissant Fernois et Rommel avec surprise. Je ne ressens rien à leur égard. Peu importe qu’ils soient bons ou mauvais. Peu importe leurs actes passés. Ils m’ont suivi. Ils se sont sacrifiés.

Julia aussi.

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