Chapitre 26

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Ma gorge était en feu, mes poumons aussi. Je ne voyais plus que par un cercle au centre de ma vision. Suffisamment grand pour voir le regard satisfait de Marcus. J’avais arrêté de me débattre, je n’avais plus assez de force.

Je continuais pourtant faiblement à essayer d’écarter ses mains de mon cou.

Une chaleur agréable commençait à se répandre dans mon corps, m'apaisant doucement. Etais-je en train de mourir ? Cela ne ressemblait pas au jour où l’ange m’avait transpercé avec son épée.

Je sentais Marcus remuer étrangement au-dessus de moi. Son visage avait changé, passant de la joie à l’incompréhension.

— Qu’est-ce que tu fais ? demandait-il paniqué.

Evidemment, je ne pouvais pas lui répondre et même si j’avais pu, je ne comprenais pas de quoi il parlait. Ses mains se desserrèrent pourtant un peu, me permettant de récupérer un peu d’oxygène. Je reprenais un peu de force et tendais mes mains vers lui.

J'écarquillais alors les yeux, comment était-ce possible ?

Autour de mes avant-bras et de mes mains serpentaient des flammes blanches. Pourtant, je ne ressentais aucune brûlure, seulement cette chaleur agréable. Contrairement à l’homme qui prenait feu par endroit.

Je ne réfléchissais pas vraiment et frappais de toutes mes forces le torse de Marcus, l’envoyant voler à travers la pièce. Il percuta un mur et ne se relèva pas.

— Il est mort, intervint quelqu’un hors de mon champ de vision.

Je me relevais vivement, prête à en découdre malgré la douleur aiguë que je ressentais dans tout mon corps mais surtout dans ma gorge. C’était Kendra, elle semblait essoufflée.

— Je t’ai cherché partout, disait-elle. Est-ce que ça va ?

Avait-elle vu ce qu’il venait de se passer ?

— Mieux que lui en tout cas, croassais-je.

— Tu ne devrais pas parler.

Elle montra un miroir dans un coin où je pu voir l’énorme ecchymose qu’avait fait Marcus sur mon cou. Je respirais un grand coup, essayant de me remettre de mes émotions. L’air me faisait mal en passant dans ma tranchée mais j’étais vivante.

Mais grâce à quoi ? Avais-je encore halluciné ? Je fixais mes mains et mes bras dans le miroir sans rien distinguer de nouveau.

— Tu n’as pas halluciné, lâcha Kendra dans un souffle. Si c’est bien ce que tu es en train de te demander.

Je fronçais les sourcils, croisant son regard à travers le miroir. J’ouvrais la bouche pour la questionner mais elle me devança :

— Ne parles pas, tu es blessé. Je t’expliquerais ma théorie lorsqu’on sera sortie d’ici. Pour le moment, cherchons les jumeaux. Après tout, on est là pour ça non ?

J’acquiesçais de la tête presque avec réticence. Tous les moments où j’avais trouvé Kendra étrange me revenaient en mémoire. Elle semblait en savoir tellement plus que moi et, surtout, elle semblait si à l'aise pour jouer un rôle. Je la revoyais danser autour de l’ange comme si elle avait fait ça toute sa vie. Avais-je eu tort de lui faire confiance ?

Mais elle m’avait sauvé la vie.

Soudain, un souvenir enfouis refit surface.

— Je sais que tu peux encore m’entendre, Oswin. Et je sais aussi que tu ne te souviendras pas de ce que je vais te dire, avait chuchoté la jeune femme près de mon oreille. Tu es un cas très spécial, tu es en train de changer. Je veillerais donc à ce qu’il ne t’arrive rien. Mais si tu retouches encore à l’un des jumeaux…

J’étais inconsciente à ce moment-là. Je n’aurais jamais dû m’en rappeler.

— Alors ? Tu viens ?

Kendra était revenu sur ses pas en voyant que je ne la suivais pas. Elle semblait inquiète. Savait-elle que je commençais à douter d’elle ? Non. La brune était tout simplement sur ses gardes car nous étions probablement cernés d’ennemis.

Je soupirais et me résignais à la suivre, c’était ma seule alliée ici. Peu importait qui elle était vraiment. Nous avions une mission et j’étais bien décidé à la mener à terme. Ensuite, je demanderais des réponses.

— J’ai déjà examiné pas mal de cellules en te cherchant tout à l’heure, chuchotait-elle. J’ai trouvé quelques prisonniers mais aucune trace des jumeaux pour le moment. Je pense pourtant qu’on est tout près du but.

J’acquiesçais en espérant qu’elle ait raison. Je ne voulais pas rester ici plus que nécessaire.

Nous herâmes tout de même quelque temps dans les couloirs sombres de ce qu’il semblait être des sous sols. Je me demandais si nous étions encore proches du stade.

Les cellules étaient pour la plupart vides. Nous tombâmes même sur un cadavre oublié. Le pauvre bougre avait dû mourir de faim et de soif.

— Ne perdons pas espoir, n’arrêtait pas de répéter ma compagne.

Pourtant, je sentais qu’elle aussi désespérait. Depuis combien de temps marchions nous ? Pourquoi n'avions-nous pas encore rencontré de garde ou même d’ange ?

Je commençais sérieusement à me dire que les garçons n’étaient et n’avaient jamais été là, lorsque Kendra actionna une poignée qui résista. Cela faisait bien longtemps que nous n’étions pas tombés sur une porte fermée à clef.

— Il y a quelqu’un ?! tambourinait la brune sur la porte.

Je jetais des regards dans les deux directions du couloir, redoutant l'arrivée d’ange. Elle faisait beaucoup trop de bruit. J’allais lui faire remarquer lorsqu’une voix faible lui répondit.

C’était inaudible, mais il y avait bien quelqu’un.

— Surveilles les alentours, m’ordonna-t-elle avant de s’agenouiller près de la serrure.

Elle sortit un crochet de ses cheveux qu’elle glissa dans le trou. J’étais toujours aussi étonné par ses compétences, mais cela ne faisait que me conforter dans l’idée que je ne la connaissais pas vraiment.

Après plusieurs tentatives, la porte se déverrouilla dans un clac sonore. La jeune femme poussa le battant avec force, laissant entrer la lumière dans la pièce exiguë.

Cette dernière éclaira une forme recroquevillée dans le coin le plus éloigné de l’entrée.

Nous nous approchâmes doucement. Les habits déchiquetés laissaient entrevoir des blessures diverses. Coupures, bosses, brûlures, toutes plus ou moins cicatrisées voire encore ouvertes pour certaines. Mélange de chair brûlée et d'excréments, l’odeur était presque insupportable.

— Qu--qui est là ? croassait la chose en tremblant.

— C’est Oswin et Kendra.

La forme se crispa à ces noms.

— Je ne vous crois pas, elles ne peuvent pas être là. Allez-vous en.

Nous avions donc bien devant nous l’un des jumeaux. Mais lequel ?

— Relève la tête pour voir alors, proposa d’une voix douce la brune.

— Cela ne vous suffit pas de me torturer ?! s’énerva le garçon.

— Je t’assure que c’est bien nous, croassais-je difficilement.

— Oswin, je t’ai dit de ne pas parler tu vas aggraver tes blessures, me grondait-elle avant de s’adresser de nouveau au jeune homme. Dis nous seulement si tu es Kaleb ou San.

— Vous savez très bien qui je suis ! hurlait-il de sa voix cassée. Il ne reste que moi, San, parce que vous avez tué Kaleb !

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