Chapitre 33 - La goutte d'eau qui mit le feu aux poudres

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*Maty

 Elle toussa, et s'essuya la bouche. Quelle fut son horreur quand elle découvrit du sang… son sang étalé sur son poing. À cette vue, elle commença à trembler, mais se ressaisit vite. Non… pensait-elle, non, je ne dois pas céder à la panique. Les autres comptent sur moi et je dois absolument les aider. Elle décida donc de marcher en direction du Trou, afin de retrouver ce mystérieux « T. ». Elle en avait le cœur net : si elle arrivait à lui parler, la résolution de ses problèmes serait sur une bonne voie .

 Maty n'était pas forcément inquiète pour son propre état, mais c'était surtout celui de son amie Eikorna qui lui tenait à cœur ; celle-ci, après une si longue exposition à l'obscurité et à ces pierres, était si décharnée qu'on aurait pu voir à travers elle, s'il y eût assez de lumière. Elle toussait, elle-aussi, et crachait non pas du sang mais une bile noire d'odeur infecte. Les pierres, elles, brillaient parfois si fort qu'elles éclairaient cette substance et laissaient entrevoir des formes étranges. Déroutantes. Fantasmagoriques.

 S'enfonçant dans des ténèbres insondables, sûrement « pleines de microbes de l'oubli », comme son ancien camarade se plaisait à dire si souvent. Il n'avait possiblement pas tort, mais, désormais, ça n'avait pas grande importance. Non… Ce qui… Ce qui est important, là… maintenant, c'est de sortir d'ici…

 Ce fut une randonnée assez longue, tandis qu'elle déambulait parmi les autres prisonniers, humains ou non. Parfois, elle reconnaissait des visages familiers. Malheureusement, elle n'avait pas le temps de leur parler. Elle devait avancer. Avancer. A...van...cer.

 Ses membres manquèrent de la laisser tomber au fond du ravin, mais une personne la retint de justesse. Elle se retourna et aperçut un homme, grand et fort comme un bûcheron, avec ces gros bras-rondins couverts de longs poils, qui la dévisageait. Dans son dos, et Maty sentit son cœur bondir, se tenait le fameux « T ».

 Elle était arrivée au Trou.

* * *

— Tu nous as trouvé, c'est déjà assez spectaculaire…

 Maty sourit de toutes ses dents, et but la boisson que les résistants lui avaient offerte. C'était doux et sucré, et ça lui redonna un peu d'énergie. Assis autour d'un cristal rougeoyant et chaleureux, les rebelles étaient bien cachés au fond du trou : personne ne se serait douté qu'un tel endroit puisse exister.

 « T » ne lui avait pas dit son nom ; pour se protéger, avait-il dit. Toujours la même bouille pâle, les mêmes cheveux roux. Au premier abord, Maty l'avait pris pour un gros balourd, mais en fait c'était un jeune homme rêveur, qui cherchait un remède aux chaînes qui gangrenaient sa liberté.

 Le reste de la bande (ils n'étaient que huit, T compris) était hétéroclite : il y avait Rubert, un terrien qui avait été capturé dans son domicile par des chasseurs de tête, parce qu'il avait hébergé un opposant politique mourmion, et on lui avait coupé la langue pour avoir menti au confesseur. Finch, un Feurailleur de 6 ans, à qui on avait fait fondre deux de ses bras pour éviter qu'il utilise sa force contre les gardiens. Garret, un Hïïlspilit, une sorte de phénomène ambulant, électron libre sans attaches particulières. Miyi, une femme de chambre de noble qu'on avait surprise en train de mettre du poison dans le lait de son maître, parce qu'il l'avait violée à plusieurs reprises. Fraslariul, un homme poisson privé de la vue par un éclair de magie tiré dans la foule lors d'émeutes anti-mages ; Jkkikkn, une Sl'sss (très dur de parler avec elle), sorte d'insecte du désert douée d'une conscience collective, qu'on lui avait retirée de force, et Bal, une mi-fouine, mi-femme qui avait été prise en tant que coupable dans une affaire de vol, et privée d'odorat. Maty se rendit compte qu'à chacun d'entre eux, on avait retiré leur principal atout pour éviter qu'ils se rebellent.

 Et puis il y avait T. Lui, il avait perdu l'usage de ses doigts, de sa dextérité. Impossible de faire des dosages, des travaux manuels qui nécessitaient une certaine adresse des doigts. Impossible de jouer des instruments aussi.

— C'était assez simple, répondit ponctuellement Maty. J'ai hérité du gène de l'orientation.

— Tant mieux, alors… Les doigts de « T » tremblaient tandis qu'il tentait de boire sa tasse, attachée et fixée à son poignet par précaution. Parce que c'est toi qu'on a choisi pour trouver la sortie.

