Chapitre 21

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Les rayons du soleil n’étaient pas encore apparus lorsque nous nous réveillâmes.

Le reste de la nuit avait été calme. Nous avions dormis dans l’appartement en face de celui où nous avions été attaqués. Les muscles courbaturés par le combat de la veille, nous rassemblâmes nos affaires avant de partir.

Nos assaillants semblaient avoir propagé la nouvelle de notre présence car les jours suivants, nous ne croisâmes âme qui vive. Il n’y avait aussi aucun signe d’ange dans le ciel pourtant découvert.

— Je vais commencer à croire que les anges ont quitté la terre, gromella Kendra le quatrième jour de marche.

— Peut-être devrions-nous changer de cap ? Se rapprocher de Paris ? proposais-je.

— Ou alors essayer de les attirer, articula Isis.

La brune sembla réfléchir à cette possibilité mais je coupais net sa reflection :

— On ne peut pas faire ça.

— Et pourquoi donc ?

— On ne sait pas combien d’ange débarqueraient. Comment comptes-tu en capturer un si ils sont cinquante ?

— Certes, mais t’as une autre idée ?

— Il faudrait adapter l’idée de Isis.

— Je t’écoute.

¤

La lune était déjà bien haut dans le ciel lorsque je mettais mon plan à exécution.

J’étais seule au centre d’un grand rond point arboré. Sur la pelouse, nous avions entassé tous les cadavres que nous avions pu trouver dans un rayon de cinq cent mètres. Les fleurs n'étaient clairement pas suffisantes pour masquer l'odeur immonde des corps en décomposition avancés. J'évitais de regarder le charnier que nous avions créé de peur de rendre mon maigre dîner.

J’attendais patiemment que ce soit l’heure que nous avions convenu avec les filles. Ces dernières se trouvaient chacune à des endroits similaires au mien. Trois tas de cadavres près à brûler se dressaient dans la ville.

Des nuages commençaient à cacher la lune lorsque l'heure arriva, les filles devaient être prêtes. Il le fallait.

Je craquais une allumette et la jetais dans le charnier. Je répétais l'opération à différents endroits et courais me cacher dans l'immeuble le plus proche. J’attendais, à genoux dans le noir, les yeux fixés sur la seule source de lumière de la ville.

Les souvenirs venant d'une vision similaire me déconcentrèrent quelques instants. J'avais allumé un charnier de ce genre le jour où j'avais rencontré Kaleb, le jour où j'avais rejoint la résistance.

Les minutes s’engrainaient mais toujours aucun signe d’une quelconque créature volante.

L’odeur de chair brûlée devenait presque insupportable, me piquant les yeux et le nez, lorsque je les vis. Ils étaient une dizaine voir peut-être une quinzaine. Ils volèrent autour du feu avant de se poser, prêt à examiner la zone. La lueur des flammes rendait leurs silhouettes irréelles. Aux yeux d'un chrétien, ces créatures n'auraient pu être que des démons.

Je ne prenais pas le temps de plus les observer et sortais de l’autre côté du bâtiment pour courir vers où se trouvait Kendra.

Après plus de cinq minutes de course effréné a slalomer entre les voitures abandonnées, je débouchais sur la place où attendait le deuxième charnier. Kendra n’attendit pas que je reprenne mon souffle et l’alluma.

Nous nous cachâmes et attendîmes. Un groupe plus infime, peut-être la moitié, arriva sur place rapidement. Comme sur le premier feu, ils atterrirent près à ratisser les environs.

Kendra partit en courant vers le troisième feu de joie. Je la suivais plus lentement pour récupérer. Mon but, contrairement à ce que j’avais dit aux deux autres, n'était pas d’attraper l’ange au troisième feu, mais de l’attraper entre ce dernier et le deuxième.

Je me postais donc sur le toit d’un petit édifice que j’avais repéré et attendis.

Trois anges finirent par me passer au-dessus. Ils n’allaient vraiment pas vite, probablement qu’ils commençaient à se lasser. Le dernier allait vraiment très lentement, un coup de chance.

J’armais le canon que m’avait confié Kendra et tirais. En silence, un filet se déploya au-dessus de l’ange. Il s’abatit sur la créature et la plaqua au sol. Ses camarades ne remarquèrent même pas sa chute.

Je l’entendais croasser tandis que j’entamais ma descente. Savait-il parler ? Et si j’avais gâché notre seule chance d’attraper un ange ? Kendra allait me tuer.

Une fois près du tas de plume, je remarquais que le filet lui avait littéralement cloué le bec. Il restait encore une chance qu’il soit capable de parler.

Je le trainais difficilement dans la bâtisse et l’enfemais. Il fallait maintenant que j’aille annoncer la nouvelle aux filles.

Je les croisais sur le chemin vers le troisième feu. Kendra était furieuse.

— Où étais-tu ?! C’est toi qui a le filet !

— Laisse-moi t’expliquer...

— Non ! Tu as gâché notre plan ! Que dis-je, ton propre plan !

— Kendra.

— Laisse-moi parler !

Je levais les bras au ciel et la laissais déverser sa haine en espérant que cela se termine vite.

Lorsqu’elle eut fini, je dis :

— J’ai attrapé un ange.

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