Chapitre 24

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Nous errions dans le quartier depuis maintenant deux jours.

Nos recherches étaient nettement entravées par les allers et venues constants des anges. Nous avions très vite trouvé le nid. Les anges s'étaient tout bonnement installés dans le bâtiment qui ressemblait le plus à un nid dans sa forme. L’immense stade du Parc des Princes.

Mais nous cherchions maintenant Kendra qui restait introuvable.

Son ange était-il trop amoché pour arriver jusqu’ici ? Ou bien au contraire avait-il semé la jeune femme ?

Avec Isis, j’avais installé différents signalements pour avertir Kendra que nous étions dans la zone. Un graffiti par-ci, un tas de pierres par là. J’espérais juste que ce ne soit pas trop discret.

— Nous pourrions partir à sa recherche, faisais-je remarquer à Isis.

— Et si nous la rations ? Elle pourrait arriver ici sans que nous soyons là et sans nous avoir rencontré, articula-t-elle en secouant la tête.

— Tu as raison, lui répondais-je en m'affalant sur le canapé de l’appartement que nous squations avant d’ajouter : Mais je commence à en avoir marre d’attendre. Je ne supporte pas de rester inactive alors que les jumeaux sont en danger de mort.

La métisse acquiesça, compréhensive. La connaissant, elle aussi devait avoir envie de passer à l’action.

— Nous pourrions tenter quelque chose seulement toutes les deux...

Elle ne me laissa pas finir et leva la main, alerte.

— Tu as entendu quelque chose ? chuchotais-je.

— Il y a quelqu’un dans la rue. Pas un ange, dit-elle en silence.

Nous rejoignîmes discrètement la fenêtre la plus proche et jetâmes un coup d'œil dehors. Quelqu’un marchait en plein milieu de la route. Isis me fit signe de regarder en l’air et je découvrais un ange mal au point qui volait difficilement. Je regardais de nouveau vers la silhouette en plissant les yeux. Cheveux bruns rassemblés en une natte, vêtements sombres et surtout une lame dans la main.

— C’est Kendra.

— Pourquoi marche-t-elle aussi insoucieusement ? demanda la jeune fille à mes côtés.

— Je ne sais pas, il faut l'intercepter.

Nous descendîmes quatre à quatre les escaliers de l’immeuble pour arriver dans la rue. Notre amie avait déjà bien avancé. Je vis Isis hésiter quelques instant, devions nous sortir du couvert du bâtiment ?

Je lui faisais signe de s'accroupir et attrapais un cailloux pour le lancer vers Kendra. Il passa près d’elle pour percuter le mur en béton derrière dans un petit bruit. La jeune fille se retourna brusquement de ce côté sans rien voir. Je relançais donc une autre pierre qu’elle intercepta d’un geste vif que je ne lui reconnaissais pas.

Je croisais alors son regard. Ses sourcils froncés encadraient des yeux aussi rouges que le mien. Je frissonnais d’effrois avant de me figer. Mon instinct me dictait de fuir au plus vite cette créature.

Ce fut Isis qui me sortit de là en me secouant. Kendra nous avait rejoints, ses yeux bleus me fixaient avec inquiétude. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas fait de crise.

Je regardais autour de nous, l’ange était maintenant une tâche qui se fondait dans le décor au loin.

— Combien de temps ça a duré ? chuchotais-je.

— Quelques minutes, peut-être cinq, répondit Isis.

Elles me fîmes monter jusqu’à l’appartement où je plongeais la tête dans l’eau froide pour reprendre mes esprits.

— Donc le nid n’est pas loin, entendais-je dire Kendra lorsque je rentrais dans la pièce principale.

— Il nous faut passer à l’action au plus vite, disais-je.

— Je suis d’accord. Une idée de comment entrer à l’intérieur ?

— Il n’y a aucune chance pour y rentrer sans y être invité.

Je lançais un regard à Isis avec un sourire. Kendra le remarqua et demanda :

— Vous avez trouvé comment y être invité c’est ça ?

— Exactement, mais tu ne vas pas aimé mon plan.

— Je t’écoute.

— Tous les soirs, les anges semblent faire la fête dans le nid. A cette occasion, une file de jeunes femmes entre dans le nid. Elles sont habillées de façon très sexy…

— Tu proposes qu’on se fasse passer pour des jeunes femmes désespérées, prêtes à tout pour survivre ? ricanna-t-elle.

— Tu désapprouves ?

— Non, nous sommes parfaites pour ce rôle.

§

Je n’avais pas imaginé cette robe aussi courte. Le tissu noir pailleté moulait mon corps devenu musclé grâce aux entrainements. Le vent glissait sur ma peau comme si j’étais nue, je n’étais clairement pas à l’aise. Les escarpins un peu trop grands que je portais n’aidaient en rien à la situation.

Je me sentais ridicule habillé ainsi en pleine apocalypse.

A mes côtés, Kendra semblait bien plus à l’aise, ou du moins, elle ne laissait rien paraître. J’essayais de l’imiter tout en évitant de me casser une cheville lorsque nous arrivâmes enfin près de l’entrée du nid.

Une dizaine de jeunes femmes comme nous attendaient déjà. Mon cœur se serra, la plupart d’entre elles étaient si maigres que leur robe ne leur allait plus.

Nous n’attendîmes pas longtemps. Les portes s’ouvrirent en grand, laissant entre voir une lumière dorée. Nous suivîmes le mouvement et lorsque nous nous engouffrâmes à l'intérieur, j’attrapais la main de Kendra pour la serrer en repensant à ce que nous nous étions dit quelques heures avant.

— Nous ne pouvons pas emmener Isis avec nous, avait dit Kendra.

— Je suis d’accord, elle est trop jeune et nous ne savons pas ce qu’il arrive à ces jeunes femmes lorsqu’elles sont à l'intérieur.

— Mais elle ne nous laissera pas la laisser derrière.

— Je m’en occupe, lui avais-je dit avec un clin d'œil.

J’avais donc retrouvé la métisse dans la cuisine, elle réchauffait grâce au gaz une soupe aux vermicelles trouvé sur place.

— Isis, tu sais que j’ai une sœur ?

Elle avait acquiescé sans quitter des yeux la casserole.

— Tu m’y fais beaucoup penser…

Elle avait levé la main, signe qu’elle voulait me couper avant de se retourner vers moi pour que je puisse lire sur ses lèvres.

— N’essaie pas de m’amadouer, je comprends que vous ne vouliez pas que je vienne avec vous dans le nid. Je vous attendrai ici.

— Tu es sûr ? J’aurais pourtant pensé que tu voudrais nous suivre.

Elle m’avait souri avant de dire en silence :

— Si vous vous faites attraper, il faudra bien que quelqu’un vienne vous sauver.

J’avais rigolé avec elle avant de reprendre mon sérieux.

— Isis. Si nous sommes capturés, je veux que tu fuis le plus loin possible et que tu retrouves ma famille pour leur dire que si j’avais pu, je les aurais retrouvé.

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