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 Fanny descendit les escaliers. Antoine, Mickaël, Henry et Sasha l’attendaient en silence dans la pièce principale.

  — Elle veut te voir, annonça-t-elle à Antoine.

Ce dernier serra la mâchoire.

  — Vous allez tous vous rendre chez moi et toi Sasha, attends dehors.

  — Antoine…

  — C’est un ordre, insista-t-il en regardant Fanny qui baissa les yeux.

 Seul, il monta dans la chambre. Laïka était assise, les jambes repliées contre elle, à fixer la bougie. Antoine respira calmement, sa main tremblait alors il se contenta de la serrer à s’en blanchir les jointures de ses doigts.

  — Tu voulais me voir, fit-il peu assuré.

  — Il n’est pas là. Laïka tourna son visage vers Antoine. Alex n’est pas là.

Antoine fit non de la tête.

  — Il n’a jamais été là c’est ça ?

  — Laïka…

  — Dis-moi que, quel que soit cet endroit, Alex n’y a jamais mis les pieds.

Il vint s’assoir au bord du lit.

  — Tu sais que je ne te ferais jamais de mal Laïka, dit-il nerveux.

Une larme coula le long de sa joue blanche.

  — Je t’en supplie…

  — Cela fait six mois.

  — Non.

  — Ton frère…

  — Tu mens !

  — … est mort.

Antoine s’approcha et la prit dans ses bras. Elle hurlait, s’agrippant à son vêtement et il pleura avec elle.

 Henry, Mickaël et Fanny étaient rentrés chez Antoine, dans la pièce principale où une grande table se tenait en son centre. Un escalier donnait sur la chambre d’Antoine, et deux portes sur la cuisine et le bureau.

  — Pourquoi elle était chez toi ?

  — On attend Antoine. fit Fanny qui s’était assise.

Mickaël parcourra nerveusement la pièce.

  — Tu ne comptes rien lui dire toi ? finit-il par dire à Fanny.

  — C’est elle qui la perdue alors elle préfère se la fermer.

  — Eh ! Fanny lui lança un regard noir. C’est pas vous qui vous en êtes occupé non-stop ces deux derniers mois !

  — Peut-être que si tu nous avais laissé le choix de la voir…

  — Ce n’est pas moi qui aie ordonné que personne ne la visite !

Henry soupira, les bras croisés.

  — On attend Antoine et tu pourras raller autant que tu veux, fit-il en regardant Mickaël.

 Antoine arriva enfin, les yeux rouges. Ils comprirent qu’il avait pleuré et se calmèrent.

  — Sasha n’est pas avec toi ? demanda Henry.

  — Je lui ai dit de rester devant la porte pour la surveiller.

Antoine releva la tête et du regard fit le tour des trois personnes qui étaient devant lui. Si Fanny était présentable malgré des cernes noirs, Mickaël et Henry s’étaient bien amoché l’un l’autre.

  — Maintenant on peut m’expliquer pourquoi Laïka était chez toi Henry.

  — Je l’ai trouvé à La Rencontre. 

  — Non, s’offusqua Fanny. Impossible il faut une demi-heure de marche rapide !

  — Eh bien elle y était.

  — Et elle y faisait quoi ?

  — Je sais pas trop, mon dreïn l’a trouvé et quand je suis arrivé elle était proche du bord.

Antoine claqua sa langue contre son palais, provoquant un bruit qui signifiait son agacement.

  — Tu mens, râla Mickaël. Pourquoi elle serait près du bord ?

  — Qu’importe, tu l’as trouvé c’est le principal mais pourquoi tu ne l’as pas ramené chez moi ?

  — Elle ne voulait pas revenir chez toi Fanny.

  — Dis plutôt que tu la voulais pour toi !

  — La ferme Mickaël.

Ce dernier se tut et Antoine reprit. 

  — Qu’est-ce que tu lui as donné comme plantes pour qu’elle ne se souvienne pas… Antoine s’arrêta un instant avant de reprendre la voix fébrile. …de la mort de son frère.

  — Je pense qu’il faut prendre en compte aussi le choc de l’accident…

  — Fanny, bordel répond à ma question !

  — Il y a trois jours elle s’est effondrée parce qu’elle avait mal au ventre alors…

  — Effet secondaire de la Dakh… lâcha Henry.

  — Stop ! On en a assez discuté comme ça. Antoine demanda à Fanny de poursuivre.

  — Je lui ai préparé un cocktail à base de plante de Tehecha.

  — De quoi ?!

  — Mais t’es folle !

  — Tu m’étonne qu’elle croie…

  — EH ! Je vous dis pas comment faire votre boulot alors ne me dites pas comment faire le mien ! Et la Tehecha est capable de soulager un alité lorsqu’il est souffrant ce qui était le cas de Laïka je vous rappelle !

