Chapitre XVI.

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Quand je suis arrivé chez moi, j’ai repensé à cette soirée, et une chose était claire : Justine a fait circuler des photos de Nicolas et moi, mais elle n’a pas les compétences ni le matériel pour prendre des photos d’aussi bonne qualité et encore moins de nuit. Jean, lui, a ce matériel et les compétences. De plus, il nous a dit qu’il avait fait une chose horrible envers nous. Donc, Jean a sûrement pris ces photos et les a données à Justine, mais pourquoi ?

J’ai réfléchi à ça tout le week-end. Je n’en ai parlé à personne, au cas où je me trompais, et aussi pour comprendre sans qu’il se fasse « agresser » par tous les autres.

Le lundi matin, j’ai donc demandé à Jean de me rejoindre dans un coin de la cour du lycée pour le questionner :

— Jean, il faut qu’on parle.

— Bien sûr, c’est à propos de quoi ?

— Tu te souviens quand tu nous as dit, à Nicolas et moi, que tu avais fait une chose horrible ?

Son visage est passé d’un grand sourire, à une tête triste et gênée.

— Euh…oui…pourquoi ?

— Bah, je crois avoir découvert cette chose, donc j’aimerais que tu m’éclaires un peu.

— Ah d’accord, donc qu’est-ce que tu penses que j’ai fait… ?

— Alors, je pense que c’est toi qui as pris les photos de Nicolas et moi qui ont circulé dans le lycée.

Il baissa la tête et dit, avec une voix hésitante et tremblante :

— Oui… Oui c’est moi.

— Mais pourquoi ? On est potes depuis la maternelle !

— Oui, je sais, je ne sais même pas pourquoi j’ai fait ça, j’étais dans le parc pour tester la qualité nocturne de mon appareil, et là je vous ai vus, et j’ai pris des photos…

— Et dans la rue ?

— Oui, après je vous ai possiblement suivis…

Je me sentais comme trahi, mais je devais savoir la raison de ses actions :

— Mais je ne comprends pas : pourquoi tu as fait ça ?

Il hésita pendant quelques secondes, et me dit d’un ton sec et la voix tremblante :

— C’est parce que je t’aime…

— Pardon !?

— Oui, t’as bien compris, je t’aime, et cela depuis bientôt 3 ans.

— Mais pourquoi tu ne m’as jamais rien dit ? Tu savais que je n’avais aucun problème avec ça.

— Oui, mais il y a une différence entre être ami avec une personne homosexuelle et être ami avec une personne homosexuelle qui t’aime…

— Mais tu crois vraiment que je t’aurais laissé tomber comme une merde parce que tu m’aimais ?

— Non, mais j’avais peur. Je pense que tu comprends, non ?

— Oui, un peu.

— Mais pourquoi t’as envoyé les photos à Justine ?

— En théorie, ce n’est pas moi. Je les ai envoyées depuis une fausse adresse mail…

— Oui, d’accord, mais pourquoi ?

— Quand j’ai vu que Nicolas et toi, vous vous aimiez, je suis devenu furieux. Je ressentais comme de la jalousie, et je me suis dit que, peut-être, si tout le monde le savait… vous auriez rompu à cause de la pression ou je ne sais quoi… désolé.

— Hum d’accord, je comprends que tu aies pu être furieux, jaloux ou tout ce que tu veux, mais je crois que, pour l’instant, je ne peux pas te pardonner. Il va me falloir du temps…

— Oui, oui, je comprends… et s’il te plaît, ne le dis à personne.

— Non, t’inquiète pas, je sais ce que ça fait de vouloir prendre son temps pour s’assumer, même si parfois des éléments accélèrent les choses…

Et je suis parti. J’avais le sentiment d’avoir été trahi par mon meilleur ami, qui me plantait un magasin de couteaux dans le dos. Je ne savais même pas quoi penser de la situation, il fallait que j’en parle à Nicolas.

En fin de Journée, j’ai donc invité Nicolas chez moi pour parler de ce que j’avais appris ce matin.

Quand il est rentré dans ma chambre, il me dit avec une voix très sûre :

— C’est à propos de Jean ?

— Comment tu sais ? Et qu’est-ce que tu sais ?

— Je ne sais rien, mais ce matin, après ta petite conversation avec Jean, tu as éclaté une poubelle en deux, tu avais l’air un peu énervé, et Jean n’est pas venu nous rejoindre de la journée, donc…

— Oui, pas faux…

— Donc, il se passe quoi ?

— OK, je te le dis, mais tu ne t’énerves pas.

— Promis.

— C’est Jean qui a pris les photos de nous deux qui ont circulé.

— QUOI ?! MAIS JE VAIS LE TUER !

— T’avais dit que tu ne t’énerverais pas.

— Oui, désolé.

— Bref, je vais tout t’expliquer.

J’ai donc raconté à Nicolas ce que Jean m’a dit ce matin, il n’avait pas d’expression faciale particulière, même s’il paraissait plutôt pensif. Quand j’eus fini, il n’a rien dit, un silence régnait dans la pièce Ce silence fut rompu au bout de plusieurs minutes par une grande inspiration de sa part, suivie de quelques mots :

— Honnêtement, je ne sais pas quoi penser ni faire.

— Moi non plus, j’espérais que tu saurais quoi faire.

— Oui, je pense qu’il va falloir du temps pour que je puisse le regarder dans les yeux.

— Oui, moi aussi, mais après je pense qu’il ne savait pas trop ce qu’il faisait.

— Oui, peut-être, mais ça n’excuse rien ! On assume ses actes, peu importe les circonstances !

— Oui, mais je te trouve un peu dur, non ?

— Julien… On a eu beaucoup de chance, tu sais pourquoi ?

— Euh, non pas trop.

— Car avec l’histoire de ces photos, on aurait pu tomber sur des homophobes et se faire tabasser.

— Oui, pas faux

— Donc, moi il va me falloir du temps.

Nicolas disait vrai, mais j’ai du mal à en vouloir à Jean, il faut que je réfléchisse.

— Dis-moi Julien ?

— Oui ?

— Toi, tu ressens des choses pour Jean ?

— Tu ne serais pas jaloux, par hasard ?

— Non, pas du tout, c’est juste que je voulais savoir.

— OK. Non, je ne ressens rien pour lui, la seule personne que j’aime c’est toi

— Ooh…

Il se leva et m’embrassa.

Plus tard dans la soirée, alors que j’embrassais Nicolas une dernière fois avant qu’il parte, la porte de ma chambre s’ouvrit subitement. C’était ma mère :

— Oh ! Je vous dérange, peut-être ?

— Non, pas du tout, Nicolas allait partir.

— OK, t’as pensé à souhaiter un bon anniversaire à ton père ?

— Ah, c’est aujourd’hui ?

— Oui, Julien…

Après que Nicolas soit parti, j’ai donc pris mon téléphone et j’ai envoyé un message à mon « père ».

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