— Je te demande pardon ? Maty reposa sa tasse, et plaça ses poings sur ses hanches. Ça fait sûrement des années que vous êtes coincé ici et vous n'avez même pas essayé de trouver la sortie ?

— Tu ne comprends pas...(Tch tch) Contrairement à cccce que tu penssses, nous ne nous ssssommes pas… pas tourné les pouces tout ccccce temps. (Tch tch).

— Jkkikkn a raison, intervint Miyi en remerciant du regard la Sl'sss. On a trouvé, pour sûr, la sortie. Par contre, si on s'échappe, on sera vulnérables.

— Plus qu'ici ?

— Bien plus, effectivement, avança Fraslariul, son regard blanc tourné vers Maty. Les gardes nous retrouveraient sans plus attendre et nous exécuteraient, ce qui aurait rendu notre évasion inutile, voire démoralisante.

— C'est pour cela qu'on veut que ce soit toi qui t'en charge, poursuivi Finch. Tu es la seule d'entre nous à pouvoir sortir d'ici et être indemne.

— Tout simplement parce que tu as des relations avec la surface, termina « T ». N'est-ce pas ?

 Maty se mordit la joue inférieure, gênée de savoir qu'ils connaissaient sa relation avec les cinq loubards d'en-haut. Seulement, voilà : elle ne parviendrait sans doute pas à sortir d'ici sans leur aide, et elle n'était pas une traîtresse ou une parjure. Elle devait les aider, comme ils l'avaient aidée. Mais il fallait trouver un compromis…

— J'accepte à une… Non, à deux conditions.

— On t'écoute…

— Je veux bien sortir d'ici pour discuter de cette situation avec la Grande Inquisitrice…

 Tous les rebelles sifflèrent d'étonnement, les yeux arrondis comme des soucoupes. Maty n'y prêta pas attention et continua :

— … Et ensuite, je veux que vous vous occupiez de mon amie Eikorna. Avec une obligation absolue et irréprochable. C'est entendu ?

— Ça marche, p'tite tête blonde, répondit « T » en plaçant son poing sur son cœur. On jure sur notre honneur, et sur le Grand Serpent !

— C'est sûr ?

— Bien sûr !

— Pas d'enflures !

— Pardon ?

— Désolé… Hum hum.(Elle s'éclaircit la gorge avant de continuer). Merci pour votre sollicitude, ça me touche beaucoup.

— Mais on te remercie, toi aussi. Grâce à toi, on va enfin stopper cet enfer.

— D'ailleurs, je me demandais… Maty regarda autour d'elle, voyant les fragments de cristal luisant dans la roche, et dit : Qu'est-ce qu'ils exploitent ici ?

— Tu n'es pas au courant ?

— Non…

— Eh bien, c'est simple… Si les magiciens sont si puissants, c'est à cause de ces cristaux : il leur servent de catalyseurs durant un temps, avant de se briser. Mais la concentration pure en magie contenue dans ces cristaux nous empoisonne !

 Maty était abasourdie. Elle qui croyait que les mages étaient maîtres de leur pouvoir, voilà qu'elle se rendait compte que ce n'étaient que des sportifs sous stéroïdes, dont le dopage était mortel à forte dose… Mais dans ce cas, se demanda-t-elle, Si ce sont vraiment des gens dopés, ils ont quand même une prédisposition… Pourquoi diable sommes-nous donc touchés par ce mal et pas eux ?

* * *

 La Grande Inquisitrice, assise à son bureau en hombregral, s'affairait à remplir des papiers administratifs à propos du Carnaval. La plupart des fonds étaient distribués à l'armée, qui se fatiguait inutilement à patrouiller aux frontières, pour éviter que les autochtones et autres barbares ne pénètrent ces terres. Pour elle, c'était du gâchis de main d'œuvre: on aurait pu au moins les faire rentrer pour les faire travailler dans les mines…

 Tandis qu'elle soupirait de fatigue, elle se frotta les yeux et regarda l'heure: c'était déjà le soir. À peine eut-elle l'idée de prendre du repos, que, soudain, son page fit irruption dans la salle illuminée par le crépuscule. Drapé d'une robe blanche, qui signifiait sa totale absence de magie, il tenait entre ses mains une liasse de papiers.

— Que signifie cette interruption ? Je ne reçois pourtant personne ici après le coucher du soleil. Vous connaissez les règles, j'imagine ?

— Mes plus humbles excuses, Haute Dame, et le page s'inclina de façon protocolaire. Mais les circonstances ont fait que j'ai enfreint cette règle.

— Si la raison de votre présence se voit injustifiée, vous serez dans l'obligation d'en payer le prix!

— Je le comprends, Haute Dame. Mais c'est tout droit de Barakav qu'ils reviennent.

