Stephen to Mitch

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A bord de son nouveau bolide flambant neuf, une BMW 850i, Stephen fonce en direction de la capitale. L’autoroute A29, puis l’A13. Des images qui défilent aussi vite que l’asphalte : des images de toi, de Mitch ; de Mitch, de toi. Des images qui se mélangent, des images de détresses. Une vue qui se brouille, un puissant freinage sur la bande d’arrêt d’urgence.

Il n’a jamais voulu choisir, il a dû. Il ne pouvait pas te laisser là-bas…

C’est maintenant qu’il réalise. Qu’il le réalise enfin. C’est la fin d’une histoire, de leur histoire. La tristesse au fond de ses yeux. La même que celle qui les voilera le jour où Mitch s’en ira vraiment. Pour de bon.

« C’est jamais facile de dire adieu à quelqu’un qu’on a aimé, qu’on aime encore, qu’on aime pour toujours. D’accepter la fin de ce qui a été et qui n’est plus.

Mitch et moi, au premier regard, ça a été comme une évidence. L’évidence qu’il était la personne que j’attendais, et que j’étais la personne qu’il attendait. On n’a pas eu besoin de se le dire : sans même se parler, on a su. D’ailleurs, on ne s’est parlé qu’après. Parce qu’au début, le langage était superflu. Et on a vécu cinq années de passion sauvage, éperdue, interdite – et qu’importe ce que peut en dire l’Eglise, c’était juste lui et moi, à la mort, à la vie. Et c’était intense, c’était fort. Trop fort même, parce que c’est cette passion qui a brûlé nos ailes et eu raison de nous. Quand elle exacerbe tout, les sentiments, la jalousie, les rancoeurs, de plus en plus folles, de plus en plus tout. Violemment, trop violemment. Jusqu’à ce que les réconciliations sur l’oreiller ne suffisent plus à cicatriser les blessures qu’on s’inflige l’un l’autre.

Alors oui, notre liaison, notre idylle fut complexe, houleuse, chaotique, incomprise même, de nos proches surtout, à force de se faire du mal par égoïsme, là où on ne voulait que le meilleur pour cet autre qu’on chérissait trop en l’étouffant d’égocentrisme démesuré. Et oui je l’ai quitté, mais pas parce que je ne l’aimais plus. Plutôt parce que notre couple s’asphyxiait, agonisait dans nos querelles décousues, devenues presque quotidiennes.

Je te demande pardon, Mitch. Je n’avais pas vu tes infidélités comme un appel à l’aide, comme une nécessité pour briller à nouveau dans mes yeux. Et je n’ai pas vu dans tes ultimes provocations toutes ces déclarations d’amour que tu me faisais. Je t’ai perdu une première fois, par orgueil. Et je te perds une seconde fois aujourd’hui. Comme nous tous, oui. Mais pas seulement, parce que depuis toi, je saigne. Parce que je sais que je ne peux plus rien réparer. Que tu es l’amour de ma vie, que tu ne le sauras jamais. Alors adieu mon amour, et va-t-en en paix. Peut-être qu’on se retrouvera là-haut, un jour, si Dieu existe. Peut-être que ça choquera les anges. Mais je m’en fous de tout ça. Si ce putain de Dieu qui t’a rappelé à lui peut me permettre de te retrouver une dernière fois, il servira enfin à quelque chose. Oui, mon père, je blasphème. Sauf que j’y crois un peu, quand même, et j’aimerais bien que le Seigneur ne m’en tienne pas rigueur. Qu’il t’accueille dans ce qu’on appelle le Paradis. Parce que tu le mérites. Parce que tu es parti trop tôt, parce que je t’aime et parce que ton départ me rend fou. De chagrin. »

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