Chapitre 20

5 minutes de lecture

La trappe s’ouvrit dans un nuage de poussière. Nous étions de retour.

J’avais l’impression que nous revenions dans la vraie vie, comme si ces quelques semaines dans la cabane n'avaient été qu’un rêve. Le retour à la réalité allait être brutal.

Rien n’avait changé dans le sous-sol si ce n’était la porte en métal qui avait été défoncé. La poussière s’était déposée un peu partout et les araignées s’en étaient donné à coeur joie. Jusque là, on aurait pu croire à une maison abandonnée, sans soucis.

Mais lorsque nous commençâmes à gravir les premières marches, l’odeur nous frappa en pleine face.

Cette odeur que nous commencions tous à connaître avec l’habitude mais qui aurait pu être reconnaissable par n’importe quel être vivant. L’odeur de la mort.

J’eu un haut le cœur, mais tenais bon. Il fallait que je le fasse.

Nous avançames dans la pièce à vivre, prête à tomber sur leurs cadavres.

— Il n’y a rien, lâcha Kendra.

— Comment ça ?!

Je l’écartais et déboulais dans la salle. Rien. Enfin si, il y avait bien du sang, des éclats de verre, mais pas de corps.

Je me tournais vers les deux autres, Kendra arborait un sourire victorieux. Pas de corps, pas de preuve de leur mort. Je me détournais d’elle et m’élançais dehors. La rue était jonchée de cadavres en décomposition. C’était de là que venait l’odeur. Je vomissais sur le bas-côtés.

— Et maintenant ? demandait-je à Isis lorsqu’elle me tendit de l’eau.

Elle haussa les épaules avant de se tourner vers l'aîné du groupe.

— Nous partons à leur recherche. Mais avant, rassemblons nos affaires.

Je n’avais pas grand chose à prendre à part quelques vêtements et mes armes, je m’attelais donc avec Isis à fourrer un maximum de boîtes de conserve dans nos sacs. De son côté, Kendra dû faire un tri dans son matériel médical, elle ne pouvait certainement pas tout prendre.

Moins d’une heure avait passé lorsque nous dîmes au revoir à la vieille bâtisse.

— J’ai toujours vécu là, vous savez, disait la jeune femme en fixant les grosses pierres sombres.

Elle passa une dernière fois sa main sur la porte en bois puis se détourna. Les yeux humides, elle nous souriait.

— Nous reviendrons quand tout sera fini, lui assurais-je.

Elle acquiesça et nous nous mîmes en marche.

Isis et moi ne savions pas réellement où nous allions, mais Kendra semblait avoir une idée en tête.

— Nous devons capturer un ange vivant, finit-elle par lâcher face à nos questionnements.

— Attends, quoi ? demandais-je incrédule.

— Un qui parle de préférence, continua-t-elle sans s’arrêter.

A ma droite, la muette semblait excitée à l’idée d’attrapper une de ces créatures. Elle avait même déjà la main sur l’un de ses couteaux. Nous étions vraiment une bande d’instables.

— Kendra ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Te souviens-tu de l’état dans lequel on était toutes les deux ?

— Bien sûr que je m’en souviens, Oz. Et c’était la conséquence d’un combat face à un archange. Là nous n’aurions affaire qu’à un ange basique. A trois nous ferons largement le poids.

Je levais les yeux au ciel. Les jumeaux avaient intérêt à être bel et bien vivants.

— Et pourquoi veux-tu attraper un ange ?

— Pour lui soutirer des informations sur les jumeaux.

— Tu penses que l’archange les aurait emmenés avec lui ? Pourquoi ferait-il une chose pareille ?

— Pourquoi penses-tu qu’ils ont envoyé un archange contre nous ? demanda la brune avec un ton digne d’un professeur d’histoire.

— Je ne sais pas. Peut-être qu’ils savaient que nous étions nombreux et entrainés.

— Je pense qu’ils estimaient les jumeaux assez dignes d'intérêt et qu’ils n’allaient pas les laisser mourir aussi facilement.

— Mais ce ne sont que des jeunes hommes ! m’exclamais-je.

L’autre se tut et je fronçais les sourcils. Elle en savait plus qu’elle ne le disait.

— Comment as-tu su que c’était un archange ? la questionnais-je.

— J’en connais pas mal sur les différentes religions.

— Certes, mais je doute que les anges et les archanges soient décrits ainsi dans la bible.

Isis, toujours aussi silencieuse, suivait la conversation avec attention, ses yeux allant de Kendra à moi.

— Peut-être bien.

Elle devenait de plus en plus évasive. Allais-je vraiment devoir lui tirer les vers du nez ?

Heureusement pour elle, nous arrivâmes dans une zone un peu plus fréquentée. Il allait falloir se faire discret et ne pas attirer l’attention que ce soit des anges ou des humains.

Alors que nous zigzaguions entre les voitures et les corps qui ressemblaient de moins en moins à des humains, je repensais à ce que m’avait dit Kaleb lors d’une situation similaire.

— Les gens ont survécu soit en tuant, soit en se cachant. Ceux qui se sont cachés ont fini par rencontrer d’autres comme eux. Ce sont eux que nous secourons la plupart du temps. Les autres sont soit chanceux comme toi, soit dangereux. La sélection naturelle a eu lieu, Oswin. Et nous sommes capables de n’importe quoi pour survivre. Le danger ne vient pas que des airs.

La nuit commençait d’ailleurs à tomber, nos congénères n'allaient sûrement pas tarder à sortir de leur cachette. Je faisais donc signe aux filles d’accélérer le pas. Il ne fallait pas que nous restions dehors, nos sacs remplis auraient tôt fait de nous des cibles de choix.

Les dernières lueurs du jour disparaissaient derrière les immeubles lorsque nous pénétrâmes dans un hall. Nous nous installâmes sommairement dans un appartement du rez-de-chaussée. Il y avait bien deux chambres, mais nous restâmes dans le salon, ensemble.

— Nous devrions installer un tour de garde, proposais-je.

— Je suis d’accord, je prends le premier tiers, disais Kendra en s’asseyant dans un fauteuil. Tenez-vous prêtes à en découdre, ils ont l’air nombreux dans la zone et ça m’étonnerait qu’ils ne nous aient pas vu passer.

Nous acquiesçâmes puis nous allongeâmes dans nos sacs de couchage. A peine ma tête touchait le sol, que je m’endormais. J’étais vraiment épuisé. Ma blessure était guérie, pourtant mon corps n’était plus aussi entraîné que pendant la période où je combattais aux côtés de Kaleb. J’avais presque envie que nous nous fassions attaquer, pour me dérouiller un peu après ces semaines de repos forcé.

Je me maudissais donc intérieurement lorsque la brune sonna l’alerte.

— Ils sont six maximum, je dirais. Ils pensent être discrets mais je les ai vus passer devant les fenêtres. Amateurs.

Je souriais, je n’étais pas la seule à vouloir en découdre apparemment. Nous dégainâmes avant de nous cacher chacune dans un renfoncement. Kendra était la plus proche de la porte lorsqu’ils la défoncèrent. Sans inspecter la pièce, les humains se précipitèrent vers nos sacs laissés sur la table à manger. Nous nous jettâmes sur eux.

Il y avait déjà deux hommes et une femme au sol lorsque les autres sortirent enfin leur armes. Je frisonnais en voyant les canons pointer dans ma direction mais me reprennais rapidement. Les balles commencèrent à fuser, mais il était évident que la visé n’était pas leur point fort. A moins que la vue de ma lame angélique ne les fassent paniquer.

Nous ne tuâmes personnes.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire O_rion ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0