9 juin 1771

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Petit commentaire avant que vous commenciez à parcourir ce chapitre :

Pour certains et certaines d'entre vous, vous m'aviez indiqué que le début semblait long et très répétitif. Ne vous inquiétez pas, la douleur et la souffrance d'Axel s'intensiefieront dans les chapitres à venir. Il s'agit d'un journal intime, vous avez sans doute l'impression que les événements vont très lentement et que le personnage ne raconte que des faits abstraits et peu intéressants. Or, ces derniers sont importants à retenir concernant l'existence d'Axel et les péripéties qu'il va vivre. Mon but est bien évidemment de vous tenir en haleine avant que tout ne bascule dans les ténèbres et malheureusement pour vous, je vous torture ! Je précise que c'est aussi ma façon d'écrire, de surprendre mes lectrices et lecteurs et de ne pas trop être dans l'action au tout début du roman.

Ne vous impatientez pas de trop, les choses vont lentement mais sûrement, la violence et la douleur se feront de plus en plus intenses au fil de l'histoire. J'espère que la suite continuera à vous plaire.

Je m’assoupis, heureux de cette futile rencontre. Ça a été de courte durée. Assoiffé, je demande un verre d’eau. Je décide d’écrire dans mon bureau tout en prenant soin de verrouiller la porte. On frappe. Je soupire, me lève, et tombe nez-à-nez avec ma femme. Elle est vêtue d’un nouvel habit de nuit blanc, elle sautille comme une sauterelle. Elle me parle de conversations inintéressante, de nouveaux vêtements qu’elle aurait eu à bon prix. Fièrement, elle crâne, parcourt le bureau. Je suis stressé, mal à l’aise.

Puis elle me dit :

« Mon père m’a parlé d’un rendez-vous avec toi. Que se passe-t-il donc entre vous deux ? »

Tétanisé, je cesse d’écrire.

« C’est exact. Mais je gère la situation ».

Elisabeth fronce les sourcils, hausse les épaules et quitte la pièce à mon grand soulagement. La créature ne cessera jamais de me faire peur.

Après un déjeuner sans trop de disputes, je me prépare à rejoindre le père dans son cabinet au centre-ville. Quelle outrance, il se croit pour le grand défenseur des innocents. Canever étant une petite ville au mode de vie moyen, Monsieur de la Cambrière faisait tâche. Devant son cabinet, une plaque dorée avec son nom inscrit en lettres capitales. Les grandes portes au loquet d’argent, le couloir traversé d’un grand tapis coûteux. J’attends dans une salle d’attente vide. La très jeune secrétaire me propose une coupe de champagne que je refuse. Il est hors de question que je me laisse amadouer par un peu d’alcool qui me ferait perdre le contrôle de mes paroles. 10 minutes plus tard, Monsieur de la Cambrière, engoncé dans son costume, serre la main d’un homme d’âge mûr. Ils s’échangent quelques mots, le client s’en va.

J’entre. Des fauteuils en cuir, une odeur de cigare froide, les murs couverts de tableaux. Je vois à qui j’ai affaire. Nous nous asseyons. La conversation est directement orientée vers Elisabeth.

« Puis-je savoir à quoi vous jouez Monsieur de la Guillère ? Vous me dérangez d’une lettre fort dérangeante à propos de ma fille. Qu’est-ce qui vous tracasse ? »

« Pardonnez-moi si elle vous a blessé Monsieur mais je crains que nous ne soyons pas sur la même longueur d’onde. Je n’ai pas les moyens de garantir toutes les dépenses de votre fille ».

Et une véritable dissertation commence sur mes responsabilités d’époux et de père de famille. Il remet le sujet de mon métier sur la table. Le fait que je dois absolument répondre à ses besoins, prendre soin d’elle et cesser d’être avare. Je faillis m’étrangler. Je ne peux contre-carrer ses arguments, il m’interrompt à chaque fois que j’essaye d’ouvrir la bouche. D’un geste arrogant, il balaye l’air, je dois débarrasser le plancher.

Furieux, je me retiens de claquer la porte du cabinet. Les clients me regardent d’un air surpris. Ma dernière pique aurait été de le déconseiller à toute Canever.

Je rentre en calèche, je fouette le cheval afin qu’il avance. J’ai envie d’injurier tous les passants. Je passe devant notre café favori, Frédéric de Preyse accoudé à une table me fait signe. Je réponds d’un geste de main que je ne viendrais me joindre à lui. Il me jette un œil curieux.

De retour au domaine, Elisabeth crie à qui veut bien l’entendre que je l’ai trahi. Une commedia del arte se déroule alors. Elle se précipite vers moi, m’agrippe par le col et me secoue. Les domestiques viennent me secourir de la harpie enragée, l’emmènent dans sa chambre. Elle crie qu’elle ne veut plus me revoir. Qu’il en soit ainsi. Demain, nous nous réconcilierons, je la connais.

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