Chapitre 3

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Renard frémit à l’odeur de la boisson, plongea ses lèvres dans l’étrange mousse blanche qui lui chatouilla le nez. Il retira aussitôt son visage, laissant une moustache blanche sur sa bouche fine. Lièvre éclata de rire, subjugué par l’image du beau rouquin, pourtant si lisse et bien fait, ainsi grimé. Renard s’essuya enfin, jeta un coup d’œil sur cette boisson qu’il goûtait pour la première fois.

« Votre enquête a avancé ?

— En fait, c’est pour ça que je suis ici… En plus de me faire payer à boire par un habitué du lieu. »

Lièvre baissa ses longues oreilles, rougit presque de honte.

« Oh, ne croyez pas que je sois un ivrogne… En fait, j’ai plusieurs fois travaillé ici. Maintenant, c’est un peu mon QG… J’y attends mes missions.

— Quel genre de mission, si ce n’est pas indiscret ?

— Je suis coursier ! »

Le garçon lui avait répondu avec une fierté non dissimulée, et il semblait presque ne plus tenir en place à ces paroles.

« Je vois, répondit poliment le renard, cela te va bien. »

Lièvre frétilla presque, se balançant d’une jambe à l’autre sans pouvoir s’assoir.

« Et dis-moi, tu dois être au courant de pas mal de choses… »

Le jeune lièvre s’immobilisa enfin, regarda Renard avec attention.

« Bien sûr… je suis au courant de toutes les nouvelles du royaume.

— Et du village ?

— Cela dépend… »

Lièvre, une nouvelle fois, semblait rougir, mal à l’aise.

« Ne t’inquiète pas, Lièvre, murmura presque Renard en lui lançant un sourire aimable. Les ragots ne m’intéressent pas. Mais dis-moi, saurais-tu à qui appartiendrait la petite grange à quelques pas d’ici ?

— La grange ? »

Le garçon le regarda d’un air interrogateur. Renard soupira. Bien sûr, Lièvre semblait connaître les racontars, mais peut-être pas les propriétaires de toutes les maisons du coin.

« Celle au coin de la rue, vous voulez dire ? »

L’enquêteur lui jeta un regard intéressé.

« Celle-là même.

— Elle serait à un noble.

— Un noble ? Lequel ?

Lièvre sembla réfléchir, regardant le plafond, les oreilles dressées fièrement sur sa tête.

— Il n’est pas très connu… Personne ne sait vraiment son nom… En fait, personne n’y fait vraiment attention.

— Tu le vois souvent ?

Lièvre secoua la tête fermement, faisant remuer la petite queue de cheval derrière sa tête. Elle ressemblait étrangement à un petit pompon châtain et lui donnait un air flibustier.

« Il est assez secret.

— Habillé tout en noir ? Le teint blanc, des lunettes sur le nez ? »

Le jeune coursier hocha la tête.

« Ça lui ressemble. »

Renard fronça les sourcils, ne sachant où cela pouvait le mener.

« Et Coq, c’est un noble ? »

Le lièvre lui jeta un regard surpris, semblant se faire ses propres conclusions.

« Vous voulez dire que ce serait lui qui…

— Non, non. Mais peut-être qu’il connaît cet homme ?

— Sire Coq n’est pas un noble à proprement parler. Plutôt un bourgeois qui travaille pour les familles de haut rang. Il sait toujours bien se faire voir.

— Normal, non ? »

Le jeune garçon hocha la tête en souriant.

« Vous allez lui demander ? »

Renard secoua la tête, pensif. Malgré le soutien que lui avait montré Coq, il doutait que ce dernier veuille l’aider plus que ça. Peut-être même que le crieur avait lui aussi sa petite idée sur le vrai coupable…

« Il paraît qu’il y a beaucoup de mouvement ces derniers temps juste à côté… »

L’oreille de Renard fut immédiatement attirée par la conversation de trois hommes assis un peu plus loin. Ils buvaient bruyamment, raclaient leur gorge désagréablement.

« Oui, ça fait quelques heures qu’on voit un gars bizarre faire des allers-retours avec un sac… » continua le plus jeune. Un autre lui tapa l’épaule, montra Renard du doigt.

« C’est pas lui, ton type bizarre ?

— Chais pas… C’est sûr qu’on peut pas le rater. C’est celui qui a été accusé de vol ? »

Le rouquin fit mine de ne pas les entendre, plongé dans sa réflexion. Lièvre, l’oreille tendue aussi vers les poivrots, se rapprocha de lui pour lui murmurer quelques mots.

« Ne vous en faites pas. Vous n’avez rien de bizarre… »

Le renard se leva aussitôt sans même répondre, et laissa une pièce sur le comptoir avant de sortir. Ses indices, il les avait déjà. L’heure était déjà bien avancée, il devait faire vite. Lièvre, une nouvelle fois abandonné, le regarda sortir puis sourit en soupirant.

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