Partie 3.1

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— Alors Solène, tu ne t’es toujours pas décidée ?

Je termine de mâcher mon morceau de viande avant de répondre à mon cher grand-frère.

— Josselin, je te prierai de te mêler de tes fesses.

Il fronce les sourcils alors que la petite Emilie, 3 ans, pouffe de rire. Aurélie, 7 ans, imite son père.

— Tante Solène, ce n’est pas bien de dire des gros mots, me dit-elle de sa petite voix trop sérieuse pour son âge.

— Aurélie, ma chérie, fesse n’est pas un gros mot, je lui réponds en lui faisant une petite pichenette sur le nez.

Elle est tout le portrait de mon frère, contrairement à la plus jeune. Emilie est la copie de sa mère. Nous mangeons dans leur grand appartement propret, dans un quartier résidentiel. Il est décoré avec goût. Les meubles sont essentiellement en bois. Ils rendent l’atmosphère chaleureuse.

— Solène, pour le bien de mes enfants, fais attention à ton langage, me sermonne gentiment leur mère, tout en donnant une cuillère de purée de carotte au petit dernier.

Je regarde mon neveu, un petit Sloane. Une vraie gueule d’amour. Il me ferait presque regretter de ne pas avoir d’enfant. Presque. Quand je pense à ce qui l’attend…

Je pose une main sur mon ventre. Une légère nausée me taraude. Je me suis rendue chez le médecin près d’une semaine auparavant, inquiète à l’idée d’avoir attrapé une infection. Devant les symptômes qui ne disparaissaient pas, le docteur m’a prescrit des examens. D’après lui, ce n’est sûrement pas grand-chose. Les résultats de ma prise de sang devraient arriver d’ici quelques jours.

— Tu devrais te dépêcher de prendre une décision. Le ministère t’a envoyé une lettre, non ?

Je hoche lentement la tête, rembrunie.

— J’ai lu un article l’autre jour. Ils veulent mettre en place des actions spéciales pour les personnes qui ne veulent pas avoir d’enfant. Tu ferais bien de ne pas prendre leurs menaces à la légère.

Je joue quelques instants avec le reste de ma purée, le regard dans le vide. Un ange passe.

— Tu ferais bien de trouver quelqu’un, insiste-t-il.

Je pose brutalement ma fourchette.

— Tu peux arrêter maintenant, s’il-te-paît ?

Je lui adresse un regard noir.

— Je fais ce que je veux de ma vie. Est-ce qu’on est d’accord là-dessus ?

Emilie me regarde, la bouche grande ouverte, alors que sa sœur me fixe avec désapprobation. Marie essuie la bouche de son petit dernier avant de se tourner vers moi.

— Solène, je sais que l’idée d’avoir des enfants ne te plaît pas. Mais pour ton bien, ne tarde pas trop. Nous ne voulons pas qu’il t’arrive quelque chose.

Josselin pose sa serviette sur la table et s’en va sans un mot pour moi. Je le suis des yeux, partagée. Aurélie descend de sa chaise et court à sa suite.

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