La robe de la mariée
L’homme chauve, gras et doucereux, était allé chercher la tenue de la mariée et la présentait à la comtesse avec un sourire onctueux.
En apercevant la robe, le visage de la vieille s’enlaidit encore d’avantage, alors que cela paraissait impossible. Je n’ai jamais vu un visage humain passer plus subitement de l’aimable au sévère, mais puisqu’il ne s’agissait pas d’humains, cela devait s’expliquer.
Elle déversa sur le malheureux une avalanche de propos malveillants singulièrement mal adaptée à l’atmosphère du moment et proféra de fortes et substantifiques malédictions qui révélaient une connaissance approfondie de la victime, embrassaient toute la durée de son existence, et s’étendaient même à ses ancêtres et à sa descendance sur plusieurs générations.
Le faciès du bonhomme affichait une expression de stupeur et de désolation telle que je n’en ai jamais vu avant ni depuis sur d’autres physionomies.
Redoublant d’obséquiosités, il se retira à reculons.
- "Qui est cette femme ?" demandais-je à mon hôte. - "Quelle est cette créature et pourquoi en veut-elle tellement à ce pauvre serviteur d'opérette ?"
Monsieur "D" ne daigna pas me répondre et reprenant le chandelier où il était resté, dans un coin de la pièce, se tourna vers moi et me fit signe de le suivre, ainsi qu’il l'avait déjà fait à plusieurs reprises depuis notre première rencontre.
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