18 Avril 2018 – 18h58

2 minutes de lecture

Brasserie de la Sainte-Croix

Comme je l’avais prédit, mes relations avec Gabriel avait changé. Nous étions de nouveau amis depuis deux semaines environs et le début avait été chaotique.

La première fois que nous nous étions revu, le lendemain de ma rencontre avec Vincent, nous avions juste pris un caf ensemble, pour repartir en douceur. Ce jour-là, Gabriel ne pouvait pas soutenir mon regard plus de trente secondes et parlait à peine, me laissant faire la totalité de la conversation. J’avais donc parlé de choses banales : mon travail, la demande d’adoption de Zoé, la naissance du quatrième enfants de Margaux et Valentin. Gabriel m’écoutait, touchant à peine à son café, sans dire un mot de plus d’une syllabe. Ce jour là, notre rendez-vous amicale s’était terminé en moins d’une heure et en voyant Gabriel repartir la tête et les épaules basses, j’avais su qu’il ne s’attendait pas à ce que je le recontacte. Pourtant j’avais persisté, l’invitant à manger une fois par semaine. Et Gabriel s’était déridé petit à petit.

Quant à moi, je faisais bonne figure devant Gabriel mais j’avais un peu de mal à passer à autre chose. Je refusais tous les rendez-vous qu’on me proposais et me noyais toujours plus dans le travail. Je sortais rarement avec mes collègues ses derniers temps et je savais que Zoé s’inquiétait pour moi, même si elle ne me disait rien. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne prenne les choses en main.

Gabriel n’était pas revenu chez moi depuis ce jour dans la cuisine et s’était tout aussi bien. Nous ne nous rencontrions que dans des endroits publiques, le plus souvent dans notre petite brasserie. Je ne lui demandais rien sur ses amours et il ne me posait pas de question non plus, bien qu’il ait remarqué les applications sur mon téléphones. Je ne lui avait pas dis que je ne voyais personne. Une petite revanche mesquine de ma part mais légèrement satisfaisante. Au moins, je n’étais pas le seul à souffrir.

Comme d’habitude, j’arrivais le premier à la brasserie. Je m’assis à notre table habituelle en attendant Gabriel, qui ne tarda pas à arriver. Il regarda vers notre table et me sourit. Je sentit mon cœur faire un salto arrière dans ma poitrine. Je fis un signe de la main à Gabriel, j’évitais de le toucher au maximum.

Le repas se déroula comme les derniers, avec un peu de gène dans l’atmosphère au début, puis plus détendu au fur et à mesure. Nous parlions de tout et de rien, évitant à tout prix les sujets qui fâche.

A la fin du repas, nous sortîmes du restaurant et nous nous dimes au revoir comme d’habitude. Sauf qu’avant de partir en direction du métro, Gabriel déposa un léger baiser sur ma joue. Ce n’était rien de plus qu’une pression de ses lèvres, pendant deux secondes top chrono, mais je me sentais comme si un tsunami ravageait mon cœur et mon âme.

_ Merci Alexandre, pour tout.

Gabriel me chuchota ces mots à l’oreille avant de partir à grand pas vers la station de métro, les mains dans les poches de sa veste, sa mince silhouette disparaissant rapidement dans l’obscurité. Je rentrais chez moi, ne sachant pas trop quoi penser des actions contradictoires de Gabriel.

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