Mitch to Stephen

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Crozats s’est montré plus dur, plus inflexible à ton égard que d’habitude et tu en ignores la raison.

Tu ignores que vous baignez tous deux dans une même solitude. Tu ignores qu’il a pleuré lui aussi toute la nuit. Qu’il pleure encore Mitch, le télégramme lui annonçant son décès des suites de la contraction du VIH serré contre sa poitrine, sa dernière lettre d’amour-SOS figée entre ses mains. Des larmes partout sur son visage, avec cet éternel regret de ne jamais lui avoir répondu, par orgueil.

« Mon Stephen,

Oui, je me permets encore ce possessif qui a tant corrodé notre couple par nos accès de jalousie respectifs, parce que j’en ai plus besoin que jamais. J’ai plus que jamais besoin de me raccrocher à quelque chose, à quelqu’un, à toi.

Je sais que je me suis mal comporté à ton égard, que je n’aurais jamais dû taire tout ce qui se disait sur Solenn. Que tu ne me pardonneras jamais. Mais j’avais peur. Peur que tu me quittes pour elle. C’est ce que tu as fini par faire d’ailleurs, pour d’autres raisons que celles que je m’imaginais.

Avec le recul, je me dis que même si tu avais dû avoir une aventure avec elle, j’aurais malgré tout été capable de ronger mon frein, de te partager tellement je t’aimais. Tellement je t’aime encore.

Oh, je sais que ces quelques lignes resteront tout autant lettres mortes que les précédentes, mais il fallait tout de même que je te les écrive, que tu saches combien je crève d’amour pour toi. Des lignes vaines…

Quand je ferme les yeux, je t’imagine tellement en train de me lire dans le petit bureau de ta maison de ville de Honfleur, la maison de ta mère, là où nous avons été si heureux toi et moi. Tes prunelles s’embuent-elles autant que les miennes quand j’y repense, nostalgique ?

Te souviens-tu encore de nos nuits, mon Bouddha, ma bedaine, de l’amour que tu me faisais dans ton lit, dans tes draps ? Te souviens-tu seulement encore de moi ?

Tu sais, j’ai beau flirter avec d’autres hommes, me laisser aimer par d’autres mâles, il n’y aura toujours que toi. Il n’y a toujours eu que toi dans mon cœur...

Je t’aime, Stephen. Je crois que je ne l’ai jamais dit à personne.

Et je sais que tu m’aimes aussi, mais que tu ne me reviendras pas.

Prends soin de toi, mon Bouddha.

Love…

Mitch »

Ton égocentrisme ne te permet même pas de percevoir la détresse affective de ton ami. Tu ne vois que la tienne. Et lui ne se sent plus de te porter. Il a un deuil à faire, celui de l’amour de sa vie, celui qu’il enterrera dans la plus stricte intimité à Namur, la veille de la 17ème nuit des Césars, celle où tout basculera.

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