Chapitre 6 : Amour paternel

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22h26.

Jeffrey tenta de faire le moins de bruit possible en déverrouillant la porte d’entrée. Il retira délicatement ses chaussures et son manteau, puis déposa sa mallette sur le petit banc.

Se dirigeant vers la cuisine, il remarqua que le lampadaire du salon était allumé. Lucy s’était assoupie dans le fauteuil à bascule, un exemplaire de Petit déjeuner chez Tiffany, son livre préféré, dans les mains.

Il s’arrêta dans l’embrasure de la porte pour contempler la belle endormie. Ses longs cheveux blonds s’étalaient autour de son visage telle une cascade d’or, tandis que ses lèvres vibraient à chacune de ses expirations. Elle portait un déshabillé vaporeux en mousseline rose parme sous sa robe de chambre en dentelle blanche. Malgré ses quarante ans, son visage avait toujours la douceur angélique et le teint de porcelaine qui faisait fondre Jeffrey.

— Ma poupée, murmura-t-il en la regardant avec tendresse.

Il s’approcha d’elle à pas feutrés, retira le livre entre ses mains pour le poser sur la table basse, puis la souleva dans ses bras.

Elle poussa un petit gémissement en entrouvrant les yeux, tandis qu’il montait déjà les escaliers.

— Jeff ?

— Oui, mon amour, je suis rentré. Rendors-toi.

Il l’allongea délicatement dans leur lit et remonta la couverture sur ses épaules. Elle poussa un soupir de satisfaction.

— Je t’aime chéri.

— Je t’aime aussi.

Il déposa un dernier baiser sur ses douces lèvres roses et quitta la chambre.

Mardi 7 mars, 5h57.

Lucy ouvrit doucement les yeux tandis que la pâle lumière du bas soleil d’hiver pointait déjà à l’horizon. Elle chercha Jeffrey de la main, à côté d’elle, lorsqu’elle remarqua le bruit de l’eau coulant dans la douche de la salle de bain attenante. Elle se redressa avant de s’étirer pour rejoindre son bien-aimé.

— Toc toc… tu me fais une petite place ? dit-elle en tirant doucement le rideau.

Jeffrey, surpris et aveuglé par le piquant du shampoing, se tourna vers elle avec une grimace. Lucy éclata de rire en le voyant tenter d’entrouvrir un œil.

Il se rinça le visage et son sourire s’illumina lorsqu’il remarqua le corps dénudé de son épouse.

— Je ne savais pas que tu m’apportais le petit déjeuner sous la douche, dit-il en l’attirant vers lui.

Ils s’embrassèrent fougueusement, emporté par la chaleur du désir et de l’eau chaude qui les enveloppaient.

6h30.

Le radio réveil JAZ MOFIC s’alluma sur la station WSC 102 FM et les actualités du mardi 7 mars 1989. Tomy entrouvrit péniblement un œil pour viser le bouton snooze. Il se redressa, s’étira, puis attrapa Bruce pour l'embrasser comme chaque matin.

— C’était très sympa ce tour en bateau sur le lac, M. Bruce ! Il faudra le refaire !

Il sourit à sa peluche puis se leva en faisant grincer le parquet en chêne. Comme tous les matins, il courut à sa commode pour s’habiller, attrapa son cartable puis s’empressa de rejoindre la cuisine pour le petit déjeuner.

Au milieu des escaliers, Tomy se figea en entendant ses parents chanter en chœur la chanson Close to you des Carpenters que la radio diffusait. Il pencha la tête par-dessus la main courante et les découvrit, son père vêtu d’un costume rayé gris foncé et sa mère dans son peignoir blanc, valsant amoureusement autour de la table de la cuisine. La lumière dorée du soleil levant transperçant les fenêtres aux rideaux vert clair donnaient un aspect cinématographique à la scène. Comme lorsque le prince Philippe et Aurore se rencontrent au milieu de la forêt dans La belle au bois dormant, le DISNEY préféré de Tomy. Il resta à les observer pendant plusieurs secondes, subjugué par la beauté de l’amour qui se dégageait d’eux.

— Oh tu es là, mon ange, dit Lucy en le remarquant.

— Hey, mon champion ! Tu as bien dormi ?

Tomy descendit les deux marches restantes et posa son cartable à côté de la porte d’entrée. Son père s’accroupit et tendit les mains dans sa direction. Tomy, le sourire aux lèvres, courut et se jeta dans ses bras.

— Maman dit que tu as une nouvelle amie ? Erin, c’est ça ? demanda Jeffrey en l'asseyant sur sa chaise.

Tomy hocha la tête en direction de son père, la bouche déjà pleine d’œufs brouillés au bacon.

— C’est la famille qui a racheté la ferme Jenkins, c’est bien ça ?

— Les Myers, oui. J’ai eu sa mère, Jessica, au téléphone. Une femme très sympathique. Tomy était inquiet, car la petite avait dû quitter l’école précipitamment, mais ce n’était rien de grave.

— C’est très gentil de ta part mon champion, répondit Jeff en lui ébouriffant les cheveux.

— D’ailleurs, je me demandais si tu serais d’accord pour les inviter à déjeuner dimanche, après l’église ? Pour leur souhaiter la bienvenue.

Tomy ouvrit de grands yeux ronds et dévisagea son père. L’idée de passer toute une après-midi avec Erin l’enchantait au plus haut point.

— Oh oui papa ! dit-il avec excitation.

— Je ne sais pas… On ne les connaît pas vraiment…

— C’est justement l’occasion, répondit Lucy.

— En plus, Zach a dit que son frère avait croisé M. Myers au drugstore et qu’il était bourru, mais sympathique !

Jeffrey et Lucy échangèrent un regard dubitatif avant d’éclater de rire.

— D’accord, invitons-les dimanche.

Emporté par la joie que lui procurait l’approbation de son père, Tomy sauta de sa chaise directement dans ses bras pour l’embrasser.

— Doucement, champion, ricana Jeffrey.

— Merci papa ! Je t’aime !

Jeffrey le serra soudain plus fort contre lui.

— Je t’aime aussi, mon grand…

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