8. Samuel

2 minutes de lecture

19 janvier 2018

Cher journal,

Alors déjà, bonne année : être triste et bizarre ne m’empêche pas d’être poli.

Maintenant, concentre-toi et apprête-toi à absorber tous mes soucis, OK ? Enfin, je sais même pas si je peux appeler ça des soucis.

Mais bref.

Depuis quelques jours, tout est différent.

Enfin, je t’en ai déjà parlé : je suis fatigué, et triste, et je me sens bizarre, genre crise d’ado en retard. Je m’énerve vite, pour pas grand-chose, et tout ce qui m’entoure m’atteint dix fois plus que ça ne le devrait. C’est compréhensible ?

Sûrement pas. Même pour moi, ça ne l’est pas vraiment.

Mes ces derniers temps, j’ai vraiment l’impression d’être à part. Dans une sorte de bulle. Mon esprit divague tout le temps, et je ne me sens plus à ma place nulle part. Enfin, à part avec les Cinq, mais même à eux, je n’arrive pas à en parler. Maman avait raison, c’est bien plus simple d’écrire que de parler. Sauf que c’est à sens unique.

C’est sûrement ça qui rend la chose plus simple, d’ailleurs.

A vrai dire, je crois que je sais d’où vient une partie du problème, mais en parler rendrait la chose réelle, et je n’ai pas envie de soûler tout le monde avec mes pensées semi-dépressives d’adolescent qui découvre ses émotions. Même aux Cinq : j’ai beau avoir pleinement confiance en eux, j’ai trop peur de gâcher ce qu’on a pour me confier entièrement. Et puis, ça compliquerait les choses.

Alexis en ferait sûrement une blague, on rigolerait un peu et on n'en reparlerait plus. Ca affecterait trop Constance, et à vrai dire, je n’ai aucune idée de la manière dont elle réagirait. Clément, c’est carrément impossible. Et Roxane voudrait en parler aux trois autres.

Mes parents en feraient toute une histoire, je les connais. Avec un seul fils, ils veulent toujours plus de potins, et j’ai pas envie de ça.

Cher journal, tu dois être sacrément perdu. Mais promis, pas autant que moi.

J’ai l’impression étrange de jouer avec une bobine de fil et de m’emmêler un peu plus chaque fois que j’essaie de trouver le bout.

Je ne sais pas quoi faire, ni à qui parler, et je me sens complètement seul au monde.

Je me sens aussi super égoïste, parce que contrairement aux autres, je n’ai pas de réelles raisons d’aller si mal et de me plaindre autant. Et je commence à avoir du mal à écouter les autres, tant mon cerveau se focalise sur moi-même. Quand Alex me parle de son père par exemple, je sais qu’il est mal, mais je ne sais jamais quoi lui dire sans faire le rapprochement avec mes propres émotions. Lui, il sait mettre le mal de côté pour nous faire rire quand on en a besoin, mais moi, j’en suis incapable.

En gros, j’ai de plus en plus de mal à faire semblant d’aller bien, sans raison apparente, et c’est vraiment, vraiment chiant. Je ne me comprends plus moi-même.

Je deviens ce que j’ai toujours voulu ne pas être : morose, plaintif et égoïste, incapable d’être l’ami que je voudrais être pour les Cinq.

Parce que si eux sont les quatre éléments qui forment mon monde, je ne sais plus vraiment à quoi je sers, moi, dans cette histoire.

Alors, à bientôt. Je te tiendrai au courant quand cette crise me passera.

A plus,

Sam

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