Confrontation

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Ils tambourinent à la porte, nous ordonnent d’ouvrir. Nos nourrices prennent peur et leur obéissent. Alexandre Hélios se redresse. Des soldats s’engouffrent dans notre minuscule logis en poussant cruellement nos deux protectrices. Mais je le voie immédiatement : Octave. Il tourne son regard sur moi et vient dans ma direction. Je ne bouge pas, il ne me fait pas peur.

Tu seras une grande Reine, ma fille…

Toi, tu n’es rien. Les dieux te puniront et je serais leur main, ton fléau…

Il me crache à la figure :

—Fille de sorcière…

Sa main puissante s’abat sur ma joue déjà meurtrie par ses coups. Je perds pied un instant, j’entends des cris et la voix d’Alexandre.

—Mettez-là dans la cale et couvrez-lui la tête.

Un soldat me soulève de terre, puis, ils me sortent de la cabine, je ne touche pas le sol. L’aigle a peur du chacal. Il pense le faire disparaitre en lui ôtant la vue mais ignorant comme il est, il ne sait pas qu’à partir de ce jour, il lui mange les entrailles tel un ver.

Nous arrivons dans la cale du navire, où l’odeur de transpiration, d’humidité, de sang me soulèvent le cœur. J’y reconnais des personnes, notamment des soldats de « Tata », enchaînés. Ils me jettent sans ménagement à terre, ma robe de lin se déchire. Ils m’entravent les poignets et les chevilles avec ces bracelets de fer.

A ce moment, j’ai peur.

Mama[1], excuse-moi, je ne dois pas mais j’ai peur : ils vont me faire mal comme à Téti, mon amie. Je l’ai vue : ils lui ont attaché les bras, ils l’ont frappé, elle pleurait et un de ces hommes s’est allongé sur elle, elle a crié, elle a pleuré et eux ont ri. Samout m’a expliqué qu’ils l’avaient déshonorée et je ne veux pas être déshonorée, mama, je n’ai que onze ans…

Excuse-moi, maman, j’ai peur, pardon de pleurer.

Je le vois s’approcher, je recule et il éclate de rire : ce rire de chacal, puis il me colle son haleine fétide près de mon visage.

—Ne t’immisce plus jamais dans mon esprit, sale petite sorcière, sinon, je te tue.

Mais cet homme, ce général : Agrippa, lui conseille :

—Non Caesar, tu ne peux pas ! Tu l’as promis au peuple d’Egypte et ce sont les enfants de Marc Antoine. Il faut les préserver pour montrer ta grandeur.

Il écoute mais reste à me regarder avec ses petits yeux perçants. Une voix faible s’élève :

—N’insulte pas la Fille de la Lune, grand César, n’ignore pas le pouvoir des Dieux.

Je reconnais Caïus, le bras droit, l’ami de Tata, il lui a toujours été fidèle jusqu’au bout, mais à peine a-t-il fini sa phrase qu’une lame de glaive le transperce. Je crois que je hurle, je crie ma peur, ma souffrance même si un sac noir vient se figer sur mon visage.

—Voilà ce qu’on réserve aux traites, petite sorcière, alors réfléchis bien… Vivre ou mourir…

Je continue de pleurer mais très vite une chaleur envahit mon corps et soudain la nuit tombe : le noir envahit mon esprit.

[1] Maman en latin

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