Devinant que nous commencions à le prendre pour un fou, l’inconnu s’empressa d’ajouter : j’ai résolu, en commençant à vous relater ce récit, d'être absolument véridique en tout, et je le serai, dussé-je pour cela vous abasourdir de faits insolites, fantastiques et inimaginables.

Je n’attends plus rien de la vie. Pourquoi vous tromperais-je ? Il n'est pas dans mes intentions de vous étourdir d'ellipses abusives, de flous trompeurs, et d'escamotages indignes de moi et de votre perspicacité, mais vous admettrez, comme il me fallait en convenir alors, que ce qui m'arrivait dépassait l'entendement !

Monsieur " D " le lut également sur mon visage et crut bon d'ajouter : Vous comprendrez plus tard. Contentez-vous, pour le moment, de nous suivre à la cérémonie de mariage de notre chère Abrahel.

N'ayant rien de mieux à faire, ni aucun rendez-vous sur mon agenda, j'acceptai sa proposition, et lui demandai en désignant la vieille et son chevalier servile:

- Ces gens comprennent-ils que vous vous adressez à moi ?

- Ces gens ne comprennent rien, ils ne sont pas programmés pour comprendre, vous savez. Ils sont juste là pour meubler le décor, pour faire plus "vrai", plus vivant. Ils sont totalement virtuels et s'ils se sont adressés à moi tout à l'heure, c'est parce qu'ils obéissaient à une programmation tout à fait particulière, celle du mariage de Abrahel.

C'est moi qui organise tout. Abrahel l'a voulu et ce que Abrahel veut...

Mais allons donc dans la basilique, le "plateau technique" nous y attend. Je suis sûr que cela va vous passionner, cher ami. Vous allez enfin savoir ce que sera la société du troisième millénaire, et je pense que cela va vous surprendre.