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Devant lui se dressait une gigantesque grille... ouverte ! Il eut du mal à croire qu'il était si simple de partir. Si c'était le cas, pourquoi tout le monde ne le faisait-il pas ? Cependant, il connaissait déjà une partie de la réponse à cette question : pour partir, il fallait savoir que cela était possible, y croire. Quelqu'un qui l'ait fait devait retourner prévenir les autres. Et il savait pertinemment qu'aucune personne sensée ne reviendrait sur ses pas après avoir accompli un si grand chemin vers la liberté, simplement pour que chacun en bénéficie.

Il ne soupçonna pas un piège supplémentaire devant ce portail, rendu inutile car jamais fermé, n'étant pas encore suffisamment expérimenté dans le domaine de l'imagination pour ce genre de projection. Au moment où il franchit la fameuse grille, l'ombre apparut dans son champs de vision. Elle s'approcha de lui et il distingua enfin ses traits. Une fille. Mais pas du tout comme celles qu'il voyait d'habitude : d'abord elle n'était pas couverte de boue et de poussière, et ses cheveux avaient l'air doux, tout comme ses vêtements qui, en plus, semblaient chauds, comme la couverture qu'elle lui avait donnée (d'où, probablement, l'absence de couche de boue isolante). Il se demanda pourquoi elle ne s'était pas approchée avant. Et pourquoi le faisait-elle maintenant ? Savait-elle ce qu'il allait devenir, maintenant qu'il n'avait plus de travail, ni même d'assurance de ne pas mourir de faim ?

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Elle s'approcha de lui, sans trop savoir quoi faire, ni quoi dire à une personne qui avait vécu tant de malheur en si peu d'années. Alors, elle lui mit son poncho bien chaud sur les épaules, le prit par la main, et l'entraîna vers la Boutique. Les paroles seraient pour plus tard.

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Des émotions et sentiments très variés l'assaillaient : peur, surprise, joie, incompréhension... Des pensées, aussi. Où l'emmenait-elle ? Il avait trouvé sa présence bienveillante mais... s'il s'était trompé ? Peut-être qu'elle l'avait aidé à être libre et à ressentir toutes ces nouvelles choses juste pour le ramener à la Firme et rendre sa souffrance plus grande encore. Peut-être qu'elle lui laissait goûter au plaisir de sentir sa vie pulser dans tout son être seulement pour retourner à l'état de demi-mort qui avait caractérisé ces dernières années et qui lui deviendrait insupportable. Il découvrait peu à peu l'autre face, obscure, de l'imagination : la peur de situations inventées de toutes pièces.