Chapitre 18 : Perdu...

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Abasourdi et à bout de souffle, Tomy resta debout plusieurs minutes à observer le tyrannosaure avant que ce dernier ne s’éloigne dans la direction opposée. Le pauvre Bruce haletait bruyamment à mesure qu’il perdait le peu de vigueur qui lui restait pour ramer.

— Mais que se passe-t-il ? lança Tomy en se retournant vers son ami.

— Je n’en sais rien… répondit Bruce en cherchant son souffle.

— C’est quoi cet endroit ? Et pourquoi tu parles ? Et d’où sort ce… monstre préhistorique ?

— Calme-toi ! Ça ne sert à rien de paniquer ! Respire à fond.

Bruce prit une grande inspiration en levant ses pattes devant lui, puis expira en les abaissants tel un instructeur de yoga. Tomy suivit ses mouvements et s’assit à mesure qu’il s’apaisait.

— Je te l’ai dit ; je ne sais rien de ce qui se passe ou par quelle magie je peux me mouvoir et communiquer comme un être humain !

Une amusante moue d’étonnement se dessina sur le visage pelucheux de Bruce qui se tenait debout sur le plat-bord, les pattes ouvertes vers Tomy.

— C’est dur de rester sérieux avec la tête que tu as ! ricana le garçon.

— Oh, tu trouves que c’est le moment idéal pour se moquer ?

Bruce replia ses petits bras court sur ses hanches, puis pencha sa tête disproportionnée, aux petites oreilles rondes, sur le côté, en plissant les yeux de désapprobation. Une posture grotesque qui déclencha chez Tomy un fou rire incontrôlable.

Avant que Bruce ait le temps de répondre, la barque repris subitement de la vitesse, le faisant basculer dans les bras de Tomy.

— Qu’est-ce que…

En se penchant par-dessus bord, les deux amis furent stupéfaits de voir des milliers de poissons de tailles divers se relayer contre le fond de la barque pour la faire avancer.

— C’est pas croyable !

— À cette allure, on sera de l’autre côté du lac en moins de deux !

— Oh, regarde, Tomy !

Lorsqu'il leva la tête, un fabuleux arc-en-ciel se formait au loin dans le ciel pâle, laissant danser son flot de couleurs irisées à la surface du plan d’eau dans un ballet hypnotique et apaisant, droit dans la direction vers laquelle ils étaient emportés.

— C’est un signe, j’en suis sûr ! s'exclama Tomy en se relevant.

Tandis que leur embarcation fendait les eaux à toute allure, les deux amis, encore secoués par l’épreuve qu’ils venaient de traverser, laissèrent vagabonder leurs pensées devant le spectacle féerique qui se jouait sous leurs yeux.

Lorsqu’ils arrivèrent de l’autre côté du plan d’eau, l’arc-en-ciel s’effaça doucement du ciel blafard et les poissons se dispersèrent. Tomy installa Bruce dans la capuche de son sweat-shirt avant de débarquer.

— Tu sais de quel côté on doit aller ?

— Faut trouver la route, c’est notre seul repère...

Le brouillard et la pâle lumière du soleil qui perçait au travers de l’épaisse couche de nuage ne leur permettait pas de voir à plus de dix mètres. Seul l’ombre des pins géants qui ceinturait les rives du lac contrastait dans le paysage désolé. Tomy se mit prudemment en marche, guidé par les arbres en contre-jour. En passant entre les branches des résineux, l’épaisse canopée qui les surplombait formait une barrière à la brume, mais également au moindre rayon de soleil. L’obscurité, accompagnée d’un silence de mort, alourdit subitement l’atmosphère.

— Je n’aime pas ça, Tomy ! Sortons vite d'ici !

Le garçon avança en évitant soigneusement les branches, troncs et souches qui lui barraient la route, lorsqu’un bruissement lui fit faire volte-face. Cependant, seule la pénombre lui sembla de plus en plus épaisse, tant le lieu était lugubre.

Soudain, une bourrasque traversa la ceinture arborée en projetant feuilles et débris de plantes aux visages des deux amis.

— Tomy, mon bébé ! appela une voix d’un ton plaintif, tel un écho venu du lointain, tu me manques tellement !

— Maman ? s’exclama Tomy.

Il se tourna dans tous les sens pour trouver la direction d’où provenait la voix de sa mère, mais elle s’évanouit aussi brièvement qu’elle était apparue.

— Tu l’as aussi entendue, hein ? C’était pas dans ma tête ?

— Non, Tomy, je l’ai entendue !

— Maman ! Je suis là ! Si tu m’entends, dis-moi où tu es ! s’époumona le pauvre garçon.

Mais aucune réponse ne vint briser le sinistre silence qui planait sur la pinède.

— Tomy, regarde ! La route !

Bruce désigna de la patte la bande de terre claire qui contrastait entre les branches. Tomy courut dans sa direction et trébucha dans le petit fossé qui la bordait, faisant rouler Bruce hors de sa capuche.

— Ça va ? demanda Tomy en l’aidant à se remettre sur ses pattes.

— Oui, oui, tout va bien, répondit Bruce en époussetant son pelage.

Tomy se releva et scruta les deux directions que leur offrait le chemin de terre sans même remarquer que le brouillard s’était levé.

— Maman ? exhorta-t-il de toutes ses forces.

Le lointain rugissement du tyrannosaure le fit tressaillir. Sans perdre une minute, il souleva Bruce dans sa capuche et se mit à courir dans la direction opposée. Malgré la distance qu’ils avaient réussi à mettre entre eux et la créature, cette dernière ne semblait pas vouloir renoncer à ses proies aussi facilement.

Bientôt, il aperçut une boite aux lettres sur le bas-côté. En s’approchant, il soupira de soulagement en lisant le nom inscrit sur cette dernière : Hopkins.

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