CHAPITRE I / Catastrophes matinales

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Laure

Concentré comme jamais sur le dernier chapitre du roman que je lis en ce moment. C'est à peine si j'entends l'alarme de mon téléphone qui m'indique qu'il est sept heures. Sept heures, l'heure fatidique à laquelle je dois me lever chaque matin. Pour résumer la situation, quotidiennement, je me trouve fatigué et je me promets de me coucher plutôt chaque soir. Mais bien sûr, c'est sans compter les nombreux romans que je lis jusqu'à très tard.

Je déteste mon réveil ! Ce truc demeure l'élément le plus chiant jamais inventé. Et le froid de ce matin d'octobre ne me motive pas à quitter mes draps chauds pour me rendre au boulot. De plus, je suis dans une partie palpitante de l'histoire. Ce qui en toute honnêteté me donne encore plus de mal à quitter mon lit et mon livre pour me rendre à la salle de bain. Sauf que je n'ai pas intérêt à trainer, voyez-vous Paris et sa jungle des transports représente une étape très pénible de mon quotidien.

Les gens qui se bousculent. Les odeurs corporelles peu commodes de certains alors qu'une foule de cosmétiques existent de nos jours. Les sans-abris qui consacrent leur temps à faire la manche pour quelques pièces. Le mélange de langues pour la plupart incompréhensibles. Sans compter les retards, annulations et défaillances de la SNCF qui trouve systématiquement une excuse valable pour réviser à la hausse ses tarifs, mais qui garantit un service des plus lamentables. Toutes ces choses forment un joyeux méli-mélo haut en couleur.

J'éteins l'alarme en poussant un soupire d'exaspération, je descends de mon lit et mon pied percute malencontreusement le coffre de bois contenant des papiers importants.

- Et merde ! je crie.

Je mets à sauter comme un mouton, j'ai la sensation que mon petit orteil est en feu. Je mets à jurer comme un vulgaire charretier ; débile comme je suis, je me prends les pieds dans le tapis au pied du lit et m'écroule honteusement. Bien sûr, alertée par mon vacarme Justine, ma colocataire et meilleure amie rapplique dans ma chambre mécontente.

- Bon sang Laure qu'est-ce que tu fous, il est sept heures du mat ?

Je comprends qu'elle soit en colère contrairement à moi, c'est un de ses jours de repos. Justine et moi avons poursuivi le même cursus, diplômées depuis moins de sept mois nous sommes toutes deux infirmières. Elle ouvre ma chambre avec fracas puis voyant ma posture, elle éclate de rire. Après s'être bien moquée de moi, ma meilleure amie se rapproche de moi et de ma dignité en miettes.

- Ça va ma belle rien de cassé?

Elle pouffe encore, les rougeurs de son hilarité éclairent son visage crémeux et une lueur malicieuse fait briller ses yeux. À considérer son expression, ma situation est très comique. Contaminée par ses mimiques de petite fille, je mets à rire et à pleurer en même temps.

- Comment arrives-tu constamment à te mettre dans des situations pareilles ? me demande-t-elle en me faisant un bisou sur la joue. Je fais la moue en levant les yeux au ciel et je réponds avec résignation...

- J'ai sûrement été maudite dans une autre vie !

Bon, trêve de plaisanterie. Je n'en sais rien, mais ce qui est sûr, c'est que ce genre de chose me tombe souvent dessus !

- Comme, je t'aime, je te pardonne ton vacarme matinal. Je te conseille cependant de te dépêcher si tu ne veux pas rater le métro de sept heures quarante-huit !

Sur ce, elle se lève et dirige vers la porte afin de terminer la grasse matinée qu'elle avait sans doute prévue.
Paniqué, je lève les yeux vers l'horloge au-dessus de l'armoire, et je me rends compte qu'il est tout juste un. Je me précipite vers la salle de bain déterminé à prendre rapidement une douche.

Quinze minutes plus tard je suis prête, je dévale les escaliers comme une furie et grâce à ma course folle je réussis in extremis à attraper mon métro. Mon cœur bat à toute allure et manifestement, je transpire un peu, mais je m'en fiche comme d'une guigne. Sérieusement, je ne suis pas le genre de fille qui s'embarrasse inutilement. Je suis très naturelle, le maquillage outrancier, les fringues hors de prix, les coquetteries de midinette très peu pour moi. Par contre la propreté est quelque chose de primordiale pour moi. Dès que je suis douché minimum deux fois par jour et que je sens bon, pas besoin d'attirer l'attention sur moi.

Justine est complètement désespérée. Car contrairement à moi, madame est une véritable fashion victime, en matière de mode elle en connaît un rayon et voir ma dégaine la déprime. Pour elle c'est une évidence si je n'ai pas de mec, c'est à cause de l'apparence que je me traîne. Elle m'embête en me disant que ce n'est pas avec mes chers bouquins que je bâtirai une relation. Sauf que je ne sais pas si j'ai réellement besoin d'un homme dans ma vie. Enfin bref ! Je consulte ma montre et je constate qu'il me reste moins de cinq minutes pour prendre part aux transmissions du service.

7 h 55

Je décide de me dépêcher pour me rendre au vestiaire avant d'atterrir au bloc D service des pathologies pédiatriques. J'arrive pile à l'heure, Claudia m'effectue à la hâte les transmissions au poste de soins et c'est partie pour la tournée des médocs. Ma journée va être chargée, mais j'apprécie cette ambiance qui me pousse à bouger constamment.

13 h 30

C'est l'heure de la pause et je vais rejoindre Jessy une amie du service d'en face avec qui je mange quotidiennement.

- Cafeteria ou tisanerie ? me demande Jessy.

- Cafeteria ! je réponds sans hésitation, j'ai besoin de couper court aujourd'hui.

- Cool ! On va pouvoir mater le dernier interne du docteur VALIÈRE.
Un sourire énigmatique se plaque sur ses lèvres.

- Bon sang Jessy. Es-tu devenue folle ? Être la victime d'Éric ne t'a pas suffi. lui dis-je avec une moue de contrariété.

-Attends au moins de l'avoir vu. Immanquablement, Éric était un connard ! Ne pense pas à mon cœur brisé. Pense plutôt aux beaux fessiers du nouveau, sérieux ce mec représente un appel aux violes, je te le garantis. Et le matage n'est pas interdit, c'est croqué le fruit défendu qui l'ait.

Jessy éclate d'un rire de gorge, or moi, je secoue la tête de droit à gauche et lui répond d'un air équivoque.

- Premièrement, je n'ai pas vu son fessier donc je ne saurais pas te dire s'il est beau.

- Deuxièmement à quoi bon mâté ce qu'on ne peut avoir sachant que les élèves de VALIÈRE sont du premier choix.
- Troisièmement, me brûler les ailes en réduisant ma crédibilité en entretenant une liaison avec un médecin aussi sexy soit-il ne fait pas partie de ma prérogative à l'heure actuelle.

En débitant ma tirade, je n'avais pas remarqué que nous étions arrivé dans la cafétéria. Mais Jessy ne laisse pas tomber et me répond crûment.

- Ce qui est clair ma puce, c'est que tu aurais besoin de baiser un bon coup pour arrêter de me sortir de telles conneries. M'affirme alors Jessy.

Je m'apprête à lui répondre lorsque j'entends un léger toussotement, dès que je me retourne, des yeux d'un bleu électrique me transpercent. L'homme affiche un rictus moqueur qui indique qu'il a capté notre conversation depuis le début. Définitivement gêné, je ne sais plus où me mettre et je deviens rouge pivoine.

La honte ! Sur son badge, je lis Maël Gauthier.

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