— Quoi ? Ils ont finalement réussi ? Tch ! Faites les rentrer.

 Le page s'inclina, et sortit de la pièce. Des éclats de voix retentirent, et Isabella vit Yannis s'avancer à grands pas, fier comme un coq. Il portait un costume sur mesure, bleu sombre et noisette, un assortiment assez étrange sur sa personne. Sur son poitrail scintillait une broche en forme de lézard doré; le symbole de Barakav. Une fois que Yannis fut assez près (tout en respectant scrupuleusement le protocole), il s'inclina, non sans un certain charme moqueur, mais se releva sans sa permission.

 Isabella observa quelques instants son visage. Oui, il avait changé : ses traits de jeune homme s'étaient fondus dans les lignes calleuses d'un homme. Son regard, plein d'assurance, criait victoire avant l'heure. Un seul détail subsistait, pourtant : ce sourire en coin, ce genre de sourire espiègle du trompeur et du menteur, celui qui laissait pertinemment croire qu'il semblait être ce qu'on voyait de lui, alors que, plus profondément, il était autre chose. À supposer que ce ne soit qu'un piège dans un piège, autrement dit un double jeu. Isabella observa également son épée, puisqu'elle pouvait le faire patienter autant de temps que nécessaire. Celle-ci avait été brisée, mais elle ne le sut que grâce à la poignée qui était tordue. Si Yannis conservait cet outil inutile, c'était sûrement par valeur sentimentale. Pitoyable...

 Elle décida de mettre fin à son supplice, car il commençait à frétiller comme une anguille. Yannis se remit au garde à vous, et parla d'une voix forte et assurée :

— Grande Inquisitrice, Maîtresse du Dogme D'Abraxas, Langue du Grand-Serpent, Oreille de L'Hakessar…

— Allons, Yannis, épargne-moi ta fausse politesse. Nous savons très bien, toi et moi, ce qu'il faut pour récompenser ceux qui ont eu l'audace d'être, même un court instant, des héros nationaux.

— Une villa spacieuse et luxueuse, lança Yannis sous la forme d'une question innocente.

— Pas aujourd'hui, mais bien essayé… Non, je parlais plutôt d'un arrangement commun, à moins que la médaille et les honneurs te suffisent ?

— J'espérais que tu poserais le sujet sur la table ! (Yannis prit une pose plus sereine, et dit :) J'ai besoin de ton autorité pour faire quelque chose d'important, pour moi comme pour les autres.

— J'ai certes du pouvoir, mais n'oublie pas qu'il ne s'applique que dans le domaine religieux. Si tu veux des faveurs, assures-t'en auprès de l'Hakessar.

— Justement, tu es sa conseillère. Conseille-le !

— Et quel genre de conseils veux-tu que je lui prodigue, dans ce cas ?

— Libère le reste des humains, et je laisse ton monde tranquille…

 Yannis avait parlé d'une voix grave, méconnaissable, comme si quelqu'un parlait depuis l'intérieur de son corps. La salle s'assombrit, une ombre se dressa derrière le Mage. Isabella sentit une sueur froide dévaler son dos, et ses lèvres tremblaient. Soudain, tout disparu si vite qu'elle eut cru y voir une hallucination, surtout en voyant le regard insistant de Yannis. Elle s'humecta les lèvres, et passa sa main sur ses cheveux.

— Je… Hum… Oui ! J'accepte de délivrer ce message à l'Hakessar, mais je ne te promets rien, il est très à cheval sur les traditions…

 Yannis haussa un sourcil, et lâcha un bruit de mépris. Isabella aurait pu le faire exécuter pour cela, mais elle savait que ce ne serait pas stratégique de tuer l'un des héros de Barakav. Elle se racla la gorge et congédia Yannis d'un revers de main. Celui-ci ne s'inclina même pas, et partit sans un regard. Il sentait visiblement la colère, si bien que son aura magique bleue s'était assombrie assez abruptement.

 Chez les mages, l'Aura est très importante. Aussi appelé « la Soie de l'Âme » pour les plus poètes, l'Aura était ce qui reliait le vivant à la magie et le différencie… eh bien, de l'inerte. Chez la plupart des êtres possédant cette caractéristique, l'Aura est le plus souvent de la couleur de l'environnement aux alentours, mais les choses deviennent plus singulières quand il s'agit de mages, ou même d'humains ! L'Aura prend alors des couleurs variables, et bizarrement étrangement liées aux états émotionnels classiques : le rouge, la colère, le bleu, la tristesse, le vert, la répugnance, etc, etc… L'aura s'assombrissait, et cela était prouvé, pour sûr, quand on ressentait une émotion de manière exacerbée.

