Le cri

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  • Pan ! Pan ! T'es mort !

Antoine soupire. Il s'ennuit. Il ne comprend pas pourquoi il doit "jouer" avec Damien, le fils du voisin. Enfin si, il comprend que sa mère "a des choses à faire". Qu'il ne doit pas "être dans ses pattes". Mais, lui, c'est Damien qui est dans ses pattes. Sûrement l'enfant le plus débile du monde. Et moche. Avec une grosse tête ronde et des cheveux quasi incolores trop courts. Laid et idiot. Il a tout pour plaire mon voisin !

Antoine cherche autour de lui un moyen de s'éclipser, de se débarasser de cette insupportable compagnie. Le jardin est assez vaste. Et plat. Pas comme le jardin de sa maison. Son jardin à lui est tout en pente, en étage, en exploration. Il appelle à l'aventure. Ici, rien de tout cela. Seulement une étendue d'ennui mortel. On y accède par "la porte de derrière". Un élément qui semble faire la fierté de Danielle, la mère de Damien. Quelle idiotie ! À quoi sert une porte de derrière alors que le jardin entour la maison et qu'on peut parfaitement y accèder de la porte d'entrée ? Mais, non ! Évidemment ! Il faut utiliser la porte de derrière, justifier son existence futile.

Enfin, ce jardin entourant la maison va faire son affaire. S'il réussit à discrètement contourner la bâtisse, il sera hors de vue. La mère de Damien est dans la cuisine, qui donne sur l'arrière (et sur sa fameuse porte). Ça ne devrait pas être très compliqué d'échapper à sa vigilence. Reste à se débarasser de celle du fiston.

  • Je t'ai tué ! Tu dois te mettre par terre !

Antoine toise son jeune voisin. Est-ce qu'il croit réellement qu'il va se rouler au sol pour lui complaire ? Il s'apprête à l'envoyer promener quand lui vient une idée.

  • Mmmh... J'ai plus trop envie de jouer à la guerre ou la police. Enfin à ton jeu, là.
  • Ah ! Bon. Mais, on fait quoi alors ?

Antoine fait mine de réfléchir.

  • On pourrait jouer à l'expédition scientifique.
  • Qu'est ce que c'est ?
  • Tu vas voir, c'est très bien ! Toi, tu pars vers le fond du jardin, là bas, près de l'arbre. Le but, c'est de trouver 5 sortes de fleurs différentes.

Damien jette un regard vers l'endroit indiqué. Puis, se tourne à nouveau vers Antoine, perplexe.

  • Et toi ? Tu fais quoi ?
  • La même chose mais, de l'autre coté de la maison. Et quand l'expédition est terminé, on revient ici, sur le continent pour montrer aux scientifiques nos décourvertes !
  • Ah ! D'accord ! On fait ton jeu !

Tandis que Damien court vers le fond du jardin, Antoine se dirige tranquillement vers l'avant de la maison. Juliette l'observe, assise sur la balançoire. Elle ne dit rien. Qu'antoine se débrouille. Elle, elle se balance avec sa poupée ! Antoine rejoint l'avant de la maison. Il est enfin seul et tranquille. Quelle joie ! Quelle opportunité ! Il peut aller explorer les environs sans adultes pour lui dire quoi faire. Par où commencer ? Par le lieu le plus interdit, évidemment. La route.

Le jeune garçon remonte l'allée goudronnée. Pas au milieu. Il serait trop visible. Non. Il se place au bord, près des buissons. Même s'il n'aime pas trop ces buissons. Ils sentent mauvais. En plus, ils donnent des fruits empoissonnés. Quelques minutes de marche. Le voilà au niveau de la grande route. C'est comme ça qu'on appelle cette route, même s'il n'y a pas beaucoup de voitures qui passent. À seulement quelques mètres, se trouve sa maison. On la voit de loin, car elle est tout en haut de la colline. Lui, il a une maison en haut. Et Damien, une maison en bas. C'est bien la preuve qu'il est plus intéressant que Damien. Seuls les princes et les rois ont des maisons en hauteur.

Antoine s'apprête à reprendre son chemin quand il apperçoit la voiture de sa mère dans leur petite allée. Aïe ! Si sa mère le voit, il va être sacrément puni. Et là, impossible d'accuser Juliette... Il ferait mieux de faire demi tour. C'est ce qu'il va faire...

Un hurlement. Un hurlement sort de sa maison. C'est sa mère. Elle crie. Elle est en danger.

Antoine hésite. Un instant. Doit-il essayer de l'aider ? Mais, il est trop petit. Il ne pourra rien faire. Des adultes. C'est ça, il lui faut des adultes. Il dévale la pente qu'il vient de monter. Se dirige vers la maison de Damien. Trébuche. Tombe. Genou écorché. Paumes entaillées. Les larmes coulent sur ses joues. Il ne s'arrête pas. En moins d'une minute, il surgit dans la cuisine de ses voisins.

  • Vite ! Ma mère ! Elle a crié ! Elle est en danger ! Vite !

  • Ne t'inquiète pas trésor, on s'en occupe. Reste ici.

Danielle se précipite vers l'étage.

  • Bernad, vite ! Chez Viviane ! Il y a un problème !

Son mari se lève brusquement de sa sieste bien méritée. Il a passé la nuit à l'usine. Il est exténué. Peu importe. La fatigue s'envole sous l'effet de l'adrénaline. Il enfile précipitemment pantalon et chaussures.

  • Reste avec les enfants, j'y vais !

Danielle n'est pas rassurée. Surtout qu'avant de sortir, son mari a saisi la carabine et quelques cartouches. Mais, quelqu'un doit rester pour protéger les enfants. 

Antoine veut le suivre. Il s'en veut. Il a perdu trop de temps. Les adultes ne vont pas assez vite. Il veut courir. Est retenu. Un bras de femme. Il se débat. L'étreinte ne se desserre pas. Il a envie de hurler. Soudain, un petit visage, bouclettes en bataille se place devant lui. Avec ses petits bras, Juliette enlace son frère. L'apaise.

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