Faculté de Médecine de Aix-Marseille

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Septembre 1999-Août 2006

Marseille

Entrer à l’Université fut pour moi une véritable bouffée d’air frais, une dont j’avais désespérément besoin. Mes parents auraient préferé que je fasse mes études à l’université de médecine de Nantes afin de rester près de chez eux, mais je voulais partir, explorer de nouveaux horizons. Je postulais donc à toutes les grandes universités françaises. Grâce à mes excellentes notes et à mon dossier, je fus pris partout, et je choisis de m’inscrire à l'université la mieux côtée, avec le plus hauts taux de réussite en médecine. Je finis donc à l’université de Marseille. J’avais hésité à choisir une université parisienne, pour essayer de retrouver Gabriel, mais ne sachant même pas si Gabriel se trouvait toujours à Paris, où en France, j’abandonnais rapidement l’idée. Pour ce que j’en savais, il aurait tout aussi bien pu se trouver sur une plage de sable fin dans une île tropicale, où chevauchant une Harley Davidson, parcourant la route 66 aux États-Unis. J'exagère sûrement un peu, mais le fait que Gabriel ne m’ait pas recontacté depuis presque deux ans ne jouait pas en sa faveur. Lorsque je déménageais à Marseille, je laissais tout ce qui avait un rapport avec Gabriel, lettres et photos chez mes parents, soigneusement rangées.

Pour ma première année loin de chez moi, mes parents m’avaient pris un petit studio dans une résidence étudiante, proche de la fac. Ce n’était pas très grand et pas très propre, mais c’était chez moi, et je m’y sentais bien. De plus, je passais la majeure partie de mon temps à la bibliothèque ou en cours, travaillant d'arrache-pied pour obtenir le meilleur dossier possible dès maintenant.

Le tout premier jour de cours, je rencontrais Zoé, celle qui deviendrait mon amie la plus précieuse durant de longues années.

Loin de chez moi, dans un nouvel environnement, ma timidité avait commencé à pointer le bout de son nez. Pour le premier cours du semestre, intitulé Anatomie général, ne connaissant personne, je m’étais installé seul, au second rang de l'amphithéâtre. Entendant les autres élèves arriver en groupe, parlant et rigolant, je m'étais mis le nez dans un livre, attendant avec impatience que le cours commence.

Juste avant que la sonnerie ne résonne, une fille ressemblant à un lutin, avec des habits muticolore et une coupe pixie, le bout de cheveux d'un joli bleu éléctrique, se jeta sur la chaise juste à côté de moi. Avant que nous n’ayons pu faire les présentations, le professeur entra dans la salle et réclama immédiatement le silence.

A la fin de ce premier cours il était midi, et ma voisine de table me proposa d’aller manger ensemble à la cafet. Impatient de me faire des amis, J’acceptais sans hésitations.

Zoé et moi, nous nous découvrîmes de nombreux points communs assez rapidement. Pour commencer, et c’est ce qui nous rapprocha véritablement en premier lieu, c’est notre homosexualité. Zoé était lesbienne, et contrairement à moi qui avait encore un peu de mal avec mon orientation sexuelle, Zoé était totalement à l’aise, ne cachant pas des préférences. Zoé avait redoublé sa première année à cause de problèmes familiaux, et c’était donc sa dernière chance de passer le concours des métiers de la santé. Le rêve de Zoé était de devenir psychiatre dans le milieu hospitalier. J’appris rapidement que c’était à cause de sa mère qui avait une schizophrénie assez sévère.

Grâce à Zoé, et à sa constante bonne humeur et surtout à sa vision assez libéré des choses, je devins plus à l’aise avec le fait d’être gay. Je me souviens particulièrement d’une journée, pendant les vacances de Pâques, où Zoé vint me rendre visite dans mon appartement. Nous faisions des journées films de temps à autres, lorsque nous n’en pouvions plus d’étudier. Pour ces journées, nous choisissons des films chacun à notre tour et l’autre devait les regarder sans discuter. Ce jour là, c'était le tour de Zoé de choisir les films, et elle était arrivée avec les bras pleins de film pornographiques, gay bien évidemment. Et elle m’avait forcé à tout regarder. Ça avait été une expérience à la fois humiliante et enrichissantes. Et sans les commentaires de Zoé toutes les cinq minutes, ça aurait même pu être assez excitant.