 Quand Yannis eut enfin passé le pas de la porte, Isabella s'apprêta à s'adosser sur son fauteuil quand la pièce s'assombrit de nouveau ; la température chuta jusqu'à ce qu'elle put expulser des nuages de vapeur en expirant. Une voix posée et charmante s'éleva derrière elle :

— Tu n'aurais pas oublié notre accord, Isabella Larakhouv ?

— Nous avions convenu d'un délai ! lâcha-t-elle avec une teinte de peur dans la voix, sans oser se retourner. Nous avions un accord !

— Dis-plutôt que c'était un pacte de non-agression. Tu es trop lascive, ces temps-ci… Peut-être devrais-je me tourner vers d'autres serviteurs plus efficaces ?

— Non, non monseigneur ! Je suis votre plus dévouée dévote !

— Prouve-le moi, ordonna la voix.

Isabella se leva lentement, et, tout en fermant les yeux, se tourna vers la source et se prosterna. Elle restait-là, soumise à l'autorité d'une chose dont elle ne connaissait même le pas le visage, mais seulement la voix.

— Je suis sous vos ordres, mon maître, déclara-t-elle d'une voix plaintive.

— Cela va de soi, rétorqua avec légèreté la voix, comme si elle disait que c'était juste une banale nouvelle. Je ne suis pas venu ici pour tester ta loyauté, car je n'ai point de crainte par rapport à toi. Non… Je voulais plutôt te demander d'envisager de tuer les humains qui ont accompagné le jeune Mage de la Terre.

— Mais… Ils sont essentiels à la captivité de Yannis !

— Comment peux-tu être aussi stupide ? Tu penses qu'il ne découvrira pas la supercherie ? Tu penses qu'il va rester là à ne rien tenter ? Il ne possède certes plus son pouvoir d'antan, mais le fait est qu'il a sûrement plus d'un tour dans son sac. S'il remarque que nous menaçons ceux qu'il considère comme ses "comparses", cela le rendra plus fort. Sa présence ici-même est devenue autant un danger que la clé à notre plan…

— Comment puis-je vous être utile, monseigneur ?

— Proposes-lui une alliance, répondit la voix en soupirant d'exaspération. Il n'est plus le même que tu as connu autrefois. La mort de ses camarades finira par le briser. Observe ses réactions. Anticipe ses actions, et trace-lui un chemin jusqu'à moi, pour que je puisse me repaître de son coeur...

— Son… Son cœur, monseigneur ? Vous n'allez pas…

— Sombre idiote ! (Isabella ressentit une brûlure intense sur son visage, et hurla en s'effondrant sur le sol, tandis que la voix continuait de parler :) Bien sûr que je ne veux pas son cœur ! Je veux son Cœur, sa Matrice Magique ! Apporte-la moi s'il refuse notre proposition. Quand il se rendra compte qu'on l'a manipulé, promets-lui pouvoir et richesses. Ça convient toujours aux humains. Utilise tous tes moyens de bassesse pour l'affaiblir. Si cela t'es impossible, nous nous en tiendrons à notre autre plan... Ai-je été assez clair ?

— On ne peut plus, monseigneur, on ne peut plus… Isabella pleurait, son visage couvert d'une marque rouge luminescente. J'accomplirais votre volonté, quel-qu’en soit le prix !

— Excellent. J'espère que tu sauras te montrer efficace, sinon je me sentirais dans l'obligation de te punir… Une nouvelle fois…

 Isabella sentit une dernière décharge, qui lui arracha un hurlement. Ses gardes entrèrent en trombe dans la salle, pour ne découvrir qu'une femme haletante, les yeux aussi grands que des soucoupes.

— Tout va bien, ma Dame ? s'enquit le garde, le visage inquiet.

— Oui… Je me suis juste assoupie sur mon bureau, et j'ai du faire un cauchemar.

— Vous devriez prendre quelques jours de repos, proposa l'autre garde. Vous vous surmenez et ce n'est pas bon pour vous.

— C'est vrai… Et si je ne suis pas en forme, le peuple en pâtira, forcément, dit-elle en lâchant un faible sourire.

 Les gardes acquiescèrent, et l'observèrent quelques instants, craignant peut-être qu'elle s'évanouisse sur place. Elle les congédia, et, une fois qu'ils furent sortis, prit sa tête entre ses mains. Est-ce que j'ai fais le bon choix ? Pensa-t-elle. Suis-je engagée sur la bonne voie ? Pourquoi le Maître s'intéresse-t-il tant à Yannis ? Pourquoi sont-ils arrivés sur Mourn ? Et surtout, surtout… Que suis-je dans tout cela ? Elle ne s'arracha à ses pensées que lorsqu'elle trouva, sur sa table, un couteau et une pincette en métal brillant.

 Elle déglutit.

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