Chapitre 10

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— Isis ! Tu n’es pas la seule à devoir te laver ! criais-je en direction de la salle de bain, d’où j’entendais l’eau couler depuis plusieurs dizaines de minutes.

Cela faisait maintenant une semaine que nous logions dans ma maison. Isis allait mieux et ressemblait beaucoup plus à une jeune fille normale. Avec Kaleb, nous avions décidés de partir le lendemain. San devait se faire un sang d’encre à la résistance.

J’allais monter pour frapper contre la porte de la salle de bain, avec la ferme intention de déloger la métisse, lorsqu’un bruit de verre brisé me mit en alerte. Je fis signe discrètement à Kaleb qui lisait sur le canapé et dégainais la lame qui ne me quittait jamais.

Pour quiconque inconnu à la maison, les marches en bois de l’escaliers grinçaient sous n’importe quel poids. Mais j’étais ici chez moi et je connaissais parfaitement les endroits où poser les pieds pour monter discrètement. J’arrivais donc sans un bruit à l’étage.

Tendant l’oreille, je restais sur mes gardes. L’eau ne coulait plus. Il n’y avait aucun mouvements de l’autre côté de la porte.

Devais-je appeler la jeune fille quitte à révéler ma présence à un possible intru ? Ou bien devais-je entrer de force, quitte à violer l’intimité d’Isis ?

Je choisissais la première option.

— Isis ?

Il n’y eut aucune réponse. Mes sens en alerte, j’attendais encore quelques instants avant d’adopter la deuxième solution. D’un coup de pied habile digne des meilleures séries policières, j’ouvrais violemment la porte.

Au même moment, un gros bruit résonna au rez de chaussé. J’entendais Kaleb hurler quelque chose mais n’y fit pas attention. Isis se tenait debout devant moi. Nue et recouverte de sang, la métisse surplombait le corps d’un homme d’une quarantaine d’années.

Je croisais son regard et faillit ne pas la reconnaître, son visage déformé par la rage ne laissait aucun doute sur qui avait attaqué en premier. Elle n’avait pas laissé à l’homme le temps de s'expliquer.

— Que s’est-il passé ? lui demandais-je en lui tendant une serviette.

Elle pointa du doigt la fenêtre puis l’arme à feu qui gisait près du cadavre.

Plusieurs coups de feu retentirent alors à l’étage d’en dessous.

— Nous sommes attaqué. Habilles-toi et prends son arme, disais-je en désignant du menton le revolver. Je vais aider Kaleb en bas.

J’essayais de ne pas paniquer. Pourquoi des humains nous attaquaient-ils ?

J’arrivais en trombe en bas des escaliers et me jetais sur le premier venu, lui transperçant le torse avec mon épée. Retenant un haut le coeur, j'extirpais la lame du corps encore chaud. C’était le premier humain que je tuais et surement pas le dernier.

— Donnez nous vos armes et vos provisions ! Nous vous laisserons la vie sauve ! criait ce qui semblait être le chef de la bande.

— Hors de question ! répondait Kaleb qui essayait de se dégager de la prise de deux hommes.

Ils ne semblaient pas m’avoir remarquer.

— Vous n’êtes que trois, dont deux femmes, ne soit pas idiot.

— Les ennemis sont les anges, pourquoi ne pas nous entraider ? tenta mon compagnon en ravalant sa fierté.

— Nous entraider ? répéta l’homme en riant. Ridicule. Les anges sont tout puissants, nous ne sommes rien face à eux.

— C’est en pensant ainsi qu’ils le deviennent. Si tous les humains combattaient, nous finirons bien par les avoir !

— La plupart des humains sont faibles. Comment veux-tu combattre les anges si tu n’es pas capable de nous combattre nous ? Tu es faible, mon garçon.

Kaleb crispa la mâchoire à s’en faire mal aux dents, pour qui cet homme se prenait-il ? Et où étaient Oswin et Isis ?

Du coin de l’oeil, il m'aperçut alors. Je lui fit discrètement signe et il se tourna vers le chef, prêt à faire diversion.

— Tu n’es pas si fort que ça, lança-t-il.

— Dit celui qui est immobilisé par mes gars.

— Tes gars ? C’est donc comme ça que vous vous réchauffez le soir ? railla le brun avec l’un de ses sourires en coin.

— Faites le taire ! ordonna l’homme rouge de colère.

Les hommes de main le plaquèrent au sol, la joue contre le carrelage froid, je croisais de nouveau son regard. Isis m’avait rejointe.

Ils s’étaient mis à le frapper lorsque nous passâmes à l’action.

Isis se rua sur le groupe et vida le chargeur dans plusieurs têtes avant de sortir un grand couteau. De mon côté, je me jetais sur le chef avec toute la force dont je disposais. Il roula au sol mais se remit rapidement debout, la main plaqué contre son ventre où ma lame s’était planté quelques instants plus tôt.

Un homme se plaça alors entre lui et moi, il n’était pas armé mais balança son poing vers ma tête. J’esquivais et faisais quelques moulinets avec ma lame pour l’éloigner.

— Lâche cette arme, femme !

— Misogyne en plus ? Je vais encore moins retenir mes coups, disais-je avant de m’élancer de nouveau.

J’allais planter mon épée dans son torse lorsque je fus projeté au sol avant que plusieurs coups ne résonnent dans la pièce.

J’ouvrais les yeux et croisais le regard emplit de douleur d’Isis qui se tenait au dessus de moi.

— Il n’a plus de balle, articula la jeune fille en roulant sur le côté.

Je la remerciais et me relevais. L’homme que je combattais à l’instant était à terre, de nombreuses balles l’avaient traversée. Laissant mon regard courir dans la pièce, je repérais Kaleb avachi sur le canapé. Il ne restait debout que le chef. Ce dernier cherchait frénétiquement dans ses poches de quoi m’abattre. C’était lui qui avait tiré, sacrifiant un de ses hommes pour tenter de me tuer.

Il ne trouva pas de balle et leva les yeux vers moi, son regard avait changé. Il avait peur. Je ne pu retenir un sourire cruel en commençant à marcher vers lui. L’homme recula jusqu’à percuter un mur.

— Je...pitiez…

Le sourire toujours aux lèvres, je posais délicatement la pointe de ma lame sur son cou. Il n’y avait plus rien d’autre qui comptait, seulement cet homme qui avait essayé de me tuer au bout de mon arme. A ma merci. Un seul mouvement de mon bras aurait suffi pour mettre fin à sa vie.

— Oswin.

Mon sourire disparut lorsque la voix de Kaleb résonna derrière moi. J’écartais ma lame et disais :

— Nous te laissons en vie, fuis et fais courir la nouvelle. La résistance existe et elle compte bien se débarrasser des anges.

Il déguerpit comme un lapin, trébuchant sur le corps d’un de ses camarades.

— Oswin, nous ne pouvons pas rester ici, va chercher nos affaires.

Je me tournais enfin vers lui et découvrais les dégats. Il saignait du nez et de l’arcade sourcilière. Un hématome de la taille de ma main courait le long de sa mâchoire tandis qu’un de ses yeux était déjà gros comme une balle de ping pong. Il se tenait droit devant moi mais son corps devait souffrir autant que son visage.

— Est-ce que … ? commençais-je avant qu’il ne me coupe.

— Dépêches toi ! Les coups de feu ont dû attirer l’attention et Isis ne va pas bien.

Il me tourna le dos et alla au chevet de la jeune fille.

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