Zoé était un vrai papillon sociale, et elle changeait de partenaire comme de chemises. Elle se faisait larguer assez régulièrement, et moi de mon côté je n’arrivais à sortir avec personnes. Alors ça devient notre tradition, quand l’un où l’autre avait une déception amoureuse, l’autre devait lui louer un film pornographique et le regarder jusqu'à la fin, ensemble. Ça peut sûrement paraître étrange, mais ça finissait toujours par me remonter le moral, pour une raison un peu mystérieuse.

A la fin de la première année, Zoé et moi réussîmes tous les deux le concours. Nous décidons donc de partager un appartement. Nous avions chacun notre chambre, avec une salle de bain, un cabinet de toilettes, un salon et une cuisine. L’appartement était spacieux et bien placé, un vrai bonheur.

En seconde année de médecine, Zoé finit par rencontrer l'amour de sa vie, Valentine, étudiante de deuxième année en vétérinaire. J’aimais beaucoup Valentine. Si Zoé avait tout d’un lutin malicieux avec ses cheveux rose depuis quelques mois et ses lentilles de couleur farfelue, Valentine avait tout de la star de cinéma, grande et élancée, avec de long cheveux blond sale et des yeux chocolat. Elles formaient un couple pour le moins saisissant.

En troisième année, à 21 ans, je rencontrais mon premier compagnon, Jérémy. Nous restâmes ensemble pendant 2 ans environs, avant qu’il ne reçoivent une offre de travail à l’étranger, et que nous nous séparions. Jérémy fut mon premier baiser avec un homme, ma première expérience au lit, mon premier partenaire sur du plus ou moins long termes. Ce fut une relation sans drames, sans disputes, et si le départ de Jérémy me rendit très triste, ce fut une séparation assez calme, des deux côtés. Après la fin de cette relation, j’entrais en 5ème années de médecine et je passais de plus en plus de temps à travailler car les Épreuves classantes nationales (ECN) approchait à grands pas. Après mon premier stage chez un médecin généraliste, j’avais finalement décidé de me lancer vers la chirurgie traumatologique. Ce qui voulait dire que je devais très bien me placer aux ECN pour avoir la place que je voulais. J’eus bien quelques histoires courtes durant ces deux années, mais rien de très mémorable. Je ne comptais de toute façon pas rester à Marseille pour mon internat.

A la fin des ECN, Zoé et moi eûmes nos premiers choix pour notre internat. Je partais au CHU de Bordeaux, pour mon internat en chirurgie en orthopédie et traumatologie, tandis que Zoé partait dans un hôpital parisien en psychiatrie. J’étais triste de quitter Marseille, notre appartement et Zoé, mais je savais que ce n’étais qu’un au revoir, et je partais faire ce que je voulais. De plus, Zoé partait à Paris pour rejoindre Valentine qui faisait son dernier stage avant son diplôme. La clinique où elle travaillait actuellement lui ayant offert une place, et les deux filles avait finalement décidé de s’installer ensemble, j’aurais sûrement été de trop.

Avant de déménager à Bordeaux, je passais les deux mois d’été à Nantes. Je n’étais pas beaucoup rentrer ses six dernières années et mes parents me manquaient. Je retrouvais aussi avec plaisir des anciens amis avec lesquels j’avais perdu contact. Margaux et Valentin avait finit par se marier et cette dernière attendait leur premier enfant. Nous nous réunîmes tous pour un dîner. C’était un peu étrange de les voir tous rassemblé là où tout avait commencé. je ne leurs avait pas parlé depuis six ans pour certains, et pourtant c’était comme si on s’était quitté hier. La seule différences était que nous pouvions boire de l’alcool légalement. En les regardant tous assis autour de moi, en riant et en se remémorons nos meilleurs souvenirs du collèges et du lycée, je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que Gabriel devenait. Allait ils encore à l'université quelque part, se préparant à rentrer en doctorat? Ou travaillait il déjà, sur des fusées comme il l'avait révé il y longtemps. Se soir là, je ressenti son absence comme jamais, comme un trou dans mon coeur et dans mon âme dont j'avais oublier l'exixtence. Silencieusement, je levais un verre à mon ami perdu, en faisant le souhait de le revoir un jour.

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