3. Pause

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Tiens donc ! Maintenant, il a peur de se faire tuer le petit loup. Quelle drôle d’idée ! Ah mais au fait, c’était ma mission, non ? Chasser les trois imbéciles qui mettent le bazar en ville, et résultat, je me retrouve enfermée dans une voiture en leur compagnie. Je suis donc une route dont je ne connais pas la destination. L’idiote dans tout ça, c’est moi.

— À propos d’exécution, je te rappelle que je suis votre bourreau, annoncé-je à Louis avec un sourire au coin des lèvres.

— Vas-y, si tu le souhaites, me provoque-t-il. Tu ne le feras pas, conclut-il en tentant de me vexer de plus belle.

— N’importe quoi ! Depuis quand tu me connais assez pour savoir ce que je vais faire ? l’interrogé-je, furieuse.

— Je te connais, princesse, me répond-t-il sur un ton serein.

— Mais bien sûr ! C’est pour cette raison que tu m’adresses la parole qu’aujourd’hui ? Pourtant, on se connaît depuis nos premières classes ! râlé-je de plus belle.

— C’était le but, princesse ! gronde-t-il dans mes oreilles.

— Quoi ? Quel but ? Et puis pourquoi ne pas me dévorer maintenant ? À moins que vous ne me gardiez pour votre goûter, m’énervé-je de plus belle.

— J’en ai déjà trop dit, souffle-t-il en s’enfonçant dans son siège.

Je marmonne décidément, il m’agace. Alors que je rumine, il me lance un regard furieux mais il n’ouvre pas la bouche pour autant. Remarque, je ne risque pas grand-chose avec eux. D’un, les effets des dons monstrueux n’ont que peu ou pas d’effets sur moi et de deux, s’ils avaient voulu me tuer, ils l’auraient fait depuis un moment.

D’ailleurs, cette capacité est étrange et même en posant la question autour de moi, personne n’a d’explication chez les chasseurs. En revanche, c’est bien cette faculté qui me vaut ma place au sein du groupe. Et c’est aussi le seul indice que j’ai sur mes parents. En plus de mon physique, petite brune aux yeux bleu océan, avec une petite poitrine et un corps sculpté par les entrainements.

***

Depuis près de vingt minutes Louis n’a de cesse de me regarder. Et après un dernier coup d’œil, il me propose de faire une pause. Une nuit à l’hôtel, ça donne envie ! Surtout avec mes drôles de compagnons ! Sauf que j’ai beau râler, je n’ai pas vraiment le choix. À moins de trouver une solution pour contacter les chasseurs.

Nous nous arrêtons sur le parking d’un motel et Louis a plutôt l’air fier de lui. Il sourit, puis descends de la voiture, avant de se pencher vers moi pour me demander ce que je fais. Quelle question ! Je ne sors pas tant que Hugo et Lucia sont endormis à l’arrière. Et ma réponse a le don de bien le faire rire.

Quoi encore ? Il est dingue ma parole ! Il veut laisser son frère et sa sœur là, en prenant le risque de les laisser à la merci des chasseurs qui sont sans doute déjà à ma recherche. Pourquoi je m’en inquiète ? Je ne sais pas… D’ailleurs, je devrais essayer de partir mais je reste plantée-là, les mains sur le volant.

— Réveille-les, si tu veux. Je vais nous prendre deux chambres, m’annonce Louis en partant me laissant seule avec les deux endormis.

Je sors enfin de cet habitacle, puis je frappe contre la vitre de la portière arrière dans l’espoir que ça suffise à réveiller les satyres mais bien sûr, ils n’ont aucune réaction. Super ! J’ouvre donc la porte et secoue le bras d’Hugo. Très mauvaise idée ! En effet, deux paires d’yeux rubis me fixent.

J’ai un mouvement de recul, leurs regards traduisant une envie de me dévorer… Un son rauque sort des lèvres de Lucia, que je n’ai jamais vu autant menaçante. Elle saute presque hors du véhicule, j’en perds l’équilibre en essayant de faire un nouveau pas en arrière. Cependant au moment où je pense sentir le sol amortir mes fesses, mon corps heurte la poitrine de quelqu’un.

Au lieu de me retourner pour m’assurer de l’identité de mon sauveur, mes épaules se relâchent de soulagement. Me sentant en confiance, je souffle avant de poser mes pupilles dans celles de Lucia qui semble s’être aussi calmée. Tout comme Hugo que je distingue derrière la silhouette de sa sœur.

— Désolée, soupire la jeune fille. Mais Louis aurait dû te prévenir… Ne jamais nous réveiller avec des secousses, la bête prend le contrôle, m’avoue Lucia en baissant la tête de honte.

Je reste silencieuse, m’appuis même un peu plus contre le torse dans mon dos. La chaleur de ce corps me rassure, je me sens en confiance, presque à ma place. Je ne sens pas le besoin de regarder qui est cette personne, de toutes façons, je sais déjà qui c’est. En y songeant, les battements de mon cœur s’accélèrent.

À ça s’ajoute, mes joues qui rougissent. Et alors que je pense que c’est tout, ma tête commence à tourner, des étoiles dansent devant mes yeux. Puis un voile et pour finir, c’est le trou noir. Je sens mes membres devenir lasses les uns après les autres. Enfin, des bras musclés réceptionnent mon corps de guimauve.

La fatigue doit prendre le dessus, car un sourire se dessine sur mon visage alors que l’odeur du parfum de Louis atteint mes narines. Je me sens en sécurité entre les mains du loup. En revanche, je me sens impuissante à cet instant. Dans le noir et sans pouvoir dire un mot, je me laisse porter par le flot de paroles des trois monstres.

— Mais qu’est-ce-que tu lui as fait ? demande Lucia furieuse.

— Je n’ai rien fait ! Je ne comprends pas moi-même ce qu’il s’est passé, répond son grand-frère comme blessé par sa question.

— Alors pourquoi celle qui nous appelle « les monstres » est-elle restée contre toi avec un sourire béat sur les lèvres ? l’interroge Hugo avec un ton narquois.

— Arrêtez tous les deux ! Et puis, nous savons tous les trois qui elle est et où est notre place, conclut Louis dans un dernier soupir.

Au moment où je rouvre les yeux, je suis perdue, ne comprenant pas tout de suite dans quel lieu je me trouve. Je me redresse, je suis allongée sur un lit double dans une chambre simple, avec une fenêtre qui donne sur la poubelle des petits monstres. En penchant la tête, je me rends compte que le bruit d’une douche sort de la porte du fond de la chambre.

Parfait, je meurs d’envie de sentir un jet d’eau chaude couler dans mon dos. Je me lève et prends tout de suite conscience que je suis pieds nus. Le sol est frais, alors je me dépêche à travers la pièce et frappe à la porte de ce qui semble être la salle de bain. Je n’entends pas de réponse, mais l’eau s’arrête de couler.

— Lucia ? Je peux entrer ? J’ai besoin d’une douche ! crié-je à travers la paroi de bois, sauf qu’aucune réponse ne vient. Je prends ce silence pour une invitation, la jeune fille ne parlant que très peu aux humains. J’entre ! crié-je avant d’ouvrir en grand la porte.

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