Partie 2.1

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Ma tête me fait mal. Mon ventre me fait mal. Je me redresse en sursaut dans mon lit et file aux toilettes. Je vomis tout ce que je n’ai pas mangé depuis la veille au soir. Beaucoup de liquide. A l’odeur nauséabonde. Mes cheveux se prennent dans les restes de mon estomac. Les haut-le-cœur redoublent. Lorsque j’ai vidé l’intégralité de ce que j’avais dans le ventre, je me redresse.

Je jette un œil autour de moi, sur ma petite salle de bain. Un regard sur ma tenue m’apprend que Paul Fink ne m’a pas déshabillée. Je pousse un soupir de soulagement en me laissant glisser sur le carrelage froid.

Je rouvre les yeux. Quelle heure est-il ? Je me redresse rapidement et le regrette aussitôt. Mon estomac n’était pas si vide finalement. Je bascule la tête dans la cuvette et lâche une nouvelle salve. Écœurée, je me lève en titubant. Il fait déjà jour. J’ai certainement loupé mon réveil. Je me dirige vers ma chambre et attrape mon téléphone.

10h15. Je jure. J’attrape rapidement de quoi me changer et me glisse sous la douche. J’anticipe déjà ma journée pourrie. Mon chef va me hurler dessus et m’envoyer dans le pire coin de la ville. Je vais être de corvée de crottes de chiens pour les 3 prochaines semaines au moins. Mon estomac se révulse à cette idée.

A peine habillée, je file par la porte d’entrée de mon minuscule appartement. Je prends le premier bus et je prie pour que mes collègues soient indulgents. Tout le monde est acariâtre là-bas. Personne n’apprécie le fait d’être un Ouvrier. Encore moins quand le métier consiste à ramasser des ordures.

Je profite du moment de répit que m’offre le trajet en bus pour regarder par la fenêtre. Toujours ces habituels grands bâtiments gris. Les villes sont très concentrées, on entasse les familles en hauteur plutôt qu’en longueur. Contrairement aux photos que l’on peut trouver dans les musées d’Histoire, la végétation est reine au-delà des murs des cités. Les anciennes bâtisses disgracieuses ont été rasées, laissant la place aux champs nécessaires pour produire de quoi nourrir la population. Les pâtures se partagent la terre avec la nature sauvage. Les forêts et les plaines ont repris leurs droits. Et les animaux qui vont avec. Il est interdit de les chasser pour qui n’en n’a pas fait son métier.

Le bus s’arrête au bout d’une dizaine de minutes. La porte franchie, je cours vers le bâtiment en mauvais état qui tient lieu de quartier général de notre société. Nettoyage and Co. Les rues propres, c’est chez nous ! Je pose une main sur mon ventre pour combattre la nausée qui m’envahit. Je me dépêche de rejoindre les vestiaires et commence à me déshabiller.

— Solène !

Je sursaute. Mon chef n’a aucune raison de se trouver dans cette partie du bâtiment, encore moins dans le vestiaire des filles. Je me retourne, les joues rouges, une main sur mon uniforme que je tiens sur ma poitrine.

— Vous n’avez pas à être là ! je piaille.

— Et vous, vous n’avez pas à être en retard !

Je tente de répliquer, observant sa moustache proéminente et ses cheveux roux clairsemés, sans qu’aucun mot ne me vienne.

— Alors dépêchez-vous de vous habiller ! postillonne-t-il, rouge de colère.

Il claque la porte avant d’ajouter, hurlant.

— Quartier des immondices pour vous aujourd’hui !

Je pousse un profond soupir et me tape la tête contre le mur le plus proche. Grosse erreur. Je gémis puis murmure.

— Oui, mon capitaine…

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