Petite fille et gros cochon

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Je regardais l'assistance avec plus d'attention et me demandais si je n'avais pas la berlue.

 

Pas très loin de nous se tenait une femme qui semblait avoir avalé son parapluie. Elle portait des vêtements venant tout droit d'une grande puissance mondiale qui semblaient cousue d'or et de diamants. Mais c'était surtout son visage outrageusement fardé qui m'avait frappé dès le premier instant. Sous sa grande capeline à voilette, d'un autre âge mais hors d'âge, ces horreurs n'ont pas d'âge, elle portait haut la tête et regardait tout le monde d'un air tellement suffisant qu'on avait l'impression que personne ne pouvait l'atteindre. Si cette orgueilleuse s'était mise à enfler, elle aurait projeté ses brillants sur toute l'assistance !

 

Mon regard se porta ensuite sur sa voisine, une petite vieille rabougrie qui tordait son cou pour mieux voir tous les bijoux de la première. Les yeux étonnamment brillants pour son âge, elle semblait bien plus intéressée par le costume de l'orgueilleuse que par ce qui se passait ailleurs. On sentait en elle un mélange de réprobation sans faille et d'admiration retenue et furieuse. L'envie se voyait sur son visage et dans son attitude.

 

Pas très loin, se tenait un homme plutôt fort et baraqué, habillé comme un gamin de quinze ans avec des habits d'un autre temps. Il se dégageait de sa personne une impression d'ennui et de fatalité navrante. En l’observant davantage, je vis que son pantalon était tout élimé et beaucoup trop court au dessus de ses chevilles. Son manteau était d'une autre époque.

 

Cet homme semblait radiner sur tout et refusa même une pièce à sa petite fille qui aurait bien aimé faire hocher la tête de l'ange en mettant le sou dans le tronc sur lequel il était perché. La gamine fit une moue renfrognée puis se glissa dans un coin. Elle devait être habituée à la pingrerie de son père.

 

Elle se mit à m’observer avec le regard fixe qu'ont les gamins intéressés. On aurait dit qu'elle testait mon degré de résistance et ma capacité à soutenir son regard sans sourciller. Elle tourna la tête la première pour fixer un autre individu bien plus bizarre que moi ; un homme curieux qui la jaugeait avec un regard de concupiscence assez dérangeant. Il regardait d'ailleurs tout ce qui portait un jupon. Ses yeux faisaient le tour de la question, comme le grand méchant loup face au petit chaperon rouge.

 

Tout comme la bête aux dents longues, il se lécha les babines en parcourant l'assistance de ses yeux globuleux.

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