Tout ce que je voyais était-il vraiment le symétrique de mon propre appartement, ou était-ce moi qui avais la tête à l’envers ?

J’ai bien essayé de retenir le temps en me concentrant sur chaque seconde, pour que cesse ce cauchemar, mais rien à faire.

Comme je renvoyais un regard de bœuf à l’archaïque comtesse, elle répéta :

- Abrahel vous attend, Monsieur D, préparez-vous.

- Mais je ne suis pas Monsieur D !, dis-je sur le ton que l’on sert aux fous totaux pour les amadouer en attendant l’arrivée de l’ambulance.

Elle éclata d’un de ces rires exaspérants d’imbéciles, bruyants et à pleine mâchoires, mais qui voulait dire « qu’il est drôle, tout de même, ce Monsieur D en disant qu’il n’est pas Monsieur D ! ».

Un doute étrange et angoissant s’empara autoritairement de tout mon être. Un doute qui s’est mis à tourner dans ma tête comme une pièce de monnaie dans une assiette, accélération de l’évidence contre laquelle on ne peut rien.

Je me précipitai devant la psyché posée près de la fenêtre, miroir à la beauté unique, qui restait dans notre famille depuis plusieurs générations, mais dont la décoration inimitable était ici parfaitement symétrique à l’objet que je connaissais bien.

Elle ne reflétait aucune image.