Antoine se dirigea près de la table et s’y appuya, le regard vide. Une fois la tension tombée Mickaël parla.

  — Quand est-ce que les effets s’estompent ?

  — D’ici deux jours elle ira mieux.

  — Et à toi Henry, demanda Antoine, elle t’a dit quelque chose de particulier ?

  — En quelque sorte.

  — Bon sang va droit au but !

  — Elle m’a dit qu’elle pensait avoir treize ans.

  — Hein ? Mickaël le regarda de haut en bas. Qu’est-ce que tu racontes encore.

 — Ses derniers souvenirs semblent remonter à avant le crash.

Antoine tourna sa tête vers Fanny.

 — Ce n’est pas les plantes.

 — Putain de merde, de merde, DE MERDE ! hurla-t-il en frappant ses poings sur la table.

 — Antoine calmes toi. fit Henry.

 — Ça expliquerait, commença Mickaël, peut-être pourquoi la dernière fois qu’elle s’est réveillée elle a tenté de me frapper avec un poignard.

 — C’est dommage qu’elle se soit ratée.

Mickaël se contenta de serrer la mâchoire lorsqu’il rencontra le regard noir d’Antoine qui lui intima de ne pas bouger. Fanny quant à elle, fronça les sourcils à Henry qui haussa des épaules, puis elle s’avança.

 — Elle n’aurait pas pu se rendre à la Rencontre si ces derniers souvenirs remontaient à l’avion.

 — Et si tu l’avais surveillée peut-être que… Antoine s’immobilisa. Mickaël tu dois savoir qui était de garde cette nuit dans le secteur nord ?

Le gardien au cheveux noir resta silencieux. Le regard fou, Antoine se tourna vers lui et Henry intervint.

 — Eléonore et Paul était de service et je crois qu’ils étaient en retard.

 — De quoi tu te mêles…

 — La ferme ! Bien. fit-il plus calmement. Henry trouve qui s’occupait du groupe des chasseurs ce matin et voit avec lui pour la suite. Fanny, tu as bien dit deux jours pour que les plantes ne soient plus dans son organisme ?

 — Oui.

 — Alors pour ces deux jours tu ne la laisse pas se balader dehors et personne ne la visite ! T’as qu’à faire appel à Naëlle pour être sûr qu’elle ne bouge pas. Et toi Mickaël…. Fais ce que t’as à faire.

 Henry referma la porte et se retrouva face à Mickaël. Il passa à côté de lui et ce dernier le rattrapa.

 — T’étais obligé de faire ça ?!

 — Faire quoi ?

 — Balancer Eléonore et Paul ?

 — Parce que tu crois qu’Antoine ne l’aurais jamais su ?

 — Et comment tu peux oser dire qu’ils étaient en retard ?

 — Parce que je les ai vu, connard.

 — Et tu ne t’es pas dit que leur dreïn étaient déjà sur place ?

 — Oui, bien sûr ils étaient sur place c’est pourquoi Laïka s’est baladée sans difficulté.

Mickaël attrapa au col Henry.

 — Mickaël !

Henry tourna la tête vers Fanny.

 — Je crois que tu es demandé.

Mickaël le poussa et alla rejoindre le jeune médecin.

 — Tu le fais exprès ? dit-elle. Vous venez de vous battre.

 — Il n’a aucune loyauté. Il vend la femme qui s’est occupée de lui ses huit dernières années.

 — Antoine l’aurait su de Laure de toute façon et Eléonore sait se défendre toute seule.

Mickaël regarda une dernière fois l’homme qui s’éloignait dans la direction opposée et jura.

 Affalé sur son fauteuil ambre rudimentaire, la main sur le front, Antoine respirait calmement, l’esprit vide. Pame sortit alors des cuisines, un verre à la main et lui tendit.

 — Je me suis dit qu’il valait mieux que je reste silencieuse et cachée.

 — Ils ont dit quelque chose d’intéressant ?

 — Rien d’inhabituelle.

 — Tu as bien fait. Il attrapa le verre et en but une gorgée avant de la recracher immédiatement. C’est quoi ça ?!

 — Infusion de Thiu*. Je me suis dit que c'était de circonstance.

Antoine roula des yeux.

 — Tu vas aller me chercher Laure, j’ai deux gardiens à engueuler.

 — Antoine…

 — Tout va bien.

 — J’ai entendu la discussion, donc je sais que ça ne va pas.

 — Si, justement, fit-il en fixant un point imaginaire, tout va bien.

Pame tiqua, mais obéit.

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Thiu : Plante qui calme le corps et l'esprit.

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